Patients immunodéprimés Prévenir le risque aspergillaire Le risque de développer une aspergillose (infection due à des champignons de genre Aspergillus) est principalement lié à une altération des défenses immunitaires. Le souci vient surtout du fait de la faible efficacité des traitements actuels. T rois facteurs concourent au risque d’aspergillose et à sa gravité : le terrain immunitaire, la qualité de l’environnement atmosphérique et la nature des protections d’isolement proposées aux patients. Le nombre de patients est actuellement croissant et, en raison de la gravité extrême de l’aspergillose, notamment pulmonaire (mortalité des cas déclarés comprise entre 60 et 90 % selon les séries), le risque doit être évalué et géré. D’autant que le diagnostic, chez les patients immunodéprimés, est difficile en raison même de leur état de fragilité. L’altération des moyens de défense tels la barrière mucociliaire, les macrophages alvéolaires, les polynucléaires neutrophiles, les tokines TH1-dépendantes, est une condition préalable au développement d’une aspergillose invasive. Les facteurs climatiques saisonniers pourraient être mis en cause, mais ce sont les travaux portant sur le gros œuvre des bâtiments qui le sont davantage. Quel type de patient ? Deux situations mettent particulièrement le patient en position de risque d’aspergillose invasive : en hématologie et en transplantation d’organe. En pratique hématologique, l’aspergillose constitue 30 à 50 % des mycoses invasives et une importante cause de mortalité d’origine infectieuse. Tout type d’affection comportant une neutropénie sévère et/ou prolongée, tout type d’affection traitée par allogreffe de cellules souches hématopoïé- 6 Risque nosocomial Un cas d’aspergillose invasive est reconnu comme nosocomial s’il survient au cours ou au décours d’une hospitalisation et qu’il a été contracté durant celle-ci, et s’il n’était ni présent ni en incubation lors de l’admission à l’hôpital. Ces critères sont difficiles à apprécier en raison d’un délai d’incubation inconnu et variable, de plusieurs jours à trois mois selon les patients. Il est donc pratiquement impossible, sauf exception, de dater la contamination aspergillaire. tiques, et, à un moindre degré, les leucémies aiguës myéloblastiques, les aplasies médullaires sévères, les rechutes d’hémopathies et lymphomes nécessitant une chimiothérapie et une corticothérapie à forte posologie, ainsi que les déficits immunitaires sévères, requièrent une vigilance accrue à ce sujet. En transplantation d’organe, on observe, depuis 20 ans, une diminution de la morbidité de l’aspergillose invasive dans les suites d’intervention. Le risque concerne principalement les transplantations précoces, les patients soumis à des traitements corticoïdes à posologie forte ou prolongée, justifiés par le grade élevé et la fréquence des rejets, ainsi que les suites post-transplantation avec complications. Andrée-Lucie Pissondes D’après la conférence de consensus de l’ANAES. Santé au travail. Des professionnels de santé de plus en plus stressés Selon les dernières données de l’enquête réalisée par la DARES, rendue publique par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité, les infirmiers se plaignent plus que les autres soignants : des postures pénibles (52 %), des déplacements à pied (60 %), des risques de blessures (52 %). 86 % des soignants, toutes disciplines confondues, se déclarent exposés aux risques infectieux. Pour tous, l’effet de la charge mentale est de plus en plus perceptible comme facteur de détérioration de la santé au travail, avec une aggravation sensible entre 1991 et 1998. Sentiment de responsabilité plus grand, urgences, bruits, attention soutenue, moyens insuffisants ou relations tendues sont autant de facteurs augmentant le stress. Ainsi, 60 % des salariés craignent des sanctions en cas d’erreur, et cette crainte a fortement progressé depuis quelques années. Deux salariés sur trois évoquent leur responsabilité par rapport à la qualité alors que les conditions de travail ne cessent, selon eux, de se détériorer. Le changement de tâche inopiné n’y est pas étranger, ainsi que les tensions avec la hiérarchie et les collègues, fréquents surtout quand les salariés exercent une fonction d’encadrement et que le rythme de travail dépend des collègues ou de la hiérarchie. Par ailleurs, les tensions avec le public sont de plus en plus élevées, notamment aux urgences. D’après un communiqué de l’APM.