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Chute  des  bourses  donc,  augmentation  des  spreads  intra-européens,  tensions  sur  le  marché 
interbancaire,  particulièrement  en  Europe.  Tout  cela  nourrit  une  prochaine  étape  de  la  crise,  et  ne 
sera pas sans impact sur l’économie  dite « réelle », sans que les déclarations d’intention politiques 
n’y puissent grand-chose : de toutes façons, on n’allait pas créer une Europe fédérale au milieu du 
mois d’août. 
 
Mais  une  fois  passée  cette  purge,  la  décision  politique  redeviendra  cruciale  pour  orienter  les 
opérateurs  qui  vont  devoir  réévaluer  tous  leurs  risques  et  tous  les  scénarios  de  financement  de 
l’économie,  notamment  sur  les 
trois  sujets  critiques
 sur  lesquels  les  analystes  « fondamentaux » 
vont avoir à reprendre position : 
 
−
 
L’anticipation de croissance, d’inflation et de changes.
 Une fois la poussière retombée, 
on  s’apercevra  que 
le  risque  d’un  défaut  à  court  terme  de  l’Etat  américain  est  très 
limité,  et  a  été  créé  de  façon  purement  artificielle  par  un  système  institutionnel  et 
politique  absurde
,  qui  demande  au  Parlement  de  voter  positivement  sur  une  obligation 
absolue – la dette -, qui n’est que la résultante des décisions budgétaires… et ceci dans un 
contexte  où  la  Droite  peut  bloquer  les  hausses  d’impôts  et  la  Gauche  les  réductions  de 
dépenses, alors même que les  deux sont  nécessaires ; et où les divergences idéologiques 
entre les uns et les autres sont en fait encore plus prononcées qu’en Europe, puisque le Tea 
Party ne cherche rien d’autre que démanteler l’Etat fédéral et rentrer chez lui. C’est ce jeu 
politique mortifère sur un risque de défaut que Standard & Poors, au-delà de ses erreurs de 
calcul,  a  cherché  a  sanctionner.  Mais  ce  jeu  restera  artificiel :  car  les  Etats-Unis,  au  pire, 
peuvent imprimer leur monnaie, et le dollar restera au moins une des monnaies de réserve 
majeure.  La  question  n’est  donc  pas  de  savoir  quel  est  le  risque  de  défaut  de  l’Etat 
américain, ce à quoi devraient se limiter en principe les évaluations des agences, mais quel 
est  le  risque  de  création  monétaire  excessive  aux  Etats-Unis,  et  donc  de  dévaluation  de 
toutes  les  créances  en  dollars.  Elle  est  également  de  savoir  comment  les  politiques 
monétaires occidentales peuvent être gérées sans provoquer une récession trop grave, mais 
aussi sans engager une spirale d’inflation incontrôlable. 
 
−
 
La  réévaluation  de  la  notion  de  valeur  refuge.
  Même  si  la  réaction  initiale  des  esprits 
animaux nous a emmenés dans l’autre sens, il est probable qu’à moyen terme les obligations 
d’Etat perdent leur statut de valeurs sûres, ce qui posera des problèmes de financement aux 
Etats  dépensiers.  Apres  tout,  le  propre  des  obligations  d’Etat  est  qu’elles  n’ont  pas  de 
collatéral,  les  Etats  font  parfois  défaut…  et  les  actions  occidentales  rapportent  aujourd’hui 
4 %  de  dividendes,  alors  que  les  obligations  souveraines  ne  rapportent  que  2  à  3 % ;  les 
premières  peuvent  baisser  mais  aussi  monter,  les  secondes  ne  peuvent  qu’au  mieux  être 
remboursées au pair, ou dévaluées par l’inflation, ou massacrées en cas de défaut. A terme, 
les  actions  et  les  obligations  des  entreprises  internationales  indépendantes  des  Etats, 
relativement résistantes aux récessions, et capables d’ajuster leurs prix à l’inflation, risquent 
de  devenir  les  nouvelles  « valeurs  sûres » :  celles-là,  par  exemple  les  valeurs  de  grande 
consommation,  ont  d’ailleurs  assez  peu  baissé  pendant  ce  krach  qui  s’est  employé  à 
massacrer les valeurs financières et les entreprises dépendantes des Etats. Nous allons vers 
un univers où les valeurs Coca-Cola ou Danone seront plus « sûres » que les titres émis par 
l’Etat américain ou français.