MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, ET DES FINANCES SYNTHÈSE DES ÉCHANGES CONSEIL ECONOMIQUE SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL QUE RETENIR D’AFRICA2016 ? La réflexion sur le renouvellement en profondeur de la relation historique de la France à l’Afrique remonte à aujourd’hui cinq ans. Elle a eu pour étapes le rapport remis au Président de la république en 2012, l’approbation de ses conclusions par la précédente conférence des chefs d’Etat (2013), le lancement par Lionel Zinsou d’AfricaFrance en 2015. Le démarrage des activités opérationnelles a permis de renforcer les dialogues entre entreprises françaises et africaines afin de donner à la croissance un fort contenu de développement et de création d’emplois à la croissance. AfricaFrance a marqué les 22 et 23 septembre un point d’orgue. Durant ces deux journées, plus de 2500 chefs d’entreprise et cadres dirigeants se sont rassemblés, au Conseil économique, social et environnemental, pour en débattre à l’invitation des ministères des affaires étrangères et de l’économie et des finances et d’AfricaFrance. QUE RETENIR ? Tout d’abord un esprit de réalisme et de pragmatisme partagé par tous, Africains et Français; il ne s’agit pas d’être pessimiste ou optimiste mais de saisir les opportunités de partenariat entrepreneurial. Les entreprises sont conscientes d’être un moteur de développement économique et social pour le bien de tous, à court terme bien sûr, mais surtout à long terme. Elles sont les acteurs du développement spatial et notamment urbain, de l’accès à l’eau et à l’énergie, de l’intégration régionale des économies, de la construction d’une chaîne de valeurs agro-industrielle, de l’innovation notamment dans le domaine numérique, de la formation. Elles lancent des messages forts : 1. lever les obstacles qui s’opposent à la circulation ,en Afrique même et avec la France des hommes des entreprises,des chercheurs ,des créateurs en général… bref de tous ceux qui se nourrissent d’échanges et qui forgent les partenariats, 2. mettre fin au sous financement de l’économie et notamment des entreprises qu’il s’agisse de leur investissements ou même de leur fonds de roulement. Les banques ne peuvent tout couvrir, la solution est dans la complémentarité des outils et des acteurs, capital investissement, crowdfunding, accès auxmarchésfinanciers.Laquestiondufinancementestaussi qualitative, la durée est fondamentale et bien entendu le niveau des taux qui pénalisent la compétitivité. Au delà, c’est évidemmentlaconfianceentrepartenairesquiestposée. 3. développer des coalitions d’acteurs marchands et nonmarchantsafindeproduiredesbiensetenmêmetemps de produire des externalités sans lesquelles il n’y aura pas de développement inclusif. 4. réformer en profondeur les systèmes de formation, qui aujourd’hui conjuguent coût budgétaire élevé et inadéquation des jeunes au marché du travail. Les entreprises sont prêtes à participer à un dialogue constructif avec les enseignants, à développer des compétences certifiées délivrées par des établissement labellisés. 5. mettre à la disposition des populations, des jeunes entreprises, des institutions, les outils numériques qui permettront de rapprocher l’offre et la demande dans le contexte d’un continent qui demeure gravement sous équipé. En particulier les solutions numériques sont à même de répondre dans une large mesure à la nécessité de changer d’échelle et de baisser les coûts des apprentissages de tous niveaux. Cela étant dit, le numérique est un formidable vecteur de changement mais pas une alternative. 6. faire en sorte que les environnements juridiques offrent le moins de prise possible aux ingérences des Etats. 7. Last but not least, deux redoutables équations, celle de l’avenir des villes et celle des mondes ruraux. Nous le savons tous, Africains et Français, sont l’archétype des systèmes complexes chers à Edgar Morin. Nous avons des séries de questions(foncier,droitsd’usages,planificationdesusagesde l’espace, infrastructures, financement des investissements et des externalités…) et des séries de réponse (décentralisation, montagesPPP,gestiondesusagesdelarue,planificationde tout l’espace urbain y inclus les périphéries et les relations avec les zones rurales). 8. Le dernier point c’est la dimension culturelle du développement. La filière culturelle est aussi un secteur économique à part entière, Nollywood génère 1 million d’emplois et 2% du PIB du Nigéria. Bien sûr il y a des enjeux : créer des contenus africains, soutenir la jeune création en relation avec les nouveaux modes de consommation. Assurer un retour équitable de la valeur économique créée au créateur. En fait nous ne connaissons pas bien la macroéconomie de ce secteur:quilanceunappelàuneétudesolidepourconfirmer les intuitions. Si nous ne savons pas encore suffisamment comment tout cela va se combiner, une seule certitude: pas sans les acteurs de terrain, entreprises et organisations de la société civile. Et c’est là que l’Afrique saura être innovante. Tous ces messages ont été entendus, ils seront portés par AfricaFrance à la prochaine conférence des chefs d’Etat à Bamako en janvier 2017. Cette prise de responsabilité des entreprises comportait ses exigences : • bâtir des partenariats solides, comportant une dimension capitalistique, fondés sur une convergence des stratégies et une bonne compréhension des écosystèmes de chacun: les partenariats d’entreprise aboutissent nécessairement à plus de complexité de gestion ,à des délais de négociation...mais ils permettent de répondre à la réalité de la demande et à la satisfaction des besoins : • s’investir en temps et en argent dans la formation des jeunes; • appliquer dans tous les domaines, privés comme publics l’exigence de productivité et de qualité; • agrégerlesbonnespratiquesauseindesfilièresetdansunelogiqueinterprofessionnelle; • établirdescontratsdeconfiance,c’estvitaldanslaviefinancièrecommedanslaformation; • participer à l’innovation et à la recherche dans les institutions de formation comme dans les entreprises pour accélérer la diffusion du changement; • s’agissant des banques de développement, développer des partenariats de projets instruits en amont avec les entreprises... Ces quelques lignes ne résument pas deux jours de débat intenses. Cependant, deux derniers aspects sont à souligner pour conclure. Ce qui rend ces débats réels, c’est aujourd’hui l’existence en Afrique d’un nombre croissant d’entreprises d’envergure, hautement professionnelles et capables de proposer des innovations au reste du monde, comme c’est le ça dans le domaines des usages du numérique. Cesdébatssontàl’évidencel’aboutissementd’uneréflexionetledébutdelamiseenmouvementdelarelationentrel’Afrique et la France. Bien ancrée, vivante, mais elle ne peut aller moins vite que la globalisation. Jean-Michel DEBRAT Directeur général d’AfricaFrance CONFÉRENCES SÉANCE D’OUVERTURE QUELLE STRATÉGIE ÉCONOMIQUE FRANÇAISE EN AFRIQUE ? La séance d’ouverture a donné à ces Rencontres leur tonalité: rencontres personnelles, chaleureuses, pragmatiques, dans un esprit de responsabilité partagée et étendue à tout le champs économique, responsable et environnemental. L’importance de l’assistance a démontré qu’il y avait bien une attente réciproque. Le partenariat entre l’Afrique et la France résulte d’un travail de long terme. Depuis 2000, les investissements d’entreprises françaises en Afrique ont été multipliés par 7 et ce sont 4 milliards qui ont été données par l’AFD pour l’investissement et le développement économique. D’autres réalisations concrètes de ce développement des relations franco-africaines peuvent être mentionnées : 40 000 entreprises françaises exportent en Afrique, les échanges ont augmenté de 4% en 2015. Ce développement concerne tous les domaines, des plus classiques aux plus récents, à l’instar de la ville durable avec notamment la mise en œuvre concrète des objectifs de la COP21. Ce lien fort ne pourrait exister sans la mobilisation totale des acteurs économiques français et africains, publics et privés. L’Afrique est aujourd’hui une source d’opportunité entrepreneuriale, fruit du dynamisme de secteurs comme celui des infrastructures et l’agriculture, mais aussi car la France émet une demande de plus en plus forte envers ce continent. Cependant l’Afrique est confrontée à différents obstacles, de la croissance de la dette publique aux chocs sanitaires. Ainsi, s’il est nécessaire d’accompagner le développement africain, il est essentiel d’être aux côtés de l’Afrique. La demande africaine à l’égard de la France porte sur la nécessité d’intégration du développement social, la prise en compte simultanée des besoins d’infrastructures et de développement agricole, le partage de l’innovation techniqueetfinancière,l’appuiàlaformation,fondement de l’employabilité des jeunes. Elle a aussi une forte dimension culturelle. La séance d’ouverture a aussi permis d’entendre quelques avertissements salutaires : - pas de croissance partagée sans circulation des hommes: la question des visas reste mal posée, et sans la création de richesse des diasporas; - la situation actuelle de graves sous-financements des entreprises africaines est un frein à la croissance; - la France ne se désengage pas mais elle a un problème de vitesse d’adaptation à la mondialisation. Quelques assurances ont aussi été données : - Les fondamentaux de la croissance africaine ont un caractère de long terme, ils ne sont pas obérés par la conjoncture. - Dans la phase actuelle de régionalisation des économies, l’intégration régionale et le volume des échanges intraafricains sont bien plus forts que ne l’indiquent les chiffres. Les tables rondes et ateliers qui ont ponctué les rencontres à côté de milliers rendez-vous d’affaires ont rendu concret un état d’esprit foncièrement réaliste et positif. L’Afrique est d’abord une chance, elle a besoin des entreprises comme les entreprises ont besoin de l’Afrique. CONFÉRENCES JEUDI 22 sEPTEMBRE 2016 LA nuMéRisATion, LEviER DE L’éConoMiE AFRiCAinE La seconde plénière des rencontres Africa2016 était animée par Alexandre Zapolsky, membre actif d’AfricaFrance. Il a d’abord été souligné qu’un africain sur deux a aujourd’hui un mobile dont 20% a accès à internet. Mais l’extension à tous pose d’abord un problème d’infrastructures. Parallèlement, il est essentiel de bâtir un écosystème d’applications qui connectent les populations à travers le numérique. C’est pourquoi il est nécessaire que les bailleurs internationaux aient une approche ouverte aux nouveaux services numériques, tout particulièrement ceux liés à l’éducation, à la santé, à l’agriculture, à l’administration. Dans le même esprit, il apparaît nécessaire de se concentrer sur la collecte d’informations auprès des PME, des agriculteurs, et ainsi que de tous les acteurs du secteur informel. Plusieurs questions ont été débattues : le manque de confiancedesAfricainsvis-à-visdusecteurnumériqueliéà la cybercriminalité, le risque d’un internet américain. A ce sujet, le débat est complètement ouvert entre les tenants de l’accès à internet le plus rapide possible et les tenants d’une identité propre de l’Afrique. CONFÉRENCES JEUDI 22 sEPTEMBRE 2016 QuEL FinAnCEMEnT PouR LEs EnTREPRisEs ? données notamment dans le secteur informel. La plénière suivante était animée par Jean-Michel Sévérino, Président, Investisseurs & Partenaires. Ce sujet concerne les entreprises africaines qui ont un besoinimportantdefinancementpoursedévelopper,mais aussi les entreprises étrangères s’installant en Afrique. Les intervenants ont souligné que les banques ne peuvent pas répondre à la totalité des besoins avec des demandes sont encore fortes et non-satisfaites. Dans ce contexte, de nouveaux acteurs de la finance, fonds d’investissement, capital-risque, s’intéressent de plus en plus au continent africain et permettent d’accroître les financements disponibles pour les entreprises locales. Les besoins de financement sont cependant des crédits long terme, alors que la majorité des prêts s’inscrivent sur le court terme. L’une des recommandations apparue a été la propositiondemettreenplacedesavantagesfiscauxpour favoriser la délivrance de prêts à long terme. Il a également été soulevé que lorsque les acteurs économiques opérant en Afrique obtiennent des financements, ceux-ci sont assortis de taux d’intérêts élevés. Cela est dû à un problème de garantie bancaire et l’absence d’outils adéquats permettant d’avoir une analysefinedesrisquesdenonremboursementdesprêts. Il y a ainsi un besoin d’adapter les modèles d’analyse des risques en mettant en place des nouveaux outils prenant en compte des critères différents. Les intervenants ont ainsi évoquéuneévolutiondesfinanceursdanslaméthodologie d’approche des risques pour s’adapter au manque de Aussi, a été soulevé le manque de formation des chefs d’entreprise à la planification d’une stratégie de développementéconomique.Lesopérateursdelafinance devraient davantage jouer un rôle de conseil. PouraccroîtrelesfinancementsenAfrique,ilaétéenoutre recommandé de modifier les règles juridiques en matière de délivrance de crédit, actuellement trop strictes par rapport aux garanties possibles de la part des débiteurs. Plusieurs initiatives ont déjà été prises pour inciter les gouvernements et les bailleurs internationaux à modifier les cadres légaux. Il a été également souligné sur cette question des litiges, la nécessité d’augmenter le nombre de tribunaux de commerce et la compétence des magistrats dans le domaine du droit des affaires facilitant ainsi le règlement des litiges. L’Afrique possède une épargne locale forte mais insuffisammentutiliséepourfinancerlesentrepriseslocales. Cette absence d’utilisation est due notamment à une absence de confiance entre les acteurs économiques au niveau du paiement. La conséquence est la quasi-absence de crédits et délais de paiement accordés. La libéralisation des crédits pourrait permettre de débloquer 40 milliards d’euros par an en Afrique. Une initiative va être lancée, un fond franco-africain dirigé par AfricaInvest, qui devrait permettre d’accroître la délivrance des financements. La question du financement en Afrique est bien prise en compte par les autorités politiques et les bailleurs de fonds pour permettre l’émergence du continent. On observe néanmoins que les sources de financement en Afrique s’accroissent et que les taux d’intérêts baissent. Mais ce n’est qu’un début. CONFÉRENCES JEUDI 22 sEPTEMBRE 2016 DévELoPPER LEs CoMPéTEnCEs, un EnJEu MAJEuR DE L’EMPLoi En AFRiQuE Durant cette plénière, animée par Etienne Giros, Président délégué, CIAN, les neuf intervenants ont rappelé que le défidémographiqueimpactaitdirectementlesystèmede formation africain. Cet enjeu démographique nécessite un changement du système de formation actuel qui ne permet pas de fournir une formation professionnelle garantissant l’employabilité des étudiants. Les entreprises travaillant en Afriqueconnaissantainsidegrandesdifficultésàidentifier des étudiants ayant des compétences professionnelles adaptées à leurs besoins. Il est suggéré par les intervenants que cette réforme nécessaire du système de formation en Afrique puisse notamment passer par une plus grande collaboration entre le secteur privé et le système éducatif public permettant une meilleure compréhension des attentes. Cependant, beaucoup d’entreprises estiment que ce n’est pas leur mission, constituant un frein important à la multiplication des partenariats. Des programmes sont cependant mis en place comme RH Excellence, mené par le CIAN avec le soutien de Medef International et d’AfricaFrance, qui a pour objectif de favoriser la formation professionnelle des étudiants. Par ailleurs, les écoles africaines réalisent des partenariats avec des écoles étrangères pour améliorer leur niveau de formation. En plus de ce dialogue entre monde professionnel et système éducatif, l’outil numérique peut apporter un complément efficace pour massifier le système éducatif. Même s’il est onéreux, (un Massive Open Online Course -MOOC- coûte environ 150 000 euros), les économies d’échelle permette rapidement de rentabiliser le coût investi. Les intervenants ont souhaité souligner qu’il était important de noter que le numérique devait être un complément et non une alternative à un enseignement en présentiel. De même, il apparaît fondamental que toute formationenlignesoitcertifiée:uneformationn’adevaleur que si elle est reconnue. Enfin,ilyaledramedutrèsgrandnombredejeunessortant du système éducatif sans formation. Réussir à les remettre dans le monde de la formation professionnelle, y compris dans le secteur informel, est un enjeu majeur. CONFÉRENCES CONFÉRENCES JEUDI 22 sEPTEMBRE 2016 PARTEnARiATs D’EnTREPRisEs ET CRoissAnCE PARTAgéE Cette dernière plénière était animée par Fédéric Maury, Rédacteur en chef Economie, Jeune Afrique. La question du partenariat est déterminante car les entreprises ont leur mot à dire dans le développement : c’est le chainon manquant qu’AfricaFrance a pour but de constituer. Il n’y a en effet pas assez de coalition d’acteurs, un phénomène de solitude des chefs d’entreprises est observé alors même qu’il y a grand besoin de croissance partagée. Le partenariat peut prendre des formes multiples mais il doit être permanent et comporter une forte dimension ressource humaine et recherche. La question des règlementations imposant des quotas et l’équilibre capital local et étranger, a été largement débattue. L’essentiel réside dans la qualité des partenaires entrepreneuriaux, leur capacité à définir des stratégies de long terme. Toutefois les ingérences de l’Etat sont unanimement considérées comme défavorables aux mécanismes de croissance partagée. D’unemanièregénérale,ladifficultédupassagedudiscours politiques aux actes a été relevée. En revanche, les Etats sont dans leur rôle pour faciliter les exportations, attirer les investissements étrangers, organiser la promotion des pays d’accueil. Dans cette perspective, plusieurs exemples réussis de partenariats entre entreprises françaises et africaines ont été cités. La croissance partagée, bien plus qu’une évidence, est une nécessité. VENDREDI 23 sEPTEMBRE 2016 LA viLLE DuRABLE, EnJEu DE L’AFRiQuE Cette première plénière de la journée était animée par Gérard Wolf, fédérateur à l’export « Mieux vivre en ville ». Les intervenants ont tous souligné le défi majeur que représente l’enjeu démographique pour les villes et la nécessitédes’adapter.Laplanificationurbainedoitêtreau cœurdelaréflexionsurlavillepourpermettrel’adaptation delacitéauxnouveauxfluxhumains. Aussi, la ville de demain doit prendre en compte les changements climatiques qui devraient toucher durement le continent, que ce soit par la hausse des températures ou la hausse du niveau des océans alors que de nombreuses villes peuplées se situent sur les côtes. Originellement, les villes africaines ont été construites sans schéma directeur et cela engendre de les réadapter à la demande actuelle de la population. On constate que les villes sont en train de mettre en place des dispositifs de planification mais des difficultés d’ordre juridique et financier se posent. Dans de nombreux pays africains, le droitfoncierestcoutumier.Ilestnécessairedesimplifierles procédures d’acquisitions de terrains par une plus grande clarté. La question de la mise en place de cadastre pourrait être intéressante pour résoudre certains problèmes mais risque de créer de nouvelles tensions sociales. Un vrai dialogue entre les populations locales et les autorités politiques doit être réalisé pour trouver une solution adaptée. Les solutions proposées doivent être adaptées aux moyens financiers limités des collectivités locales africaines. Il faut repenser le mode de financement et des solutions telle que l’utilisation de la publicité dans la réalisation des infrastructures urbaines est de plus en plus envisagée. Il faut aussi envisager la création de nouveaux PPP permettant de répondreefficacementauxbesoinsafricainssansrendreles dépenses exorbitantes pour les collectivités locales. Les villes africaines, pour s’adapter, doivent aussi pouvoir compter sur une main d’œuvre qualifiée et à tous les niveaux de compétences. Enconclusionlavillededemainestcertesundéfimajeur pour le continent, mais elle peut constituer un réel retour sur investissement. CONFÉRENCES VENDREDI 23 sEPTEMBRE 2016 AGRICULTURE ET AGROBUSINESS : VERS L’INTENSIFICATION RAISONNÉE Durant la plénière animée par Jean-Marc Gravellini, Viceprésident chargé des affaires africaines, Compagnie Fruitière- CIAN, il a été d’emblée souligné la nécessité de cesser d’effectuer un manichéisme classique opposant l’agriculture intensive et l’agriculture familiale. Il faut au contraire trouver une voie médiane pour une agriculture raisonnée. L’undesgrandsdéfisafricainseraaussiceluidelacroissance démographique et du grand nombre de personnes que le continent devra nourrir, d’où la nécessité de considérer les nouvelles technologies et les progrès africains comme prometteurs, à l’instar de l’utilisation massive du téléphone portable dans le pays, puisque un africain sur deux en possède un. Ledéfidelamalnutritionresteessentielledansdelarges parties du continent. Mais le secteur privé a déjà su produire des grammes de produits destinés à résoudre ce problème, notamment en cas de crises alimentaires graves. De manière permanente, les pays d’Afrique doivent assurer leursécuritéalimentaireenprofitantdeleursavantagesde compétitivité. Mais le problème essentiel sur le continent africain reste la productivité qui est la plus faible de tous les continents et représente un désavantage compétitif pour l’Afrique. Il est aussi important d’être modeste et de ne pas tirer des conclusions hâtives sur ce continent, de par sa grande hétérogénéité et diversité. L’agriculture familiale en Afrique, dominante, s’apparente bien trop souvent à une agriculture de subsistance, d’où l’intérêt de trouver une certaine forme de complémentarité entre les différents types d’agriculture. Dernier point : le défi des changements climatiques. Il a été rappelé qu’une augmentation de la température de 2 degrés entraînerait une baisse de rendement et de productivité de 20%. CONFÉRENCES VENDREDI 23 sEPTEMBRE 2016 ConDiTions DE RéussiTE DEs PME En AFRiQuE La première plénière de l’après-midi était animée par Françoise Vilain, Directrice générale, Futurallia, ancienne membre du CESE. L’importance des PME dans la création des emplois et la nécessité de permettre leur éclosion fait consensus. Il est essentiel de développer un écosystème autour des PME pour les rendre plus fortes car actuellement leur taux de mortalité est très élevé. detrouverdesfinancementsafind’investiretaccroîtreses parts de marché. Les banques développent le système du crédit-bail et de l’affacturage en Afrique permettant d’accroître les crédits accordés. Les Etats mettent en place des aides pour les entreprises mais les procédures restent complexesetilestrecommandédesimplifieretclarifierles procédures d’accès aux aides. Les intervenants ont rappelé la nécessité d’améliorer la formation des chefs d’entreprise pour leur donner les outils d’une bonne réussite. Les bailleurs de fonds internationaux mettent en place des formations en ligne à destination des entrepreneurs pour maitriser les fondamentaux en économieetenfinance. De nombreux pays africains ont des bassins de population limités nécessitant pour les entreprises de s’intéresser aux pays voisins. Il faut donc que les PME ne raisonnent pas seulement en terme de marché national mais supranational. Par conséquent, les gouvernements devront favoriser la libre-circulation des marchandises entre les états pour permettre le bon développement des PME. Egalement, les banques fournissent des conseils aux entreprises afin d’améliorer leur stratégie. Toutefois, les acteurs privés souhaitent un accroissement de ces services. A côté de la formation des entrepreneurs, condition essentielle à la réussite de l’entreprise, il convient également CONFÉRENCES CONFÉRENCES VENDREDI 23 sEPTEMBRE 2016 ENERGIES ET DES ÉNERGIES RENOUVELABLES DE L’AFRIQUE Il faut imaginer la croissance de l’Afrique si elle avait accès à l’électricité, étant donné que 700 millions de personnes n’ont pas cet accès aujourd’hui sur le continent. L’énergie, pour essentielle qu’elle soit, représente un élément d’une stratégie régionale globale qu’aucun Etat nepeutdéfiniretmettreenoeuvreseul.Unecoopération étroite entre pays africains pour le développement du secteur énergétique et des énergies renouvelables est nécessaire. La COP21 par ailleurs, si elle a été un moment formidable de prise de décisions entre différents pays, n’a pasréellementétéefficientedansledomainedesénergies renouvelables, qui sera l’un des grands objectifs de la COP22. Une note optimiste a été relevée : si la demande énergétique en Afrique est considérable, le coût de l’énergie est en baisse et de meilleures gouvernances se mettent en place sur tout le continent. Des actions concrètes se mettent en place entre le continentetlaFrancepourfairefaceauxdéfisénergétiques de l’Afrique. Une réglementation claire et stable, ainsi qu’unmanagementefficacesontlesclésdelaréussitedu développement des énergies et des énergies renouvelables en Afrique. SÉANCE DE CLÔTURE L’ÉMERGENCE DE L’AFRIQUE Lors de la session de clôture d’Africa 2016, les intervenants ont souligné le fort potentiel économique d’une Afrique en pleine mutation. Malgré les crises fortes que le continent connaît, notamment, le terrorisme, la baisse du prix des matières premières, la crise migratoire, les différents pays africains parviennent tout de même à garder une économie en croissance. Lessociétéscivilesontdeplusenplusd’influencesurles choix politiques des gouvernements et elles attendent de leur part le développement d’un climat des affaires favorable à l’émergence d’une économie saine. Les Etats africains sont conscients des défis et la France, qui a une relation historique forte avec le continent et continuera à maintenir et consolider ces liens. La France, confrontée aux mêmes menaces que la majorité des Etats africains - climatique, migratoire, sécuritaire - doit apporter des réponses en coopérant le plus efficacement possible avec eux. L’émergence de l’Afrique s’illustre par un nombre croissant de grandes entreprises africaines prenant toute leur place sur les marchés et capables de concurrencer avec succès les groupes internationaux. Elle s’illustre surtout par un grand nombre de réussites rapides d’entreprises nouvelles, dirigées par des femmes et des hommes dont le talent et le dynamisme n’ont d’égal que leur jeunesse. L’innovation, source de développement économique, peutêtre très forte en Afrique comme le montrent les usages du téléphone portable et du numérique. Les intervenants ont tous souligné l’importance d’améliorer en priorité la formation de la jeunesse, de mettre en place des instruments favorisant l’innovation et les relations interafricaines. L’Afrique dont la population est majoritairement jeune pourra utiliser davantage que les autres continents le numérique comme source de développement économique. Lesdébatsontconfirmélavolontédesacteurséconomiques français et africains d’accroître leurs relations et la détermination des hommes et des femmes d’entreprises de co-construire leur futur.