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La question n’est d’ailleurs pas nouvelle, puisque divers rapports officiels
se sont essayés à mieux en cerner les tenants et aboutissants au cours de la
décennie passée. On rappellera à cet égard l’étude d’administration comparée sur
le financement des syndicats menée par l’inspection générale des affaires sociales,
publiée en octobre 2004
(1), le rapport au Premier ministre de M. Raphaël
Hadas-Lebel sur la représentativité et le financement des organisations
professionnelles et syndicales, de mai 2006 (2), ou encore les rapports de diverses
inspections générales sur les moyens alloués aux organisations syndicales dans la
fonction publique, en 2009 et 2010 (3).
La commission d’enquête sur les mécanismes de financement des
organisations syndicales d’employeurs et de salariés, pour sa part, s’est employée
à mener des évaluations précises et une analyse plus complète sur le sujet.
Naturellement, ses conclusions ne peuvent prétendre à l’exhaustivité, tant le
champ des organisations syndicales et professionnelles est complexe, du fait de
leur structure fédérée et décentralisée ; elles n’en dégagent pas moins des
enseignements significatifs.
Les syndicats de salariés et les organisations professionnelles avaient eux-
mêmes intérêt à un tel travail, dans un contexte marqué par la forte résonance
médiatique d’affaires judiciaires retentissantes. S’agissant d’un sujet aussi tabou
que les ressources financières de ces structures à statut particulier, seul le cadre de
la commission d’enquête pouvait permettre aux représentants de la Nation d’aller
au bout des choses.
L’ensemble des responsables syndicaux ou d’organisations d’employeurs
dont l’audition a été sollicitée a déposé sous serment, consentant à cette occasion à
entrer dans le détail de leurs comptes, afin de permettre au Parlement d’établir une
vision consolidée des financements mobilisés. De même, des documents non
publics ont été remis au rapporteur de la commission, à sa demande, de manière à
éclaircir certains aspects.
Il ressort des investigations conduites par la commission que les
mécanismes de financement des organisations syndicales et professionnelles sont
structurellement opaques, non par souci délibéré de cacher quoi que ce soit, mais
en raison de modalités d’organisation qui leur sont propres. S’ajoute à cette
difficulté l’absence de prise en considération de certains paramètres matériels
importants, comme la mise à disposition de personnels ou de locaux. Un tel
constat est d’autant plus regrettable que les sommes en jeu sont significatives.
(1) Rapport n° 2004 160 de MM. Pierre de Saintignon, Jérôme Guedj, Hilger Osterrieder et Mme Valérie
Saintoyant, portant sur l’Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Suède.
(2) « Pour un dialogue social efficace et légitime : représentativité et financement des organisations
professionnelles et syndicales », rapport au Premier ministre, mai 2006.
(3) Rapport sur les moyens alloués aux organisations syndicales dans la fonction publique, mars 2009 (non
public), et « Le bilan des moyens alloués aux organisations syndicales dans la fonction publique : analyse
détaillée dans deux départements, le Rhône et le Loiret », juin 2010.