D O S S I E R T H É M A T I Q U E Traitement chirurgical de l’incontinence ● É. Rullier* P O I N T S F O R T S P O I N T S F O R T S ■ À long terme, les techniques de réparation sphinctérienne, sphinctérorraphie et myorraphie sont décevantes, avec à peine un malade sur deux amélioré. ■ Les néosphincters, graciloplastie électrostimulée et sphincter anal artificiel sont efficaces chez la majorité des patients, mais au prix d’une morbidité et d’un taux de révision non négligeables. ■ La neuromodulation sacrée pourrait devenir l’alternative aux néosphincters, compte tenu de sa faible morbidité et de la possibilité d’évaluer le résultat par un test thérapeutique. De plus, elle permet de traiter par la même occasion des troubles de l’exonération et une incontinence urinaire pouvant être associés. tueux mais à renforcer et équilibrer les fonctions altérées de la continence et de la défécation. L’arrivée de ces nouveaux traitements et le développement de moyens d’investigation performants, comme l’échographie endo-anale, sont à l’origine d’un regain d’intérêt pour l’incontinence fécale et d’une meilleure compréhension de ses mécanismes. Aujourd’hui, il est désormais possible de proposer à chaque patient incontinent le traitement efficace le plus adapté. Ne seront pas exposés ici les traitements chirurgicaux spécifiques de l’incontinence fécale, comme la rectopexie pour le prolapsus ou la proctectomie dans le cas de maladie inflammatoire. Tableau. Traitement chirurgical de l’incontinence fécale. 1. Réparation sphinctérienne – sphinctérorraphie – myorraphies 2. Néosphincters – graciloplastie électrostimulée – sphincter artificiel 3. Neuromodulation sacrée 4. Dérivations digestives – colostomie – irrigation antérograde ■ La colostomie doit toujours être discutée en l’absence d’autre traitement envisageable. L e traitement chirurgical de l’incontinence fécale n’a pas évolué pendant cinquante années, la colostomie s’imposant comme la seule alternative au port de garnitures après échec d’une éventuelle réparation sphinctérienne. Au cours de ces dix dernières années, deux révolutions thérapeutiques issues d’innovations technologiques sont survenues : la première est l’utilisation de néosphincters dynamiques, au début des années 1990 (tableau), ce qui a permis d’apporter une solution thérapeutique efficace à l’incontinence fécale réfractaire ; la seconde, encore plus récente, est la neuromodulation sacrée. Il s’agit d’un “traitement chirurgical physiologique” de l’incontinence, qui ne vise pas à réparer ou remplacer un sphincter défec- * Service de chirurgie digestive, hôpital Saint-André, Bordeaux. RÉPARATION SPHINCTÉRIENNE La réparation sphinctérienne consiste soit à suturer une rupture identifiée du sphincter anal (sphinctérorraphie), soit à renforcer un sphincter intact mais déficient (myorraphie). La sphinctérorraphie Pour effectuer une sphinctérorraphie, une incision périanale arciforme en regard du défect est nécessaire. Après repérage du sphincter externe, ses deux extrémités sont suturées. La suture peut être directe, c’est-à-dire bout à bout, ou en paletot, les deux extrémités se chevauchant pour sécuriser la suture (figure 1). La fermeture cutanée peut être incomplète pour limiter le risque d’hématome, d’infection et de désunion. La réalisation d’une colostomie d’amont ne diminue pas ces risques et n’est donc pas nécessaire en dehors de la maladie de Crohn, d’un délabrement important ou d’un sepsis du périnée. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 29 D O S S I E R T La sphinctérorraphie est indiquée lorsque l’incontinence fécale est d’origine sphinctérienne et qu’une rupture isolée du sphincter anal, suspectée cliniquement et confirmée à l’échographie, a été mise en évidence. Il s’agit des incontinences traumatiques d’origine obstétricale, proctologique ou accidentelle. La sphinctérorraphie permet d’améliorer la continence à court terme dans 70 à 80 % des cas (1). Les facteurs de réussite sont le caractère unique et localisé de la rupture sphinctérienne, l’absence de neuropathie pudendale ou d’atteinte du sphincter interne associées et, à un moindre degré, le jeune âge des patients et l’absence d’antécédent de réparation sphinctérienne (2,3). Deux études récentes montrent une détérioration de la sphinctérorraphie à long terme, avec seulement 50 % de bons résultats après cinq ans (4), voire trois ans (3). Ces résultats suggèrent de mieux sélectionner les patients et de proposer d’emblée d’autres alternatives thérapeutiques à certains patients, comme les sujets jeunes avec une neuropathie ou une lésion du sphincter interne associée. H É M A T I Q U E celle-ci peut être proposée aux patients âgés (indication privilégiée) et à ceux qui ne souhaitent ni colostomie, ni procédé technique plus complexe. NÉOSPHINCTERS Les patients qui ont une rupture unique large (> 120°), ou multifocale du sphincter externe, ou une rupture du sphincter interne ne peuvent pas être traités par une réparation sphinctérienne directe. Il en est de même pour les incontinences congénitales, neurologiques et les échecs de la réparation sphinctérienne. Chez ces patients, il faut remplacer le sphincter. Cela fait appel à des procédés plus complexes : graciloplastie électrostimulée et sphincter anal artificiel. Les myorraphies Le but des myorraphies est de retendre, en les plicaturant, les éléments musculaires de l’appareil sphinctérien, sphincter externe et releveurs de l’anus. La myorraphie peut être postérieure, antérieure ou mixte. La myorraphie postérieure, ou post anal repair de Parks (figure 2), est l’intervention la plus fréquente. Elle permet d’allonger le canal anal et de recréer l’angle anorectal, élément important de la continence. Les myorraphies sont indiquées lorsque le sphincter anal est intact mais non fonctionnel (incontinence idiopathique ou neurogène). Comme les sphinctérorraphies, les myorraphies se dégradent avec le temps. Les 50 % de bons résultats obtenus à court terme (2) se transforment en 25 % à long terme (5). L’intérêt thérapeutique des myorraphies est donc limité, et la plicature mixte, ou total pelvic floor repair, n’a pas permis d’améliorer les résultats. L’avantage de la myorraphie résidant dans sa faible morbidité, La graciloplastie électrostimulée Deux principaux types de transposition musculaire autour de l’anus ont été utilisés, la graciloplastie (muscle gracilis, ou droit interne) et la glutéoplastie (muscle gluteus maximus, ou grand fessier). Actuellement, la glutéoplastie n’est plus utilisée, compte tenu de sa complexité et de sa morbidité par rapport à celles des autres techniques (6). La graciloplastie, décrite en 1952 par Pickrell, consiste à prélever le muscle gracilis sur la cuisse, puis à l’enrouler autour de l’anus en fixant son extrémité tendineuse à la tubérosité ischiatique (lire encadré Graciloplastie dynamisée, pp. 34-35). La rééducation postopératoire et surtout le fait de serrer le néosphincter ont permis d’obtenir un certain degré de continence chez la moitié des patients. Cependant, l’impossibilité de contracter de façon continue le muscle transposé et le serrage parfois excessif du néosphincter, responsables de la persistance de fuites et de difficultés d’exonération, font que cette technique a été quelque peu oubliée. Les transpositions musculaires sont redevenues d’actualité grâce à la possibilité de modifier la fonction des muscles striés par sti- Figure 1. Sphinctérorraphie. Figure 2. Myorraphie. 30 La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 D O S S I E R T mulation électrique. Après un à deux mois d’électrostimulation, le muscle strié peut se contracter de façon continue sans se fatiguer. L’intérêt de la graciloplastie électrostimulée est d’obtenir un néosphincter dynamique, capable d’entraîner une occlusion anale permanente autrement que par serrage excessif de la graciloplastie. L’exonération est facilitée par le relâchement du néosphincter lorsque le patient arrête le stimulateur à l’aide d’une télécommande. Les premières graciloplasties électrostimulées ont été réalisées en 1986. Les résultats fonctionnels de la graciloplastie électrostimulée sont satisfaisants chez deux patients sur trois. Le succès dépend du type d’incontinence, les résultats étant meilleurs pour l’incontinence acquise que pour l’incontinence congénitale, et de l’expérience de l’équipe chirurgicale. Dans une étude multicentrique récente, le taux de succès global était de 80 % pour les centres expérimentés contre 47 % pour ceux qui ne l’étaient pas (6). En effet, il s’agit d’une technique complexe nécessitant un long apprentissage et source de multiples complications. La morbidité peut être liée à des problèmes techniques (ischémie ou rupture de la partie terminale du gracilis, perforation du canal anal, contraction insuffisante du muscle, migration ou rupture d’électrode, déplacement du stimulateur), à des infections au niveau du périnée ou du matériel implanté (20 %) et à des difficultés d’évacuation (25 %) (7). Le sphincter anal artificiel Le sphincter artificiel est utilisé avec succès (90 %) depuis près de 30 ans dans le traitement de l’incontinence urinaire. Au début des années 1990, il a été implanté chez quelques patients au niveau de l’anus. La mise au point d’un sphincter artificiel adapté à l’anus, en 1996 (artificial bowel sphincter), a constitué une nouvelle étape dans le traitement de l’incontinence fécale. La prothèse, faite de silicone, comporte trois parties implantables et reliées entre elles par des tubulures sous-cutanées (figure 3). La manchette joue le rôle de néosphincter ; elle est mise en place par H É M A T I Q U E une courte incision périanale antérieure. Le ballon sert de réservoir d’eau et de régulateur de pression ; il est placé à côté de la vessie par une petite incision sus-pubienne. La pompe, logée dans le scrotum chez l’homme et dans la grande lèvre chez la femme, est raccordée à la manchette et au réservoir. Cette partie de la prothèse, accessible au patient, permet, par 5 à 10 pressions sur la pompe, la vidange de la manchette périanale, ouvrant ainsi l’anus. Le remplissage de la manchette refermant l’anus se fait automatiquement quelques minutes plus tard. Alors que les premières études sur le sphincter anal artificiel rapportaient des résultats satisfaisants dans deux tiers des cas (8), une étude multicentrique tempère ces résultats (9). Cela est dû aux échecs immédiats et tardifs principalement liés à l’infection (20 %), laquelle nécessite l’explantation de la prothèse. Les autres causes d’échec sont dues à des problèmes mécaniques (rupture de manchette, porosité du ballon, ulcération cutanée en regard de la pompe) présents également dans 20 % des cas. Des difficultés d’exonération peuvent également survenir, a fortiori si des troubles de la statique existent. Dans l’étude multicentrique précitée portant sur 112 patients, 342 complications sont survenues, nécessitant une réintervention dans la moitié des cas (9). En conclusion, quel que soit le type de néosphincter, la continence est améliorée chez la majorité des patients mais au prix d’une morbidité et d’un taux de révision non négligeables. Le sphincter artificiel a certains avantages par rapport à la graciloplastie électrostimulée : le coût de la prothèse est moindre (4 600 € contre 8 000 €), il est plus facile à mettre en place et à manipuler. Lorsque les deux techniques sont proposées aux patients, la majorité d’entre eux choisissent le sphincter artificiel, car ce procédé leur semble moins invasif et plus physiologique que la transposition musculaire. Un autre avantage indiscutable du sphincter artificiel est la possibilité de traiter les incontinences neurologiques, pour lesquelles les plasties musculaires sont inutilisables. À l’opposé, il existe des indications privilégiées de la graciloplastie électrostimulée : les cloisons rectovaginales absentes ou fines (destruction périnéale étendue ou certaines imperforations anales), les périnées radiques ou septiques, la maladie de Crohn et la reconstruction sphinctérienne après amputation (10). Dans ces cas, le risque accru d’infection empêche la mise en place d’une prothèse. NEUROMODULATION SACRÉE Figure 3. Sphincter anal artificiel. La neuromodulation sacrée (NMS), dont les principes ont été décrits plus haut (voir Neurostimulation des racines sacrées, p.28), est un concept thérapeutique récent et novateur. Au lieu de reconstruire ou de réparer directement le sphincter anal, l’objectif est d’améliorer la continence en modifiant le contrôle du sphincter et de l’intestin de proximité. Ainsi, l’intérêt de ce traitement dans la prise en charge de l’incontinence fécale pourrait être double : – se substituer aux néosphincters dont la morbidité est importante ; La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 31 D O S S I E R T – prendre en compte les troubles associés à une insuffisance sphinctérienne. L’efficacité de la NMS est prouvée depuis 10 ans dans le traitement de l’incontinence urinaire. Ses mécanismes d’action dans le traitement de l’incontinence fécale ne sont pas connus. Les premiers travaux ont suggéré un effet direct de la technique sur le renforcement de l’activité du sphincter externe par l’élestrostimulation du nerf pudendal (11). Ce traitement est donc proposé aux patients dont le sphincter externe est déficient mais intact (incontinence neurogène). Des travaux plus récents ont émis l’hypothèse du rôle de cette technique sur la sensibilité et la contractilité rectales et le sphincter anal interne (12). Les indications se sont élargies et, à l’exclusion des incontinences neurologiques complètes (lésions sacrées bilatérales) et congénitales, toutes les formes d’incontinence ont été testées pour évaluer l’intérêt de la NMS. On estime qu’environ un malade testé sur trois peut bénéficier d’une implantation définitive. Les études préliminaires montrent 70 à 90 % d’amélioration de la continence après implantation du stimulateur. Le taux de complications est faible, lié au risque de déplacement de l’électrode au niveau du sacrum ou de douleurs provoquées par l’électrostimulation. Ces effets secondaires sont faciles à traiter en modifiant les paramètres de stimulation ou en déplaçant l’électrode. Au total, la NMS est un atout considérable dans l’arsenal thérapeutique de l’incontinence fécale. Ses intérêts majeurs sont la possibilité de réaliser un test thérapeutique et sa faible morbidité. De plus, elle permet chez certains patients de traiter les troubles de l’évacuation et l’incontinence urinaire associés à l’incontinence fécale (13). COLOSTOMIES La colostomie abdominale iliaque gauche ne doit pas être considérée comme un échec thérapeutique. Elle doit être discutée s’il n’existe pas de possibilité de réparation sphinctérienne, et si le patient ne souhaite pas de procédé chirurgical complexe. La colostomie permet à la majorité des patients de retrouver une autonomie sociale, et leur confort peut être amélioré par le recours à des irrigations rétrogrades. La mise en place d’une appendicostomie, permettant de réaliser des irrigations antérogrades du côlon (procédé de Malone), peut être une alternative à la colostomie. Les risques sont la sténose de l’appendicostomie et des difficultés d’introduction du cathéter d’irrigation qui nécessitent une étroite collaboration avec l’équipe de stomathérapie. L’irrigation antérograde est une solution efficace pour l’incontinence associée à une constipation. CONCLUSION Afin de proposer le traitement optimal, les patients atteints d’une incontinence fécale doivent désormais être pris en charge dans 32 H É M A T I Q U E un centre spécialisé en coloproctologie, maîtrisant l’ensemble des techniques chirurgicales connues (tableau, p. 29). En pratique, la stratégie thérapeutique pourrait être la suivante : ● Un sujet jeune, porteur d’une rupture sphinctérienne isolée, doit être traité de première intention par une réparation directe ; mais il doit être informé des résultats aléatoires de la technique à long terme. ● Un sujet jeune, porteur d’une rupture sphinctérienne complexe ou récidivante, ou d’une incontinence fécale d’origine congénitale ou neurologique, doit être traité par un néosphincter, s’il accepte les risques de complication. ● Un sujet très âgé doit être traité par chirurgie à très faible morbidité ; dans ce cas, la myorraphie reste légitime. ● La NMS doit être testée en cas d’incontinence fécale associée à des troubles de la défécation ou à une incontinence urinaire. Elle peut être proposée de principe, comme alternative aux néosphincters du fait de sa plus faible morbidité. ■ Mots clés. Incontinence fécale – Anus – Réparation sphinctérienne – Sphinctérorraphie – Myorraphie – Sphincter anal artificiel – Graciloplastie dynamisée. R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Engel AF, Kamm MA, Sultan AH et al. Anterior anal sphincter repair in patients with obstetric trauma. Br J Surg 1994 ; 81 : 1231-4. 2. Baig MK, Wexner SD. Factor predictive of outcome after surgery for faecal incontinence. Br J Surg 2000 ; 87 : 1316-30. 3. Karoui S, Leroi AM, Koning E et al. Results of sphincteroplasty in 86 patients with anal incontinence. Dis Colon Rectum 2000 ; 43 : 813-20. 4. Malouf A, Norton C, Engel A et al. Long-term results of overlapping anterior anal-sphincter repair for obstetric trauma. Lancet 2000 ; 355 : 260-5. 5. Setti-Carraro P, Kamm MA, Nicholls RJ. Long-term results of post-anal repair for neurogenic faecal incontinence. Br J Surg 1994 ; 81 : 140-4. 6. Madoff RD, Rosen HR, Baeten CG et al. Safety and efficacy of dynamic muscle plasty for anal incontinence : lessons from a prospective multicenter trial. Gastroenterology 1999 ; 116 : 549-56. 7. Mander BJ, Wexner SD, Williams NS et al. Preliminary results of a multicentre trial of the electrically stimulated gracilis neoanal sphincter. Br J Surg 1999 ; 86 : 1543-8. 8. Lehur PA, Michot F, Denis P et al. Results of artificial sphincter in severe anal incontinence : report of 14 consecutive implantations. Dis Colon Rectum 1996 ; 39 : 1352-5. 9. Wong W, the ABS clinical trial group. The artificial bowel sphincter - Results of a multicenter clinical trial. Dis Colon Rectum 2001 ; 44 (n°4) : A9 (Abstract). 10. Rullier E, Zerbib F, Laurent C et al. Morbidity and functional outcome after double dynamic graciloplasty for anorectal reconstruction. Br J Surg 2000 ; 87 : 909-13. 11. Matzel KE, Stadelmaier U, Hohenfellner et al. Electrical stimulation for the treatment of faecal incontinence. Lancet 1995 ; 346 : 1124-7. 12. Ganio E, Luc AR, Clerico G et al. Sacral nerve stimulation for treatment of fecal incontinence : a novel approach for intractable fecal incontinence. Dis Colon Rectum 2001 ; 44 : 619-31. 13. Leroi AM, Michot F, Grise P et al. Effect of sacral nerve stimulation in patients with fecal and urinary incontinence. Dis Colon Rectum 2001 ; 44 : 779-89. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 D O S S I E R T Le point de vue des spécialistes Qui souffre de maladie hémorroïdaire ? Mode d’action de Titanoréïne® 40 g La gamme Titanoréïne® Les laboratoires Martin - Johnson & Johnson - MSD mettent à la disposition du corps médical leur nouvelle spécialité Titanoréïne® crème 40 g, en complément des deux autres formes de Titanoréïne® déjà disponibles. Titanoréïne® crème 40 g est indiquée dans le traitement symptomatique des douleurs, prurits et sensations congestives au cours des poussées hémorroïdaires et autres affections anales. 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Titanoréïne® Crème, tube de 40 g (CIP 347 684.9), 4,63 €/30,40 F (remb. Séc.Soc. à 35 %. Collect.) Lab’infos Diverticula, une enquête sur les premières poussées de diverticulite aiguë Cette enquête a permis de recueillir 356 dossiers de première poussée de diverticulite aiguë auprès des gastroentérologues et des chirurgiens digestifs. Dans cette série, un quart des patients avaient moins de 50 ans. Le tableau d’appendicite à gauche, classique, reste la présentation clinique très majoritaire. Le diagnostic repose sur le scanner. Quatre-vingt-deux pour cent des patients ont été hospitalisés, et une intervention chirurgicale a été faite en urgence chez 45 d’entre eux, avec une péritonite dans 17 cas. Cette enquête nous apporte des renseignements sur la prise en charge actuelle en France des diverticulites aiguës. Elle a été réalisée avec le soutien des laboratoires Pharmafarm (Almirall Prodesfarma). us ! o v z A b e o n nnez-vou us ! Abon o s v ! z e Abonnez-v Abonn ous ! v z e ous ! n n Abo Abonnez-v Abonnez-vous ! ous ! Abonnez-vous ! ! s u o v z e n n o b A La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 33 D O S S I E R T H É M A T I Q U E Graciloplastie dynamisée ✑ J.L. Faucheron* absence (atrésie anale) ou la destruction (amputation L’ abdomino-périnéale, traumatismes divers) du sphincter anal ont conduit les chirurgiens à proposer sa substitution : soit par un sphincter artificiel, soit par un muscle autologue comme le muscle graPcilis (1)O. Cependant, I N lesT résultats S de la transposition simple d’un muscle autour du canal anal ont été décevants, tant sur le plan de la morbidité (infections, nécrose musculaire, douleurs) que sur le plan fonctionnel (correction incomplète de l’incontinence, échappement dans le temps, survenue d’obstruction basse et surtout fatigabilité du muscle strié transposé) (2). Pour remédier aux problèmes fonctionnels de la gra- ciloplastie, certains auteurs ont proposé une double transposition utilisant les gracilis droit et gauche, tandis que d’autres, plus nombreux, ont ajouté à la transposition simple une dynamisation (3,4). Le principe de cette dynamisation repose sur le fait physioF Oqu’uneRstimulation T Séleclogique trique par un courant continu à basse fréquence est capable de transformer un muscle strié fatigable en un muscle équivalant à un muscle lisse. L’intervention débute par la libération du muscle gracilis de la face interne de la cuisse en conservant son pédicule vasculo-nerveux principal, supérieur, et par sa transposition dans un tunnel autour du canal anal, dans une configuration gamma (figure 1). Figure 3. * Chirurgie générale et digestive, CHRU, La Tronche. Figure 1. 34 Figure 2. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 D O S S Dans le même temps opératoire ou secondairement, deux électrodes sont insérées dans le muscle, de part et d’autre de la pénétration du nerf, et reliées à un stimulateur implanté dans le tissu sous-cutané de la fosse iliaque (figures 2 et 3). Le patient, par l’intermédiaire d’un boîtier externe, peut désactiver le stimulateur et permettre ainsi la défécation. Cette chirurgie, assez sophistiquée et assez lourde dans sa gestion ulté- I E R T H rieure, donne de bons résultats dans plus de 70 % des cas lorsque l’incontinence est d’origine traumatique, quelle qu’en soit l’origine (iatrogène ou accidentelle). Ces résultats sont moins bons lorsque l’incontinence est due à une absence totale, congénitale ou acquise, de sphincter anal : un patient sur deux uniquement est alors amélioré (5). Par ailleurs, les meilleurs résultats sont obtenus dans É M A les équipes ayant une grande pra■ tique. 1. Pickrell KL, Broadbent TR, Masters FW et al. Construction of a rectal sphincter and restoration of continence by transplanting the gracilis muscle. Ann Surg 1952 ; 135 : 853-62. 2. Faucheron JL, Hannoun L, Thome C et al. Is fecal continence improved by nonstimulated gracilis muscle transposition? Dis Colon Rectum 1994 ; 37 : 979-83. T I Q U E 3. Williams NS, Patel J, George BD et al. Development of an electrically stimulated neoanal sphincter. Lancet 1991 ; 338 : 1166-9. 4. Baeten CG, Geerdes BP, Adang EM et al. Anal dynamic graciloplasty in the treatment of intractable fecal incontinence. N Engl J Med 1995 ; 332 : 1600-5. 5. Madoff R, Rosen HR, Baeten CG et al. Safety and efficacy of dynamic muscle plasty for anal incontinence: lessons from a prospective, multicenter trial. Gastroenterology 1999 ; 116 : 549-56. Dans le prochain numéro, le dossier thématique sera consacré à : Tumeurs stromales Coordination : C. Cellier (Paris) La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. V - janvier-février 2002 35