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Libérale
Professions Santé Infirmier Infirmière - No42 - décembre 2002
L
es responsables de l’infection sont les der-
matophytes de différents types pour les der-
matophytoses, les Candida albicans pour les can-
didoses, les Malassezia (ou Microsporon) furfur
pour le pityriasis versicolor.
Bien cibler le traitement
Pour assurer efficacement un traitement, il im-
porte de découvrir l’agent responsable en s’aidant
au besoin d’un prélèvement effectué dans de
bonnes conditions, dans un laboratoire spécialisé.
De nombreuses affections cutanées peuvent en ef-
fet passer pour une dermatophytose, que ce soit
un psoriasis, un eczéma ou encore un pityriasis
rosé de Gibert. La cause détectée, le choix de l’an-
tifongique sont primordiaux. Tous ne sont pas ef-
ficaces ou disponibles en France.
En ce qui concerne les dermatophytoses : 30 %
d’entre elles touchent les pieds. Ainsi, marcher
pieds nus dans des locaux chauds et humides
suffit à déclencher l’infection. A l’origine entre
les orteils, la dermatophytose est susceptible de
s’étendre vers la plante des pieds, les ongles, les
plis inguinaux, les fesses, l’abdomen, le thorax
même. Il convient de se méfier des intertrigos
qui, dans la moitié des cas, sont dus à des bacté-
ries : corynébactéries, voire bacille pyocyanique.
Pour les patients migrants originaires des Antilles,
d’Afrique noire ou d’Asie, le responsable peut
être une moisissure, résistant alors désespérément
aux antifongiques usuels. Du fait du grattage des
pieds, les mains sont souvent atteintes en
deuxième position ainsi que les ongles. Pour ceux
des pieds, ce sont essentiellement des dermato-
phytes ; pour ceux des mains, ce sont pour moitié
des dermatophytes et pour moitié des Candida
albicans. Le traitement est antifongique, avec
désinfection des sources de contamination. La
prévention s’exerce par un séchage soigneux entre
les orteils et l’utilisation d’une poudre antifon-
gique si la transpiration est abondante.
Dans 2 à 3 % des onychomycoses, le facteur res-
ponsable est une moisissure résistante au traite-
ment antifongique. Le traitement de la zone para-
sitée se fait localement, avec les produits adéquats,
physiquement par découpage et meulage ou chi-
miquement. La désinfection des sources de conta-
mination est nécessaire (chaussures, chaussons,
chaussettes) et la prévention s’exerce là aussi dans
le séchage soigneux entre les orteils et l’utilisation
d’une poudre si la transpiration est forte.
Les dermatophytoses de la peau glabre peuvent
provenir d’une contamination de proximité,
voire d’un animal : les lésions prennent l’aspect
de placards de type eczéma marginé de Hébra ou
herpès circiné. Leur traitement associe un anti-
fongique local pendant 4 semaines, un antifon-
gique systémique de type terbinafine, griséoful-
vine ou kétoconasole pendant 4 à 8 semaines,
une désinfection de la source de contamination.
Pour les zones pileuses, une folliculite, une teigne
de cuir chevelu ou de la barbe sont recherchées ;
la teigne du cuir chevelu atteint fréquemment l’en-
fant ou la femme originaires d’Afrique noire ou
du Maghreb. La contamination peut provenir
d’une autre localisation ou d’un animal parasité.
Dans ce cas, il s’agit d’une teigne zoophile. Le trai-
tement associe un antifongique local, un systé-
mique, la désinfection des bonnets, des casquettes
et des sources de contamination. La folliculite des
membres est, elle, le plus souvent due à un Tricho-
phyton rubrum provenant de l’animal.
Les candidoses cutanées atteignent surtout les
grands plis et leur voisinage. Elles sont causées
et entretenues par une humidité permanente. Le
responsable en est le Candida albicans, levure
normalement présente dans la flore intestinale,
pathologique ici.
Le pityriasis versicolor est dû à une levure de
type Malassezia.Normalement hôte du follicule
pileux, cette levure devient pathologique lors-
qu’elle colonise et parasite la couche cornée
(Stratum corneum) de l’épiderme. Le traitement
antifongique est local. Il faut expliquer que cette
infection n’est pas contagieuse et qu’une forme
avec dépigmentation de la peau persiste souvent.
La prévention des rechutes se fait par application
d’un antifongique local.
J.B.
Entretiens de Bichat, septembre 2002, Paris.
Affection fréquente, la mycose cutanée superficielle est une
maladie désespérément récidivante. Pour guérir le patient, on
doit prendre en compte l’épidémiologie, le mode de contamina-
tion, la physiopathologie de la mycose et son risque de récidive.
Mycoses cutanées superficielles
Une affection récidivante
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