Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Système vestibulaire et oculomoteur Système de l’équilibre Notre environnement change constamment et nous devons nous adapter à ces changements afin d’agir de manière adéquat et d’exécuter différentes fonctions. Les relations avec notre environnement sont des variables demandant un enregistrement constant de ces relations. Les informations représentent une base dans l’idée de maintenir un « équilibre ». Le sens de l’équilibre est fourni par l’intégration des informations originaire de différents récepteurs (muscles, peau, articulations, vision, système vestibulaire). C’est un traitement de l’information multisensoriel. Le maintien de l’équilibre est atteint grâce : 1. Anticipation des tâches motrices 2. Réflexe en réponse aux changements environnementaux : Statique : posture, attitude corporelle (dans l’espace) = POSITION FIXE Organe maculaire - Utricule : gravirécepteur Les stéréocils de l’organe maculaire baignent dans une gélatine de cristaux de carbonate de calcium, essentiellement pour la déformation des stéréocils suivant les différentes positions fixes de la tête. Les cellules ciliées dans l’utricule permettent donc de détecter la force de la gravité lorsque la tête est immobile. Position fixe n° 1 de la tête Les stéréocils sont en position verticale, l’attraction terrestre va dans le même axe. Les cristaux de carbonate de calcium ont donc peu d’effet sur les stéréocils. Position n°3 fixe Déformation dans la direction opposée à l’axe de polarité = hyperpolarisation Position fixe n°2 de la tête Si la tête est fixe mais dans un autre sens, il y a déformation mécanique des stéréocils par les cristaux qui sont attirés par l’attraction terrestre. Dans ce cas de figure, le nombre de PA va augmenter aussi longtemps que l’on est dans cette position. = dépolarisation car déformation dans l’axe de polarité de la cellule et donc du kinocil. Le cerveau est toujours renseigné quant à la position de la tête même quand celle-ci ne bouge pas. C’est une info qui est inconsciente. Lorsque la perception de la position de la tête devient consciente, c’est pathologique : par ex. mal de mer 1 Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Statocinétique : réponse aux MOUVEMENTS Accélération linéaire/longitudinale Horizontalement : utricule Verticalement : saccule Accélération circulaire : rotation de la tête Canaux semi-circulaire Les stéréocils de l’organe canalaire baignent dans une gélatine de glycoprotéines. Le mouvement circulaire de la tête met en mouvement le liquide à l’intérieur des canaux semi-circulaires permettant la déformation des cils provoquant ainsi une dépolarisation et une augmentation du n° de PA. Système vestibulaire Le système vestibulaire, dans la partie postérieure de l’oreille interne, joue un rôle majeur dans le sens de l’équilibre. Il fournit également des informations pour d’autres systèmes comme la proprioception, soit des infos venant des muscles squelettiques, des articulations, de la vision et du système somesthésique. Il est composé de : l’utricule du saccule de 3 canaux semi-circulaires, qui forment les 3 axes de l’environnement 3D afin de détecter le mouvement fin. Chaque canal a une zone particulière appelée ampoule (zone élargie) avec cellules réceptrices. Cellules ciliées vestibulaires Les récepteurs sont les cellules ciliées (mécanorécepteurs). Il existe deux types de CC avec différentes propriétés morphologiques (arrangement synaptique avec neurones vestibulaires primaires) et propriétés fonctionnelles (sensibilité, modèle de décharge, adaptation, etc.). 2 Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Les deux types de cellules ciliées du système vestibulaire : Type I : renflée, sphérique (+ ou- CCCI dans cochlée) dendrite en forme de calice entourant la cellule et permettant plus de surface de contact Type II : allongée (+ ou- CCE dans cochlée) dendrite petit ATTENTION : la différence entre les CC de la cochlée et les CC du système vestibulaire est que les CC vestibulaires possèdent des stéréocils et UN KINOCIL (plus long avec extrémité sphérique définissant un axe de polarité de la cellule), tandis que les CC cochléaires ne possèdent PAS DE KINOCIL. Au niveau du système afférent, l’information transite par le neurone vestibulaire primaire pour les deux types de cellules. Le neurotransmetteur excitateur est le glutamate. L’ensemble des neurones vestibulaires primaires correspond à 20'000 neurones et constitue le Ganglion de Scarpin. Le système efférent vient depuis le Tronc cérébral et agit comme feedback. Il est moins conséquent que le système afférent. Le neurotransmetteur est l’acétylcholine (idem pour le système auditif). Polarité de cellules ciliées vestibulaires L’axe de symétrie de la cellule est défini par l’axe du kinocil. Lorsque la stimulation se fait dans la même direction que le kinocil, soit dans la direction préférentielle de la cellule ciliée, il y a déformation maximale des stéréocils de la cellule produisant alors une dépolarisation et un potentiel récepteur, soit une excitation avec augmentation du nombre de PA. Quand il n’y a plus de stimulation, retour au potentiel de repos. Lorsque la stimulation se fait dans la direction opposée mais dans le même axe que le kinocil, les stéréocils sont déformés dans le sens de la stimulation et cela induit une hyperpolarisation de la cellule conduisant à une inhibition (moins de PA). L’amplitude l’hyperpolarisation est plus petite que l’amplitude de la dépolarisation. Dépolarisation et hyperpolarisation diminuent leur amplitude plus l’axe de stimulation se dévie de l’axe de symétrie défini par le kinocil. Cela jusqu’à qu’un stimulus d’axe perpendiculaire qui ne donne aucune réponse. Au repos, le système vestibulaire possède une activité spontanée relativement élevée (activité de base) permettant particulièrement de diminuer le nombre de PA et donc de produire une inhibition (et d’augmenter les PA pour l’excitation). 3 Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Transduction du signal Les cellules ciliées vestibulaires sont hautement sensibles à la direction des mouvements de la tête. Elles montrent des réponses excitatrices ET inhibitrices (contrairement au CC cochléaires qui n’ont que l’excitation). Les CC vestibulaires ont des mécanismes comparables aux CC cochléaires : suite au mouvement de la tête et du liquide, conduisant à la déformation des stéréocils, les canaux K+ au sommet des stéréocils sensible aux stimuli mécaniques s’ouvrent, le K+ entre dans la cellule induisant la dépolarisation, soit à un potentiel récepteur, qui provoque l’ouverture des canaux Ca2+ sensible au voltage avec entrée de Ca2+. Le calcium induit l’exocytose des vésicules synaptiques, libérant le neurotransmetteur glutamate. Le GLU se fixe sur des récepteurs spécifiques qui entraîne l’ouverture des canaux Na+ sensible au ligand, il y a alors formation d’un potentiel postsynaptique excitateur PPSE (réponse graduée) par l’entrée de Na+. Le PPSE est transmis jusqu’au 1er nœud de Ranvier où dans le cas où il atteindrait le seuil, produit un potentiel d’action PA transmis aux neurones vestibulaires primaires puis au SNC. Pourquoi les sons ne sont pas entendus dans le système vestibulaire et seulement dans la cochlée ? Le domaine des fréquences n’est pas le même dans le système que dans la cochlée : cochlée – 20 à 16'000 Hz et vestibulaire – < 20 Hz Vestibulotopie Les cellules ont des axes de sélectivité, soit une distribution spatiale sur l’utricule selon leur axe de direction préférentielle. Cet axe de direction préférentielle est donné par le kinocil. On parle de vestibulotopie. Cela signifie que suivant l’endroit où l’on se situe dans l’utricule, le kinocil ne sera pas dans la même direction suivant les cellules. Une ligne fictive, la striola, sépare l’utricule en deux. La position de la tête au repos (en l’absence de mouvement) est mesurée par les cellules ciliées dans l’utricule. Les mouvements (accélération et décélération) de la tête (et du corps) sont mesurés par l’utricule et le saccule (horizontal et vertical) et par les canaux semi-circulaires (rotation). Voir page 1 et 2 4 Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Neurones vestibulaires primaires Réponses des neurones vestibulaires primaires Système type I : modèle de décharges irrégulier (activité spontanée) axone de large diamètre réponse phasique suite aux stimuli Réponse transitoire, soit uniquement lors des changements haute sensibilité (10nm) synapse afférente en calice (n=1) utricule : dans la zone centrale Système type II : décharges régulières (activité spontanée) axone de petit diamètre réponse tonique suite aux stimuli Réponse tonique, soit aussi longtemps que le stimulus est présent moins sensible synapse afférente en boutons (plusieurs) utricule : dans la zone périphérique Stimulus : rotation de la tête Au début d’une rotation, il y a une accélération puis une décélération. Donc même s’il y a une rotation de la tête qui est prise en charge par les canaux semi-circulaires, comme il y a accélération et décélération horizontales, l’utricule rentre aussi en compte. Activité au niveau du neurone (d’où les PA). Indication bilatérale de la rotation de la tête Lors d’une rotation de la tête, on observe une accélération, une vitesse constante du mouvement puis une décélération. Les oreilles D et G ont des réponses opposées. Au début de la rotation, au niveau de l’oreille G : les cellules ciliées sont attachées à la structure de base, soit aux canaux semi-circulaires et donc tournent. Cependant, le liquide (structure accessoire) n’est pas immédiatement mis en mouvement (phénomène de l’inertie). Puis le liquide est mis en mouvement déformant les stéréocils dans le même axe que la direction préférentielle des cellules ciliées. Cela engendre alors une dépolarisation et une excitation. Au niveau de l’oreille D : c’est l’opposé qui se passe étant donné que le liquide bouge dans l’axe opposé à la direction préférentielle, on assiste à une inhibition. Pendant la rotation, liquide et structure de base avec les cellules ciliées attachées se déplacent ensemble. A la fin de la rotation, la structure s’arrête mais le liquide continue d’être en mouvement quelques instants (inertie) ce qui provoque cette fois l’inhibition de la part de l’oreille G. 5 Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Voies de sortie majeures Le système vestibulaire, depuis les noyaux vestibulaires, a 3 voies majeures de sortie : 1. Projections du système vestibulo-oculaire : impliquées dans l’ajustement de la position de l’œil et des mouvements quand la tête bouge (ou le corps), par ex. réflexe vestibulo-oculaire. 2. Projections du système vestibulo-cerebellaire : impliquées dans le contrôle des mouvements. 3. Projections du système vestibulo-spinale : permettent les ajustements posturaux en réponse aux mouvements de la tête ou du corps. L’information va en direction du tronc cérébral via le neurone vestibulaire primaire pour arriver dans les 4 noyaux vestibulaires (superior, lateral, medial, inferior). Ces noyaux contiennent les neurones vestibulaires secondaires qui se dirigent ensuite vers les 3 voies de projections. Système vestibulo-spinale Au niveau du système vestibulo-spinal, il y a deux systèmes qui partent depuis les noyaux vestibulaires : Noyau vestibulaire latéral : les projections partent de ce noyau influence les quatre membres. Ce sont des projections indirectes, c.-à-d. via des interneurones. Noyau vestibulaire médial : influence la nuque et le dos. Les projections se terminent directement sur les motoneurones, elles sont directes. Système vestibulo-oculaire et mouvements oculaires Il existe 6 muscles squelettiques pour le mouvement des yeux, appelés muscles extraoculaires. On distingue plusieurs types de mouvements oculaires, notamment les saccades, qui sont des mouvements rapides permettant d’explorer le champ visuel, et la dérive, qui est un mouvement lent et progressif. Fixation saccadée Les mouvements volontaires des yeux s’effectuent à l’aide de saccades. L’information est envoyée depuis les aires visuelles au lobe frontal aire 8 qui devient alors l’origine des mouvements oculaires volontaires, envoyant les PA aux motoneurones des muscles squelettiques de l’œil. 6 Système vestibulaire et oculomoteur SNC et organes des sens MH. 4203 Prof. Rouiller Fixation compensatoire Ce type de fixation correspond aux mouvements involontaires, soit aux mouvements réflexes. Le réflexe vestibulo-oculaire (VOR) est un mouvement de dérive destiné à compenser les mouvements de la tête, pour maintenir fixe la direction du regard. Il est à l’origine du nystagmus. Suite à une stimulation vestibulaire (rotation de la tête) détectée par l’appareil vestibulaire, l’information est conduite dans le noyau vestibulaire puis aux motoneurones des muscles squelettiques de l’œil. C’est une boucle réflexe relativement simple avec un neurone Iaire, IIaire et IIIaire. Une partie de l’information vestibulaire est envoyée vers le cortex. Nystagmus Définition : mouvements saccadés involontaires des yeux, soit d’origine physiologique ou pathologique. Le nystagmus s’explique par une stimulation vestibulaire, soit de l’oreille interne. Le nystagmus physiologique s’observe lorsqu’une chaise tourne, lorsqu’on regarde par la fenêtre en voyageant en train,… Exemple de la chaise tournante - rotation vers la droite : au début (accélération), il y a des mouvements rapides vers la droite et des mouvements lents vers la gauche (fixation d’une image). Le sens du nystagmus est donné par la phase rapide (=nystagmus droit prérotative). Lors de la compensation de la rotation (décélération), il y a une stimulation inverse des canaux semi-circulaires : nystagmus gauche post-rotative (mouvement rapide des yeux vers la gauche et mouvement lents vers la droite). Explication « plus simple » : lorsque l’ensemble du paysage bouge (train), la poursuite lisse est constamment corrigée par une saccade ramenant l’œil à une position plus centrale. Ce mouvement, composé de séries de dérives continues régulièrement corrigées par des saccades en sens inverse, s’appelle nystagmus. Maladie de Menières Ce caractérise par une production exagérée d’endolymphe dans l’oreille interne qui provoque des troubles vestibulaires (vertiges, vomissements) et des pertes auditives. En effet, cette endolymphe en surplus provoque des stimulations pathologiques des cellules ciliées. 7