La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 6 - juin 1999
259
MISE AU POINT
sion. La poliomyélite est en net recul mondial – elle a disparu
du continent américain depuis 1991 – mais elle sévit encore en
Afrique intertropicale et en Asie du Sud, son éradication mon-
diale devant être probablement différée au-delà de l’an 2000.
Quant à la diphtérie,elle est encore présente dans de nombreux
pays, et il a été établi que la moitié environ des adultes français
sont, faute de rappels, mal ou pas protégés (8). Il est aujour-
d’hui officiellement recommandé, pour l’ensemble des voya-
geurs (9), d’ajouter l’anatoxine diphtérique au rappel T-polio.
Un vaccin triple combiné T-d-polio, comportant une dose
réduite d’anatoxine diphtérique, mieux tolérée chez l’ adulte,
est annoncé.
Fièvre jaune et autres arboviroses
La fièvre jaune est endémo-épidémique en Afrique intertropi-
cale et dans la zone amazonienne de l’Amérique du Sud. Les
voyageurs se rendant dans les nombreux pays à risque doivent
être protégés contre cette affection gravissime, fatale dans plus
de la moitié des cas chez l’adulte non immun. La vaccination
amarile est très efficace (une seule dose protège pendant au
moins dix ans) et bien tolérée. Mais les pays à risque sont loin
d’exiger tous cette vaccination à l’entrée, par exemple le Séné-
gal et le Brésil, où des voyageurs non vaccinés ont contracté la
fièvre jaune et en sont morts. À l’inverse, de nombreux pays
où le vecteur (Aedes) est présent, y compris ceux de l’Asie méri-
dionale, non endémiques, réclament la vaccination amarile à
l’entrée des voyageurs venant de pays contaminés. Adminis-
trée exclusivement dans les centres agréés, la vaccination ama-
rile doit être certifiée sur le carnet international de vaccination.
Le certificat est valide dix ans, à partir du dixième jour après
la primovaccination, et le jour même d’une revaccination (10).
Lyophilisé, le vaccin peut être associé à l’ensemble des autres
vaccins du voyageur.
La vaccination contre l’encéphalite japonaise, arbovirose
sévère qui sévit dans de nombreux pays d’Asie de l’Est et du
Sud, soulève plusieurs problèmes d’application, notamment
chez le voyageur pressé. Non commercialisé, le vaccin n’est
délivré par l’Agence du Médicament que sur autorisation tem-
poraire d’utilisation (ATU) nominative, délivrée aux centres
agréés pour la vaccination amarile. Trois injections de vaccin
inactivé sont en principe nécessaires (11),selon un calendrier
d’un mois, qui peut être abrégé éventuellement sur deux à
trois semaines (J0, J7, J14-21). Bien que couramment utilisée
dans les programmes de routine des pays asiatiques concernés,
l’association à d’autres vaccins soulève quelques réserves, faute
de données.
La méningoencéphalite à tiques, endémie verno-estivale pré-
sente dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale,
ainsi que dans le nord de l’Asie, peut être évitée par la vacci-
nation correspondante : deux doses successives de vaccin inac-
tivé sont administrées, de préférence à quatre semaines d’in-
tervalle (que l’on peut réduire à deux chez le voyageur pressé).
Le vaccin ne peut être obtenu que sur ATU de cohorte, par les
centres agréés de vaccination amarile (12).
Hépatites virales
La vaccination contre l’hépatite A est devenue l’une des vac-
cinations les plus utiles au voyageur se rendant d’un pays indus-
trialisé (où le recul de l’endémie fait disparaître l’immunité
naturellement acquise des jeunes adultes) dans un pays en déve-
loppement, où l’infection reste prévalente(2, 3, 13). Bien qu’il
s’agisse d’un vaccin inactivé, celui-ci est remarquablement effi-
cace, puisqu’il est capable d’induire une protection 14 jours
après une seule dose. Un rappel est recommandé 6 à 12 mois
plus tard. Une sérologie préalable (IgG), moins onéreuse que
le vaccin, peut être pratiquée chez les voyageurs qui ont des
chances d’être naturellement immunisés, notamment chez ceux
qui ont résidé dans un pays en développement, ou chez les per-
sonnes âgées de plus de 40 ans.
L’hépatite B est un risque essentiellement vénérien chez le
voyageur, et ce risque est loin d’être toujours programmé au
départ. Le voyage peut être une bonne occasion de vacciner un
adulte jeune – ou moins jeune – en application du programme
“universel” de vaccination. La primovaccination recommandée
actuellement comporte deux injections à quatre semaines d’in-
tervalle, suivies d’un rappel six à douze mois plus tard. Des
schémas accélérés ont été étudiés, ainsi celui qui comporte trois
injections, à J0, J7 et J21 (14). Leur inconvénient est qu’ils accé-
lèrent peu l’obtention de la protection, qui ne dépasse guère
deux tiers des vaccinés un mois après la première dose. Il est
vrai que la protection immunitaire s’affirme au cours des mois
suivants, et que l’incubation de l’hépatite B est longue.
Nombreux sont les voyageurs chez lesquels les deux vaccina-
tions contre les hépatites A et B sont indiquées. Le vaccin com-
biné bivalent Twinrix®s’avère alors très pratique, mais deux
doses sont nécessaires pour la primovaccination (contrairement
à la dose unique de la primovaccination contre l’hépatite A),
de préférence à quatre semaines d’intervalle (15).
Autres vaccinations
La fièvre typhoïde relève comme l’hépatite A d’une transmis-
sion féco-orale. Les risques de contamination par ces deux
infections entériques sont superposables, plus faibles généra-
lement pour la typhoïde, dont il faut cependant souligner la
forte prévalence en Afrique du Nord et en Inde. Le seul vaccin
disponible en France est le vaccin injectable (Typhim Vi®), qui
peut être associé au vaccin contre l’hépatite A ou au vaccin
combiné A et B. Un vaccin bivalent combinant l’antigène Vi et
le vaccin contre l’hépatite A est annoncé.
Le risque de méningite à méningocoque s’avère faible chez le
voyageur, même quand celui-ci séjourne dans une zone particu-
lièrement exposée aux épidémies, telle la ceinture africaine de
la méningite ; le vaccin bivalent A-C est indiqué essentiellement
chez les voyageurs devant résider dans une zone où une impor-
tante épidémie est en cours. Ce vaccin est exigé des pèlerins se
rendant à La Mecque. Il est systématiquement administré
aux
jeunes recrues du service armé.