Actualités Actualités 260 Effet adipogénique de l’adénovirus 36 L’obésité est connue pour être sous l’influence de facteurs génétiques, endocriniens, comportementaux et culturels. Il a été proposé que l’obésité pourrait également avoir une composante infectieuse. À ce jour, sept agents infectieux ont été identifiés comme étant capables de favoriser le développement du tissu adipeux dans différents modèles animaux. L’hypothèse de l’implication d’agents infectieux dans l’obésité humaine est étayée par une étude épidémiologique révélant que la séropositivité à l’adénovirus humain de type 36 (Ad36) est plus fréquente chez les sujets obèses (30 %) que chez les individus de masse corporelle normale (11 %). Des expériences réalisées chez des rongeurs ont montré que l’Ad-36 augmente l’accumulation de lipides dans les adipocytes, entraînant ainsi une hypolipidémie. Il a été observé que ce virus exerce in vitro un effet stimulateur direct sur les préadipocytes humains normaux ou de la lignée 3T3-L1, ce qui se traduit par une stimulation de la différenciation adipocytaire, une augmentation du contenu cellulaire en lipides et une élévation de l’activité d’une enzyme du métabolisme, la glycérol-3-phosphate déshydrogénase, sans provoquer la lyse des cellules. Deux équipes universitaires américaines ont récemment étudié le mécanisme d’action de différents adénovirus humains sur la différenciation et l’activité métabolique des adipocytes. Rathod et al. (1) ont montré que les effets prodifférenciateur et métabolique de l’Ad36 sur les préadipocytes humains requièrent l’expression transitoire de l’ARN viral sans impliquer la réplication de l’ADN du virus. Les auteurs démontrent que l’effet adipogénique de l’Ad-36 est bloqué par le cidofovir, un antiviral. Ce travail révèle que les effets de l’Ad-36 sur la différenciation et le métabolisme des adipocytes mettent en jeu l’expression spécifique du génome de ce virus, puisqu’ils ne sont pas observés après inoculation de l’adénovirus de type 2. Vangipuram et al. (2) ont observé que, contrairement à l’Ad-2 qui est sans effet, les adénovirus humains de types 9, 36 et 37 réduisent de moitié à la fois l’expression du gène codant la leptine et la sécrétion de leptine par les cellules de la lignée humaine 3T3-L1 ou par des adipocytes de rat en culture primaire. L’effet inhibiteur de l’Ad-36 sur la sécrétion de leptine a été retrouvé in vivo chez le rat. Une diminution de la production de leptine pourrait, d’une part réduire les dépenses énergétiques, et d’autre part empêcher l’activation des neurones anorexigènes hypothalamiques entraînant une hyperphagie. Les auteurs de cette étude publiée dans la revue International Journal of Obesity ont également évalué l’effet de l’Ad-36 sur l’activité métabolique des cellules 3T3-L1. Ils rapportent que ce virus facilite l’entrée de glucose dans les cellules et sa dégradation en lactate. L’augmentation du métabolisme anaérobie du glucose pourrait contribuer à la baisse de la production de leptine. La diminution de la sécrétion de cette adipocytokine pourrait réduire la lipolyse, favorisant ainsi l’accumulation de lipides dans les cellules adipeuses. De plus, les chercheurs montrent que l’Ad36 augmente l’expression des gènes codant deux enzymes clés de la lipogenèse, l’acide gras synthase et l’acétylcoenzyme A carboxylase, ce qui suggère que l’adénovirus stimule la néolipogenèse. L’ensemble des résultats révèle que l’adénovirus humain 36 affecte in vitro la différenciation des adipocytes, la production de leptine ainsi que le métabolisme glucidique et lipidique. Reste au demeurant à démontrer si, chez l’homme, l’infection par ce virus a également une incidence sur l’adipogenèse et le développement de l’obésité. E. Louiset, Inserm U413, Université de Rouen. 1. Rathod M et al. Int J Obes 2007;31:78-86. 2. Vangipuram SD et al. Int J Obes 2007;31:87-96. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 Un micro-ARN prométastatique Pour devenir métastatique, une cellule tumorale doit engager un certain nombre de processus conduisant à l’invasion locale, la dissémination par la circulation et la colonisation d’un autre organe. Quels mécanismes moléculaires sous-tendent ces différents processus ? Des chercheurs américains suggèrent que les micro-ARN (miARN) coordonnent des programmes d’expression génique impliqués dans l’invasion métastatique du cancer du sein. Les miARN constituent une classe de petits ARN non codants formés d’environ 20 nucléotides. Ils contrôlent le contenu cellulaire en ARNm en induisant leur dégradation. Ils peuvent également inhiber leur traduction, en bloquant l’initiation et/ou l’élongation. Découverts à l’origine chez le ver nématode Caenorhabditis elegans (1), les miARN comptent aujourd’hui 400 représentants. Le génome humain serait susceptible d’en contenir environ un millier, régulant négativement 30 % de l’expression des gènes transcrits. Il est maintenant bien établi que les miARN contrôlent des fonctions cellulaires essentielles, comme la différenciation, la prolifération et l’apoptose. Des études récentes ont révélé que l’expression anormale des miARN représente une caractéristique commune des cellules cancéreuses, les miARN fonctionnant comme des gènes suppresseurs de tumeur ou des oncogènes. Ainsi, les miARN sont fréquemment localisés dans des régions génomiques qui sont amplifiées, délétées ou réarrangées dans les cancers. En particulier, une étude a précédemment montré un dérèglement de l’expression de certains miARN dans le cancer du sein (2). Différentes signatures d’expression de miARN étaient mises en évidence dans des tumeurs classées selon différents critères, tels que la présence des récepteurs des estrogènes et de la progestérone, l’invasion tissulaire et l’index de prolifération. Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology, à Cambridge, en collaboration avec des pathologistes de New ActualitésA lation de l’embryogenèse et la formation des métastases. De fait, l’expression ectopique de Twist dans des cellules mammaires tumorales entraîne une augmentation des transcrits miR-10b. Une régulation directe du gène miR-10 par Twist est étayée par une approche d’immunoprécipitation chromatinienne montrant que Twist se lie directement au promoteur du gène codant miR-10b. Pour comprendre comment miR10b est capable à lui seul d’induire la formation de métastases, Ma et al. ont mené une recherche bio-informatique des cibles potentielles de ce microARN. L’une d’elles, le gène HoxD10, retient tout particulièrement l’attention des investigateurs, pour deux raisons : sa capacité à inhiber les processus de migration et d’invasion cellulaire, et le fait que son expression soit inversement corrélée à la malignité de la tumeur. Il est également intéressant de souligner que le gène miR-10b est localisé au sein du complexe de gènes HoxD chez les mammifères. Ma et al. montrent que l’ARNm codant HoxD10 contient, dans sa partie non codante, une région complémentaire de miR-10b. Ce dernier agit, non pas en dégradant l’ARNm codant HoxD10, mais en inhibant sa traduction, affectant ainsi l’expression des gènes cibles de ce facteur de transcription. Parmi les cibles bien connues de HoxD10 figurent le gène RHOC, un gène prométastatique bien caractérisé codant une petite protéine G de la superfamille Ras, dont l’expression est fortement induite par miR-10b. Ainsi, pour résumer les résultats de Ma et al., un facteur de transcription, Twist, stimule l’expression de miR-10b, qui réduit l’expression d’un autre facteur de transcription, HoxD10. Cela conduit à une augmentation d’expression du gène RHOC qui stimule la migration et l’invasion cellulaire (figure). Quelle est l’importance de cette découverte sur les plans clinique et thérapeutique ? Les chercheurs ont mesuré des niveaux élevés de miR-10b dans 9 tumeurs du sein métastatiques sur 18. Inversement, le niveau de ce microARN est plus faible dans les tumeurs non métastatiques, lorsqu’elles sont comparées au tissu sain. Nul doute que cette observation stimulera la recherche clinique dans ce domaine, visant en particulier à bloquer de façon durable l’expression des miARN. ctualités York (3), montrent aujourd’hui pour la première fois qu’un miARN particulier, le miR-10b, surexprimé dans le tissu tumoral mammaire métastatique, est directement impliqué dans les processus de migration, d’invasion cellulaire et dans la formation de métastases. Les travaux de Ma et al. publiés dans la revue Nature révèlent une surexpression de miR-10b dans les cancers du sein métastatiques comparés aux cancers non métastatiques. L’implication d’un miARN dans la formation de métastases n’était pas connue jusqu’alors. Il s’agit donc d’un concept totalement nouveau que ces chercheurs s’attachent à démontrer étape par étape. Ils montrent en premier lieu que miR-10b est un facteur prométastatique puissant, capable, lorsqu’il est exprimé de façon ectopique, de conférer in vivo aux cellules mammaires tumorales naturellement non métastatiques le pouvoir de générer des métastases. Comment agit miR-10b ? Un lien est imaginé avec le gène Twist codant un facteur de transcription impliqué à la fois dans la régu- I. Lihrmann, Inserm U413, université de Rouen. 1. Lee et al. Cell 1993;75:843-54. 2. Iorio MV et al. Cancer Res 2005;65:7065-70. 3. Ma L et al. Nature 2007;449:682-8. Que se passe-t-il après l’étude WOSCOP ? Figure. Rôle de miR-10b dans la formation de métastases. Un facteur de transcription, Twist, stimule l’expression du micro-ARN miR-10b situé au sein du complexe de gènes HoxD. La partie active de miR-10b (en rouge) est complémentaire de la région 3’ non traduite de l’ARNm codant HoxD10, un autre facteur de transcription. La traduction de HoxD10 est alors bloquée, la quantité de protéine Hox10 diminuée, entraînant une augmentation de l’expression du gène RHOC codant une petite protéine G de la superfamille ras. L’ensemble de ce processus stimule la migration et l’invasion cellulaire et la formation de métastases. Les résultats de l’étude WOSCOP (west of scotland coronary prevention study) nous avaient convaincu du bénéfice de la pravastatine chez des hommes atteints d’hypercholestérolémie sans antécédent d’infarctus du myocarde. Il s’agissait d’un essai clinique randomisé en double aveugle “pravastatine 40 mg/j versus placebo” avec une durée de traitement de 5 ans. La moyenne d’âge de ces hommes était de 55 ans. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 261 Actualités Actualités 262 La pression artérielle moyenne était de 135/85 mmHg. Le taux de cholestérol moyen était de 192 mg/dl. Le pourcentage de fumeurs était de 44 %. Le critère d’évaluation choisi dans cette étude était un critère composite comprenant la survenue des décès par pathologie coronarienne et des infarctus du myocarde. Cette étude nous avait montré que ce critère composite était significativement réduit dans le groupe sous pravastatine versus placebo (7,9 % versus 5,5 % ; p < 0,001). Des données ont pu être obtenues au cours des dix années suivant la fin de cet essai et viennent d’être publiées. L’ensemble des décès, des hospitalisations et décès par pathologie cardiovasculaire et accidents vasculaires cérébraux, des cancers et décès par cancer a été répertorié grâce à une base de données nationale. Cette étude nous rapporte des éléments permettant d’évaluer l’impact de cette stratégie thérapeutique sur le long terme. Cinq ans après la fin de l’étude, 38,7 % des patients initialement dans le groupe traité sont toujours sous statine, et 35,2 % des patients initialement dans le groupe placebo ont un traitement par statine. Dix ans après la fin de cet essai, le risque de décès par maladie coronarienne ou d’infarctus du myocarde non fatal est significativement plus faible dans le groupe pravastatine que dans le groupe placebo (8,6 % versus 10,3 % ; p = 0,02). Si l’on considère la période de suivi total, ce résultat est confirmé dans le groupe traité versus placebo (11,8 % versus 15,5 % ; p < 0,001). Les résultats vont dans le même sens si l’on considère le critère composite comprenant les décès par pathologie coronarienne et les hospitalisations pour événements coronariens pendant les deux périodes. Le taux de décès toutes causes confondues était réduit tout comme le taux de décès par pathologies cardiovasculaires (p = 0,03 et p = 0,01 respectivement). Par ailleurs, il n’a pas été mis en évidence dans cette étude d’augmentation de décès pour causes non cardiovasculaires, ni d’augmentation de décès par cancers, ni d’augmentation de l’incidence des cancers. Cette étude nous montre donc qu’un traitement pendant 5 ans par la pravastatine permet de réduire significativement les événements coronariens chez des hommes avec hypercholestérolémie sans antécédent d’infarctus du myocarde pendant les dix ans qui suivent. Le bénéfice de la pravastatine se poursuivrait avec le temps. Pour expliquer ces résultats, les auteurs avancent l’hypothèse d’une stabilisation de la plaque d’athérome existante et d’une progression beaucoup plus lente de la maladie coronarienne. Il a été démontré dans une étude récente qu’une diminution importante du cholestérol pendant une durée de 2 ans pouvait conduire à une réduction de l’athérosclérose. Les auteurs concluent qu’un traitement moins agressif mais administré sur une durée plus longue aurait les mêmes effets bénéfiques et pourrait même entraîner la régression de la plaque d’athérome chez certains patients. Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que les résultats obtenus après cette période de suivi de dix ans peuvent être également obtenus chez les patients présentant une maladie coronarienne et traités par pravastatine. Il est vraisemblable que, avec le temps, le bénéfice de la pravastatine soit dépendant de l’existence ou non de la pathologie coronarienne et de sa sévérité au moment de la mise en route du traitement. Nous n’avons à ce jour aucun doute sur le fait que la réduction du LDLcholestérol puisse jouer un rôle dans la prévention et dans la prise en charge des pathologies coronariennes. Néanmoins, de nombreuses questions sont à ce jour non résolues : à quel moment instaurer le traitement en prévention primaire et existe-t-il un seuil de LDL-cholestérol en dessous duquel il n’y aura pas de pathologie coronarienne ? A. Vambergue, service d’endocrinologie diabétologie, CHRU Lille. ✓ Ford I et al. N Engl J Med 2007;357:1477-86. ✓ Domanski MJ. N Engl J Med 2007;357:1543-45. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 Expression de récepteurs illégitimes dans les adénomes de Conn L’hyperaldostéronisme, qui se caractérise par une hypertension, une hypokaliémie et une augmentation du taux circulant d’aldostérone associée à un effondrement de l’activité rénine, provoque à long terme des lésions rénales et cardiaques. La prévalence de ce syndrome n’est pas réellement connue. Certains auteurs estiment qu’il est présent chez 10 % des sujets hypertendus. La moitié des cas d’hyperaldostéronisme est due à un adénome surrénalien, appelé également adénome de Conn, surexprimant l’aldosynthase et sécrétant de façon excessive de l’aldostérone malgré l’absence de rénine et l’hypokaliémie. Les mécanismes responsables de l’augmentation de la sécrétion d’aldostérone demeurent inconnus. Sur la base de travaux antérieurs démontrant le rôle de récepteurs illégitimes dans l’hypersécrétion de cortisol chez les patients présentant un syndrome de Cushing indépendant de l’ACTH, l’équipe de W.E. Rainey a recherché l’expression anormale de récepteurs couplés aux protéines G dans des adénomes de Conn. Dans ce but, l’expression de 544 récepteurs couplés aux protéines G a été évaluée en utilisant des puces à ADN (puces Affimetrix) dans des adénomes de Conn et du tissu surrénalien prélevé au cours d’autopsies ou de néphrectomies élargies pour cancer rénal. Sur les 223 transcrits détectés dans les échantillons tissulaires, la grande majorité (95 %) présente le même profil d’expression dans les tissus sains et les tissus pathologiques. En revanche, les ARNm codant les récepteurs de la sérotonine de types 4 et 7 (5HT4 et 5-HT7), de l’ACTH (MC2R), de la LH, du GnRH, du glutamate de type 3 (GRM3) et le récepteur orphelin GPR37 (apparenté au récepteur de l’endothéline) sont plus nombreux dans certains adénomes de Conn (1). Les auteurs ont confirmé la surexpression de ces gènes par une approche de PCR quantitative. Les données de Ye et al. sont en accord avec l’augmentation de la sensibilité à ActualitésA ment dans la tumeur (sérotonine) [2]. Nombre de ces récepteurs sont connus par ailleurs pour stimuler la stéroïdogenèse (MC2R, LH-R, 5-HT4, 5-HT7) ou l’activité mitotique (MC2R, GRM3, GPR37) d’autres types cellulaires. Les travaux de Ye et al. suggèrent que l’activation de récepteurs illicites exprimés dans les adénomes de Conn pourrait Nouvelles de l’industrie 10e Conférence européenne de nutrition L’Union française pour la nutrition et l’alimentation a organisé la 10e Conférence européenne de nutrition, à Paris, en juillet 2007. Lors de la séance inaugurale, R. Uauy (Chili) a fait le point sur les différentes formes de malnutrition : insuffisance pondérale, perte pondérale aiguë, arrêt de croissance, surpoids, insuffisance en micronutriments. Chez les populations migrantes, le taux de mortalité de la première génération est inférieur à celui de la population hôte. Ce paradoxe méditerranéen semble être en rapport avec une baisse rapide de l’incidence des pathologies infectieuses et, en contre-partie, il faut des décennies pour que les modifications du style de vie et de l’alimentation aient des conséquences sur la mortalité cardiovasculaire. Une séance plénière a été consacrée au thème portant sur la nutrition et l’épigénétique ou le caractère génétique acquis sous l’influence de l’environnement, en particulier la manière de s’alimenter. Un symposium a abordé le rôle des gènes dans la variabilité interindividuelle de la réponse à l’alimentation. Un autre symposium a évoqué les connaissances sur l’influence des nutriments sur le développement du tissu adipeux. Grâce à des études expérimentales, humaines, animales et in vitro, les mécanismes physiopathologiques qui lient nutrition, obésité et diabète commencent à être mieux connus. En Grande-Bretagne, le nouveau programme Tackling obesity: future choices va permettre la mise en place d’une stratégie globale de lutte contre l’obésité et le diabète à l’échelle de la population. Une session plénière portant sur l’influence de la nutrition infantile sur la santé à long terme a été l’occasion de présenter le programme européen Early Nutrition Programming Project dont l’objectif est d’étudier l’impact possible des modifications de la nutrition infantile sur la santé des adultes. Au cours de ce congrès d’autres thèmes ont été abordés : microbiomique intestinale, vers la mise au point de molécules bioactives et fonctionnelles ; appétit et alimentation, des liens complexes encore mal élucidés ; technologies innovantes au service de l’amélioration des qualités nutritionnelles ; régime méditerranéen, des études scientifiques rigoureuses prouvent son efficacité ; polluants et pesticides, nos assiettes contiennent-elles des toxiques pour la santé ? MP Actos® (pioglitazone) protégerait les diabétiques de type 2 du risque d’infarctus du myocarde De nouveaux travaux, dont deux études présentées à la 43e réunion annuelle de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD), ont confirmé l’innocuité cardiovasculaire de Actos® (pioglitazone) ainsi que ses bénéfices en termes d’amélioration de la glycémie et des taux de lipides sanguins chez les diabétiques de type 2. Ces résultats, dont certains sont issus de la pratique clinique, vont dans le sens des données collectées antérieurement sur la pioglitazone et montrent que Actos® exerce des effets différents de ceux de la rosiglitazone, une autre glitazone, en raison de différences de structure moléculaire. être responsable de l’augmentation de la production d’aldostérone et de la prolifération des cellules de type glomérulé dans le cortex surrénalien. E. Louiset, Inserm U413, université de Rouen 1. Ye et al. J Endocrinol 2007;195:39-48. 2. Cartier et al. Eur J Endocrinol 2005;153:939-47. ctualités l’ACTH et à la 5-HT observée précédemment dans des adénomes par des approches fonctionnelles. Globalement, cette étude génomique publiée dans la revue Journal of Endocrinology indique que les cellules tumorales acquièrent de façon sporadique une sensibilité à de nombreux facteurs circulants (ACTH, LH, GnRH) ou produits anormale- Communiqués publicitaires des conférences de presse, symposiums, manifestations, organisés par l’industrie pharmaceutique La nouvelle étude (1) présentée à l’EASD a montré une réduction significative du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’infarctus du myocarde (IDM) avec la pioglitazone par rapport à des traitements ne faisant pas appel à une glitazone. Cette analyse rétrospective de dossiers médicaux de patients diabétiques a révélé que, chez les patients traités par pioglitazone, le risque relatif ajusté d’AVC était inférieur de 20 % et le risque d’IDM inférieur de 38 %. Par ailleurs, l’étude GLAI (2) a révélé qu’un traitement initial à une dose de départ de 30 mg de pioglitazone améliorait davantage, et ce de façon significative, la glycémie (HbA1c) et les taux de lipides (diminution des taux de triglycérides, de cholestérol non HDL, amélioration du cholestérol HDL) qu’une dose de départ de 4 mg de rosiglitazone. Ces données suggèrent des effets cardioprotecteurs de la pioglitazone. Enfin, une vaste étude de cohorte rétrospective publiée récemment (Journal of Pharmacoepidemiology and Drug Safety) associe à la pioglitazone une réduction de 22 % du risque relatif d’hospitalisation pour infarctus du myocarde chez les diabétiques de type 2 comparativement à la rosiglitazone. A. Lavergne références bibliographiques 1. Xu Y et al. Risk of stroke and myocardial infarction are reduced in patients with type 2 diabetes treated with pioglitazone: results of a retrospective, claims-based study. PS130, abstr. 1257, presented at EASD on 18 september 2007. 2. McCall T et al. Effects of 30 mg of pioglitazone vs 4 mg of rosiglitazone on hyperglycemia and dyslipidemia: results from a head-to-head trial. PS80, abstr. 0865, presented at EASD on 19 september 2007. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 263 Nouveaux concepts Nouveaux concepts 264 La thyroïde à deux temps… The two-timing thyroïd… Isabelle Lihrmann* L’ hormone thyroïdienne, la triiodothyronine ou T3, régule le métabolisme et la consommation d’oxygène dans divers organes. Elle agit à long terme en modulant la transcription de nombreux gènes. Des recherches menées par une équipe de San Francisco (1, 2) dévoilent d’autres mécanismes moléculaires qui sous-tendent l’action rapide de la T3. Ces chercheurs démontrent que des métabolites décarboxylés de cette hormone thyroïdienne agissent par l’intermédiaire de récepteurs à sept domaines transmembranaires couplés aux protéines G (RCPG), des commutateurs cellulaires chargés de transmettre instantanément les signaux extracellulaires à l’intérieur de la cellule. La thyroxine (T4), qui contient quatre atomes d’iode, est l’hormone thyroïdienne principale sécrétée par la glande thyroïde. La glande possède également la faculté de produire la 3,3’,5-triiodothyronine (T3), qui est la forme active de l’hormone, bien que la source principale de T3 résulte de la conversion de la T4 stockée principalement dans le foie ou, parfois, dans les tissus cibles (figure 1). La T3 stimule l’activité métabolique en augmentant le rythme cardiaque, la force de contraction du cœur, le flux sanguin dans les tissus périphériques, la production de glucose, la synthèse de cholestérol, la lipolyse, la thermogenèse et la consommation d’oxygène. Ces différentes actions sont exacerbées, en particulier l’augmentation du débit cardiaque, qui peut être dramatique, en cas d’hyperthyroïdie. Elles sont au contraire atténuées (ralentissement du rythme cardiaque, asthénie, intolérance au froid, dépression) en situation d’hypothyroïdie. Les hormones thyroïdiennes sont également cruciales pour le développement du système nerveux central. En effet, l’hypothyroïdie congénitale causée par un déficit en iode est l’une des causes fréquentes de retard mental que l’on peut prévenir aisément par un traitement de substitution à base d’hormones thyroïdiennes, habituellement administré à vie. Bien que ces pathologies soient connues depuis deux cents ans, les mécanismes moléculaires qui relaient les effets des hormones thyroïdiennes ne sont que partiellement connus. Figure 1. Structures comparées de la T4, la T3, la T1AM et de la tyramine. La T4, qui contient quatre atomes d’iode, est le précurseur de la T3 à trois atomes d’iode, la forme active de l’hormone thyroïdienne. La décarboxylation et la déiodation de la T3 et/ou de la T4 génèrent des dérivés tyronamines de type T1AM, qui présentent des analogies structurales avec la tyramine. * Inserm U413, Laboratoire de neuroendocrinologie cellulaire et moléculaire, université de Rouen, Mont Saint-Aignan. Il est parfaitement établi que la T3 agit en se liant à des récepteurs nucléaires (TRα, TRβ) pour réguler la transcription et exercer ses nombreux effets physiologiques (3-5) [figure 2]. Le traitement de l’hypothyroïdie demande Thyroxine (T4) 3,3’,5-triiodothyronine (T3) 3-iodothyronamine (T1AM) Tyramine Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 Nouveaux conceptsN TAM T3/T4 Gβγ Gαi Gβγ TAARx Gαi Gαs AC ATP T3 Gβγ Gαs TAARy AMPc ouveaux concepts R1, R2, R3, R4 = I ou H PKA Contraction des myocytes Comodulateur T3/TRα T3/TRβ Transcription Gènes régulés positivement ou négativement Figure 2. Des voies de signalisation distinctes pour les hormones thyroïdiennes et leurs métabolites. Le mécanisme d’action classique des hormones thyroïdiennes passe par la liaison de la T3 à des récepteurs nucléaires (TRα et TRβ) et la régulation transcriptionnelle, positive ou négative, de plusieurs gènes par l’intermédiaire d’une interaction différentielle avec certains comodulateurs. La T3 agit à long terme, un délai imputable au temps de latence de l’effet transcriptionnel. Les résultats obtenus par Scanlan et al. en 2004 (1) indiquent que des métabolites décarboxylés des hormones thyroïdiennes (TAM) existent naturellement dans les tissus cibles de la T3 et activent à des concentrations nanomolaires les récepteurs des traces amines (TA) : TAARx , TAARy . Ces récepteurs sont potentiellement couplés, positivement ou négativement, à l’adénylate cyclase par l’intermédiaire de protéines G distinctes (Gαi , Gαs), qui entraînent des effets rapides, comme la contraction ou la relaxation des myocytes. des semaines d’administration de T4 pour normaliser le métabolisme, un délai imputable à la latence de l’effet transcriptionnel. Cependant, des indices s’accumulent qui prouvent l’existence de mécanismes d’action extranucléaires plus rapides. Une étude montre, par exemple, une augmentation du débit cardiaque dans les deux heures suivant l’administration de T3 chez des patients atteints d’insuffisance cardiaque (6). Cette réponse rapide ne peut en aucun cas résulter d’une modification du niveau d’expression dans le cœur des gènes régulés par la T3, qu’il s’agisse d’une régulation positive (chaîne lourde alpha de la myosine, Ca2+-ATPase du réticulum sarcoplasmique, récepteur β-adrénergique) ou négative (chaîne lourde bêta de la myosine, phospholamban, adénylate cyclases de type V et VI). Par ailleurs, des effets aigus et non génomiques des hormones thyroïdiennes ont été décrits, qui aboutissent à terme à modifier les mécanismes de transduction au niveau du sarcolemme. Ainsi, Walker et al. (7) ont montré que la T3 modulait dans le cœur les propriétés de divers canaux ioniques membranaires (sodiques, potassiques et calciques) et ont été les premiers à proposer l’idée d’un mécanisme d’action alternatif pour les hormones thyroïdiennes. Plus récemment, des travaux ont révélé que la T3 activait le courant sodique en agissant sur la face cytosolique de la membrane plasmique (8). Enfin, la T3 pourrait aussi exercer des effets cardioprotecteurs en stimulant rapidement la forme endothéliale de la monoxyde d’azote synthase (eNOS), via l’association du récepteur TRα avec la PI3-kinase et l’activation de la voie de transduction Akt anti-apoptotique (9). En 2004, Scanlan et al. (1) formulent une idée originale sur la compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans les effets à court terme des hormones thyroïdiennes. Ils suggèrent que la T3 et la T4 pourraient être métabolisées in vivo en produits à effets rapides et non génomiques. L’AADC (aromatic amino acid decar- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 265 Nouveaux concepts Nouveaux concepts 266 boxylase) est une décarboxylase spécifique des acides aminés aromatiques qui intervient dans la production de la dopamine et de la sérotonine en catalysant la décarboxylation de la L-DOPA et du 5-hydroxytryptophane, respectivement. Leur hypothèse est que l’AADC serait impliquée dans la formation d’iodothyronamines (TAM) à partir des iodothyronines (figure 1). Ils synthétisent une série de composés comportant des atomes d’iode en position et nombre variables sur un squelette de thyronine décarboxylée et montrent par chromatographie liquide à haute performance (HPLC) la présence de deux TAM (T1AM et T0AM) dans le cerveau, le foie, le cœur et le sang de la souris. Ces résultats démontrent que certaines TAM existent naturellement dans les tissus cibles de la T3. Les auteurs ont ensuite recherché la cible moléculaire des TAM. Ces composés présentent des similitudes de structure avec les amines biogènes présentes à l’état de trace (TA : trace amine), comme la tyramine. Les TA sont des précurseurs ou des produits intermédiaires dans la synthèse des neurotransmetteurs, et se trouvent en quantité infime dans la nourriture. Interpellés par cette ressemblance, Scanlan et al. pensent naturellement que les récepteurs des TA, des RCPG nommés trace amine associated receptors ou TAAR (10, 11) sont de bons candidats pour lier les métabolites des hormones thyroïdiennes. Cette famille de récepteurs comprend 9 gènes chez l’homme et 19 chez le rat, regroupés en trois sous-familles ; à ce jour, seuls les ligands endogènes putatifs des récepteurs TAAR1 (tyramine, β-phénéthylamine, octopamine et dopamine) et TAAR4 (tyramine et β-phénéthylamine) ont été identifiés (11). Le récepteur TAAR1 humain est détecté dans le cerveau (amygdale, cervelet, hippocampe, hypothalamus, medulla, hypophyse), dans les tissus périphériques également (estomac), en faible nombre de copies par cellule (≤ 100 copies TAAR1/ng ADNc). Un lien a été évoqué entre les récepteurs TAAR et la dépression, le désordre d’hyperactivité de déficit d’attention (ADHD), les troubles du comportement alimentaire et la maladie de Parkinson chez l’homme. Par ailleurs, lorsque le gène TAAR1 est invalidé chez la souris, l’effet psychostimulant des amphétamines est exacerbé (11). Les amphétamines ainsi que les dérivés du LSD sont de bons agonistes du récepteur TAAR1, qui pourrait ainsi compter parmi leurs cibles cellulaires (12). Plusieurs dérivés TAM activent in vitro le récepteur TAAR1 recombinant de rat exprimé dans la lignée de cellules embryonnaires de rein humain (HEK-293). Parmi eux, le composé T1AM s’avère le plus efficace (EC50 = 14 nM) à stimuler la production d’AMPc par l’intermédiaire d’un couplage à une proteine G de type Gs (figure 2). L’effet de la T1AM sur le récepteur TAAR1 est spécifique car cette dernière est dépourvue d’effet sur d’autres récepteurs aminergiques, tels que le récepteur dopaminergique D1 (D1R) ou le récepteur adrénergique β2 (β2AR). L’effet de la T1AM ne passe pas non plus par les récepteurs nucléaires des hormones thyroïdiennes (TRα et TRβ), pour lesquels elle ne présente aucune affinité. Réciproquement, la T3 n’active pas le récepteur TAAR1 recombinant exprimé dans HEK-293. En conclusion, la présence de TAM endogènes dans les tissus cibles de T3 et l’activation de GPCR de la famille des récepteurs des TA in vitro étayent fortement l’hypothèse d’un rôle non génomique des dérivés décarboxylés des hormones thyroïdiennes. Les résultats obtenus in vivo et ex vivo par Scanlan et al. montrent cependant que le mode d’action des TAM est plus compliqué que ce que prédit l’approche in vitro, mais ces auteurs ne remettent pas en cause le concept dans sa globalité. Pour résumer, l’administration de la T1AM ou de la T0AM à des souris entraîne des effets opposés à ceux de la T3. On observe une baisse de la température corporelle (chute de 37 °C à 31°C), de l’activité physique, un effet cardiaque inotrope négatif, un ensemble de réponses qui se développent rapidement et reproduisent les symptômes de la dépression liée à l’hypothyroïdie. Par ailleurs, ces effets ne correspondent pas à ce que l’on attend de l’activation du récepteur TAAR1 couplé positivement à la voie de l’adénylate cyclase par l’intermédiaire d’une protéine Gαs. L’effet inhibiteur de ces deux TAM est plus cohérent avec une diminution de la concentration intracellulaire d’AMPc via l’activation d’une protéine Gαi. Les résultats obtenus suggèrent que le contexte cellulaire est important et que la réponse dépend probablement du sous-type de récepteur TAAR et de la proteine G exprimés dans les tissus cibles. À l’appui de cette hypothèse, quatre récepteurs des TA sont couplés à des voies de transduction différentes, en particulier l’activation ou l’inhibition de l’adénylate cyclase, l’activation de la phospholipase C et le couplage à des canaux chlore, chez les invertébrés (13). L’équipe de Scanlan (2) a synthétisé récemment une série d’analogues des TAM et montré une parfaite corrélation entre l’activation de TAAR1 et de l’adénylate cyclase in vitro et l’effet hypothermiant chez la souris, ce qui renforce l’idée selon laquelle le récepteur activé par les TAM in vivo serait le sous-type TAAR1. Le rôle des dérivés décarboxylés des hormones thyroïdiennes sera sans doute mieux compris lorsque la distribution des TAAR dans l’organisme sera déterminée plus précisément, que des antagonistes spécifiques des TAM seront disponibles, et que les facteurs contrôlant la synthèse de TAM seront identifiés. Bien que le type de récepteurs et les mécanismes moléculaires mis en jeu in vivo dans les effets hypothermiants et cardiovasculaires des TAM ne soient pas encore parfaitement élucidés, il n’en reste pas moins vrai que ces composés, qui existent à l’état physiologique dans l’organisme, constituent une nouvelle classe d’agents pharmacologiques extrêmement Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 Nouveaux conceptsN Références bibliographiques 6. Hamilton MA, Stevenson LW, Fonarow GC et al. Safety and hemodynamic effects of intravenous triiodothyronine in advanced congestive heart failure. Am J Cardiol 1998;81:443-7. 7. Walker CA, Crawford FA Jr, Spinale FG. Myocyte contractile dysfunction with hypertrophy and failure: relevance to cardiac surgery. J Thorac Cardiovasc Surg 1995;119:388-400. 8. Sen L, Sakaguchi Y, Cui G. G protein modulates thyroid hormone-induced Na(+) channel activation in ventricular myocytes. 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PARLEZ-EN AVEC VOTRE MEDECIN“ octobre 07 - P136 OIR RE AV NS r te.f be ia w.d ww POU S: PLU avec le soutien de Un message des diabétologues français, de l’Association Française des Diabétiques avec le soutien de Novo Nordisk * Dossier épidémiologie du diabète traité - CNAM - 7 Juin 2007 Les articles publiés dans “Métabolismes-Hormones-Diabètes et Nutrition” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © octobre 1997 - DaTeBe SAS - Imprimé en France - Axiom Graphics SAS - 95830 Cormeilles-en-Vexin - Dépôt légal à parution Est routé avec ce numéro un supplément de la Lettre du Cardiologue, “Les Proches” (12 pages) Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007 267