PP 50-54 observation clinique abcès cornée 15/04/08 13:10 Page 50 observation clinique un abcès de cornée Thomas Dulaurent1 Lotfi Benalioua, Isabelle Gaudry2 Youssef Tamzali2 Alain Régnier1 chez une jument 1 Service de physiopathologie oculaire Service de pathologie des équidés E.N.V.T. 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 03 2 Objectif pédagogique ❚ Savoir diagnostiquer un abcès de cornée, le traiter et référer si besoin. Motif de consultation ❚ Douleur oculaire chronique et tache blanche à l’œil. Signes cliniques ❚ Douleur oculaire sévère. ❚ Abcès cornéen. ❚ Uvéite antérieure exsudative. 3 Vue en coupe d’un hypopion hémorragique, signant la réaction uvéale. NOTE * Spécialité de médecine humaine Une jeune jument Selle français présente un abcès cornéen d’évolution chronique. Ces abcès sont souvent la conséquence de microtraumatismes, avec ensemencement du stroma par une effraction mineure. Cette observation propose une approche médicale et chirurgicale. Elle permet de comprendre la physiopathologie des abcès de cornée chez le cheval. U ne jument Selle français de 5 ans montée en concours de saut d’obstacles (C.S.O.), est présentée à la consultation de l’école en référé car elle présente un abcès cornéen depuis un mois et demi. ● Chez le vétérinaire référent, un mois et demi avant la consultation en référé, la jument présentait une tache blanche sur la cornée de l’œil gauche, et des signes de douleur modérée. ● Un test à la fluorescéine a été réalisé ; le résultat de la coloration était négatif. ● Un traitement à base de N-Acétyl-Cystéine (NAC®) combiné à une association de néomycine/polymyxine B (Tévémyxine®) a été instauré, sans amélioration clinique. ● Un nouveau traitement à base de flunixine méglumine (Finadyne®) par voie générale, et de sérum autologue par voie locale a été effectué 15 jours après. ● Devant l’absence d’amélioration, plusieurs autres traitements sont entrepris par voie locale (tobramycine : Tobrex®* ; atropine (Atropine Faure®*), et par voie générale (ceftiofur : Excenel®), sans succès. Devant l’aggravation des signes physiques et fonctionnels, l’animal est référé. EXAMEN CLINIQUE GÉNÉRAL ET OCULAIRE L’animal ne présente aucune anomalie des grandes fonctions à l’examen clinique général. L’examen de l’œil droit ne montre aucune anomalie notable. ● L’examen de l’œil gauche met en évidence une forte douleur oculaire avec blépha● RUBRIQUE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 178 - JANVIER / MARS 2008 1 Lésion cornéenne nummulaire jaunâtre ; noter le myosis serré, l’œdème cornéen. 50 2 Infiltrat de cornée à mi-stroma, vu en coupe ; noter le cercle périkératique (photos service d’ophtalmologie de l’E.N.V.T.). rospasme, épiphora et photophobie marqués. ● Des blocs sensitifs et moteurs sont effectués à l’aide de lidocaïne (Xylocaïne 2 %®*). Ils sont complétés par une anesthésie locale au chlorhydrate d’oxybuprocaïne (Cébésine®*) et par une sédation (détomidine : Domosedan®). ● L’examen oculaire montre un myosis serré (contraction paroxystique de la pupille), un œdème cornéen, un hypopion, ainsi qu’un infiltrat stromal profond associé à un cercle périkératique sévère (néovascularisation cornéenne profonde) (photos 1, 2, 3). Le test à la fluorescéine est négatif. DIAGNOSTIC Diagnostic différentiel ● La mise en évidence d’un infiltrat stromal, associé à une uvéite antérieure (hypopion, myosis, œdème cornéen), peut indiquer [10] : - un abcès cornéen ; - une kératoconjonctivite éosinophilique ;