262
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007
Actualités
Actualités
La pression artérielle moyenne était
de 135/85 mmHg. Le taux de choles-
térol moyen était de 192 mg/dl. Le
pourcentage de fumeurs était de 44 %.
Le critère d’évaluation choisi dans
cette étude était un critère composite
comprenant la survenue des décès par
pathologie coronarienne et des infarctus
du myocarde. Cette étude nous avait
montré que ce critère composite était
significativement réduit dans le groupe
sous pravastatine versus placebo (7,9 %
versus 5,5 % ; p < 0,001). Des données
ont pu être obtenues au cours des dix
années suivant la fin de cet essai et
viennent d’être publiées. L’ensemble
des décès, des hospitalisations et
décès par pathologie cardiovasculaire
et accidents vasculaires cérébraux,
des cancers et décès par cancer a été
répertorié grâce à une base de données
nationale. Cette étude nous rapporte des
éléments permettant d’évaluer l’impact
de cette stratégie thérapeutique sur le
long terme.
Cinq ans après la fin de l’étude, 38,7 %
des patients initialement dans le groupe
traité sont toujours sous statine, et
35,2 % des patients initialement dans
le groupe placebo ont un traitement par
statine.
Dix ans après la fin de cet essai, le
risque de décès par maladie corona-
rienne ou d’infarctus du myocarde non
fatal est significativement plus faible
dans le groupe pravastatine que dans le
groupe placebo (8,6 % versus 10,3 % ;
p = 0,02). Si l’on considère la période
de suivi total, ce résultat est confirmé
dans le groupe traité versus placebo
(11,8 % versus 15,5 % ; p < 0,001).
Les résultats vont dans le même sens
si l’on considère le critère composite
comprenant les décès par pathologie
coronarienne et les hospitalisations
pour événements coronariens pendant
les deux périodes.
Le taux de décès toutes causes confon-
dues était réduit tout comme le taux
de décès par pathologies cardiovascu-
laires (p = 0,03 et p = 0,01 respective-
ment). Par ailleurs, il n’a pas été mis en
évidence dans cette étude d’augmenta-
tion de décès pour causes non cardio-
vasculaires, ni d’augmentation de décès
par cancers, ni d’augmentation de l’in-
cidence des cancers.
Cette étude nous montre donc qu’un
traitement pendant 5 ans par la pravas-
tatine permet de réduire significati-
vement les événements coronariens
chez des hommes avec hypercholes-
térolémie sans antécédent d’infarctus
du myocarde pendant les dix ans qui
suivent. Le bénéfice de la pravastatine
se poursuivrait avec le temps. Pour
expliquer ces résultats, les auteurs avan-
cent l’hypothèse d’une stabilisation de
la plaque d’athérome existante et d’une
progression beaucoup plus lente de la
maladie coronarienne. Il a été démontré
dans une étude récente qu’une diminu-
tion importante du cholestérol pendant
une durée de 2 ans pouvait conduire à
une réduction de l’athérosclérose. Les
auteurs concluent qu’un traitement
moins agressif mais administré sur une
durée plus longue aurait les mêmes
effets bénéfiques et pourrait même
entraîner la régression de la plaque
d’athérome chez certains patients.
Nous ne pouvons pas affirmer avec
certitude que les résultats obtenus après
cette période de suivi de dix ans peuvent
être également obtenus chez les patients
présentant une maladie coronarienne et
traités par pravastatine. Il est vraisem-
blable que, avec le temps, le bénéfice de
la pravastatine soit dépendant de l’exis-
tence ou non de la pathologie corona-
rienne et de sa sévérité au moment de la
mise en route du traitement.
Nous n’avons à ce jour aucun doute
sur le fait que la réduction du LDL-
cholestérol puisse jouer un rôle dans la
prévention et dans la prise en charge des
pathologies coronariennes. Néanmoins,
de nombreuses questions sont à ce jour
non résolues : à quel moment instaurer
le traitement en prévention primaire et
existe-t-il un seuil de LDL-cholestérol
en dessous duquel il n’y aura pas de
pathologie coronarienne ?
A. Vambergue,
service d’endocrinologie
diabétologie, CHRU Lille.
Ford I et al. N Engl J Med 2007;357:1477-86.
Domanski MJ. N Engl J Med 2007;357:1543-45.
✓
✓
Expression de récepteurs
illégitimes dans les adénomes
de Conn
L’hyperaldostéronisme, qui se carac-
térise par une hypertension, une hypo-
kaliémie et une augmentation du taux
circulant d’aldostérone associée à
un effondrement de l’activité rénine,
provoque à long terme des lésions
rénales et cardiaques. La prévalence
de ce syndrome n’est pas réellement
connue. Certains auteurs estiment qu’il
est présent chez 10 % des sujets hyper-
tendus. La moitié des cas d’hyperal-
dostéronisme est due à un adénome
surrénalien, appelé également adénome
de Conn, surexprimant l’aldosynthase
et sécrétant de façon excessive de l’al-
dostérone malgré l’absence de rénine
et l’hypokaliémie. Les mécanismes
responsables de l’augmentation de
la sécrétion d’aldostérone demeurent
inconnus. Sur la base de travaux anté-
rieurs démontrant le rôle de récepteurs
illégitimes dans l’hypersécrétion de
cortisol chez les patients présentant
un syndrome de Cushing indépendant
de l’ACTH, l’équipe de W.E. Rainey
a recherché l’expression anormale de
récepteurs couplés aux protéines G dans
des adénomes de Conn. Dans ce but,
l’expression de 544 récepteurs couplés
aux protéines G a été évaluée en utilisant
des puces à ADN (puces Affimetrix)
dans des adénomes de Conn et du tissu
surrénalien prélevé au cours d’autop-
sies ou de néphrectomies élargies pour
cancer rénal. Sur les 223 transcrits
détectés dans les échantillons tissulaires,
la grande majorité (95 %) présente le
même profil d’expression dans les tissus
sains et les tissus pathologiques. En
revanche, les ARNm codant les récep-
teurs de la sérotonine de types 4 et 7 (5-
HT4 et 5-HT7), de l’ACTH (MC2R), de
la LH, du GnRH, du glutamate de type 3
(GRM3) et le récepteur orphelin GPR37
(apparenté au récepteur de l’endothé-
line) sont plus nombreux dans certains
adénomes de Conn (1). Les auteurs ont
confirmé la surexpression de ces gènes
par une approche de PCR quantitative.
Les données de Ye et al. sont en accord
avec l’augmentation de la sensibilité à