CONSEIL ECONOMIQUE
SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
MINISTÈRE
DE L’ÉCONOMIE,
ET DES FINANCES
SYNTHÈSE DES ÉCHANGES
Tout d’abord un esprit de réalisme et de pragmatisme partagé
par tous, Africains et Français; il ne s’agit pas d’être pessimiste
ou optimiste mais de saisir les opportunités de partenariat
entrepreneurial. Les entreprises sont conscientes d’être un
moteur de développement économique et social pour le bien
de tous, à court terme bien sûr, mais surtout à long terme.
Elles sont les acteurs du développement spatial et notamment
urbain, de l’accès à l’eau et à l’énergie, de l’intégration
régionale des économies, de la construction d’une chaîne de
valeurs agro-industrielle, de l’innovation notamment dans le
domaine numérique, de la formation.
Elles lancent des messages forts :
1. lever les obstacles qui s’opposent à la circulation
,en Afrique même et avec la France des hommes des
entreprises,des chercheurs ,des créateurs en général… bref
de tous ceux qui se nourrissent d’échanges et qui forgent les
partenariats,
2. mettre n au sous nancement de l’économie et
notamment des entreprises qu’il s’agisse de leur investissements
ou même de leur fonds de roulement. Les banques ne peuvent
tout couvrir, la solution est dans la complémentarité des outils
et des acteurs, capital investissement, crowdfunding, accès
auxmarchésnanciers.Laquestiondunancementestaussi
qualitative, la durée est fondamentale et bien entendu le
niveau des taux qui pénalisent la compétitivité. Au delà, c’est
évidemmentlaconanceentrepartenairesquiestposée.
3. développer des coalitions d’acteurs marchands et
nonmarchantsandeproduiredesbiensetenmêmetemps
de produire des externalités sans lesquelles il n’y aura pas de
développement inclusif.
4. réformer en profondeur les systèmes de formation, qui
aujourd’hui conjuguent coût budgétaire élevé et inadéquation
des jeunes au marché du travail. Les entreprises sont prêtes
à participer à un dialogue constructif avec les enseignants,
à développer des compétences certiées délivrées par des
établissement labellisés.
5. mettre à la disposition des populations, des
jeunes entreprises, des institutions, les outils numériques
qui permettront de rapprocher l’offre et la demande dans
le contexte d’un continent qui demeure gravement sous
équipé. En particulier les solutions numériques sont à même
de répondre dans une large mesure à la nécessité de changer
d’échelle et de baisser les coûts des apprentissages de tous
niveaux. Cela étant dit, le numérique est un formidable vecteur
de changement mais pas une alternative.
6. faire en sorte que les environnements juridiques
offrent le moins de prise possible aux ingérences des Etats.
7. Last but not least, deux redoutables équations, celle
de l’avenir des villes et celle des mondes ruraux. Nous le savons
tous, Africains et Français, sont l’archétype des systèmes
complexes chers à Edgar Morin. Nous avons des séries de
questions(foncier,droitsd’usages,planicationdesusagesde
l’espace, infrastructures, nancement des investissements et
des externalités…) et des séries de réponse (décentralisation,
montagesPPP,gestiondesusagesdelarue,planicationde
tout l’espace urbain y inclus les périphéries et les relations avec
les zones rurales).
8. Le dernier point c’est la dimension culturelle du
développement. La lière culturelle est aussi un secteur
économique à part entière, Nollywood génère 1 million
d’emplois et 2% du PIB du Nigéria. Bien sûr il y a des enjeux :
créer des contenus africains, soutenir la jeune création en
relation avec les nouveaux modes de consommation. Assurer
un retour équitable de la valeur économique créée au créateur.
En fait nous ne connaissons pas bien la macroéconomie de ce
secteur:quilanceunappelàuneétudesolidepourconrmer
les intuitions. Si nous ne savons pas encore sufsamment
comment tout cela va se combiner, une seule certitude: pas
sans les acteurs de terrain, entreprises et organisations de la
société civile. Et c’est là que l’Afrique saura être innovante.
QUE RETENIR D’AFRICA2016 ?






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
     

Cette prise de responsabilité des entreprises comportait ses exigences :
• bâtir des partenariats solides, comportant une dimension capitalistique, fondés sur une convergence des stratégies et une
bonne compréhension des écosystèmes de chacun: les partenariats d’entreprise aboutissent nécessairement à plus de
complexité de gestion ,à des délais de négociation...mais ils permettent de répondre à la réalité de la demande et à la
satisfaction des besoins :
• s’investir en temps et en argent dans la formation des jeunes;
• appliquer dans tous les domaines, privés comme publics l’exigence de productivité et de qualité;
• agrégerlesbonnespratiquesauseindeslièresetdansunelogiqueinterprofessionnelle;
• établirdescontratsdeconance,c’estvitaldanslavienancièrecommedanslaformation;
• participer à l’innovation et à la recherche dans les institutions de formation comme dans les entreprises pour accélérer la
diffusion du changement;
• s’agissant des banques de développement, développer des partenariats de projets instruits en amont avec les entreprises...
Ces quelques lignes ne résument pas deux jours de débat intenses. Cependant, deux derniers aspects sont à souligner pour
conclure.
Ce qui rend ces débats réels, c’est aujourd’hui l’existence en Afrique d’un nombre croissant d’entreprises d’envergure, hautement
professionnelles et capables de proposer des innovations au reste du monde, comme c’est le ça dans le domaines des usages du
numérique.
Cesdébatssontàl’évidencel’aboutissementd’uneréexionetledébutdelamiseenmouvementdelarelationentrel’Afrique
et la France. Bien ancrée, vivante, mais elle ne peut aller moins vite que la globalisation.

Directeur général d’AfricaFrance
QUE RETENIR ?
La séance d’ouverture a donné à ces Rencontres leur tonalité:
rencontres personnelles, chaleureuses, pragmatiques, dans
un esprit de responsabilité partagée et étendue à tout le
champs économique, responsable et environnemental.
L’importance de l’assistance a démontré qu’il y avait bien
une attente réciproque.
Le partenariat entre l’Afrique et la France résulte d’un
travail de long terme. Depuis 2000, les investissements
d’entreprises françaises en Afrique ont été multipliés par
7 et ce sont 4 milliards qui ont été données par l’AFD
pour l’investissement et le développement économique.
D’autres réalisations concrètes de ce développement des
relations franco-africaines peuvent être mentionnées : 40 000
entreprises françaises exportent en Afrique, les échanges
ont augmenté de 4% en 2015. Ce développement concerne
tous les domaines, des plus classiques aux plus récents, à
l’instar de la ville durable avec notamment la mise en œuvre
concrète des objectifs de la COP21. Ce lien fort ne pourrait
exister sans la mobilisation totale des acteurs économiques
français et africains, publics et privés.
L’Afrique est aujourd’hui une source d’opportunité
entrepreneuriale, fruit du dynamisme de secteurs comme
celui des infrastructures et l’agriculture, mais aussi car la
France émet une demande de plus en plus forte envers ce
continent. Cependant l’Afrique est confrontée à différents
obstacles, de la croissance de la dette publique aux chocs
sanitaires. Ainsi, s’il est nécessaire d’accompagner le
développement africain, il est essentiel d’être aux côtés de
l’Afrique.
La demande africaine à l’égard de la France porte sur la
nécessité d’intégration du développement social, la prise
en compte simultanée des besoins d’infrastructures et
de développement agricole, le partage de l’innovation
techniqueetnancière,l’appuiàlaformation,fondement
de l’employabilité des jeunes. Elle a aussi une forte
dimension culturelle.
La séance d’ouverture a aussi permis d’entendre quelques
avertissements salutaires :
- pas de croissance partagée sans circulation des hommes:
la question des visas reste mal posée, et sans la création de
richesse des diasporas;
- la situation actuelle de graves sous-nancements des
entreprises africaines est un frein à la croissance;
- la France ne se désengage pas mais elle a un problème de
vitesse d’adaptation à la mondialisation.
Quelques assurances ont aussi été données :
- Les fondamentaux de la croissance africaine ont un
caractère de long terme, ils ne sont pas obérés par la
conjoncture.
- Dans la phase actuelle de régionalisation des économies,
l’intégration régionale et le volume des échanges intra-
africains sont bien plus forts que ne l’indiquent les chiffres.
Les tables rondes et ateliers qui ont ponctué les rencontres
à côté de milliers rendez-vous d’affaires ont rendu concret
un état d’esprit foncièrement réaliste et positif. L’Afrique est
d’abord une chance, elle a besoin des entreprises comme
les entreprises ont besoin de l’Afrique.
La seconde plénière des rencontres Africa2016 était animée
par Alexandre Zapolsky, membre actif d’AfricaFrance.
Il a d’abord été souligné qu’un africain sur deux a aujourd’hui
un mobile dont 20% a accès à internet. Mais l’extension à
tous pose d’abord un problème d’infrastructures.
Parallèlement, il est essentiel de bâtir un écosystème
d’applications qui connectent les populations à travers le
numérique. C’est pourquoi il est nécessaire que les bailleurs
internationaux aient une approche ouverte aux nouveaux
services numériques, tout particulièrement ceux liés à
l’éducation, à la santé, à l’agriculture, à l’administration.
Dans le même esprit, il apparaît nécessaire de se concentrer
sur la collecte d’informations auprès des PME, des
agriculteurs, et ainsi que de tous les acteurs du secteur
informel.
Plusieurs questions ont été débattues : le manque de
conancedesAfricainsvis-à-visdusecteurnumériqueliéà
la cybercriminalité, le risque d’un internet américain. A ce
sujet, le débat est complètement ouvert entre les tenants de
l’accès à internet le plus rapide possible et les tenants d’une
identité propre de l’Afrique.
SÉANCE D’OUVERTURE
QUELLE STRATÉGIE ÉCONOMIQUE FRANÇAISE EN AFRIQUE ?
CONFÉRENCES CONFÉRENCES
JEUDI 22

CONFÉRENCES CONFÉRENCES
JEUDI 22

La plénière suivante était animée par Jean-Michel Sévérino,
Président, Investisseurs & Partenaires.
Ce sujet concerne les entreprises africaines qui ont un
besoinimportantdenancementpoursedévelopper,mais
aussi les entreprises étrangères s’installant en Afrique.
Les intervenants ont souligné que les banques ne peuvent
pas répondre à la totalité des besoins avec des demandes
sont encore fortes et non-satisfaites. Dans ce contexte, de
nouveaux acteurs de la nance, fonds d’investissement,
capital-risque, s’intéressent de plus en plus au continent
africain et permettent d’accroître les nancements
disponibles pour les entreprises locales.
Les besoins de nancement sont cependant des crédits
long terme, alors que la majorité des prêts s’inscrivent sur le
court terme. L’une des recommandations apparue a été la
propositiondemettreenplacedesavantagesscauxpour
favoriser la délivrance de prêts à long terme.
Il a également été soulevé que lorsque les acteurs
économiques opérant en Afrique obtiennent des
nancements, ceux-ci sont assortis de taux d’intérêts
élevés. Cela est dû à un problème de garantie bancaire
et l’absence d’outils adéquats permettant d’avoir une
analysenedesrisquesdenonremboursementdesprêts.
Il y a ainsi un besoin d’adapter les modèles d’analyse des
risques en mettant en place des nouveaux outils prenant
en compte des critères différents. Les intervenants ont ainsi
évoquéuneévolutiondesnanceursdanslaméthodologie
d’approche des risques pour s’adapter au manque de
données notamment dans le secteur informel.
Aussi, a été soulevé le manque de formation des
chefs d’entreprise à la planication d’une stratégie de
développementéconomique.Lesopérateursdelanance
devraient davantage jouer un rôle de conseil.
PouraccroîtrelesnancementsenAfrique,ilaétéenoutre
recommandédemodierlesrèglesjuridiquesenmatière
de délivrance de crédit, actuellement trop strictes par
rapport aux garanties possibles de la part des débiteurs.
Plusieurs initiatives ont déjà été prises pour inciter les
gouvernements et les bailleurs internationaux à modier
les cadres légaux. Il a été également souligné sur cette
question des litiges, la nécessité d’augmenter le nombre de
tribunaux de commerce et la compétence des magistrats
dans le domaine du droit des affaires facilitant ainsi le
règlement des litiges.
L’Afrique possède une épargne locale forte mais
insufsammentutiliséepournancerlesentrepriseslocales.
Cette absence d’utilisation est due notamment à une
absence de conance entre les acteurs économiques au
niveau du paiement. La conséquence est la quasi-absence
de crédits et délais de paiement accordés. La libéralisation
des crédits pourrait permettre de débloquer 40 milliards
d’euros par an en Afrique. Une initiative va être lancée,
un fond franco-africain dirigé par AfricaInvest, qui devrait
permettre d’accroître la délivrance des nancements.
La question du nancement en Afrique est bien prise en
compte par les autorités politiques et les bailleurs de fonds
pour permettre l’émergence du continent. On observe
néanmoins que les sources de nancement en Afrique
s’accroissent et que les taux d’intérêts baissent. Mais ce
n’est qu’un début.
JEUDI 22

Durant cette plénière, animée par Etienne Giros, Président
délégué, CIAN, les neuf intervenants ont rappelé que le
dédémographiqueimpactaitdirectementlesystèmede
formation africain. Cet enjeu démographique nécessite un
changement du système de formation actuel qui ne permet
pas de fournir une formation professionnelle garantissant
l’employabilité des étudiants. Les entreprises travaillant en
Afriqueconnaissantainsidegrandesdifcultésàidentier
des étudiants ayant des compétences professionnelles
adaptées à leurs besoins.
Il est suggéré par les intervenants que cette réforme
nécessaire du système de formation en Afrique puisse
notamment passer par une plus grande collaboration entre
le secteur privé et le système éducatif public permettant
une meilleure compréhension des attentes. Cependant,
beaucoup d’entreprises estiment que ce n’est pas leur
mission, constituant un frein important à la multiplication
des partenariats.
Des programmes sont cependant mis en place comme RH
Excellence, mené par le CIAN avec le soutien de Medef
International et d’AfricaFrance, qui a pour objectif de
favoriser la formation professionnelle des étudiants. Par
ailleurs, les écoles africaines réalisent des partenariats
avec des écoles étrangères pour améliorer leur niveau de
formation.
En plus de ce dialogue entre monde professionnel et
système éducatif, l’outil numérique peut apporter un
complément efcace pour massier le système éducatif.
Même s’il est onéreux, (un Massive Open Online Course
-MOOC- coûte environ 150 000 euros), les économies
d’échelle permette rapidement de rentabiliser le coût
investi. Les intervenants ont souhaité souligner qu’il était
important de noter que le numérique devait être un
complément et non une alternative à un enseignement en
présentiel. De même, il apparaît fondamental que toute
formationenlignesoitcertiée:uneformationn’adevaleur
que si elle est reconnue.
Enn,ilyaledramedutrèsgrandnombredejeunessortant
du système éducatif sans formation. Réussir à les remettre
dans le monde de la formation professionnelle, y compris
dans le secteur informel, est un enjeu majeur.
CONFÉRENCES CONFÉRENCES
JEUDI 22
 VENDREDI 23

Cette dernière plénière était animée par Fédéric Maury,
Rédacteur en chef Economie, Jeune Afrique. La question
du partenariat est déterminante car les entreprises ont
leur mot à dire dans le développement : c’est le chainon
manquant qu’AfricaFrance a pour but de constituer. Il n’y
a en effet pas assez de coalition d’acteurs, un phénomène
de solitude des chefs d’entreprises est observé alors même
qu’il y a grand besoin de croissance partagée.
Le partenariat peut prendre des formes multiples mais
il doit être permanent et comporter une forte dimension
ressource humaine et recherche.
La question des règlementations imposant des quotas
et l’équilibre capital local et étranger, a été largement
débattue. L’essentiel réside dans la qualité des partenaires
entrepreneuriaux, leur capacité à dénir des stratégies
de long terme. Toutefois les ingérences de l’Etat sont
unanimement considérées comme défavorables aux
mécanismes de croissance partagée.
D’unemanièregénérale,ladifcultédupassagedudiscours
politiques aux actes a été relevée. En revanche, les Etats
sont dans leur rôle pour faciliter les exportations, attirer les
investissements étrangers, organiser la promotion des pays
d’accueil.
Dans cette perspective, plusieurs exemples réussis de
partenariats entre entreprises françaises et africaines ont été
cités. La croissance partagée, bien plus qu’une évidence,
est une nécessité.
Cette première plénière de la journée était animée par
Gérard Wolf, fédérateur à l’export « Mieux vivre en ville ».
Les intervenants ont tous souligné le dé majeur que
représente l’enjeu démographique pour les villes et la
nécessitédes’adapter.Laplanicationurbainedoitêtreau
cœurdelaréexionsurlavillepourpermettrel’adaptation
delacitéauxnouveauxuxhumains.
Originellement, les villes africaines ont été construites
sans schéma directeur et cela engendre de les réadapter
à la demande actuelle de la population. On constate que
les villes sont en train de mettre en place des dispositifs
de planication mais des difcultés d’ordre juridique et
nancier se posent. Dans de nombreux pays africains, le
droitfoncierestcoutumier.Ilestnécessairedesimplierles
procédures d’acquisitions de terrains par une plus grande
clarté.
La question de la mise en place de cadastre pourrait être
intéressante pour résoudre certains problèmes mais risque
de créer de nouvelles tensions sociales. Un vrai dialogue
entre les populations locales et les autorités politiques doit
être réalisé pour trouver une solution adaptée.
Les solutions proposées doivent être adaptées aux moyens
nancierslimitésdescollectivités localesafricaines.Ilfaut
repenser le mode de nancement et des solutions telle
que l’utilisation de la publicité dans la réalisation des
infrastructures urbaines est de plus en plus envisagée. Il faut
aussi envisager la création de nouveaux PPP permettant de
répondreefcacementauxbesoinsafricainssansrendreles
dépenses exorbitantes pour les collectivités locales.
Aussi, la ville de demain doit prendre en compte les
changements climatiques qui devraient toucher durement
le continent, que ce soit par la hausse des températures ou
la hausse du niveau des océans alors que de nombreuses
villes peuplées se situent sur les côtes.
Les villes africaines, pour s’adapter, doivent aussi pouvoir
compter sur une main d’œuvre qualiée et à tous les
niveaux de compétences.
Enconclusionlavillededemainestcertesundémajeur
pour le continent, mais elle peut constituer un réel retour
sur investissement.
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