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pancréatique et entéro-pancréatique. La
sécrétion de l’hormone est précoce et
pulsatile. L’altération de la pulsatilité,
associée à une baisse quantitative de la
production est d’ailleurs une des compo-
santes essentielles du diabète de type 2.
L’hyperglycémie post-prandiale inhi-
be, chez le sujet sain, la production
de glucagon, s’opposant ainsi à la
glycogénolyse et à la glyconéogenè-
se hépatiques. En fait l’impact du glu-
cagon sur l’homéostasie glucidique en
période post-prandiale, n’est vraiment
évident que lorsque s’installe une rela-
tive carence insulinique.
•Facteurs métaboliques
L’utilisation périphérique du glucose
absorbé concerne principalement les
muscles, le foie et plus accessoirement le
rein. Au niveau de la fibre musculaire, le
glucose peut être oxydé ou stocké sous
forme de glycogène. Le foie, lui, modifie
son métabolisme par une captation pré-
férentielle et un stockage du glucose, en
parallèle d’une inhibition de la synthèse
de glucose endogène. Le rein semble
contribuer d’une manière un peu diffé-
rente à l’homéostasie glucidique post
prandiale, en augmentant sa propre syn-
thèse de glucose après le repas11. Ce phé-
nomène pourrait faciliter la reconstitu-
tion du glycogène hépatique en phase
post prandiale, le foie ne produisant pas
de glucose durant cette période.
A l’état sain, le pic insulinique précoce
et la sécrétion pulsatile d’insuline,
associés à la sensibilité des cellules
hépatiques et musculaires à l’action de
cette hormone, permettent de limiter
l’hyperglycémie post-prandiale en
intensité et en durée12-13. Schématique-
ment, le pic glycémique ne dépasse pas 2
heures alors que le passage des glucides
au travers de la barrière intestinale dure
plus de 4 heures. En amplitude, il est
considéré comme normal s’il n’excède pas
140mg/dl (7,8 mmol/l) 2 heures après
ingestion de 75g de glucose.
2 - De la tolérance à
l’intolérance au glucose…
a) L’état post-prandial, le premier
touché…
L’hyperglycémie post prandiale survient
tôt dans le syndrome métabolique et le
diabète de type 214. Au stade de syndro-
me métabolique, s’installe une intolé-
rance au glucose qui se manifeste par
une glycémie à jeun qui reste normale
(inférieure à 1g10/l) ou modérément
7Gautier JF, Fetita S, Sobngwi E, et al. Biological actions of the incretins GIP and GLP-1 and therapeutic pertspectives in patients with type 2
diabetes. Diabetes Metab. 2005; 31: 233-242.
8Thorens B. L’axe entéro-insulaire : rôle de l’intestin et régulation glycémique. Journées de Diabétologie de l’Hôtel Dieu 2006. pp 67-73.
Flammarion Médecine-Sciences (www.medecine.flammarion.com).
9Girard J. Rôle des hormones digestives dans la régulation glycémique. 48èmes JAND, Paris, 28 janvier 2008.
10Gautier JF, Choukem SP, Girard J. Physiology of incretins (GIP and GLP-1) and abnormalities in type 2 diabetes. Diabetes Metab. 2008; 34:
S65-S72.
11Meyer C, Dostou JM, Welle SL, et al. Role of human liver, kidney and squeletal muscle in post prandial glucose homeostasis. Am J Physiol.
2002; 282: E419-E427.
12Gerich JE. Control of glycaemia. Baillière’s Clin Endocrinol Metab. 1993; 7: 551-586.
13Lefebvre PJ, Scheen AJ. Glucose metabolism and the postprandial state. Eur J Clin Invest. 1999; 29(suppl2):1-6.
14Alberti KGMM. The clinical implications of impaired glucose tolerance. Diabetes Med. 1996; 13: 927-937.
L’effet « incrétine » : un concept pas si récent…
Initialement, la notion d’une régulation de la sécrétion endocrine par des facteurs digestifs, remonte au
début du XXème siècle7. Le concept d’effet « incrétine » proprement dit, a été formulé dans les années
20. Il correspond à une action insulinosécrétrice du glucose, plus puissante si celui-ci est pris par voie
orale que s’il est administré par voie parentérale, cela grâce à des hormones peptidiques intestinales.
Les incrétines GIP et GLP-1, identifiées en 878, sont issues respectivement des cellules K du duodénum
et L de l’intestin grêle et du colon. Elles ont pour rôle de favoriser une utilisation rapide des nutriments
absorbés (glucose et triglycérides)9. Leur action directe sur les cellules βpancréatiques s’exerce après fixa-
tion sur des récepteurs transmembranaires spécifiques. Leurs effets communs sont une stimulation de l’in-
sulinosécrétion glucose-dépendante, et un contrôle de la masse fonctionnelle des cellules β. Cette derniè-
re propriété, constatée in vitro et in vivo mais uniquement chez l’animal, témoigne d’une adaptation au long
cours pouvant résulter d’une stimulation des cellules précurseurs, d’une prolifération des lignées matures
et d’une résistance à l’apoptose.
Intérêt des incrétines en thérapeutique antidiabétique
Leur intérêt repose en premier lieu sur le GLP-1 dont le taux plasmatique est abaissé chez le dia-
bétique de type 2 et l’intolérant au glucose10, contrairement à celui du GIP qui n’est pas modifié. De
surcroit, la réponse fonctionnelle à l’administration de GLP-1 (insulinosécrétion, inhibition du gluca-
gon et accélération de la vidange gastrique) est conservée alors que celle au GIP est altérée.
La médiocre stabilité in vivo du GLP-1 a mené les chercheurs sur 2 voies distinctes, l’élaboration
d’une part d’analogues de cette hormone comme l’exenatide, et d’autre part d’inhibiteurs de son
enzyme de dégradation, la dipeptidylpeptidase IV.
•Facteurs hormonaux
Outre une action sur la cinétique de la
vidange gastrique (voir précédemment),
certaines hormones gastro-intesti-
nales ont un pouvoir insulinosécré-
teur (Amyline, GIP, GLP-1) ainsi qu’un
effet inhibiteur sur différentes enzymes
digestives (Amyline) et sur la sécrétion
du glucagon (Amyline, GLP-1).
L’élément le plus connu de la régula-
tion hormonale de la glycémie post
prandiale est naturellement la réponse
insulinique. En dehors de la stimulation
liée aux hormones gastro-intestinales, et
au stimulus du glucose, la production
d’insuline résulte aussi d’efférences
vagales par le biais de la phase cépha-
lique et du réflexe vago-vagal gastro-