la suspension par le muscle masséter. L’auteur montre que les
résultats sont moins bons lorsque la longueur du greffon interposé
est longue, lorsque l’âge du patient est élevé, lorsqu’il existe une
irradiation postopératoire ou lorsque la paralysie a une ancienneté
supérieure à deux ans. Pour lui, les contre-indications sont une
paralysie datant de plus de cinq ans, un terrain localement infecté,
une espérance de vie inférieure à un an ou un mauvais état géné-
ral du patient. Les résultats sont meilleurs lorsque les techniques
associent la transposition du grand hypoglosse et l’interposition
d’un greffon nerveux. Cette technique est proposée chez des
patients plus jeunes, alors que la transposition-suspension du
muscle masséter est proposée chez des patients plus âgés.
La photothérapie dynamique (PDT)
(J.L. Lefebvre, A. Kubler, P. Tan, A. della Cruz, C. Hopper)
La photothérapie dynamique a fait l’objet d’un symposium satellite
du congrès. Le principe de la méthode est d’injecter dans un premier
temps un photosensibilisant qui aura une accumulation intracellu-
laire et intratumorale. L’application d’un laser d’une longueur d’onde
bien déterminée a pour but de créer une activation intracellulaire et
une réaction photochimique, puis la mort de cette cellule. Les inter-
venants ont présenté la méthode utilisée et leur expérience. La tech-
nique nécessite l’injection à J0 de 0,15 mg/kg de Phoscan®par voie
intraveineuse, ce qui requiert une protection de toute exposition à la
lumière pendant 14 jours. À J4, le laser est utilisé pour traiter la
tumeur. Cette application peut être effectuée soit de façon superfi-
cielle, soit de manière interstitielle, ou encore de manière endolu-
minale. Les différents auteurs ont rapporté leur expérience, essen-
tiellement pour les tumeurs de la cavité buccale et de l’oropharynx.
Les expérimentations effectuées concernaient des tumeurs évoluées
ou récidivantes, ou encore des seconds cancers pour lesquels un trai-
tement conventionnel ne pouvait plus être proposé. Les premiers
résultats semblent intéressants, avec une faible morbidité, une faci-
lité de mise en œuvre et, malgré le contexte de réévolution tumo-
rale, un contrôle local à court terme satisfaisant.
Pour des tumeurs de la cavité buccale et à visée curative,
A.Kublera utilisé cette thérapeutique chez 108 patients. Il s’agis-
sait essentiellement de patients classés T1S (2 %), T1 (82 %), T2
(16 %). Le contrôle local à deux ans était de 75 %, avec un très
bon résultat fonctionnel. Les auteurs ont précisé que les effets
secondaires étaient essentiellement dominés par les douleurs post-
opératoires pendant un minimum de deux semaines, nécessitant
le recours à des antalgiques et parfois à une alimentation enté-
rale par sonde nasogastrique.
Il est nécessaire d’être encore prudent sur les indications réelles de
la PDT, en particulier celles à visée curative. Cette modalité a pour
l’instant été utilisée avec Phoscan®au niveau de la cavité buccale.
Il est probable que des essais contrôlés seront réalisés, en particu-
lier pour préciser son intérêt dans les tumeurs de l’hypopharynx ou
du larynx.
Résection au laser CO2des cancers de l’étage supraglottique
(H. Rudert)
Pendant la durée du congrès, des enseignements d’une durée d’une
heure ont été proposés. H. Rudert, de Kiel, a fait le point sur son expé-
rience dans le traitement endoscopique des cancers supraglottiques.
Il a débuté cette technique en 1981 avec des patients très sélec-
tionnés, initialement pour réaliser une désobstruction. Ces
patients évitaient une trachéotomie et n’avaient pas de retentis-
sement fonctionnel. Par la suite, il a élargi ses indications aux
patients présentant des tumeurs T1, T2.
Les règles à observer sont : une anesthésie générale avec intu-
bation orotrachéale, l’utilisation d’endoscopes ouverts latérale-
ment, un laser CO2en mode section et une formation préalable,
au besoin avec dissection sur cadavres.
Dans le cas de petites tumeurs, il s’agit d’une véritable biopsie-
exérèse. Dans le cas de tumeurs suprahyoïdiennes plus volumi-
neuses, il est nécessaire de fendre la pièce et la tumeur en deux par-
ties. Cette section est, pour l’auteur, réalisable, car le laser a une
propriété immédiate de coagulation. Dans le cas de tumeurs infra-
hyoïdiennes, il est nécessaire de réséquer la loge préépiglottique
en suivant la face interne du cartilage thyroïde après section sous
l’os hyoïde. L’expérience de l’auteur a porté sur 34 cas opérés entre
1981 et 1994. Sur le plan fonctionnel, une sonde nasogastrique
était nécessaire 26 fois sur 34 ; une trachéotomie a été réalisée tran-
sitoirement 6 fois. Les récidives locales concernaient 10 cas sur 34
et apparaissaient chez les patients T2 (25 %) et T3 (22 %), alors
que les patients T4 traités à visée curative présentaient un taux de
récidives locales de 62,5 %.
L’auteur confirme que les indications idéales sont constituées de
patients T1 et T2 ayant un statut ganglionnaire N0 ou N1. En
revanche, la réalisation de cette technique chez des patients T3
et T4 peut se discuter, car le pronostic est nettement moins bon,
et il est surtout dépendant d’éléments tels que la survenue d’une
seconde localisation (13 sur 34 dans cette série).
➫Pour ma part, je pense que la réalisation d’un tel geste
peut parfaitement se concevoir devant un T1, notamment supra-
hyoïdien, mais cette éventualité est rare. On peut d’ailleurs noter
que seuls les cas de 34 patients ont été rapportés sur une période
de 14 ans. Cette présentation ne précisait pas parfaitement l’atti-
tude sur les ganglions alors que, pour la majorité des auteurs, un
curage ganglionnaire de principe est préconisé devant la fréquence
des ganglions envahis lors du diagnostic. Enfin, il est difficilement
concevable de réaliser une chirurgie endoscopique à visée cura-
tive, et donc avec résection complète, de la tumeur chez des patients
T4. Les taux de récidive locale à 62,5 % sont bien trop élevés.
Le traitement du cancer du larynx en Europe.
Résultats fonctionnels
(H. Mahieu)
L’auteur a réalisé une étude sur questionnaire avec enregistrement
de patients traités pour cancer du larynx entre 1990 et 1995. Les dif-
férents pays d’Europe ont ainsi fourni 117 réponses (63 pour le Nord
de l’Europe et 54 pour le Sud). Le but de cette étude, encore en cours,
est de définir les stratégies thérapeutiques en vigueur en Europe. Le
traitement en centres spécialisés avec centralisation était plus fré-
quent dans les pays du Nord (29 %) que dans ceux du Sud (13 %).
Le traitement par radiothérapie ou par laser endoscopique était plus
fréquent au Nord qu’au Sud, où la chirurgie par voie externe a la pré-
férence. De même, les stratégies de réhabilitation, en particulier par
prothèses phonatoires, sont plus souvent utilisées au Nord.
De grandes variations sont ainsi notées, et l’auteur publiera pro-
chainement, plus en détail, les résultats de cette étude.
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no256 - octobre 2000