d’une maladie de Crohn. Mais nous ver-
rons que les choses ne sont pas simples :
les lésions peuvent en effet parfois être
confondues avec celles de l’entéropa-
thie aux AINS, et des sujets présumés
sains peuvent présenter, dans un nombre
non négligeable de cas, des lésions
minimes de la muqueuse de l’intestin
grêle ! On conçoit enfin l’aide dia-
gnostique apportée par cette explora-
tion au diagnostic des colites inclassées
et l’aide à la prise en charge thérapeu-
tique, via un “CDCEIS” (Crohn’s
Disease Capsule Endoscopy Index of
Severity), notamment lorsqu’une réci-
dive est suspectée. Autant de perspec-
tives qui restent cependant à préciser.
●Les tumeurs du grêle
Elles sont rares, même si l’on prend en
compte le fait que leur fréquence est
peut-être sous-estimée par défaut de
diagnostic. Là encore, la vidéocapsule
est la technique diagnostique de choix,
même si les observations rapportées
restent anecdotiques.
●La maladie du greffon contre l’hôte
(figure 3)
C’est une complication majeure de la
greffe de moelle. Lorsqu’elle touche
l’intestin grêle, un renforcement du
traitement immunosuppresseur (corti-
coïdes) est requis, avec ses risques d’in-
fections opportunistes souvent létales.
Une diarrhée profuse en est le symp-
tôme habituel mais non univoque. En
identifiant, de manière non invasive,
chez ces patients particulièrement fra-
giles une atteinte spécifique de l’intes-
tin grêle, la vidéocapsule offre dans cette
indication originale l’illustration d’un
véritable impact thérapeutique.
●La maladie cœliaque
Le tapis villositaire est bien vu par la
vidéocapsule. Son apparente atrophie
paraît bien corrélée à l’atrophie observée
sur les biopsies duodénales. L’explora-
tion par la vidéocapsule peut être indi-
quée chez les patients en apparente
rémission clinique et histologique sous
régime sans gluten mais continuant à
souffrir de douleurs abdominales. Tou-
tefois, c’est l’étude d’Adler (Jérusalem)
qui a particulièrement retenu l’atten-
tion en montrant l’existence de lésions
inflammatoires discrètes, éparses, pou-
vant cependant aller jusqu’à des ulcé-
rations de la muqueuse intestinale chez
des patients souffrant de douleurs abdo-
minales avec une sérologie antigliadine
positive mais sans atrophie villositaire
sur les biopsies duodénales. L’inter-
prétation de ces aspects passe en pre-
mier lieu par une étude comparative
entre ce groupe de patients et un groupe
contrôle de sujets avec des douleurs
abdominales mais sans sérologie cœ-
liaque positive.
●L’entéropathie aux AINS
Elle est très vraisemblablement sous-
estimée, comme le montrent les explo-
rations par la vidéocapsule des patients
sous AINS. Mieux encore, elle n’est
pas prédite par l’aspect de l’estomac
en fibroscopie. Elle constitue le premier
diagnostic à éliminer devant des lésions
inflammatoires ou ulcérées du grêle
car, si l’aspect des lésions est parfois
évocateur (diaphragme fibrineux), il
peut ailleurs être tout à fait confondu
avec des lésions de Crohn. Là encore,
il est curieux d’observer des lésions
inflammatoires discrètes mais authen-
tiques chez environ 15 % des sujets
témoins...
En conclusion, la vidéocapsule est
l’examen de choix pour l’exploration
de l’intestin grêle et il est légitime d’y
recourir en première intention lorsque
l’on suspecte une pathologie de cet
organe, en l’absence de symptômes
occlusifs. Pour autant, il est peu probable
que l’on découvre grâce à elle un conti-
nent
inconnu de la pathologie digestive !
Encore que l’on puisse être troublé par
l’observation de lésions inflammatoires
dans des situations diverses mais non
clairement présumées pathologiques ;
Adler en a rapporté la guérison, véri-
fiée par la vidéocapsule, après admi-
nistration de probiotiques.
Reste une question : “How to manage
what we find?”. Selon De la Mora
(Rochester), seules les lésions identi-
fiées moins d’une heure après le pas-
sage de la vidéocapsule dans le duo-
dénum sont accessibles en endoscopie.
Ce sera peut-être le retour de l’entéro-
scopie selon la double-balloon method
pour biopsier et traiter les lésions obser-
vées jusqu’à l’iléon, au prix de quelques
efforts de reptation. ■
Pour en savoir plus
❏Pennazio M, Santucci R, Rondonetti E
et al. Outcome of patients with obscure
gastrointestinal bleeding after capsule
endoscopy: report of 100 consecutive
cases. Gastroenterology 2004;126:643-53.
❏Schulmann K, Hollerbach S, Schmie-
gel W. Diagnosing small bowel Crohn’s
disease with wireless capsule endoscopy.
Gut 2003;52(10):1531-2.
❏Van Gossum A, François E, Hittelet A
et al. A prospective, comparative study
between push enteroscopy and wireless
videocapsule in patients with obscure
digestive bleeding. Gastroenterology
2003;125(1):276.
❏Loftus EV. Capsule endoscopy for
Crohn’s disease: ready for prime time? Clin
Gastroenterol Hepat 2004;2:14-6.
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Écho des congrès
Écho des congrès
Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. VII - mars-avril 2004
Figure 3. Ulcère nécrotique à cytomégalo-
virus chez un immunodéprimé.