Lire l'article complet

publicité
LIBÉRALE
Troubles du sommeil
A prendre au sérieux
Encore mal connus, les troubles du sommeil nécessitent une
prise en charge adaptée. Un Français sur cinq déclare ne pas
être satisfait de la qualité ou de la quantité de son sommeil.
S
euls 30 % des insomniaques sévères et 24 %
des insomniaques simples font part de leurs
troubles à leur médecin. Or, les troubles du
sommeil ne concernent pas seulement l’insomnie, et les connaissances sur les pathologies du
sommeil sont insuffisantes. Une étude menée
en région parisienne (DESS S. Luriau, 1998) a
permis de constater une durée moyenne d’errance de plus de 10 ans pour 25 % des malades
et de plus de 3 ans pour 52 % d’entre eux avant
d’obtenir un diagnostic. Pourtant, quelques
statistiques devraient alerter : les patients insomniaques ont deux à trois fois plus d’accidents de voiture que la population générale, et
les patients somnolents (syndrome d’apnées du
sommeil, narcolepsie, syndrome des jambes
sans repos...) en ont trois à sept fois plus. Les
insomniaques ont également quarante fois plus
de risques de dépression que les bons dormeurs sans, toutefois, que l’on puisse déterminer si la dépression est conséquence ou cause
de l’insomnie. Cependant, le risque de suicide
est multiplié par quatre. Pour le Dr Sylvie
Royant-Parola, présidente de la Société française de recherche sur le sommeil (SFRS)* : « Il
existe une parenté évidente entre insomnie et dépression ».
Quels troubles ?
L’insomnie est certes le plus fréquent des
troubles du sommeil. Elle peut être plus ou
moins sévère, chronique ou associée à un événement perturbant (problème familial, de
santé ou professionnel). Elle est plus fréquente
chez la femme, surtout à partir de la puberté et
jusqu’à 65 ans. Elle survient souvent après
40 ans et augmente avec l’âge. L’insomnie est
présente dans de nombreuses maladies comme
les troubles cardiaques, les douleurs, les maladies cancéreuses. Il n’est pas simple pour le
clinicien de détecter ce qui se cache derrière
ce trouble du sommeil, et le risque de passer
à côté d’une dépression n’est pas négligeable.
Le syndrome d’apnées obstructives du som-
meil est l’un des troubles les plus graves en
termes de morbidité et de mortalité. Il implique
en effet souvent de lourdes complications
comme l’hypertension, des pathologies coronariennes, des accidents vasculaires cérébraux,
l’impuissance, des problèmes psychiatriques
ou des troubles de la cognition. Conséquence :
la personne souffre d’une hypersomnolence
diurne. L’incidence de l’apnée du sommeil dans
la population est mal connue. On l’estime entre
3 et 5 %, atteignant plus particulièrement les
hommes de 50 ans et plus, en surpoids ou
obèses. Bien souvent, le ronflement, autre
trouble très répandu, accompagne l’apnée du
sommeil.
Quant à l’hypersomnie, c’est une pathologie
handicapante dont l’impact social peut être
très important. La narcolepsie est la plus
connue, pourtant 75 % des personnes ne sont
pas prises en charge. Les premiers symptômes
apparaissent en général à l’adolescence ; le
principal est l’irrésistible envie de dormir. Ce
sont aussi des catalepsies, des hallucinations à
l’endormissement ou au réveil (respectivement
hypnagogiques ou hypnopompiques), des
paralysies du sommeil. L’endormissement soudain est la forme paroxysmique de la narcolepsie. Il peut survenir même en conduisant. D’où
les dangers et le stress qui en découlent.
Ce qu’il faut savoir aujourd’hui, c’est que les
troubles du sommeil ne sont pas une fatalité.
Dans certains cas, les spécialistes du sommeil
peuvent soigner une personne qui se plaint de
troubles après que son médecin a éliminé une
cause organique. Des centres du sommeil sont
apparus dans les années 80 et permettent une
prise en charge au plus près des besoins de ces
personnes. La recherche est également prometteuse. Deux substances sont actuellement à
l’étude : la mélatonine et les antagonistes de la
sérotonine.
L.G.
* Site internet de la SFRS : [email protected]
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 36 - avril 2002
37
Téléchargement