La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
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tokinase et le groupe angioplastie dans les trois premières heures
de l’IDM. De même, l’étude CAPTIM, qui a comparé thrombo-
lyse préhospitalière et angioplastie, a montré l’absence de diffé-
rence nette entre les deux stratégies sur la mortalité, les IDM et
les AVC, avec une tendance en faveur de la thrombolyse dans les
deux premières heures.
T. Lefèvre (Massy) a fait un état de l’art de la reperfusion phar-
maco-invasive. Si le bénéfice de la thrombolyse est bien démon-
tré, l’association à un anti-GPIIb/IIIa n’apporte pas un bénéfice
supplémentaire. Les anti-GPIIb/IIIa peuvent, en revanche, être
utilisés en préhospitalier (chez les patients non thrombolysés).
Ils permettraient alors d’améliorer le taux de reperfusion avant
même l’angioplastie. La thombolyse préhospitalière occupe une
place importante, particulièrement chez les patients vus dans les
deux premières heures du début des symptômes. En effet, dans
l’étude CAPTIM, l’incidence des chocs cardiogéniques est
moindre en cas de thrombolyse dans les deux premières heures.
Les méthodes d’angioplastie sont également importantes. Ainsi,
il a été démontré que le stenting direct permet d’obtenir une
meilleure résolution du segment ST. En effet, le degré de réso-
lution de celui-ci est un facteur pronostique bien identifié
(tableauV).
Les autres méthodes invasives telles que la thrombo-aspiration
ou la thrombectomie peuvent être utilisées au cas par cas.
ACTUALITÉS DANS LA PRISE EN CHARGE
DU PATIENT INSUFFISANT CARDIAQUE
Diabète et insuffisance cardiaque
(X. Girerd, Paris)
Parmi les facteurs prédictifs du développement d’une insuffi-
sance cardiaque en post-IDM, l’étude CARE a identifié l’âge, la
FEVG (fraction d’éjection du ventricule gauche), et également
le diabète. L’étude OASIS, qui a comparé des diabétiques à des
non-diabétiques, a montré que le diabète est associé à une aug-
mentation du risque d’IDM, d’AVC et d’insuffisance cardiaque.
Plusieurs données avaient d’ailleurs montré que le risque de décès
d’un diabétique non coronarien était équivalent à celui d’un
patient non diabétique avec un antécédent d’IDM. Ces données
ne sont pas consensuelles, puisqu’elles n’ont pas été confirmées
par l’étude écossaise de Tayside (Br Med J 2002) et l’étude ARIC
(Circulation 2004),qui ont montré que le pronostic vital des dia-
bétiques non coronariens était meilleur que celui des coronariens
non diabétiques.
Par ailleurs, les patients insuffisants cardiaques présentant un dia-
bète ont souvent des facteurs de risque et des maladies vascu-
laires associées. De plus, les patients diabétiques développent
souvent une insuffisance cardiaque diastolique.
Récemment, plusieurs études ont montré, dans le groupe des anta-
gonistes des récepteursAT1 de l’angiotensine II, une diminution
des cas de diabète. L’une des hypothèses est que les antagonistes
de l’angiotensine II ont une action sur des gènes des adipocytes
entraînant une diminution de l’insulinorésistance.
Fibrillation auriculaire et diabète
(J.-Y. Le Heuzey, Paris)
La fibrillation auriculaire est associée à une surmortalité et à une
surmorbidité. La fibrillation auriculaire et l’insuffisance car-
diaque sont d’ailleurs deux pathologies dont la prévalence est en
augmentation constante et dont l’association est fréquente.
Devant une fibrillation auriculaire, deux options sont possibles.
•La première est le contrôle de la fréquence. Plusieurs moyens
existent :
– les digitaliques ont l’inconvénient d’avoir un effet insuffisant
à l’effort ;
– les bêtabloquants doivent être administrés à faible dose, avec
une augmentation progressive des doses ;
– les inhibiteurs calciques ralentisseurs sont théoriquement
contre-indiqués ;
– l’amiodarone n’est pas recommandée pour le ralentissement de
la fréquence ventriculaire ;
– le traitement pharmacologique avec l’ablation du nœud auri-
culo-ventriculaire associée à un stimulateur cardiaque est l’une
des options envisageables.
•La seconde est le contrôle du rythme :
– les antiarythmiques de classe I sont bien entendu contre-indiqués,
tel que cela a été préalablement démontré dans le registre CAST ;
– l’amiodarone peut être utilisée. Son efficacité a été démontrée
dans l’étude CTAF ;
– les nouveaux antiarythmiques de type dofétilide permettent
d’obtenir un taux de retour en rythme sinusal meilleur que le pla-
cebo. Ils ont l’inconvénient de nécessiter une surveillance atten-
tive de l’ECG (particulièrement du QT) et de la clairance de la
créatinine ;
– la dronédarone est un nouvel antiarythmique de la famille de
l’amiodarone qui a comme avantage de ne pas entraîner d’hypo-
thyroïdie, et est contre-indiquée en cas d’insuffisance cardiaque.
En effet, l’étude ANDROMEDA, qui a inclus des patients insuf-
fisants cardiaques, a montré une surmortalité dans le groupe dro-
nédarone. Récemment, une équipe bordelaise (Hsu et al. N Engl
J Med 2005) a montré que l’ablation par radiofréquence au niveau
des veines pulmonaires permettait d’améliorer la fraction d’éjec-
tion du ventricule gauche.
INFORMATIONS
Délai < 2 heures 2-4 heures 4-6 heures > 6 heures
Mortalité 4,4 % 4,7 % 8,5 % 9,7 %
Tableau III. Évolution de la mortalité selon le délai de l’angioplastie
(De Luca G et al. J Am Coll Cardiol 2003).
Délai < 1 heure > 1 heure
Mortalité hospitalière 1,8 % 6,7 %
Tableau IV. Mortalité selon le délai intrahospitalier jusqu’à l’angio-
plastie dans le registre NRMI 2.
Résolution du ST > 70 % 30-70 % < 30 %
Mortalité 1,6 % 3,1 % 8,5 %
Tableau V. Mortalité à un mois d’un IDM selon le degré de résolution
du segment ST dans l’étude CADILLAC.