DOSSIER THÉMATIQUE Biomarqueurs en pathologie cardiovasculaire Biomarqueurs et insuffisance cardiaque Biomarkers and heart failure Damien Logeart* Les peptides natriurétiques : un biomarqueur incontournable de l’insuffisance cardiaque * Département de cardiologie et INSERM U942, hôpital Lariboisière, Paris. Les peptides natriurétiques forment une famille dont les deux principaux membres sont l’ANP (atrial natriuretic peptide ou peptide natriurétique de type A) et le BNP (peptide natriurétique de type B). Ces peptides sont synthétisés essentiellement par les myocytes cardiaques (et probablement aussi par les fibroblastes cardiaques) sous forme de précurseurs (figure 1). Le proANP est synthétisé, en situation Pré-proBNP Myocyte cardiaque proBNP Sang proBNP + NT-proBNP1-76 Insuffisance cardiaque – volémie – catécholamines – angiotensine – cytokines Figure 1. Synthèse et sécrétion du peptide natriurétique de type B. 16 | La Lettre du Cardiologue • n° 427 - septembre 2009 BNP77-108 Effet vasodilatateur et natriurétique normale, essentiellement dans l’oreillette (et dans le ventricule en cas d’insuffisance cardiaque). Le pré-proBNP est synthétisé essentiellement dans la paroi ventriculaire et sécrété sans stockage. Cette synthèse est faible dans un cœur normal, et ce n’est qu’en situation pathologique, avec une mise en tension anormale de la paroi ventriculaire, qu’elle devient importante (1). Dans des expériences sur cardiomyocytes isolés, divers stimuli hormonaux (angiotensine II, endothéline 1, catécholamines) et l’hypoxie stimulent sa sécrétion. Le pré-proBNP est transformé en proBNP par clivage d’un petit fragment, et c’est lors de sa sécrétion dans la circulation que le proBNP est clivé par une furine en deux fragments : le fragment N terminal, ou NT-proBNP1-76, b i o l o g i q u e m e n t i n a c t i f, e t l e B N P 7 7 - 1 0 8 , doué d’une activité biologique. Du proBNP non clivé est également relargué dans la circulation (2). Le BNP produit deux effets physiologiques, un effet natriurétique et un effet vasodilatateur, par le biais d’un récepteur NPR-A et par la voie du GPM cyclique. Ces peptides sont épurés de la circulation par trois mécanismes : internalisation dans les cellules par un récepteur NPR-C, dégradation par une endopeptidase neutre ancrée à la surface des cellules endothéliales, et élimination par voie rénale. Le NT-proBNP n’est pas dégradable par l’endopeptidase neutre et est éliminé par le rein. La demi-vie du BNP n’est que de 20 minutes, contre 120 minutes pour le NT-proBNP. Les dosages du BNP et du NT-proBNP présentent de nombreux atouts qui en font des biomarqueurs majeurs des pathologies cardiovasculaires : notamment, leurs taux sanguins augmentent dans l’insuffisance cardiaque congestive (3). Plusieurs facteurs influent sur la synthèse de BNP et NT-proBNP, tels la masse ventriculaire, le degré d’étirement de la paroi Résumé Le dosage sanguin des peptides natriurétiques – BNP et NT-proBNP – est utile au diagnostic de l’insuffisance cardiaque et à sa stratification, et son utilisation est approuvée dans les recommandations des sociétés savantes. De nombreux autres biomarqueurs sont en cours d’étude, avec des approches combinées ou multibiomarqueurs. Il existe des besoins incomplètement satisfaits, comme la validation de marqueurs qui puissent servir de critères de substitution aux critères usuels de morbi-mortalité dans les essais cliniques. L’étude des biomarqueurs permet aussi de découvrir, ou redécouvrir, différentes pistes physiopathologiques, voire thérapeutiques. ventriculaire, l’angiotensine et les catécholamines. Les taux sont corrélés à la sévérité de l’insuffisance cardiaque, notamment celle de la dysfonction ventriculaire gauche, et à l’augmentation des pressions de remplissage et des contraintes pariétales ventriculaires gauches (1). Si les dosages du BNP et du NT-proBNP se sont développés, contrairement à celui de l’ANP (qui fut pourtant le premier peptide natriurétique à être dosé), c’est principalement en raison de la moindre stabilité biologique de ce dernier et aussi de la supériorité du BNP/­NTproBNP en termes de corrélation avec la sévérité de l’insuffisance cardiaque. Ce point doit être nuancé par le développement actuel du dosage du proANP, qui semble en effet plus stable et d’une pertinence clinique identique, voire supérieure, à celle des dosages du BNP ou du NT-proBNP (4). Aide au diagnostic De nombreuses études ont validé la place du dosage du BNP ou du NT-proBNP chez le patient suspect d’insuffisance cardiaque, contexte où les doutes et les erreurs diagnostiques sont fréquents. La dyspnée est un symptôme banal dont l’analyse sémiolo- gique est en pratique plus difficile, notamment au lit d’un patient âgé, que dans les manuels. Ce dosage permet de réduire le taux d’imprécision diagnostique (5). Dans l’étude princeps BNP Study, sur 586 patients dyspnéiques se présentant aux urgences (6), le seul dosage du BNP s’avérait plus précis que les scores cliniques classiques ! Un taux de BNP de 80 pg/ml avait une valeur prédictive négative de 96 %, et un taux de 150 pg/ml avait une sensibilité et une spécificité de 85 %. L’analyse a posteriori de la combinaison de l’examen clinique et du dosage du BNP montrait que ce dernier réduisait le taux d’imprécision diagnostique de 74 %. Par ailleurs, ce dosage, effectué à l’admission des patients dyspnéiques, a un impact médicoéconomique positif (7), encore que cela mérite de nouvelles vérifications. Au-delà des valeurs seuils statistiquement optimales, il faut insister sur la vraie place de ces dosages : une aide pertinente à l’appui du jugement clinique. Plusieurs limites doivent être soulignées. La plus importante est l’existence d’une “zone grise” (de 100 à 400 pg/ml pour le BNP, de 300 à 1 800 pg/­ml pour le NT-proBNP) [figure 2], où le dosage ne permet pas de conclure sur l’origine de la dyspnée. L’explication est liée à plusieurs facteurs : Mots-clés Biomarqueurs Peptides natriurétiques Insuffisance cardiaque Highlights Natriuretic peptide testing – BNP and NT-proBNP – is useful for both diagnosis and stratification of heart failure, and is recommended in current guidelines. On-going studies try to validate a number of other biomarkers as well as multimarker strategies. There is lack of evidence in some fields such as biomarkers which could be used as surrogate end-points in clinical trials. Research on biomarkers can also points out different pathways of heart failure as well as therapeutic targets. Keywords Biomarkers Natriuretic peptides Heart failure Dyspnée, symptômes suspects BNP < 100 pg/ml NT-proBNP < 300 pg/ml BNP : 100-400 pg/ml NT-proBNP : 300-1 800 pg/ml BNP > 400 pg/ml NT-proBNP > 1 800 pg/ml Zone grise Insuffisance cardiaque éliminée Insuffisance cardiaque très probable Figure 2. Algorithme pour l’utilisation du dosage du BNP et du NT-proBNP dans le diagnostic étiologique d’une symptomatologie aiguë suspecte d’insuffisance cardiaque. La Lettre du Cardiologue • n° 427 - septembre 2009 | 17 DOSSIER THÉMATIQUE Biomarqueurs en pathologie cardiovasculaire Biomarqueurs et insuffisance cardiaque – la synthèse et la sécrétion des peptides nécessitent un délai de quelques heures, d’où le risque de faux négatifs en cas d’œdèmes aigus du poumon (OAP) hypertensifs “flash” ; – ces peptides sont sécrétés par le ventricule droit. En cas d’embolie pulmonaire sévère, d’hypertension artérielle pulmonaire ou d’emphysème décompensé, des taux modérément élevés ne sont pas rares, indépendamment de toute dysfonction ventriculaire gauche associée ; – éliminés en partie par le rein, les taux sanguins augmentent dans l’insuffisance rénale. Cela n’annule pas la valeur diagnostique du dosage mais doit être pris en compte ; – les taux sanguins augmentent avec l’âge et de façon plus marquée chez les femmes, pour des raisons peu claires. Une étude a montré que plus de 25 % des femmes âgées de plus de 75 ans, indemnes de pathologies cardiovasculaires, avaient des taux de BNP supérieurs à 100 pg/ml (8) ; – les taux varient avec les modifications hémodynamiques induites par le traitement. Cela impose de prendre en compte le moment où le dosage a été effectué ; – enfin, le seul facteur interférant négativement est l’obésité, mais cela modifie peu la valeur diagnostique du dosage. Finalement, l’intérêt diagnostique du dosage réside essentiellement dans sa forte valeur prédictive négative, avec un seuil de BNP de 100 pg/ml. Pour le NT-proBNP, le seuil d’exclusion est à 300 pg/ ml en cas de dyspnée ; en ambulatoire, chez les patients à facteurs de risque cardiovasculaire ou en dyspnée chronique, les seuils d’exclusion sont de 125 pg/ml (âge < 75 ans) et de 450 pg/ml (âge ≥ 75 ans). Dans la zone grise, il faut reprendre l’ensemble des données cliniques et paracliniques, sachant que le taux de BNP ou de NT-proBNP reste informatif. Le dosage du BNP est préconisé dans l’algorithme décisionnel de la Société européenne de cardiologie comme un examen de première intention, pour exclure le diagnostic d’insuffisance cardiaque décompensée (9). Le dosage des peptides natriurétiques est potentiellement intéressant dans le dépistage de la dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique (10). Les limites précédemment décrites, associées à des taux qui seront souvent peu augmentés, imposent beaucoup de prudence dans l’interprétation des résultats. À l’échelon individuel, l’intérêt est modeste, sauf dans des populations ciblées, jeunes et sans comorbidité excessive, car les valeurs discriminantes sont 18 | La Lettre du Cardiologue • n° 427 - septembre 2009 basses dans ce contexte de dépistage (< 30-50 pg/ ml pour le BNP). Stratification pronostique Comme pour le diagnostic, l’examen clinique est facilement mis en défaut dans cette stratification, et divers scores cliniques et examens apportent une aide. Parmi les nombreux marqueurs pronostiques, le dosage du BNP ou du NT-proBNP s’est imposé comme un outil de premier choix. De nombreuses études ont montré qu’il s’agit du marqueur le plus puissant, au même titre que la mesure de la consommation en oxygène, mesure beaucoup moins aisée que le dosage du BNP (11). La valeur seuil de BNP ou NT-proBNP a sensiblement évolué au fil des publications : les dernières études dans l’insuffisance cardiaque modérément à moyennement sévère associent au taux de BNP supérieur à 250 pg/­ml un pronostic particulièrement péjoratif. Aide au suivi et à l’ajustement thérapeutique individuel En s’appuyant sur les précédentes données, il est tentant de doser de façon répétée ces marqueurs chez un patient, dans l’espoir d’affiner le suivi et de mieux ajuster sa prise en charge Au cours d’une hospitalisation pour décompensation (12), la cinétique de décroissance du peptide ou le taux de peptide obtenu avant la sortie du patient est un marqueur pronostique très puissant du devenir à court terme (risque relatif multiplié par 5 pour un taux de BNP allant de 350 à 700 pg/­ml et par 15 pour un taux supérieur à 700 pg/ml). Ce marqueur est d’autant plus pertinent qu’une évaluation fonctionnelle des patients hospitalisés et affaiblis est difficile. Au cours d’une hospitalisation pour décompensation, on peut imaginer que le suivi de la cinétique du peptide, ou de son dosage avant la sortie, peut inciter le clinicien à renforcer le traitement ou le suivi immédiat chez les patients à haut risque et, à l’inverse, à autoriser peut-être une sortie plus rapide chez les autres. Cela reste à prouver. L’utilité de répéter ces dosages au cours du suivi a été évaluée dans plusieurs études randomisées, prospectives et multicentriques comparant un suivi classique à un suivi incluant un dosage répété du BNP ou du NT-proBNP sur des périodes de suivi de DOSSIER THÉMATIQUE 18 à 36 mois. Dans les études STARS, Battle-Scared et TIME-CHF (13, 14), une valeur cible, “idéale”, était proposée, au-dessus de laquelle le traitement devait être majoré. Dans STARS, le risque de décès ou de réadmission diminuait de 56 % dans le bras biomarqueur, essentiellement via la réduction des réadmissions. Dans les études Battle-Scared et TIMECHF, ce risque ne diminuait pas significativement, mais, dans une analyse préspécifiée en fonction de l’âge, un bénéfice significatif apparaissait chez les patients de moins de 75 ans. En fait, l’utilité du dosage semble résider dans sa valeur incitative à majorer le traitement chez des patients a priori stables sur le plan clinique, afin d’atteindre ainsi plus fréquemment des doses thérapeutiques optimales. Par exemple, les bêtabloqueurs et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) sont prescrits à doses progressives, mais qui, pour diverses raisons (patient considéré comme stable souvent à tort, crainte des effets indésirables, etc.), restent souvent insuffisantes. Certaines études thérapeutiques essaient d’intégrer ces dosages comme critère de jugement d’efficacité – “critères de substitution” – en lieu et place de critères cliniques “durs” telle la mortalité. Dans l’insuffisance cardiaque aiguë, des essais ont néanmoins montré un net découplage entre une forte baisse des taux de peptides natriurétiques et l’absence de bénéfice clinique (15). En revanche, dans l’insuffisance cardiaque chronique, les mêmes données suggèrent que les peptides natriurétiques se rapprochent d’un vrai critère de substitution. conduire à d’autres pistes de recherche. Par exemple, le suivi des taux d’angiotensine ou d’aldostérone dans l’insuffisance cardiaque, sous traitement par inhibiteur de l’enzyme de conversion, avait pointé un phénomène d’échappement au traitement, ce qui avait favorisé l’idée d’une polythérapie de blocage maximal du système rénine-angiotensine-aldostérone, aujourd’hui bien validée. Très récemment, un lien puissant a été montré entre le taux d’aldostérone à la phase aiguë d’un infarctus et le pronostic (18). Si son utilité clinique comme biomarqueur n’est pas certaine, ce résultat souligne le rôle délétère de l’aldostérone (relativement négligé dans ce contexte de pathologie athérothrombotique) et peut motiver des essais thérapeutiques avec des antialdostérones dans le syndrome coronaire aigu (SCA). ➤➤ Remodelage ventriculaire : le remodelage inclut des processus de mort myocytaire, d’hypertrophie et de modifications du phénotype myocytaire, ainsi qu’un renouvellement excessif de la matrice extracellulaire. Les biomarqueurs de nécrose sont exprimés dans l’insuffisance cardiaque, indépendamment de toute coronaropathie, et sont notamment corrélés à l’importance du stress hémodynamique. L’augmentation du taux de troponines est un marqueur important signalant un mauvais pronostic (19). Le remodelage de la matrice extracellulaire est gouverné par les métalloprotéases (MMP) et leurs inhibiteurs (TIMP), avec un déséquilibre de leur balance en faveur des MMP. Les taux sanguins de plusieurs MMP – notamment MMP-9 et MMP-2 – sont constam- TNFα, IL-6 adiponectine Gal-3, ST2 CRP(us), MPO Autres biomarqueurs L’augmentation des connaissances sur les bases moléculaires de l’insuffisance cardiaque conduit à de nouveaux marqueurs moléculaires (figure 3). Aucun n’a accumulé un niveau de preuve suffisant pour une utilisation clinique ; certains ouvrent des pistes thérapeutiques nouvelles (16). ➤➤ Activation neuro-hormonale : divers systèmes hormonaux jouent un rôle clé, notamment dans la progression de l’insuffisance cardiaque (17), et leurs taux sanguins se sont tous révélés liés au pronostic : c’est le cas pour les peptides natriurétiques, dont l’urodilatine (système natriurétique rénal), les catécholamines, l’angiotensine, l’aldostérone, l’endothéline, la vasopressine et, plus récemment, l’adrénomédulline et l’apeline. À côté des peptides natriurétiques, le dosage de ces multiples autres hormones semble offrir un intérêt limité, mais peut Inflammation Stress oxydatif Uricémie Activation neuro-humorale ET-1, adolstérone, AgII NE, vasopressine, copeptine, apeline Fonction rénale Cystacine C NAG Insuffisance cardiaque Remodelage Collagène PIII VG matriciel MMP, TIMP Ostéopontine Nécrose myocytaire Troponine (us) Stress myocardique BNP, NT-proBNP, proBNP, proANP, urotensine 2 Figure 3. Illustration des mécanismes physiopathologiques impliqués dans l’insuffisance cardiaque et des biomarqueurs associés, actuellement développés. La Lettre du Cardiologue • n° 427 - septembre 2009 | 19 DOSSIER THÉMATIQUE Biomarqueurs en pathologie cardiovasculaire Biomarqueurs et insuffisance cardiaque ment élevés dans l’infarctus aigu et augmentent à divers stades de l’insuffisance cardiaque ; ils sont aussi corrélés au degré d’activation neuro-hormonale (20). Le taux de MMP-2 semble être un prédicteur plus puissant que MMP-9 ou TIMP-1. Des variations existent en fonction de l’étiologie, ischémique ou non. Les taux sanguins de produits de dégradation du collagène, comme le peptide de type III aminoterminal (PIIINP), pourraient également refléter ce remodelage ; F. Zannad et al. ont montré que l’efficacité de la spironolactone (supposée avoir une action antifibrosante) dans l’insuffisance cardiaque sévère était associée à la présence initiale d’un taux plus élevé de ces produits de dégradation, puis à une diminution plus importante en comparaison des patients non répondeurs (21). ➤➤ Inflammation et stress oxydatif : la progression de l’insuffisance cardiaque implique des mécanismes d’activation immunitaire et inflammatoire. Il a été clairement démontré que le TNFα l’interleukine-6 et, plus récemment, la cardiotropine 1, l’interleukine-18 et surtout ST2 (22) avaient une forte valeur pronostique. Ces cytokines semblent activées plus précocement que les systèmes neuro-hormonaux. La myéloperoxydase (MPO) a montré une valeur supérieure à celle du NT-proBNP dans le dépistage de la dysfonction VG (spécificité de 74 %, contre 40 %) ; ce marqueur d’inflammation, impliqué dans la maladie athéromateuse, était présent alors qu’une majorité des patients n’avait pas de cause ischémique, ce qui suggère un rôle de l’inflammation dans les stades précoces du remodelage ventriculaire (23). Aussi intéressants que soient ces résultats, leur utilisation clinique risque d’être limitée par une variabilité biologique importante, par l’interférence d’autres protéines plasmatiques et d’autoanticorps, l’absence de standardisation des dosages et la perte de spécificité en présence d’autres comorbidités comme une infection. Le stress oxydatif est également impliqué (24). Divers marqueurs de ce stress, tels ceux de la peroxydation lipidique – byopyrines urinaires, isoprostanes urinaires, malonyldialdéhyde plasmatique –, sont corrélés à d’autres biomarqueurs de sévérité dans des études très préliminaires. De façon plus consistante, le taux d’acide urique est corrélé positivement à la gravité de l’insuffisance cardiaque. Stratégies multibiomarqueurs Il paraît simpliste d’imaginer qu’un seul biomarqueur puisse donner une information suffisante sur une pathologie cardiovasculaire aux mécanismes pathophysiologiques complexes, multiples et évolutifs. L’accumulation de biomarqueurs validés ou potentiels impose l’idée de stratégies multibiomarqueurs (25). Diverses publications ont montré que la combinaison de biomarqueurs affine la stratification des SCA (26) et pourrait être aussi intéressante dans l’insuffisance cardiaque. Par exemple, dans une étude de dépistage des FEVG < 40 %, un panel de 3 biomarqueurs (protéine C-réactive [CRP], NT-proBNP et MPO) était testé (27). Chaque marqueur était associé à une surface sous la courbe ROC importante (0,82, 0,84 et 0,90 respectivement) et à une valeur diagnostique indépendante (corrélation minime entre chaque marqueur). L’association des trois augmentait la performance de chaque marqueur isolé (surface sous ROC à 0,95), notamment grâce à l’amélioration de la spécificité, et faisait mieux que les autres modèles statistiques, incluant divers paramètres cliniques. Cette stratégie multimarqueur semblait avantageuse d’un point de vue médico-économique. ■ Références bibliographiques 1. Maisel A, Mueller C, Adams K Jr et al. State of the art: using natriuretic peptide levels in clinical practice. Eur J Heart Fail 2008;10:824-39. 2. Levin ER, Gardner DG, Samson WK. Natriuretic peptides. N Engl J Med 1998;339:321-8. 3. Ala-Kopsala M, Magga J, Peuhkurinen K et al.Molecular heterogeneity has a major impact on the measurement of circulating N-terminal fragments of A. and B-type natriuretic peptides. ClinChem 2006;52:1054-61. 4. Moertl D, Bergr R, Stuck J et al. Comparison of midregional pro-atrial and B-type natriuretic peptides in chronic heart failure: influencing factors, detection of left ventricular systolic dysfunction, and prediction of death. J Am Coll Cardiol 2009;53:1783-90. 5. Doust JA, Glasziou PP, Pietrzak E, Dobson AJ. A systematic review of the diagnostic accuracy of natriuretic peptides for heart failure. Arch Intern Med 2004;164:1978-84. 6. Maisel AS, Krishnaswamy P, Nowak RM et al. for the Breathing Not Properly Multinational Study Investigators. Rapid measurement of B-type natriuretic peptide in the emergency diagnosis of heart failure. N Engl J Med 2002;347:161-7. 7. Mueller C, Scholer A, Laule-Kilian K et al. Use of B-type natriuretic peptide in the evaluation and management of acute dyspnea. N Engl J Med 2004;350:647-54. 8. Redfield M, Rodeheffer RJ, Jacobsen SJ, Mahoney DW, Bailey KR, Burnett JC Jr. Plasma brain natriuretic peptide concentration: impact of age and gender. J Am Coll Cardiol 2002;40:976-82. 9. Krum H. Task Force for the diagnosis and treatment of chronic heart failure of the European Society of Cardiology. Eur Heart J 2005;26:2472. 10. Bibbins-Domingo K, Ansari M, Schiller NB, Massie B, 20 | La Lettre du Cardiologue • n° 427 - septembre 2009 Whooley MA. Is B-type natriuretic peptide a useful screening test for systolic dysfunction in patients with coronary disease? Am J Med 2004;116:509-16. 11. De Groote P, Dagorn J, Soudan B, Lamblin N, McFadden E, Bauters C. B-type natriuretic peptide and peak exercise oxygen consumption provide independent information for risk stratification in patients with stable congestive heart failure. J Am Coll Cardiol 2004;43:1584-9. 12. Logeart D, Thabut G, Jourdain P et al. Predischarge B-type natriuretic peptide assay for identifying patients at high risk of readmission after decompensated heart failure. J Am Coll Cardiol 2004;43:635-41. 13. Jourdain P, Jondeau G, Funck F et al. Plasma brain natriuretic peptide-guided therapy to improve outcome in heart failure: the STARS-BNP Multicenter study. J Am Coll Cardiol 2007;49:1733-9. DOSSIER THÉMATIQUE 19. Missov E, Calzolari C, Pau B. Circulating cardiac troponin I in severe congestive heart failure. Circulation 1997;96: 2953-8. 20. George J, Patal S, Wexler D, Roth A, Sheps D, Keren G. Circulating matrix metalloproteinase-2 but not matrix metalloproteinase-3, matrix metalloproteinase-9, or tissue inhibitor of metalloproteinase-1 predicts outcome in patients with congestive heart failure. Am Heart J 2005;150:484-7. 21. Zannad F, Alla F, Dousset B, Perez A, Pitt B. Limitation of excessive extracellular matrix turnover may contribute to survival benefit of spironolactone therapy in patients with congestive heart failure: insights from the randomized aldactone evaluation study (RALES). Circulation 2000;102:2700-6. 22. Vasan RS, Sullivan LM, Roubenoff R et al. Framingham Heart Study. Inflammatory markers and risk of heart failure in elderly subjects without prior myocardial infarction: the Framingham Heart Study. Circulation 2003;107:1486-91. MEDECINE Complications cardiovasculaires des traitements anticancéreux es : Responsabl MC UP , tz Pr JP. Lo Dr R. Dorent, logues, Public : iologues, onco ralistes, card ecins étrangers. né gé s in ec éd Méd s, internes, m hématologue s s concernant le ues et pratique anticancéreux, Objectifs : riq éo th s ce ts an itremen connaiss Acquérir des de la cardiotoxicité des traen charge. mécanismes sa prévention et sa prise sa détection, Contenus : ules: mprend 3 mod Le diplôme co ts, en m ite tra leurs ❤ cancers et aires, ul sc va io rd ca s . ❤ pathologie anticancéreux dans le s traitements ule autonome od m ❤ toxicité de un r ue tit ns co ue. odule peut Le troisième m rmation Médicale Contin cas pratiques. de en m cadre de la Fo xa nsacrée à l’e co t es e né ur Une jo n: à 18h Organisatio r mois de 9h un samedi pa ts Enseignemen non. à l’Hôpital Te A5-cardioxane.indd 1 Ouverture d’un nouveau diplôme d’université Responsables : Dr R. Dorent, Pr JP. Lotz, UPMC 23. Ng LL, Pathik B, Loke IW, Squire IB, Davies JE. Myeloperoxidase and C-reactive protein augment the specificity of B-type natriuretic peptide in community screening for systolic heart failure. Am Heart J 2006;152:94-101. 24. Anker SD, Doehner W, Rauchhaus M et al. Uric acid and survival in chronic heart failure: validation and application in metabolic, functional, and hemodynamic staging. Circulation 2003;107: 1991-7. 25. Morrow DA, Braunwald E. Future of biomarkers in acute coronary syndromes: moving toward a multimarker strategy. Circulation 2003;108:250-2. 26. Sabatine MS, Morrow DA, De Lemos JA et al. Multimarker approach to risk stratification in non-ST-elevation acute coronary syndromes: simultaneous assessment of troponin I, C-reactive protein, and B-type natriuretic peptide. Circulation 2002;105:1760-3. 27. Wang TJ, Gona P, Larson MG et al. Multiple biomarkers for the prediction of first major cardiovascular events and death. N Engl J Med 2006;355: 2631-9. Calendrier : De septembre 2009 à juin 2010 Validation : - Présence aux enseignem - Soutenance d’un mémo ents, ire. Tarif : 1 200 euros pour les sala nes dont la formation est riés et les personprise en charge par l’employeur 600 euros pour les non sonnes engagées dans -salariés et les perla vie professionnelle s’inscrivant à titre individ uel 300 euros pour les inte rnes. Inscription : Après le 14 septembre se feront en fonction des2009, les inscriptions places diponibles. Inscription pédagogique : Dr R. Dorent - Hôpital Tenon Service de cardiologie 4, rue de la Chine, 75020 Paris Tél : 01 56 01 67 22 ou 01 56 01 60 23 - Fax : 01 56 01 72 08 Email [email protected] Inscription administrative : Faculté de médecine Pierre et Marie Curie 15, rue de l’école de médecine, Esc. H - RDC, 75006 Paris Dossier d’inscription téléchargeable : www.chups.jussieu.fr/programmes/T3/tc.html UPMC - Formation Continue - www.fp.upmc.fr 4, place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05 Tél. : 01 53 10 43 20 - Fax : 01 53 10 43 30 La Lettre du Cardiologue • n° 427 - septembre 200916/07/09 | 21 JUILLET 2009 14. Pfisterer M, Buser P, Rickli H et al. BNP-guided vs symptom-guided heart failure therapy: the Trial of Intensified vs Standard Medical Therapy in Elderly Patients With Congestive Heart Failure (TIME-CHF) randomized trial. JAMA 2009;301(4):383-92. 15. Mebazaa A, Nieminem M, Packer M et al. Levosimendan vs dobutamine for patients with acute decompensated heart failure: the SURVIVE Randomized Trial. JAMA 2007;297:188391. 16. Braunwald E. Biomarkers in heart failure. N Engl J Med 2008;358:2148-59. 17. Benedict CR, Weiner DH, Johnstone DE et al. Comparative neurohormonal responses in patients with preserved and impaired left ventricular ejection fraction: results of the Studies of Left Ventricular Dysfunction (SOLVD) Registry. J Am Coll Cardiol 1993;22:146A-153A. 18. Beygui F, Collet JP, Benoliel JJ et al. High plasma aldosterone levels on admission are associated with death in patients presenting with acute ST-elevation myocardial infarction. Circulation 2006;114:2604-10. 18:02:54