cette métastase et la survie des patientes ayant une localisation ova-
rienne. Cinquante-deux patientes avaient une métastase ovarienne dont
le taux était, en cas de tumeur squameuse, de 0,22% pour les stades IB,
0,75% pour les stades IIA et 2,17 % pour les stades IIB. Lorsqu’il
s’agissait d’adénocarcinomes, ce taux était significativement plus élevé
(3,72 % pour les IB, 5,26 % pour les IIA et 9,85 % pour les stades IIB).
Le taux global d’atteinte ovarienne était donc significativement plus
important chez les patientes ayant des adénocarcinomes que chez celles
ayant des tumeurs squameuses (5,31 versus 0,79 %). En revanche,
lorsqu’on analyse les autres facteurs influençant l’atteinte ovarienne, la
présence d’embols vasculaires, la profondeur d’invasion du stroma,
l’atteinte endométriale et la taille tumorale n’influencent pas la surve-
nue ou pas d’une métastase ovarienne. Par contre, l’envahissement
paramétrial est significativement corrélé à cette localisation.
Lorsqu’on analyse maintenant la survie des 52 patientes ayant une
métastase ovarienne, celles ayant un type histologique squameux ont
une meilleure survie que celles qui ont un type adénocarcinome
même si cette différence n’atteint pas le seuil de la signification sta-
tistique. Il en est de même pour la taille tumorale, la survie à 5 ans
des stades IB avec une métastase ovarienne est de 46%, elle est de
37 % dans les stades IIA avec une localisation ovarienne et 18%
dans les stades IIB, mais cette différence n’atteint pas le seuil de la
signification statistique probablement à cause du faible effectif.
Cette étude démontre de manière formelle que, quel que soit le
stade de la pathologie, la présence d’adénocarcinome est à risque
de métastase ovarienne accru. Les auteurs suggèrent de manière
tout à fait licite qu’en présence de ce type histologique, la conser-
vation ovarienne ne devrait pas être proposée. Cette étude est à
mettre en relation avec l’observation récente rapportée dans la lit-
térature de la première récidive après trachélectomie élargie surve-
nant sous forme d’une métastase ovarienne chez une patiente ayant
un adénocarcinome de forme débutante (stade IB1) (
Picketty M et al.
Am J Obstet Gynecol 2005;193:1382-3).
Chimiothérapie intrapéritonéale
dans les cancers
de l’ovaire de stade avancé
– Armstrong DK et al Intraperitoneal cisplatin and paclitaxel
in ovarian cancer. N Engl J Med 2006;5;354(1):34-43.
– Walker JL et al. Intraperitoneal catheter outcomes in a
phase III trial of intravenous versus intraperitoneal chemo-
therapy in optimal stage III ovarian and primary peritoneal
cancer: a gynecologic oncology group study. Gynecol Oncol
2006;100(1):27-32.
La donnée bibliographique la plus importante publiée ces dernières
semaines dans deux revues concerne l’étude du GOG 172. La survie a
été analysée dans le New England Journal of Medicine ; les complica-
tions et la toxicité ont été analysées dans Gynecologic Oncology. C’est
une étude de phase III concernant des patientes traitées pour un cancer
de l’ovaire de stade III ayant bénéficié d’une chirurgie complète sur le
plan macroscopique ou optimal laissant un reliquat de moins de 1 cm.
Les patientes ont été randomisées entre deux bras :
– un bras intraveineux (IV) conventionnel (les patientes ont reçu 135
mg/m2de paclitaxel sur 24 heures suivis de 75 mg/m2de cisplatine
par voie intraveineuse le deuxième jour) ;
– un bras constitué de patientes ayant bénéficié d’une chimiothéra-
pie mixte intraveineuse et intrapéritonéale (IP). Les patientes ont là
aussi reçu 135 mg/m2de paclitaxel par voie intraveineuse le premier
jour suivis par 100 mg/m2en IP de cisplatine le deuxième et 60
mg/m2de paclitaxel en IP le huitième jour.
Quatre cent-vingt-neuf patientes ont fait partie de cette étude dont 14
patientes inéligibles. Au total, 210 patientes faisaient partie du
groupe intraveineux et 205 patientes du groupe IP. Dans le bras IV,
189 patientes ont reçu 6 cycles de chimiothérapie et 21 patientes ont
reçu moins de 6 cycles. Chez les 205 patientes enrôlées dans le bras
IP, seules 42 % d’entre elles ont pu bénéficier des 6 cycles de chi-
miothérapie IP. Il est à noter qu’il existe une différence significative
de toxicité (douleurs de grades 3 et 4, fatigue, toxicité hématolo-
gique, gastro-intestinale et neurologique) chez les patientes traitées
par voie IP. Néanmoins, on note une différence de survie significa-
tive au bénéfice des patientes ayant été traitées par voie IP. Ainsi, la
médiane de survie sans récidive dans le groupe IV et IP était respec-
tivement de 18,3 et 23,8 mois et la médiane de survie globale dans le
groupe IV et IP était respectivement de 49 et 65,6 mois.
Il est aussi à noter que parmi les 415 patientes éligibles, 202 ont eu
une chirurgie de “second look”. Le taux de “second look” négatif
était significativement plus important chez les patientes traitées par
voie IP que chez les autres (57 versus 41 %). Enfin, donnée très
importante, il y a eu une étude de qualité de vie réalisée avant le qua-
trième cycle, 3 et 6 semaines après la sixième cure de chimiothérapie
et 12 mois après la dernière cure. Il existe une qualité de vie moins
bonne chez les patientes ayant été traitées par voie IP lors du traite-
ment, mais lorsqu’on analyse la qualité de vie à 1 an, il n’existe
aucune différence entre les deux bras.
Les complications étaient-elles étudiées plus spécifiquement dans
l’article publié dans Gynecologic Oncology. Les auteurs expliquent
et détaillent les raisons de l’abandon de la chimiothérapie IP réalisée
chez ces 119 patientes n’ayant pu avoir leurs six cycles de chimio-
thérapie prévus. Dans 34 % des cas, ce traitement a été interrompu
en raison de complications relatives au cathéter (infections, impossi-
bilités d’injecter, fistule autour du cathéter). Pour 34 patientes,
d’autres complications non directement liées au cathéter ont été
observées (troubles digestifs, déshydratation, problèmes métabo-
liques). Mais il est à noter que, même lorsque les six cycles de chi-
miothérapie IP n’ont pu être réalisés, il y a un gain significatif sur la
survie au bénéfice des patientes traitées par voie IP. Enfin, notons
qu’il y a eu un échec plus fréquemment observé de la faisabilité de la
chimiothérapie IP chez les patientes ayant une résection colique
gauche lors de leur chirurgie d’exérèse.
Au total, les données de cet essai sont fondamentales, car il n’y a
pas eu de gain aussi net sur la survie globale dans les cancers de
l’ovaire depuis l’apport du platine. Il semble difficile d’envisager
maintenant de traiter en 2006 un cancer de l’ovaire ayant pu bénéfi-
cier d’une chirurgie optimale ou complète sans se poser la question
de combiner le traitement IV au traitement IP. Néanmoins, de nom-
breuses questions ou réticences demeurent concernant en particu-
lier la toxicité du traitement. D’autres études sont déjà en cours ou
envisagées pour moduler les doses de chimiothérapie et peut-être
modifier les drogues qui vont être utilisées. Des études sont égale-
ment envisagées en France, en particulier pour voir si ces résultats
sont aussi observables chez les patientes bénéficiant d’une
chirurgie d’intervalle.
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La Lettre du Gynécologue - n° 313 - juin 2006
REVUE DE PRESSE