20 • GENESIS - N°124 - octobre 2007
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BIBLIOGRAPHIE
LA CHIMIOTHÉRAPIE MODIFIE-T-ELLE LA FERTILITÉ ULTÉRIEURE ?
Ne revenons pas sur les bénéfices de la chimiothérapie adjuvante chez les femmes jeunes, même lorsque
le pronostic du cancer est bon. Mais cette chimiothérapie a un impact sur la fertilité ultérieure : près de 30 %
des patientes présentent une ménopause précoce dans les 2 ans qui suivent la chimiothérapie (13), limitant
d’autant les possibilités de grossesse ultérieure. Par contre, il n’existe aucun effet démontré d’augmentation
de la fréquence des accidents génétiques en cas de grossesse future.
Après 40 ans : 6 cures de CMF ou de FAC = aménorrhée dans 90 % des cas
Avant 40 ans : = aménorrhée dans 30 % des cas
De plus, en cas de tumeur hormonosensible, il est fréquent de prescrire des agonistes de LHRH pendant
2 ans dans le but de supprimer la fonction ovarienne, ce qui retarde d’autant plus la survenue d’une
grossesse ultérieure.
QUELLE CONTRACEPTION APRÈS CANCER DU SEIN ?
La grossesse après un cancer du sein doit être une grossesse désirée et non un accident dû à un arrêt
de contraception, qui doit être systématiquement proposée :
l Méthodes locales : crème, ovules, diaphragme, éponges, préservatifs…
l DIU : très bien adapté après cancer du sein
l contraception hormonale :
✔ EP combinés en théorie contre-indiqués
✔ Progestatifs microdosés : responsables d’une hyperestrogénie relative
✔ Progestatifs macrodosés discontinus : peuvent être prescrits
QUEL DÉLAI POUR UNE GROSSESSE APRÈS TRAITEMENT ?
Avec ou sans grossesse, la survie prolongée après traitement est en soi un indicateur de bon pronostic.
Seule une étude prospective, où les jeunes femmes atteintes de cancer du sein seraient enrôlées au
moment du diagnostic, fournirait des informations précises sur le délai optimal à respecter pour commencer
une grossesse. Une telle étude est en cours aux USA, dont les résultats seront connus dans 10 ans. Des
données concernant plus de 1 000 femmes enceintes après cancer du sein ne montrent pas d’effet néfaste
de la grossesse sur le pronostic de la maladie.
En pratique, la grossesse ne semble pas influencer le pronostic du cancer du sein antérieurement traité,
qui n’est pas davantage modifié par l’interruption de la grossesse.
l S’il s’agit d’un cancer de bon pronostic, la survie après grossesse est excellente, quel
que soit le délai entre le traitement anticancéreux et la conception. Il n’y a donc pas lieu
d’imposer de délai.
l En cas de cancer de moins bon pronostic, notamment avec atteinte ganglionnaire, le
pronostic est relativement sombre (50 % de rechute à 10 ans) et il est conseillé aux patientes
d’attendre un délai d’au moins 2 ou 3 ans avant d’entreprendre une grossesse
✔ Patientes N- : attendre 2 ans
✔ Patientes N+ : attendre 3 ans
TENIR COMPTE DE LA PAROLE DE LA FEMME
Chez une femme soignée ou devant être soignée pour un cancer du sein, le désir d’enfant n’est pas
comparable au désir habituel :
l L’atteinte physique des seins est une agression à sa féminité, à la fois dans son
imaginaire et dans la réalité
l Dans l’imaginaire, la représentation des seins est intimement liée à la référence à
l’allaitement, donc à la maternité
l Dans la réalité, l’atteinte physique directe du sein induite parles différents traitements
est réelle.
Dans ce contexte, le désir d’enfant participe à la réparation, la reconstruction de la féminité, comme
un combat, une sorte de réflexe de vie. Mais les différents traitements engendreront parfois une
ménopause précoce, avec castration retentissant négativement sur le statut de la femme (sur le plan
physique, sexualité…)
d’abord esthétique, telle que la voie péri aréolaire
ou sous mammaire ; la préoccupation essentielle
reste néanmoins l’exérèse complète de la tumeur.
• En l’état actuel des connaissances, la chirurgie de
la tumeur doit être suivie d’un curage axillaire, mais
la technique dite du ganglion sentinelle peut être
retenue dans des indications sélectionnées (tumeurs
de moins de XX mm).
• Le traitement loco régional associera aussi une
irradiation postopératoire.
• En cas de rechute locale, il est proposé une mam
-
mectomie.
Le risque de récidive après un traitement conser-
vateur est-il augmenté chez la femme jeune ? Les
résultats sont contradictoires et seule l’équipe de
Curie (8) retrouve une augmentation du risque de
rechute chez les femmes de moins de 35 ans par
rapport à celles de plus de 35 ans (30 % vs 3 %).
• Le bénéfice de la chimiothérapie adjuvante est
maintenant admis, même chez les patientes sans
envahissement ganglionnaire (6). Elle provoque
fréquemment dune aménorrhée, qui peut être
réversible. Mais la majorité des patientes retrouve
des cycles normaux, de même qu’une fertilité
potentielle.
Les chimiothérapies intensives avec auto greffe de
moelle n’ont pas fait la preuve de leur supériorité et
sont source de morbidité et mortalité importantes.
Les taxanes ont probablement un grand rôle à
jouer.
• Rôle de la castration : il est démontré que la sup-
pression de la fonction ovarienne diminue et retarde
le risque d’apparition de métastases. La castration
est désormais réalisée par voie médicale, par l’inter-
médiaire des agonistes de la LHRH. Elle est propo-
sée à titre temporaire, pendant 2 ans en général.
• Intérêt du tamoxifène : en pré ménopause, il
entraîne une réduction significative du risque de
récidive sans diminution de la mortalité, contrai
rement aux femmes ménopausées.
Depuis Saint Gallen (6), il existe un consensus en
faveur de l’association chimiothérapie + hormo-
nothérapie chez les patientes ayant une atteinte
ganglionnaire avec présence de récepteurs aux
estrogènes. n
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LA LETTRE DU CHIRURGIEN