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mai 2010 - jurisport 98
6. H.R. Bohlmann & J.H.V. Heerden, 2008, voir biblio. 8, p. 25.
7. African Response est le plus grand centre de recherche
sud-africain dirigé par des personnes de couleur
(www.africanresponse.co.za).
8. « Un milliard de préservatifs pour la Coupe du
monde », L’Équipe, 11 mars 2010.
9. Bohlmann, 2006, voir biblio 7, p. 25.
d’hypothétiques retombées à court terme
dont on sait qu’elles sont souvent illu-
soires. Cela a trait plus à la géopolitique
qu’à l’économique à proprement parler.
L’événement peut entraîner une modi-
cation de l’image du pays et susciter un
effet durable sur le tourisme (ce qui est
très lié aux questions de sécurité durant la
Coupe du monde). Plus largement, dans
les affaires, ce changement de perception
de l’Afrique du Sud auprès des investis-
seurs étrangers peut contribuer à accroître
les investissements directs étrangers sur
la longue période, dont on sait qu’ils sont
particulièrement cruciaux pour les pays en
voie de développement6. La crise écono-
mique mondiale qui a débuté en 2009
n’est pas favorable à l’optimisation des effets
économiques de la Coupe du monde en
Afrique du Sud, les enquêtes régulières
menées par la société African Response7
auprès d’un panel de citoyens de Durban,
Johannesburg, Pretoria et Cape Town
montrant que 63% d’entre eux considé-
raient que cela affecterait négativement le
tourisme associé à l’événement.
Des enjeux
sociaux et sportifs
à long terme
Les enjeux sur la longue période portent
également sur les dimensions sociales
et sportives. Ainsi, les autres arguments
avancés par Rich Mkhondo, directeur de la
communication du comité d’organisation,
concernent le développement des transports
publics dans les grands centres (beaucoup
reste à faire) ainsi que le renforcement de
l’identité du pays et du patriotisme. Mais le
risque existe, dans un pays comme l’Afrique
du Sud où les disparités sont parmi les plus
élevées au monde, que les différences soient
au contraire exacerbées par l’événement.
Dans cette perspective, l’envoi en Afrique
du Sud d’un milliard de préservatifs par la
communauté internationale8, dans un pays
où il y a déjà plus de 4 millions de séroposi-
tifs, conduit à se demander s’il faut se réjouir
de ce type de retombées économiques? La
dimension sportive est également à inté-
grer à la réexion, la FIFA s’étant engagée
à déployer cinquante-trois gazons articiels
et un certain nombre de centres sportifs
à travers le continent. Mais on touche ici
à l’utilité sociale et aux effets externes de
la Coupe du monde, qui ne peuvent être
abordés dans le cadre de l’étude d’impact
économique, mais impliquent un élargisse-
ment de la réexion: c’est ce que propose
l’analyse coûts-avantages abordée par
ailleurs dans ce dossier (voir p.20 et 26).
un contexte
géopolitiQue et
économiQue inéDit
L’édition sud-africaine de la Coupe du
monde se déroule dans un contexte géopo-
litique (pays en voie de développement dans
lequel existent des tensions ethniques) et
économique (période de crise mondiale)
différent des précédentes. Ces éléments,
AUTEUR Éric Barget
Centre de droit et d’économie du sport
BIBLIOGRAPHIE
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développement économique par le sport,
2nd Magglingen conférence, Sport & déve-
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Predicting the Economic Impact of the 2010
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9. Madugu R. – Mohamed A. (2008), The
Economic Impacts of Government Financing
of the 2010 FIFA World Cup, Stellenbosch
working paper 08/08.
analysés par H.R. Bohlmann9, sont primor-
diaux et vont fortement inuer sur l’ampleur
de l’impact économique engendré. Étant
donné le contexte africain, dans lequel les
besoins de première nécessité de certaines
populations ont du mal à être satisfaits, on
peut légitimement se demander si l’orga-
nisation de mégaévénements sportifs doit
véritablement constituer une priorité dans
l’affectation des fonds publics.n
“ La contribution au développement
économique, à la création d’emploi
et à la réduction de la pauvreté a
très certainement été surestimée ”