Éditorial
Éditorial
La Lettre du Rhumatologue - n° 340 - mars 2008
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éventuellement après une période de surveillance radio-
logique annuelle. Les atteintes du crâne, du rachis et des
extrémités articulaires, qui concernent plus de la moitié
des patients en fréquences cumulées, doivent faire l’objet
d’une attention particulière, car elles évoluent souvent
vers des complications. Actuellement, les traitements
par bisphosphonates peuvent être prescrits chez les
patients pagétiques asymptomatiques en cas d’atteinte
sur des localisations à risque ou comportant un risque
de complication. Bien qu’il existe peu de doutes sur la
corrélation entre l’évolutivité et l’apparition de compli-
cations en rapport avec la déformation osseuse, et sur
l’efficacité des bisphosphonates récents pour bloquer
la progression des déformations, aucune étude spéci-
fique n’a démontré que cette stratégie thérapeutique
permet de diminuer l’incidence des complications à
long terme.
À ce jour, en France, environ 220 tests génétiques ont été
prescrits dans la maladie osseuse de Paget ; il s’agissait
dans la plupart des cas de tests diagnostiques réalisés
chez des patients atteints. Dans le cadre du conseil géné-
tique offert au patient lors de la réalisation du test,
il est systématiquement rappelé que c’est au patient
lui-même d’informer ses apparentés du résultat du test
génétique, notamment en cas de positivité, afin que les
sujets apparentés puissent consulter en vue d’un test
présymptomatique, s’ils le souhaitent. Compte tenu de
la présence d’équipes pluridisciplinaires pour les tests
présymptomatiques dans tous les centres hospitaliers
universitaires français, on peut supposer que le faible
nombre de sujets apparentés ayant fait un test présymp-
tomatique dans la maladie de Paget est en rapport
avec une volonté de ne pas connaître leur statut géné-
tique pour cette maladie. Cela peut être dû aux incer-
titudes concernant l’efficacité d’un éventuel traitement
préventif, ou au caractère rarement symptomatique de
cette affection. Le coût actuel du test génétique est de
125 € environ. La démarche consistant à proposer un
test génétique à toute personne atteinte de la maladie
de Paget, puis, en cas de mutation seulement, aux sujets
apparentés, test suivi d’une scintigraphie osseuse et,
éventuellement, d’un traitement par bisphosphonates,
n’a pas fait l’objet d’une évaluation médico-économique.
Toutefois, le coût lui-même du test, qui ne sera réalisé
qu’une seule fois pour un individu donné, ne paraît pas
constituer un obstacle dans cette démarche, sachant
que le coût annuel de la maladie de Paget par patient
atteint en France est estimé à 1 269 € (6). Cependant,
il n’existe à ce jour aucune démonstration formelle de
l’efficacité du traitement précoce en termes de préven-
tion des complications de la maladie. Néanmoins, la
diminution du nombre de patients atteints de formes
sévères de la maladie, observée depuis quelques années,
semble coïncider avec l’utilisation plus répandue des
bisphosphonates. Une étude visant à évaluer l’accepta-
bilité d’un test génétique suivi d’un traitement préventif
par acide zolédronique 5 mg versus placebo chez les
sujets apparentés aux patients atteints de maladie de
Paget devrait débuter prochainement (7).
En conclusion, malgré la faible prévalence actuelle de
la maladie de Paget, la proportion de patients ayant
bénéficié d’un test génétique n’est pas négligeable, ce qui
traduit une bonne transmission de l’information par les
rhumatologues sur le test et une acceptabilité élevée du
test génétique malgré l’absence de réel bénéfice direct
pour les patients. La faible proportion de tests génétiques
chez les sujets apparentés peut s’expliquer par le carac-
tère rarement symptomatique de la maladie et par les
incertitudes relatives à l’effet d’un traitement préventif.
Si l’étude prévue prochainement en Europe démontre
l’efficacité du traitement préventif, il est probable que la
proportion de tests présymptomatiques chez les sujets
apparentés augmentera de façon importante. ■
RéféRences bibliogRaphiques
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Morissette J, Laurin N, Brown JP. Sequestosome 1: mutation frequencies, haplo-
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3. Collet C, Michou L, Audran M et al. Paget’s disease of bone in the French popu-
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4. Hocking LJ, Lucas GJA, Daroszewska A et al. Novel UBA domain mutations of
SQSTM1 in Paget’s disease of bone: genotype-phenotype correlation, functional
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5. Marteau TM, Croyle RT. Psychological responses to genetic testing. BMJ
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6.
Saraux A, Brun-Strang C, Mimaud V et al. Epidemiology, impact, management,
and cost of Paget’s disease of bone in France. J Bone Spine 2007;74:90-5.
7.
Langston AL, Johnston M, Roberston C et al. Protocol for stage I of the GAP
study (genetic testing acceptability for Paget’s disease of bone) – An interview study
about genetic testing and preventive treatment: would relatives of people with
Paget’s disease want testing and treatment if they were available? BMC Health
Services Research 2006;6:71.