Il fallut toutefois attendre 1940 pour que se produise la percée menant à
l'exploration du monde de ces noyaux transuraniens. En bombardant de
l'uranium 238 avec des neutrons au Berkeley Radiation Laboratory (que l'on
n'appelait pas encore Lawrence Berkeley National Laboratory, ou LBNL) de
l'université de Californie à Berkeley, Edwin McMillan et Philip Abelson
produisent l'isotope 239 du neptunium, d'une demi-vie de 2,4 jours. De 1945 à
1974, les équipes menées par Edwin McMillan, Glenn Seaborg et Albert
Ghiorso vont créer au LBNL de nouveaux isotopes d'éléments superlourds.
La relève sera prise par le JINR (Joint Institute for Nuclear Research), un centre
de recherche international de physique nucléaire situé à Doubna, en Russie,
dans l'oblast de Moscou et enfin par le LLNL (Lawrence Livermore National
Laboratory). Ils utiliseront des ions lourds.
Le LLNL et le JINR n'ont cessé par la suite et jusqu'à nos jours de tenter de
créer de nouveaux transuraniens, et avec succès. Est aussi rentré dans la
course le célèbre laboratoire japonais Riken, plus précisément sa
division Nishina Center for Accelerator-Based Science. Des membres de cette
division, menés par Kosuke Morita, ont ainsi annoncé en 2004 avoir obtenu
l'élément 113 en bombardant des noyaux de bismuth avec des ions de zinc.
Le nouvel élément avait été baptisé temporairementununtrium.
De nouveaux transuraniens pour une période du tableau des éléments
Des chercheurs du JINR et du LLNL vont aussi faire sa découverte la même
année. Les deux équipes, qui collaborent, ont poursuivi leur quête et découvert
les éléments 115, 117 et 118, baptisés
respectivementununpentium, ununseptium et ununoctium. L'IUPAC (Union
internationale de chimie pure et appliquée) a finalement annoncé ce 30
décembre 2015 qu'elle validait l'existence de ces éléments et qu'elle autorisait
les membres des laboratoires japonais, russes et états-uniens à donner des
noms spécifiques à ces nouveaux éléments. Selon la tradition, il peut faire
référence à un concept mythologique, un minéral, un lieu ou pays, une
propriété ou encore un scientifique. En 2012, l'IUPAC avait ainsi définitivement
attribué le nom de livermorium (anciennement ununhexium) à l'élément
chimique de numéro atomique 116 qui, comme son nom l'indique, avait été
découvert au LLNL.
L'élément 113 sera nommé par les chercheurs japonais. Les trois autres par les
chercheurs russes et états-uniens. Remarquablement, la dernière période du
tableau de Mendeleïev est désormais complète. On spécule depuis les années
1960 sur l'existence d'une huitième période et même d'un groupe de noyaux
très lourds qui ne seraient plus instables contrairement aux transuraniens
actuellement connus.