Libérale Mycoses cutanées superficielles Une affection récidivante Affection fréquente, la mycose cutanée superficielle est une maladie désespérément récidivante. Pour guérir le patient, on doit prendre en compte l’épidémiologie, le mode de contamination, la physiopathologie de la mycose et son risque de récidive. L es responsables de l’infection sont les dermatophytes de différents types pour les dermatophytoses, les Candida albicans pour les candidoses, les Malassezia (ou Microsporon) furfur pour le pityriasis versicolor. Bien cibler le traitement Pour assurer efficacement un traitement, il importe de découvrir l’agent responsable en s’aidant au besoin d’un prélèvement effectué dans de bonnes conditions, dans un laboratoire spécialisé. De nombreuses affections cutanées peuvent en effet passer pour une dermatophytose, que ce soit un psoriasis, un eczéma ou encore un pityriasis rosé de Gibert. La cause détectée, le choix de l’antifongique sont primordiaux. Tous ne sont pas efficaces ou disponibles en France. En ce qui concerne les dermatophytoses : 30 % d’entre elles touchent les pieds. Ainsi, marcher pieds nus dans des locaux chauds et humides suffit à déclencher l’infection. A l’origine entre les orteils, la dermatophytose est susceptible de s’étendre vers la plante des pieds, les ongles, les plis inguinaux, les fesses, l’abdomen, le thorax même. Il convient de se méfier des intertrigos qui, dans la moitié des cas, sont dus à des bactéries : corynébactéries, voire bacille pyocyanique. Pour les patients migrants originaires des Antilles, d’Afrique noire ou d’Asie, le responsable peut être une moisissure, résistant alors désespérément aux antifongiques usuels. Du fait du grattage des pieds, les mains sont souvent atteintes en deuxième position ainsi que les ongles. Pour ceux des pieds, ce sont essentiellement des dermatophytes ; pour ceux des mains, ce sont pour moitié des dermatophytes et pour moitié des Candida albicans. Le traitement est antifongique, avec désinfection des sources de contamination. La prévention s’exerce par un séchage soigneux entre les orteils et l’utilisation d’une poudre antifongique si la transpiration est abondante. Dans 2 à 3 % des onychomycoses, le facteur responsable est une moisissure résistante au traitement antifongique. Le traitement de la zone parasitée se fait localement, avec les produits adéquats, 36 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 42 - décembre 2002 physiquement par découpage et meulage ou chimiquement. La désinfection des sources de contamination est nécessaire (chaussures, chaussons, chaussettes) et la prévention s’exerce là aussi dans le séchage soigneux entre les orteils et l’utilisation d’une poudre si la transpiration est forte. Les dermatophytoses de la peau glabre peuvent provenir d’une contamination de proximité, voire d’un animal : les lésions prennent l’aspect de placards de type eczéma marginé de Hébra ou herpès circiné. Leur traitement associe un antifongique local pendant 4 semaines, un antifongique systémique de type terbinafine, griséofulvine ou kétoconasole pendant 4 à 8 semaines, une désinfection de la source de contamination. Pour les zones pileuses, une folliculite, une teigne de cuir chevelu ou de la barbe sont recherchées ; la teigne du cuir chevelu atteint fréquemment l’enfant ou la femme originaires d’Afrique noire ou du Maghreb. La contamination peut provenir d’une autre localisation ou d’un animal parasité. Dans ce cas, il s’agit d’une teigne zoophile. Le traitement associe un antifongique local, un systémique, la désinfection des bonnets, des casquettes et des sources de contamination. La folliculite des membres est, elle, le plus souvent due à un Trichophyton rubrum provenant de l’animal. Les candidoses cutanées atteignent surtout les grands plis et leur voisinage. Elles sont causées et entretenues par une humidité permanente. Le responsable en est le Candida albicans, levure normalement présente dans la flore intestinale, pathologique ici. Le pityriasis versicolor est dû à une levure de type Malassezia. Normalement hôte du follicule pileux, cette levure devient pathologique lorsqu’elle colonise et parasite la couche cornée (Stratum corneum) de l’épiderme. Le traitement antifongique est local. Il faut expliquer que cette infection n’est pas contagieuse et qu’une forme avec dépigmentation de la peau persiste souvent. La prévention des rechutes se fait par application d’un antifongique local. J.B. Entretiens de Bichat, septembre 2002, Paris.