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Clin d’œil
Séquestre cornéen félin sur un chat persan de 3 ans
H. Laforge
L
e séquestre cornéen félin,
anciennement appelé nécrose
cornéenne, se présente sous
la forme d’une plaque noirâtre
généralement centrale, desséchée,
ronde ou ovale, plus ou moins
étendue en surface et en profondeur
avec fréquemment un écoulement
de larmes de même couleur.
Sa position se superposant à l’axe visuel
et donc à la couleur noire de la pupille,
le propriétaire de l’animal ne se rend
souvent pas compte de l’anomalie avant
un stade avancé (figure 1).
Par la suite, un cercle œdémateux et une
infiltration cellulaire et vasculaire se développent, aboutissant parfois à l’élimination
spontanée du séquestre, voire à la perforation de la chambre antérieure.
Il existe une prédisposition raciale chez le
persan, le british shorthair et le siamois,
mais l’affection peut aussi se développer
dans d’autres races à la faveur d’infections des voies respiratoires (coryza lié
au virus de l’herpès félin) ou d’anomalies
des paupières (entropion ou distichiasis)
entraînant une irritation chronique de la
cornée.
Au plan histologique, on observe que l’épithélium est toujours atteint, et le stroma
affecté plus ou moins profondément. En
microscopie électronique, les lésions
des cellules basales épithéliales et des
kératocytes ont l’­a spect de vésicules
lysosomales à limites nettes, à contenu
dense aux électrons avec enroulements
myéliniques (1).
Le traitement médical fait appel aux
larmes artificielles, aux antibiotiques et
aux antiviraux, aux lentilles de contact
thérapeutiques. On propose aussi l’utilisation de l’interféron administré par voie
topique.
Selon une étude (2), la guérison de chats
atteints de séquestre cornéen est possible au stade débutant notamment grâce
à l’action de cette molécule sur le virus
de l’herpès, responsable de certains cas
de séquestre cornéen.
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Figure 1.
Séquestre
cornéen félin
sur un chat
persan de 3 ans.
Figure 2.
Récidive après
kératoplastie
transfixiante.
1
2
Le traitement chirurgical fait appel à la
kératectomie superficielle, parfois à la
kératoplastie transfixiante si l’épaisseur
de la zone nécrosée est trop importante
(figure 2). Après le retrait du séquestre
cornéen, la kératectomie est suivie ou
non d’une kératoplastie lamellaire,
réalisée soit avec un greffon de stroma
cornéen (frais ou conservé), soit avec un
disque de Vet BioSISt® (sous-muqueuse
intestinale porcine ou SIS) soit enfin
par une greffe pédiculée de muqueuse
conjonctivale.
Images en Ophtalmologie • Vol. IV • no 3 • juillet-août-septembre 2010
La mise en place d’une protection diminue
le rique de rechute. Néanmoins, on peut
assister à des récidives, soit sur l’œil
adelphe soit plus exceptionnellement
sur l’œil opéré, même après kérato­plastie
totale.
II
Références bibliographiques
1. Chaudieu G. Anomalies à caractère héréditaire
de la cornée. Encyclopédie vétérinaire. Ophtalmologie 2400. Paris : Elsevier 1999.
2. Boydell P. Treatment of corneal necrosis with
topical interferon. World Small Animal Veterinary
Association (WSAVA) congress 1999.
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