La Lettre du Gynécologue - n ° 333 - juin 2008
Gynéco et société
Gynéco et société
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tants sociaux est donc indispensable dès ce stade de la prise en
charge. Si la situation sociale le nécessite, un entretien avec un
travailleur social permet de faire le point sur les droits ouverts
en matière de mutuelle et d’assurance, sur les démarches à faire
en matière de conventions collectives et de droit du travail au
regard d’une situation professionnelle salariée ou libérale, sur
les aménagements du temps de travail possibles, l’articulation
avec la médecine du travail et le congé d’accompagnement.
Cet entretien permet également d’informer le patient des aides
dont il pourrait bénéficier, notamment les aides au maintien à
domicile (aide ménagère, auxiliaire de vie, etc.) ;
la prise en charge psychologique, qui est, dans un premier
temps, assurée par le médecin et le personnel soignant qu’est
amené à voir le patient en premier lieu. Le psychologue doit,
cependant, autant que faire se peut, être présenté au patient
dès le début de sa prise en charge dans le but d’établir un pre-
mier contact, celui-ci pouvant être suivi d’une prise en charge
psychologique au long cours si le patient en ressent le besoin.
Cette offre doit rester une proposition et ne jamais revêtir un
caractère obligatoire. Le suivi par le psychologue peut se faire
sur le mode de consultations ayant lieu à des moments où le
patient est hospitalisé (pendant ses séances de chimiothéra-
pie, par exemple), voire en dehors des hospitalisations, ou bien
sur le mode d’entretiens téléphoniques – raison pour laquelle
le patient doit pouvoir disposer du numéro de téléphone du
psychologue afin d’établir facilement un contact aux moments
où il en ressent le besoin. La prise en charge psychologique ne
s’adresse pas seulement au patient, mais également aux pro-
ches (conjoint, enfants, parents, membres de la famille, etc.)
qui l’accompagnent quotidiennement pendant la maladie ;
la prise en charge de la douleur, qui fait souvent appel à des
médecins référents de la douleur, spécialisés dans la prise en
charge non seulement des symptômes douloureux, mais aussi
de tous les autres symptômes liés aux cancers (dyspnée, asthé-
nie, etc.) ou relatifs à la toxicité des traitements anticancéreux ;
les autres compétences en soins de support sont assurées
par des professionnels spécialisés (kinésithérapeutes, diété-
ticiens, etc.) qui, après évaluation des besoins, sont sollicités
de manière ponctuelle pour la prise en charge de problèmes
particuliers.
L’articulation entre la médecine de ville et l’hôpital
autour de l’annonce
Le rôle du médecin traitant est primordial dans la prise en
charge d’un patient atteint de cancer, puisqu’il est le méde-
cin de proximité que le patient consulte en premier recours.
D’autre part, il est le seul médecin qui puisse intervenir au
jour le jour au domicile du patient. Enfin, il ne faut pas oublier
qu’il est, en règle générale, le médecin de famille qui connaît
le mieux le contexte familial et social du patient. Il est donc
important qu’il soit informé et associé, dès le début de la prise
en charge du cancer, du diagnostic et du projet thérapeutique
afin d’être associé très tôt au parcours de soins et d’assurer
la meilleure coordination des soins entre l’hôpital et le domi-
cile. Le médecin traitant doit être le destinataire principal des
résultats significatifs des examens complémentaires réalisés à
chaque étape de la prise en charge du cancer, en particulier
des résultats anatomopathologiques et d’imagerie. Il doit éga-
lement être tenu au courant de tous les temps successifs de la
stratégie thérapeutique (chirurgie, radiothérapie, chimiothé-
rapie, etc.), des effets indésirables prévisibles des traitements
et des modifications éventuelles en cours de traitement en rai-
son d’évolutions non prévues. Pour cela, le médecin respon-
sable du traitement du cancer doit demander au patient les
coordonnées de son médecin traitant ou l’inviter, s’il n’en n’a
pas, à en choisir un. En effet, le médecin traitant est devenu
indispensable pour les démarches de demande de prise en
charge à 100 % par la Sécurité sociale pour “affection de lon-
gue durée” (ALD) : c’est impérativement lui qui doit remplir
les formulaires nécessaires, le médecin spécialiste, oncologue
ou autre, n’étant plus habilité à les signer. En pratique, il est
souhaitable que ce protocole ALD se fasse de concert entre le
médecin généraliste et l’oncologue.
Un point particulier est celui de l’annonce dans le cadre d’un
programme de dépistage. Elle concerne tous les médecins sus-
ceptibles de participer au dépistage du cancer (radiologues,
gastro-entérologues, gynécologues, dermatologues, oncogéné-
ticiens, généralistes). L’annonce d’un dépistage positif doit être
associée à l’information immédiate du médecin traitant, avec
l’accord du patient, et à l’orientation la plus rapide possible vers
un centre spécialisé dans la prise en charge du cancer diagnosti-
qué, incluant le dispositif d’annonce tel que décrit plus haut.
LA CONSULTATION D’ANNONCE : ET APRÈS ?
La mise en place du dispositif d’annonce du cancer constitue-t-
elle la solution aux problèmes soulevés lors des états généraux
du cancer organisés en 1998 et 2000 par la Ligue nationale
contre le cancer ? Bien présomptueux serait celui qui avancerait
cette affirmation. Même si cette mesure a permis un vrai pro-
grès en termes de prise de conscience des besoins des patients,
il conviendra de voir au fil du temps si les différents points sont
tous effectifs dans la prise en charge des patients. Cela fait par-
tie des objectifs d’évaluation du Plan cancer. S’il est certain que
l’on ressent déjà des améliorations en termes d’information du
patient (du fait des discussions engendrées sur les conditions
de l’annonce au sein des équipes soignantes), de renforcement
en personnel infirmier, de reconnaissance du temps consacré
aux consultations d’annonce et d’implication significative des
administrations, il n’en demeure pas moins que la consultation
d’annonce n’est qu’un cadre qui ne remplace pas le contenu
humain que chaque médecin désire y mettre. Le temps passé à
donner toutes les informations ayant trait au diagnostic et au
projet personnalisé de soins ne doit pas faire oublier le temps,
probablement plus long, nécessaire à une réelle écoute du
patient, de son histoire et de ses questions existentielles ou
religieuses. Toutes ces facettes, tout aussi importantes pour le
vécu de ses priorités et de ses projets à venir, sont essentielles,
afin que la consultation ne devienne pas le lieu d’une relation