Mise au point
Mise au point
La Lettre du Neurologue - Vol. XII - n° 1-2 - janvier-février 2008
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urgence (11, 12). Les angiomyolipomes de plus de 4 cm avec un 
contingent vasculaire prédominant, identifi ables par le scanner 
et l’IRM, sont ceux qui présentent le plus de risques de rupture, 
le syndrome préfi ssuraire se traduisant alors par des douleurs 
lombaires inhabituelles qui doivent alerter (11-14). La préven-
tion de cette rupture hémorragique passe par la chirurgie ou 
l’embolisation. 
Le risque de tumeurs malignes du rein est augmenté dans la STB. 
Elles peuvent apparaître dès l’enfance (15-17). Leur diagnostic 
précoce est compliqué par la présence des angiomyolipomes 
et c’est souvent leur croissance rapide qui attire l’attention (18). 
C’est dire l’importance d’une surveillance régulière de ces mani-
festations rénales par une équipe radiologique expérimentée. 
ATTEINTE PULMONAIRE
Il s’agit d’une lymphangioléiomyomatose (LAM), prolifération 
diff use de cellules musculaires lisses anormales conduisant au 
développement de lésions kystiques multiples dont l’aspect 
tomodensitométrique est caractéristique. Ces lésions se révèlent 
par une dyspnée, voire un pneumothorax. La prévalence de la 
LAM dans la STB est de 25 % à 40 %, mais elle concerne les 
patients adultes et presque exclusivement les femmes. L’évo-
lution peut se faire vers l’insuffi  sance respiratoire terminale 
(nécessitant une transplantation) et le décès.
ATTEINTES OCULAIRES
La prévalence des hamartomes rétiniens s’élève à 44 % chez des 
patients adultes avec STB, les nodules typiques ne représentant 
que la moitié de ces lésions qui sont toujours asymptomatiques, 
les autres pouvant évoquer à tort un processus malin. Par ailleurs, 
des aires de dépigmentation rétinienne ont été signalées chez 
40 % des patients contre seulement 6 % des sujets normaux ; 
elles pourraient donc être une aide au diagnostic de STB. Il faut 
néanmoins une bonne expertise de neuro-ophtalmologie pour 
identifi er ces lésions rétiniennes avec fi abilité.
ATTEINTES CARDIAQUES
La STB donne des tumeurs cardiaques bénignes, des rhab-
domyomes, qui sont souvent de découverte échographique 
anténatale et régressent spontanément. À moins d’obstacle, 
rare et lié à la localisation, par exemple, sur une valve cardiaque, 
leur pronostic est excellent et leur prise en charge se limite à 
une surveillance.
GÉNÉTIQUE ET DIAGNOSTIC ANTÉNATAL
La STB a une transmission dominante mais son expression est 
très variable (formes seulement cutanées ou seulement cardia-
ques, formes frustes ou formes sévères, etc.) [19] et 75 % des cas 
sont sporadiques. La STB est liée à des mutations sur deux gènes, 
TSC1 et TSC2, des anti-oncogènes codant respectivement pour 
la tubérine et l’hamartine. Ces deux protéines sont diminuées 
dans le cerveau, le rein et le cœur des patients avec STB, expli-
quant l’apparition de tumeurs hamartomateuses (24). La tubérine 
et l’hamartine sont des contrôleurs de mTOR (mammalian 
target of rapamycin), d’où les premiers essais thérapeutiques 
avec la rapamycine, un inhibiteur de mTOR, in vitro, sur des 
modèles animaux et chez quelques patients avec angiomyo-
lipomes rénaux, lymphangioléiomyomatose pulmonaire ou 
astrocytomes à cellules géantes, 
intraventriculaires
.
Les deux tiers des cas environ sont des mutations de novo. La 
recherche de mutation dans les gènes TSC1 et TSC2 est encore 
assez longue et coûteuse, et on ne peut en identifi er aucune dans 
environ 15 % des cas cliniquement certains. Le diagnostic reste 
donc encore clinique. Dans les formes dites “frustes”, l’étude 
moléculaire peut apporter une aide, mais souvent il s’agit de 
mutations en mosaïque, dont l’identifi cation est encore plus 
aléatoire (21). La mise en évidence de la mutation est néanmoins 
la possibilité la plus fi able de diagnostic prénatal : l’IRM cérébrale 
et l’échographie cardiaque anténatales restent les examens les 
plus aisés, mais des faux positifs et des faux négatifs sont possi-
bles avec les deux (22, 23). Toutefois, le conseil génétique reste 
extrêmement diffi  cile dans la mesure où l’histoire naturelle de la 
STB est mal connue, en particulier à l’âge adulte, et le pronostic 
n’est pas constamment défavorable, même en cas de localisation 
cérébrale. Un enfant, dont un parent était porteur, est récemment 
né après la réalisation d’un diagnostic préimplantatoire (DPI). 
BILAN DE SURVEILLANCE
Une fois le diagnostic posé, une surveillance régulière du patient 
s’impose. La rythmicité des IRM cérébrales n’est pas formel-
lement établie car la fréquence et les facteurs de risque d’ap-
parition des astrocytomes à cellules géantes sont encore mal 
connus. Néanmoins, on recommande de pratiquer une IRM 
au moins tous les 2 ans s’il existe un nodule sous-épendymaire 
situé près des trous de Monro et qui grossit, surtout s’il prend 
le gadolinium et n’est pas complètement calcifi é (24). Dans les 
autres cas, une IRM tous les 5 ans pourrait suffi  re. L’absence 
de lésions cardiaques ou ophtalmologiques sur le bilan initial 
justifi e de ne plus surveiller ces organes. Il n’en est pas de même 
du rein ou du poumon : une échographie rénale annuelle est 
nécessaire dès le diagnostic posé, même chez le nourrisson, et 
un bilan pulmonaire s’impose systématiquement dès la fi n de 
l’adolescence chez la jeune femme.
CONCLUSION
La STB est une maladie unique en raison de la diversité de son 
spectre clinique, de son pronostic, de ses traitements possibles 
et de sa composante génétique. Sa prise en charge implique de