local. Sa guérison est difficile et longue
(plusieurs mois). Des signes généraux à
type de fièvre, de nausées, voire de
prostration, apparaissent fréquemment,
en particulier chez les enfants. Les ai-
guillons des raies armées, qui mesurent
jusqu’à 30 cm, peuvent provoquer des
plaies perforantes intrathoraciques ou
intra-abdominales. Le risque de surin-
fection est important. Les décès sont ex-
ceptionnels et le plus souvent dus à la
noyade.
LES CÔNES
Les espèces de cônes les plus dange-
reuses vivent en Indo-Pacifique tropical
et subtropical. Le venin de ces mol-
lusques gastéropodes donne un tableau
clinique dont la gravité est corrélée à la
taille du spécimen. Le tableau débute
par une douleur majeure accompagnée
de paresthésies et de signes inflamma-
toires [9]. Chez l’enfant, on observe fré-
quemment des signes systémiques à ty-
pe de vomissements, sensation de soif,
prurit généralisé et douleurs diffuses.
Le risque est celui de l’apparition d’un
tableau neurologique avec des tremble-
ments, des troubles de la déglutition et
de la phonation, un ptosis, une aboli-
tion des réflexes ostéotendineux et une
paralysie flasque ascendante à l’origine
d’une détresse respiratoire.
CONDUITE À TENIR
Quel que soit l’animal, la première mesu-
re est de sortir immédiatement l’enfant
de l’eau afin d’éviter la noyade. Il faut
alerter les secours s’il présente des signes
systémiques, et surveiller et maintenir
les fonctions vitales en cas de défaillance
d’organes. Les mesures de sauvetage
« héroïques » comme le garrot, l’incision
et la succion sont à proscrire.
L’analgésie, qui est un temps fondamen-
tal de la prise en charge, doit être réali-
sée sur place par application de glace
dans des sachets ou de « cold-packs », de
gels anesthésiques ou d’antalgiques per
os ou intraveineux. Elle permet non seu-
lement de soulager l’enfant, mais aussi
de ralentir la diffusion du venin. La
désinfection des lésions doit également
être systématique pour prévenir la sur-
infection. Dans les formes bénignes, qui
sont les plus fréquentes, des antihistami-
niques ou des corticoïdes peuvent être
prescrits à visée anti-inflammatoire.
En cas de piqûre par une méduse, le prin-
cipe de base est de ne pas frotter la zone
touchée. Ce geste entraîne la dévagina-
tion des nématocystes restés intacts et,
par conséquent, entretient l’envenima-
tion et la douleur. La dévagination étant
également favorisée par l’osmolarité de
l’eau douce, les lésions cutanées doivent
être rincées à l’eau de mer. Une autre
pratique est utilisée en Australie : la
neutralisation transitoire des némato-
cystes par application de vinaigre. Mais
elle nécessite un diagnostic sûr d’espèce,
car le vinaigre est efficace pour les cubo-
méduses et formellement contre-indi-
qué pour les physalies. On peut utiliser
du jus de citron, qui aurait aussi des ver-
tus antiseptiques. L’ablation des tenta-
cules collés à la peau est réalisée avec
des pincettes ou un morceau de carton
rigide (ou une carte bleue) après appli-
cation de mousse à raser ou de sable sur
les lésions. Les sauveteurs australiens
ont recours en pré-hospitalier au sérum
antivenimeux (Box Jellyfish Antive-
nom®) et au sulfate de magnésium en
cas de décompensation cardiorespiratoi-
re ou de douleur majeure.
En cas de piqûre par un poisson ou par un
cône, on recommande d’ôter la combi-
naison de plongée, en raison de la sur-
venue possible d’un œdème rapidement
extensif. En cas de piqûre par cône, la
technique de pression-immobilisation
précoce est validée pour limiter la diffu-
sion du venin (bandage du membre réa-
lisant une occlusion veineuse et lym-
phatique). L’extraction des débris de
l’appareil venimeux non mobilisables
doit être chirurgicale.
Les venins des poissons étant thermola-
biles, l’analgésie peut être réalisée par
choc thermique local. Cette technique
consiste à approcher une source de cha-
leur supportable (bain d’eau chaude,
sèche-cheveux, à tester préalablement
sur soi par prudence), puis, après deux
minutes, à appliquer un glaçon dans un
linge ou une canette glacée [10]. Pour les
envenimations dues au poisson-pierre,
les équipes australiennes recommandent
l’emploi d’un SAV en pré-hospitalier [11],
mais ce produit n’est pas disponible par-
tout, comme à la Réunion par exemple.
QUAND HOSPITALISER ?
Les indications d’hospitalisation sont la
présence de signes systémiques, une
douleur réfractaire ou une plaie perfo-
rante, ainsi que les envenimations par
cuboméduses australiennes, qui, même
asymptomatiques, nécessitent une sur-
veillance hospitalière pendant au moins
six heures afin de prendre en charge une
éventuelle manifestation retardée.
첸
Médecine
& enfance
juin 2011
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