Le séquestre cornéen félin est une pathologie oculaire fréquente, caractérisée par une pigmentation brunâtre
de la cornée avec fréquemment un écoulement de même couleur. Cette pigmentation peut être plus ou moins
intense et s’accompagner d’un œdème et de vascularisation cornéens (fig. 1 et 2). La douleur oculaire
engendrée est plus ou moins importante (avec un blépharospasme, un épiphora plus ou moins marqué).
Cette maladie est considérée comme spécifique du chat, mais elle a été décrite chez le cheval et chez un
chien. Le séquestre, généralement unilatéral, peut se développer rapidement ou rester atone. Certaines races
de chats semblent prédisposées (Persan, Colorpoint, Himalayen, Birman et Siamois). Les symptômes
apparaissent chez des individus âgés de 2 à 7 ans. La pathogénie de cette maladie de la cornée n’est pas très
bien établie. Des pathologies entraînant un traumatisme de la cornée ou une irritation chronique de celle-ci
comme la brachycéphalie, les pathologies des annexes de l’œil (entropion, trichiasis), des anomalies du film
pré-cornéen, des kératites herpétiques (dues à VHF-1), des dystrophies primaires de la cornée sont
suggérées comme des facteurs prédisposant au séquestre.
Les diagnostics différentiels possibles pour une lésion pigmentée de la cornée sont un séquestre cornéen, un
dermoïde cornée, une tumeur (mélanome du limbe), une kératite pigmentaire, une hernie de l’iris et un corps étranger
cornéen.
Le séquestre peut se développer rapidement ou rester statique et le choix thérapeutique va dépendre de cette
évolution : du traitement médical conservateur dans les cas où le séquestre est plus superficiel et la douleur moindre, au
traitement chirurgical dans les cas où le séquestre est plus profond et la douleur plus importante.
Les traitements médicaux peuvent inclure des larmes artificielles, des lentilles de contact thérapeutiques, des
collyres d’interférons alpah-2b, d’antibiotiques, d’antiviraux. Le séquestre peut éventuellement se détacher du stroma
sous-jacent de façon naturelle; cela peut prendre des mois à des années. Cette guérison est donc généralement plus
lente à obtenir avec un traitement médical qu’avec un traitement chirurgical.