Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis Département de Psychologie
Cours de Psychosomatique 4 Dr. Shabou Neyla
I.2. GRODDECK « Le livre du Ça »
En 1928, Groddeck prenait une position considérée par ses contemporains comme
étant extrême. Il s’intéressait à l’étude des maladies somatiques d’après sa conception
du Ça. Selon Groddeck, le Ça serait un continuum psychique et somatique qui
défit toute description ou limitation. De ce fait, la maladie somatique véhicule une
volonté psychique. Il écrit, par exemple, « L’ulcère renvoie à ce qui est au fond de
l’âme (…) Le cancer de l’utérus évoque les pêchés contre les devoirs de la
maternité… ».
Groddeck établit une distinction entre, d’une part, ce qu’il appelle « la pensée du
Moi » et, d’autre part, « la pensée du Ça » :
Les distorsions de « la pensée du Moi » constituent les névroses auxquelles
s’intéresse la psychanalyse.
Les distorsions de « La pensée du Ça » s’expriment, en particulier, dans les maladies
organiques.
A ce propos, Groddeck affirmait « les premières intéressent la psychanalyse et ne
m’intéressent pas. Les secondes, c’est à elles que je m’attache ».
Il choisissait ainsi son domaine d’intérêt qui serait les maladies organiques
(qu’il distingue de la conversion) et établit une relation directe entre le Ça
et l’organique.
Il donne un sens (une dimension symbolique) au symptôme organique (ulcère,
cancer…).
L’explication des maladies somatiques avancée par Groddeck fut considérée
comme extrême, et ce pour plusieurs raisons. En effet, il utiliserait à outrance la
dimension psychologique ; il explique les maladies organiques par le tout
psychologique ! Pas de place pour le biologique, le génétique ! En outre, il donnerait
à l’inconscient (la pensée du Ça) un statut décisif et envahissant ; et la conscience ?!
De surcroît, il ne considèrerait pas de dynamique entre le Moi et le Ça ; le sens
émanerait exclusivement du Ça considéré comme un système de pensée autonome !