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REVUE DE PRESSE
Effets indésirables des agonistes dopaminergiques :
une étude comparative à partir de la base française
de pharmacovigilance
Les agonistes dopaminergiques prescrits dans le cadre de la maladie de Parkinson (MP), le
syndrome des jambes sans repos (SJSR) et l’hyperprolactinémie ont des propriétés pharmacodynamiques différentes, qui sont fonction de leur affinité pour les différents sous-types de
récepteurs dopaminergiques. Leur tolérance varie selon leurs propriétés de dérivés ergotés
ou non, mais aussi entre les dérivés non ergotés. Afin d’évaluer les différences du profil de
tolérance des agonistes dopaminergiques, cette étude a comparé la fréquence de survenue
des événements indésirables rapportés entre 1984 et 2008 dans la banque de données
de pharmacovigilance française. Le ropinirole est utilisé comme référence, du fait qu’il est,
à l’heure actuelle, l’agoniste dopaminergique le plus prescrit en France pour la MP et le
SJSR. Durant la période 1984-2008, 2 189 événements indésirables ont été rapportés sous
agonistes dopaminergiques et 1 315 sous L-dopa. Les résultats montrent que la somnolence
diurne est moins fréquente avec tous les agonistes dopaminergiques (sauf le pramipexole)
et la L-dopa. Les troubles compulsifs sont significativement plus souvent rapportés avec le
pramipexole, et sont significativement moins fréquents sous bromocriptine ou L-dopa ; ce
fait s’explique par l’affinité pour les récepteurs dopaminergiques D3, l’affinité étant la plus
forte pour le pramipexole et la plus faible pour la bromocriptine. Les œdèmes sont moins
fréquents sous L-dopa. Les valvulopathies cardiaques sont plus fréquemment rapportées
sous pergolide. Il est à noter que toutes les valvulopathies cardiaques ont été rapportées
après septembre 2003. Les épanchements pleuraux sont plus fréquemment observés avec
la bromocriptine et le pergolide, quelle que soit la période. Enfin, les troubles cutanés sont
plus fréquents avec l’apomorphine et la bromocriptine.
Les auteurs montrent donc des différences significatives dans la fréquence de survenue des
événements indésirables, suggérant des différences dans le profil de tolérance des agonistes
dopaminergiques. Cependant, cette étude a plusieurs limites rendant prudente l’interprétation de ces résultats. Tout d’abord, aucune information n’est disponible sur les doses
utilisées, la durée d’évolution de la maladie, les antécédents du patient, les comorbidités
ou les traitements associés, tous ces facteurs pouvant jouer un rôle dans l’apparition des
événements indésirables. Par ailleurs, tous les événements indésirables survenant avec les
agonistes dopaminergiques ne sont pas systématiquement rapportés à la pharmacovigilance,
induisant un biais dans les résultats. On peut cependant supposer que le non-rapport de
ces événements indésirables est identique quel que soit le médicament.
I. Benatru, Dijon
Commentaire
Bien qu’ayant des limites, cette étude reflète ce
que l’on observe dans notre pratique quotidienne.
Elle met en avant la fréquence des événements
indésirables survenant avec les agonistes dopaminergiques, souligne des profils de tolérance
variables des divers agonistes et apporte une
contribution pour le choix d’un agoniste dopaminergique selon un ratio bénéfice/risque à évaluer
selon le terrain et les antécédents du patient.
Référence bibliographique
Perez-Lloret S, Bondon-Guitton E, Rascol O et al., and the
French Association of Regional Pharmacovigilance Centers.
Adverse drug reactions to dopamine agonists: a comparative study in the french pharmacovigilance database. Mov
Disord 2010;25(12):1876-80.
De la L-dopa effervescente dans le traitement
des fluctuations motrices de la maladie de Parkinson
La L-dopa associée à un inhibiteur de la dopa-décarboxylase (carbidopa ou bensérazide)
reste à l’heure actuelle le traitement de référence de la maladie de Parkinson. Les facteurs
intervenant sur l’absorption digestive de la L-dopa (faible solubilité des comprimés, ralentissement de la vidange gastrique) peuvent influencer l’équilibre moteur, en particulier au
stade des complications motrices. En comparaison avec les formes orales standards de
L-dopa, les formulations liquides passent plus facilement l’estomac, améliorant ainsi leur
absorption, mais leur utilisation est limitée par la faible solubilité de ces formes dans l’eau et
la dégradation de la L-dopa en solution. La L-dopa méthylester (mélévodopa hydrochloride)
est une prodrogue de L-dopa très soluble qui, en association avec de la carbidopa dans une
formulation effervescente, raccourcit le délai de latence matinal du passage en “on”.
La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 9 - octobre 2010 |
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dirigée par le Pr T. Moreau
Cette étude randomisée, en double aveugle et groupes parallèles, avait pour objectif de
comparer l’efficacité sur la durée des périodes “off” de différentes doses d’un traitement
lévodopa/carbidopa (L/C) par rapport à une formulation effervescente mélévodopa/carbidopa
(M/C). Au total, 221 patients parkinsoniens présentant des fluctuations motrices insuffisamment contrôlées par la L/C ont été inclus. Les résultats au terme des 12 semaines de suivi ne
montrent aucune différence significative entre les 2 groupes de traitement, que ce soit dans
la durée des périodes “off” au cours de la journée ou dans les variables secondaires (temps
passé en “on” avec ou sans dyskinésies gênantes, taux de répondeurs). Cependant, il y a
une tendance à la supériorité de la M/C sur la L/C : une réduction de la durée des périodes
“off” est observée avec les 2 traitements dans les 8 premières semaines (par effet placebo
ou par meilleure compliance au traitement dans le cadre de l’étude), mais ce bénéfice n’est
présent à 12 semaines que pour le groupe M/C. De plus, l’amélioration clinique immédiate
est plus marquée dans le groupe M/C, suggérant un meilleur profil pharmacocinétique de
la M/C par rapport à la L/C. Le nombre d’événements indésirables ne diffère pas significativement entre les 2 groupes. Ainsi, les formulations effervescentes de M/C sont bien tolérées
et efficaces dans le traitement des fluctuations motrices. Les différences non significatives
entre les 2 groupes de traitement peuvent être expliquées par un manque de puissance
de l’étude. Bien que non significatifs, ces résultats sont encourageants et incitent à porter
plus d’attention à ces nouvelles formulations.
Commentaire
Ces résultats, bien que négatifs, sont encourageants dans la mesure où ils montrent que de
nouvelles formulations de L-dopa pourraient
être mises à disposition et nous aider à la prise
en charge des complications motrices. Il serait aussi
intéressant de pouvoir comparer cette formulation
effervescente avec le bensérazide, forme soluble
de L-dopa. La seule limite serait que l’inhibiteur
de la dopa-décarboxylase soit différent dans ces
2 traitements.
Référence bibliographique
Stocchi F, Zappia M, Dall’armi V et al. Melevodopa/carbidopa effervescent formulation in the treatment of motor
fluctuations in advanced Parkinson’s disease. Mov Disord
2010;25(12):1881-7.
I.B.
Commentaire
Les microbleeds cérébraux : un facteur de risque
potentiel des hémorragies intracérébrales
sous antiagrégant plaquettaire
Les microbleeds, ou microsaignements cérébraux, visibles en IRM cérébrale sur la séquence
pondérée en T2 écho de gradient, sont associés à une maladie des petites artères cérébrales
favorisant les saignements (artériopathie hypertensive ou angiopathie amyloïde). Par ailleurs,
une méta-analyse de 16 essais cliniques randomisés versus placebo a montré que l’usage
d’aspirine était associé à un risque relatif d’hémorragie intracérébrale (HIC) de 1,84 (1).
Dans une étude cas-témoins (2), avec un échantillon de petite taille (81 patients au total),
les auteurs ont voulu vérifier l’hypothèse que la présence de microbleeds est un facteur de
risque d’HIC chez les patients sous antiagrégant plaquettaire (AAP).
Les microbleeds étaient plus fréquents dans le groupe HIC sous AAP (81 %) que dans le
groupe apparié AAP sans HIC (19 %), et que dans le groupe HIC sans AAP (45 %). Notamment, la fréquence des microbleeds lobaires était nettement supérieure, en accord avec le
fait que l’angiopathie amyloïde semble être un facteur de risque de saignement sous AAP.
Les microbleeds étaient également plus nombreux dans le groupe HIC sous AAP que dans
les groupes contrôles, et le nombre de microbleeds, notamment lobaires, était corrélé au
risque d’HIC sous AAP (avec un odds ratio de 1,33 par microbleed supplémentaire).
C. Carra-Dallière, Montpellier
294 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 9 - octobre 2010 Cet article, malgré certains biais notamment de
puissance, montre un lien entre microbleeds et HIC
sous AAP. Cependant, après un infarctus cérébral
constitué, un accident ischémique transitoire (AIT)
ou un syndrome coronarien aigu, le bénéfice des
agents antiagrégants a été prouvé par de larges
essais cliniques randomisés. C’est pourquoi, en
l’­absence d’essais contrôlés randomisés prouvant
que, chez les patients porteurs de microbleeds,
le risque de saignement intracérébral dépasse la
réduction de nouveaux événements ischémiques,
l’existence de microbleeds ne doit pas être prise
en compte avant de prescrire un traitement par
l’AAP (3). Par conséquent, il n’y a pas, actuellement,
d’intérêt à dépister la présence de microbleeds par
une IRM cérébrale après un événement coronarien.
Références bibliographiques
1. He J, Whelton PK, Vu B et al. Aspirin and risk of hemorrhagic stroke: a meta-analysis of randomized controlled
trials. JAMA 1998;280(22):1390-5.
2. Gregoire SM, Jäger HR, Yousry TA et al. Brain micro­
bleeds as a potential risk factor for antiplatelet-related
intra­cerebral haemorrhage: hospital-based, case-control
study. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2010;81:679-84.
3. Leys D, Cordonnier C. Brain microbleeds as a potential
risk factor for antiplatelet-related intracerebral haemorrhage. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2010;81:589-90.
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Le chaînon manquant
La protéine tau – présente dans les dégénérescences neurofibrillaires intraneuronales – et le
peptide β-amyloïde – présent dans les plaques séniles extracellulaires – sont les 2 molécules
dont l’accumulation anormale est constamment retrouvée au cours de la maladie d’Alzheimer.
Depuis des années, le lien entre ces 2 molécules fait l’objet de nombreuses spéculations. Les
auteurs de cet article montrent que tau régule l’interaction entre la protéine de densité postsynaptique 95 (PSD95) et les récepteurs au NMDA (NMDAR) connus pour médier la toxicité
du peptide β-amyloïde. Ils ont tout d’abord généré des souris transgéniques exprimant une
tau tronquée (Dtau), qui ne se lie pas aux microtubules comme la tau native. Ils ont montré
que, chez ces souris, la Dtau était massivement redistribuée au soma des neurones, alors
que la tau est majoritairement retrouvée dans les neurites. De précédentes études avaient
montré que la kinase Fyn régulait l’ancrage des NMDAR à la densité postsynaptique grâce
à PSD95. Dtau, comme tau, contient un site de liaison à Fyn, et les auteurs ont ainsi pu
vérifier par des techniques d’immunoprécipitation que le taux de Fyn dans les dendrites était
abaissé chez les souris Dtau par rapport aux souris contrôles sauvages. Cela suggère que le
ciblage postsynaptique de Fyn est dépendant de tau. Par co-immunoprécipitation, les auteurs
ont aussi montré que tau jouait un rôle fonctionnel sur la sous-unité NR2B des NMDAR,
puisqu’elle module la force de son interaction avec PSD95 sans en diminuer la quantité.
Enfin, en croisant leurs souris Dtau avec des souris APP23 (un modèle de maladie d’Alzheimer
qui développe des troubles comportementaux et une perte neuronale assez rapide, avec
une mortalité précoce), ils ont observé que ces souris, tout en continuant de produire des
plaques séniles, n’avaient plus de troubles mnésiques ni d’augmentation de leur mortalité.
Commentaire
Cet excellent article, un peu complexe, propose
une hypothèse de mécanisme expliquant l’inter­
action entre tau et le peptide β-amyloïde. Les
auteurs démontrent notamment que la perturbation de l’interaction entre NMDAR et PSD95
est suffisante pour engendrer des troubles de la
mémoire chez la souris. Ces résultats devraient
certainement permettre d’aborder la conception
des traitements de la maladie sous une nouvelle
perspective.
Référence bibliographique
Ittner LM, Ke YD, Delerue F et al. Dendritic function of
tau mediates amyloid-beta toxicity in Alzheimer’s disease
mouse models. Cell 2010;142(3):387-97.
S.Epelbaum, Paris
35 ans d’angoisse...
Dans cette étude de cohorte suédoise, 1 462 femmes ont été suivies sur les plans psychologique et neuropsychologique durant 35 ans afin d’étudier le rapport entre l’angoisse à
un âge moyen et la démence à un âge avancé. Les participantes passaient un entretien
tous les 6 ans (en 1968, 1974 et 1980) au cours duquel leur était posée une seule question
simple sur leur état de stress. Leur réponse permettait de les classer en 4 catégories (jamais
stressée, stressée autrefois, stressée occasionnellement et souvent/constamment stressée).
Elles passaient également des tests neuropsychologiques détaillés jusqu’à la fin du suivi,
et leur entourage était interrogé, ce qui a permis d’établir le diagnostic de démence. Les
facteurs confondants usuels étaient obtenus par des protocoles standardisés d’une session
à l’autre. Le principal résultat de l’étude est que les femmes développant une démence
à un âge avancé (11 % de l’échantillon à un âge moyen de 76 ans) étaient plus stressées
dans les décennies précédant la survenue de la démence, avec un risque relatif de 1,73
(IC95 : 1,01-2,95) et de 2,51 (IC95 : 1,33-4,77) pour les femmes qui entraient dans le groupe
souvent/constamment stressées lors de 2 ou 3 entretiens respectivement.
Commentaire
Cette étude est remarquable de par la qualité
de son suivi et le faible nombre de perdues de
vue (moins de 30 % en 35 ans) ! Elle permet de
répondre à une question longtemps débattue dans
la littérature, et semble indiquer de façon assez
convaincante que le stress chronique au cours de la
vie augmente le risque de développer un trouble
cognitif à un âge avancé, indépendamment de
facteurs confondants tels que le niveau d’éducation ou le niveau socio-économique.
Référence bibliographique
Johansson L, Guo X, Waern M et al. Midlife psychological
stress and risk of dementia: a 35-year longitudinal population study. Brain 2010;133(Pt 8):2217-24.
S.E.
Influence des saisons sur la sclérose en plaques
Cette étude observationnelle rétrospective a été menée à Boston entre 1991 et 1993.
Son objectif était d’étudier l’activité de la SEP définie par les nouvelles lésions T2 à l’IRM
encéphalique en fonction des saisons parmi des patients non traités. Des IRM encéphaliques
mensuelles ont été réalisées sur 1 an. Des examens cliniques ont été réalisés à chaque
visite, avec recensement des poussées, collecte des données météorologiques (température, ensoleillement, précipitations). Une distribution annuelle de l’activité de la SEP selon
La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 9 - octobre 2010 | 295
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dirigée par le Pr T. Moreau
les 4 saisons a été établie, en notant les nouvelles lésions T2 sur les périodes d’examens
correspondantes. L’activité de la maladie à l’échelon individuel correspondait au rapport
entre les lésions actives ou les anomalies à l’examen clinique et le nombre total d’examens
subis par le malade. Quarante-quatre patients ayant bénéficié de 939 IRM ont été inclus
dans l’étude : 31 formes rémittentes et 13 d’emblée progressives. L’âge moyen était de
38,3 ± 7,1 ans, la durée d’évolution de la maladie de 8 ± 5,6 ans, l’EDSS de 3,9 ± 0,9 ans.
Une activité 1,8 fois plus importante durant le printemps et l’été que durant l’automne et
l’hiver était observée, avec un ratio individuel d’activité 3 fois plus important. Le ratio de
nouvelles lésions accumulées par jour était de 0,024 au printemps, 0,030 en été, 0,010
à l’automne et 0,016 en hiver. Une forte corrélation entre l’activité de la maladie et les
températures élevées mais aussi avec l’ensoleillement était observée. Concernant les lésions
rehaussées par le gadolinium, aucune différence significative n’était mise en évidence entre
les saisons. Pour les formes progressives, l’augmentation d’activité au printemps et en été
est moins marquée et survient plus précocement, environ 2 mois avant.
Commentaire
Cette étude montre une activité de la SEP, définie
par l’apparition de nouvelles lésions T2, plus importante au printemps et en été ainsi qu’une activité
plus grande lorsque les températures sont élevées
et l’ensoleillement intense. Ces résultats suggèrent une intervention de facteurs environnementaux saison-dépendante. Cependant, cette étude
comporte une limite liée à son faible effectif.
Référence bibliographique
Meier DS, Balashov KE, Healy B et al. Seasonal prevalence
of multiple sclerosis disease activity. Neurology 2010;75:
799-806.
A. Fromont, Dijon
Détection de l’ADN viral du JC virus
chez les patients sous natalizumab
En 2010, plus de 71 400 patients atteints de sclérose en plaques (SEP) ont été traités par natalizumab. Parmi ces patients, 1 cas pour 1 000 de leucoencéphalopathie multifocale progressive
(LEMP) liée au virus JC s’est déclaré. La présence d’ADN du JC virus a été observée dans le
liquide cérébrospinal des patients atteints de LEMP. Chen et al. ont rapporté une augmentation de l’ADN du JC virus dans le plasma, les cellules mononucléées du sang périphérique
et des urines après 12 à 18 mois de traitement par natalizumab. La présente étude avait
pour objectif de confirmer que le traitement par natalizumab modifie la présence de l’ADN
du JC virus dans le sang et les urines, mais aussi d’étudier si la présence ou non de l’ADN
du JC virus dans le sang ou les urines peut permettre de sélectionner les patients à haut
risque de LEMP. Des prélèvements de sang et d’urines des patients traités par natalizumab
de 4 études (DSSA, AFFIRM, SENTINEL et STRATA) ont été utilisés pour rechercher l’ADN du
JC virus. Deux techniques de PCR ont été réalisées : l’une, ViraCor, ayant une sensibilité de
50 copies/­ml en première intention, l’autre, NIH de l’Institut national de santé, dont la sensibilité est plus grande, de l’ordre de 10 copies/­ml. Pour l’étude DSSA, 1 397 plasmas ont été
testés (1 305 sous natalizumab et 92 sous placebo) avec le réactif ViraCor. Les patients traités
l’étaient en moyenne depuis 22 mois. L’ADN du JC virus a été détecté sur 4 plasmas, puis sa
présence a été confirmée par NIH, et il a été retrouvé sur 2 plasmas supplémentaires grâce à la
technique NIH (205 plasmas négatifs par ViraCor ayant été testés de nouveau par NIH). Parmi
ces 6 patients positifs, 3 appartenaient au groupe placebo et 3 étaient traités par natalizumab
depuis 8 à 35 mois. Ainsi, 3 % des patients non traités et 0,1 % des patients traités étaient
positifs. Pour les patients positifs, les plasmas avant mise sous traitement ont été testés. Deux
étaient négatifs, 1 faiblement positif et 3 fortement positifs dont 1 d’un patient sous placebo.
Dans les autres études, des plasmas, des sérums et des cellules mononucléées ont été testés
avec des résultats similaires. Les urines de 224 patients avant inclusion et après 48 semaines
de traitement ont été étudiées. Le pourcentage des urines positives avant l’étude était de
26 %, et de 25 % après traitement. Aucun des patients positifs n’a déclaré de LEMP. Parmi
les patients ayant une LEMP, chez 2 patients de l’étude SENTINEL, aucun des prélèvements
de sérum n’a été trouvé positif. Dans l’étude STRATA, il y avait 3 cas de LEMP pour lesquels
l’ADN du JC virus n’a été détecté ni dans le plasma ni dans les cellules mononucléées. Les
urines de 2 patients étaient positives avant et après traitement, mais les urines du troisième
étaient négatives.
A.F.
296 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 9 - octobre 2010 Commentaire
Les résultats de cette étude montrent l’inutilité de
la recherche de l’ADN du JC virus dans le plasma
ou les urines des patients devant être traités par
natalizumab afin de détecter ceux à haut risque
de LEMP.
Référence bibliographique
Rudick RA, O’Connor PW, Polman CH et al. Assessment of
JC virus DNA in blood and urine from natalizumab treated
patients. Ann Neurol 2010;68:304-10.
REVUE DE PRESSE
Étude de l’altération cognitive chez les patients
parkinsoniens
Outre les troubles moteurs bien connus, il est fréquent que les patients parkinsoniens
développent des troubles d’ordre cognitif tels que des troubles des fonctions exécutives et
pouvant aller jusqu’à la démence. L’étiologie de ces symptômes reste encore peu étudiée
malgré l’impact qu’ils peuvent avoir sur la vie sociale des patients. C.H. Williams-Gray et al.
ont ainsi cherché à déterminer la nature et les facteurs pouvant rendre compte de ces
déficits. Pour cela, ils ont effectué une étude clinique longitudinale (plus de 5 ans) sur un
groupe de 126 patients parkinsoniens chez lesquels ils ont évalué le développement de ces
symptômes à 3 stades de la maladie (au début, à 3 ans et à 5 ans) à l’aide de divers tests
comme le test de la Tour de Londres (fonctions exécutives) ou encore le test de Folstein
(évaluation de l’état mental minimum). À l’aide d’analyses multivariées, les auteurs montrent
que l’âge élevé du patient (≥ 72 ans), une faible fluence sémantique (incapacité à nommer
plus de 20 animaux en 90 secondes) ou une inaptitude à recopier une figure représentant
2 pentagones intersécants sont prédictifs du risque de développer une démence. Par ailleurs,
des tests génétiques portant sur 2 gènes responsables de la maladie de Parkinson montrent
que le gène MAPT H1H1 semble fortement lié à l’apparition de ces démences alors que le
gène COMT semble plutôt lié aux déficits des fonctions exécutives. Les auteurs prouvent
ainsi, pour la première fois, l’existence d’une dissociation des causes entraînant l’apparition
des déficits fronto-striataux (fonctions exécutives) et de ceux reposant sur des aires corticales plus postérieures (démences) chez des patients atteints de la maladie de Parkinson.
Commentaire
Cette étude met en évidence que 17 % des patients
atteints de la maladie de Parkinson risquent de
développer des démences liées à cette pathologie.
Ces démences présentent certains signes pouvant
être évalués en préclinique par des tests cognitifs simples ainsi que par des tests génétiques.
Les auteurs fournissent donc ici des outils qui
permettront sans doute d’ajuster les traitements
pharmaco­logiques destinés aux patients présentant certains de ces facteurs de risque afin de
prévenir l’apparition de ces symptômes.
Référence bibliographique
Williams-Gray CH, Evans JR, Goris et al. The distinct cognitive syndromes of Parkinson’s disease: 5 years follow-up of
the CamPaIGN cohort. Brain 2009; 132:2958-69.
F. Esclassan, Lyon
Commentaire
Le jet lag et la conservation des souvenirs
Le rythme circadien est un phénomène important dans le fonctionnement et la régulation
de divers mécanismes physiologiques. Dans cette étude, il apparaît que des modifications
de ce rythme sont capables d’altérer également des processus cognitifs tels que la consolidation de la mémoire, permettant d’affermir des souvenirs stables et durables dans le
temps. Dans une série d’expériences visant à modéliser le “décalage horaire” (jet lag) [par
l’allongement artificiel ou par l’interruption précoce d’une des phases du cycle jour/nuit],
les auteurs mettent en évidence, chez la souris, un lien causal entre un bouleversement
aigu du cycle circadien et une importante altération du rappel mnésique dans une tâche
de peur conditionnée. Cette manipulation de l’alternance des phases jour/nuit n’exerce en
revanche aucune influence délétère sur les processus liés à l’acquisition. Il est important de
noter que ce protocole de décalage horaire n’entraîne pas de privation de sommeil, mais
modifie – et ce durant plusieurs jours – la distribution temporelle des périodes d’éveil et
de sommeil. Enfin, et de façon surprenante, les auteurs rapportent que, si les animaux ont
déjà expérimenté plusieurs modifications du cycle jour/nuit, leurs performances de rappel
s’en trouvent améliorées par rapport à celles d’un groupe contrôle pour lequel le cycle jour/
nuit reste inchangé.
E. Lesburguères, Bordeaux
S’il ne fait plus aucun doute que la consolidation
des souvenirs est sensible à la privation de sommeil
dans la période qui suit l’acquisition, cette étude
attire l’attention sur le fait que le décalage horaire,
en entraînant dans la période postacquisition
une désynchronisation temporaire du réseau des
oscillateurs circadiens, engendre également des
déficits de mémoire à long terme. Il reste encore
à déterminer comment, dans des structures cérébrales impliquées dans les processus de mémoire
(parmi lesquelles l’hippocampe), les cascades
d’événements moléculaires qui sous-tendent le
processus de consolidation pourraient être affectées par un changement du rythme circadien.
Au sein de l’hippocampe, par exemple, l’étude
de l’interaction entre ces cascades moléculaires
et l’expression circadienne-dépendante de gènes
(appelés clock gene) impliqués dans la transcription pourrait constituer une piste potentielle pour
étayer ce lien encore ténu entre rythme circadien
et consolidation mnésique.
Référence bibliographique
Loh DH, Navarro J, Hagopian A et al. Rapid changes in the
light/dark cycle disrupt memory of conditioned fear in
mice. PLoS One 2010;2;5(9).
La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 9 - octobre 2010 | 297
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