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La Lettre du Cardiologue - n° 302 - novembre 1998
Avec le relatif discrédit dont fait l’objet le test au Méther-
gin®, d’ailleurs rarement couplé à la scintigraphie, la
recherche d’une composante spastique de l’ischémie myocar-
dique est le plus souvent négligée en pratique courante faute d’une
épreuve sûre et de mise en œuvre aisée. Le mérite de cette étude
est de nous rappeler l’existence de la classique épreuve d’hyper-
ventilation et de quantifier ces effets sur une courte série parti-
culièrement sélectionnée, explorée par scintigraphie myocardique
et coronarographie quantifiées.
Population. Il s’agit de onze hommes agés de 52 ± 2 ans pré-
sentant un angor d’effort stable, avec ECG d’effort ou scintigra-
phie d’effort positifs, mais présence d’une seule sténose isolée
“non significative” (entre 20 et 50 %) à la coronarographie. Ces
patients sont par ailleurs indemnes d’antécédent d’infarctus, de
valvulopathie ou de cardiomyopathie et présentent une fonction
systolique normale, avec une FE > 50 %.
Explorations. Après sevrage de tout traitement vasodilatateur,
tous les patients ont été explorés par :
– une épreuve d’hyperventilation : polypnée à 30/minute main-
tenue pendant 5 minutes et responsable d’une alcalose confirmée
(pH ≥7,55),
– suivie deux minutes plus tard de l’injection de sestamibi, per-
mettant une imagerie scintigraphique retardée de 60 minutes,
– et d’un contrôle coronarographique de l’artère suspecte, sous
l’effet de l’hyperventilation, puis après trinitrine ;
– et enfin, dans la semaine suivante, par une nouvelle scintigra-
phie faite au repos et sous dipyridamole.
Résultats. L’épreuve d’hyperventilation fait apparaître de nou-
veaux défects scintigraphiques chez tous les patients, d’une inten-
sité comparable quel que soit le degré initial de la sténose (infé-
rieur ou supérieur à 25 %) et en bonne concordance avec son site
angiographique.
L’importance relative des modifications scintigraphiques et angio-
graphiques observées sous hyperventilation est rapportée dans le
tableau I. On constatera l’absence d’effet d’une épreuve au dipy-
ridamole sur les défects scintigraphiques et la réversibilité des
effets angiographiques de l’hyperventilation sous trinitrine, tant
sur les segments sténotiques que sur les segments adjacents.
Discussion. L’hyperventilation s’accompagne d’un effet de vaso-
constriction relativement modeste, avec une réduction de 10 à
15 % du diamètre vasculaire. Il est probable que la diminution de
la captation du sestamibi observée, de l’ordre de 20 %, soit davan-
tage liée à un effet vasoconstricteur sur la microcirculation que
sur les vaisseaux épicardiques. Les auteurs en prennent pour
preuve l’effet comparable observé quel que soit le degré initial
de la sténose épicardique.
Remarque. Ce travail démontre une bonne concordance entre les
conséquences angiographiques et scintigraphiques d’une épreuve
d’hyperventilation. À ce titre, il apporte peut-être une explication
à certains “faux positifs” scintigraphiques. Nous attirons néan-
moins l’attention sur le fait que tous les patients étaient explorés
en raison d’un angor d’effort et présentaient une épreuve d’effort
positive. Il ne faudrait donc pas extrapoler ces conclusions sur
l’intérêt de la scintigraphie sous hyperventilation pour explorer
un angor spastique pur de repos.
Dr P. Pézard, unité de cardiologie nucléaire, CHU Angers
Détection du spasme coronaire par la scintigraphie myocardique
après hyperventilation
Detection of coronary vasospasm by posthyperventilation
technetium-99m sestamibi single-photon emission com-
puted tomography imaging in patients with coronary arte-
ry disease.
Shanoudy H., Raggi P., Gasparetti C., Soliman A.,
Ramachandran K., Ammerman G.E., Russel D.C.
●
Am J
Cardiol 1998 ; 81 : 573-7.
ABSTRACTS
Défects scintigraphiques Repos Hyperventilation p Dip
% captation/zones saines
tous patients 77 ± 5 % 58 ± 3 % < 0,0001 73 ± 4 %
sténoses < 25 % 77 ± 5 % 60 ± 4 % < 0,02
25 % < sténose < 50 % 76 ± 8 % 58 ± 4 % < 0,03
Sténoses coronarographiques
Repos Hyperventilation p TNT
% réduction de la lumière
sur le site de la sténose 22 ± 4 % 30 ± 5 % 0,006 - 17 ± 7 %
sur les se
gments adjacents 0 15 ± 4 % 0,004 - 9 ± 7 %
Tableau I. Principaux résultats.
Annuaire des associations médicales de
France®, édition 1998
Cet annuaire de 320 pages recense un très grand
nombre d’associations professionnelles de
médecins, de professions paramédicales et d’as-
sociations de FMC. L’édition 1998 répertorie
2 100 associations.
Chaque spécialité médicale comporte trois sous-
chapitres : les sociétés savantes, les associations
de FMC de la spécialité concernée, les orga-
nismes professionnels (syndicats...).
Les recherches sont facilitées par deux index :
par nom complet d’association et par sigle.
Cet annuaire est bien sûr destiné à tous les pro-
fessionnels de santé, mais aussi aux sociétés
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France métropolitaine.
Livres
Détection du spasme - P. Pézard 29/04/04 14:08 Page 26