
L’année 2014 mériterait de figurer dans les annales de 
l’économie suisse. L’acceptation de l’initiative contre 
l’immigration de masse en février 2014 représente une rup-
ture pour le pays. Les services de l’emploi, qui se sont spéciali-
sés dans le recrutement transfrontalier, sont particulièrement 
touchés. Mais cela n’est pas tout: si l’UE ne veut pas maintenir 
les accords bilatéraux avec une circulation limitée des person-
nes, les marchés des entreprises suisses seront mis en péril.
Comment le nouvel article constitutionnel sera finalement 
mis en œuvre? La question reste ouverte et donnera lieu à des 
débats très animés au cours de cette année. Non seulement 
parce que le sujet est brûlant. Mais aussi parce que c’est une 
année d’élections fédérales. Certains partis politiques et parle-
mentaires soucieux de se mettre en évidence présenteront des 
idées originales. D’autres éviteront de prendre position sous 
quelque forme que ce soit. Des solutions appropriées sont tout 
simplement impossibles dans ce contexte. Le Conseil fédéral 
doit pourtant avancer: il a trois ans pour appliquer le nouvel 
article et ne saurait attendre les élections de l’automne pour 
mettre son projet en consultation. 
Mais nous pouvons à ce jour nous réjouir de ce que swiss-
staffing ait réussi à s’engager fermement avec une coalition 
d’employeurs pour une application de l’article constitutionnel 
qui soit soutenable au plan pragmatique et économique. swiss-
staffing poursuivra ses efforts afin de préparer le terrain pour 
une solution qui fonctionne après les élections. 
Le double jeu dangereux des syndicats
L’économie a été capable de remporter une victoire face aux 
syndicats l’an passé. L’initiative sur les salaires minimums a 
été largement rejetée. Son acceptation aurait mis fin de facto 
au partenariat social. Si des salaires minimums doivent être 
fixés par la loi, les syndicats n’ont presque plus de motifs à 
négocier des conventions collectives. swissstaffing se réjouit 
par conséquent de la nette décision du peuple suisse.
Le comité de swissstaffing a renforcé l’an passé, au cours 
de son meeting consacré à la stratégie, sa volonté de promou-
voir le partenariat social. Les discussions directes entre repré-
sentants des employeurs et des travailleurs débouchent sur des 
solutions plus utiles et plus appropriées qu’elles ne le seraient 
par la voie parlementaire. 
C’est pourquoi nous avons pris acte avec une certaine préoc-
cupation d’un activisme syndical trouvant lieu hors du parte-
nariat social. Des projets tels qu’un salaire minimum cantonal 
– actuellement en suspens dans le canton de Neuchâtel – ou 
des contrats-types de travail révèlent un double jeu dangereux 
de la part des syndicats. Les causes que les syndicats n’ont pas 
réussi à faire triompher dans le cadre de leurs conventions 
collectives, ils cherchent à les imposer par la loi. Jouer à la fois 
le rôle de partenaire (social) et d’opposant est, pour le moins 
qu’on puisse dire, un exercice de haute voltige, mais avant tout 
un manquement à la parole donnée. 
Malgré cela, voire d’autant plus, swissstaffing soutient 
irréversiblement la CCT Location de services. L’introduction 
de celle-ci en 2012 a été un changement de paradigme pour 
les services de l’emploi. Depuis lors, être partenaires de la CCT 
est devenu une évidence pour eux. swissstaffing continuera à 
tout mettre en œuvre pour que le dispositif  conventionnel et le 
partenariat social soient encore renforcés. Mais nous com-
battrons les attaques syndicales hors du partenariat social. 
Nous y avons réussi dans le canton de Neuchâtel, avec le con-
cours d’autres associations de branche: le Tribunal fédéral a 
suspendu le salaire minimum cantonal. 
La société a perdu son équilibre
Les diverses tentatives – qui ont en partie réussi et échoué – de 
limiter par la voie des urnes la liberté d’action de l’économie 
laissent songeur. Minder, 1:12, immigration de masse, salaire 
minimum, Ecopop: les projets soumis à votation populaire 
presque tous les trimestres, qui sont nuisibles à l’économie, 
expriment un large scepticisme face aux entreprises. 
Le défi pour les employeurs consiste à regagner la pleine 
confiance de la population envers l’économie. En s’efforçant 
– par des modèles sérieux et intelligents – d’exploiter totale-
ment le potentiel de main-d’œuvre indigène, les employeurs 
donneront un signal fort. Cela ne veut pas dire que l’économie 
peut ainsi résoudre tous les problèmes sociaux. Le monde po-
litique est fortement sollicité – de l’aménagement du territoire 
en passant par la politique sociale, jusqu’à la politique migra-
toire et la politique économique extérieure. Cependant, 
l’économie peut et doit fournir sa part. 
Pour la branche du travail temporaire, les pistes sont mul-
tiples: avec le Fonds de la formation temptraining, elle dispose 
d’un instrument performant pour une qualification, axée sur 
la pratique, des demandeurs d’emploi. En tant qu’intermédiaires 
et conseillers, les services de l’emploi sont fort bien placés pour 
soutenir parents ou travailleurs sur l’âge qui veulent entrer 
sur le marché du travail ou y rester. Enfin, le travail temporaire 
est par essence une forme de travail qui prépare l’insertion, 
permet un essai et des engagements en fonction de projets. 
Sous tous ces nuages menaçants du ciel politique suisse, je vois 
donc aussi des chances certaines pour la branche des services 
de l’emploi. Saisissons-les!   n
 Myra Fischer-Rosinger, trad. Pierre Prince, Tradulex
La lumière pointe au bout du tunnel pour l’économie et les services de 
l’emploi en particulier. A condition qu’ils se penchent sérieusement sur le 
potentiel de main-d’œuvre indigène.
Ce que nous réserve  
2015 au plan politique
Myra Fischer-Rosinger 
est la directrice de 
swissstaffing
«Le défi pour les employeurs consiste  
à regagner la pleine confiance  
de la population envers l’économie.»
HR Today No6 | Février-Mars 2015 | hrtoday.ch