A B S T R A C T S Échocardiographie de stress sous ergonovine et diagnostic d’angor spastique Classiquement, le spasme coronaire est authentifié de manière invasive par un test à l’ergonovine pratiqué lors de la coronarographie. L’échocardiographie sous ergonovine permet-elle aussi d’établir le diagnostic d’angor spastique de façon sûre et fiable ? Cette étude rétrospective regroupe 1 372 patients explorés le plus souvent pour douleurs thoraciques, indemnes de sténoses coronaires à la coronarographie, ou présentant des épreuves d’effort négatives. Ils ont eu une échocardiographie sous ergonovine entre juillet 1991 et décembre 1997. L’examen a été arrêté prématurément pour 13 patients (0,9 %) en raison d’effets secondaires non ischémiques. Pour les 1 359 patients restants, 421 (31 %) ont eu un test positif : 412 ont développé une anomalie de la cinétique segmentaire en échocardiographie, et 9 ont présenté une positivité électrique isolée avec modifications du segment ST. Des troubles du rythme ou de la conduction sont survenus pour 26 patients (1,9 %), dont 2 tachycardies ventriculaires et 4 blocs auriculo-ventriculaires, tous régressifs sous nitroglycérine. Il n’y a pas eu de décès ou de constitution d’infarctus du myocarde. En comparaison avec les résultats coronarographiques de 218 patients, les sensibilité et spécificité de l’échocardiographie sous ergonovine pour le diagnostic de spasme coronaire sont respectivement de 93 % et 91%. La précision diagnostique est de 93 %. Dans la pratique des auteurs, l’échocardiographie sous ergonovine a pro- gressivement supplanté la coronarographie avec test de provocation et a été réalisée chez 453 patients externes avec une sécurité identique à celle dont bénéficient les hospitalisés. Conclusion. Cette étude rétrospective et monocentrique (Séoul) constate la faisabilité, la bonne tolérance et la précision diagnostique satisfaisante de l’échocardiographie sous ergonovine pour effectuer le diagnostic de spasme coronaire. Cette exploration est proposée ici comme une alternative non invasive à la coronarographie complétée par un test de provocation, autorisant une surveillance plus facile des patients, et pouvant être réalisée en externe. À noter que la majorité des patients explorés n’ont pas eu de coronarographie préalable assurant l’absence de sténoses coronaires, mais une épreuve d’effort négative éliminant pour les auteurs une lésion coronaire significative fixée. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Safety and clinical impact of ergonovine stress echocardiography for diagnosis of coronary vasospasm. Song JK, Park SW, Kang DH et al. ● J Am Coll Cardiol 2000 ; 35 : 1850-6. Les articles publiés dans “La Lettre du Cardiologue” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © mai1983 - EDIMARK S.A. Imprimé en France - Differdange S.A. - 95110 Sannois Dépôt légal 4e trimestre 2000 28 La Lettre du Cardiologue - n° 339 - novembre 2000 A B S T R A C T S Savoir dépister une coronaropathie sévère derrière une scintigraphie myocardique ne montrant qu’un territoire hypofixant Peu de lésions tritronculaires ou du tronc commun (3V-TC) échappent à la sensibilité de la scintigraphie myocardique de stress, mais il n’y en a guère que 29 à 39 % pour provoquer des défects de fixation dans trois territoires distincts, et une proportion non négligeable n’est responsable que d’un seul défect scintigraphique. Dans la mesure où la majorité des patients présentant un seul défect sont considérés comme à faible risque et relevant a priori d’un traitement médical (au moins aux ÉtatsUnis), il est important, devant cet aspect scintigraphique, de repérer d’autres éléments qui font craindre des lésions plus diffuses invitant à poursuivre les investigations en vue d’une éventuelle revascularisation. Le but de ce travail, qui nous vient de la Mayo Clinic, est d’établir un modèle basé sur des variables cliniques et ergométriques permettant de soupçonner la présence de lésions 3V-TC malgré la présence d’un seul défect sur la scintigraphie myocardique au thallium d’effort. 1. La mise au point du modèle a été faite sur une première cohorte de 264 patients explorés par scintigraphie d’effort et coronarographie dans un délai de 6 mois. Soixante-huit patients présentaient des lésions 3V-TC à la coronarographie (5 TC isolés, 49 tritronculaires et 14 associant 3V et TC), et les prévalences de lésions bitronculaires, monotronculaires ou de coronarographie normale étaient respectivement de 30 %, 27 % et 17 %. L’analyse univariée montre que les patients avec 3V-TC sont de façon significative plus fréquemment diabétiques, hypertendus ou porteurs d’un angor typique. Lors de l’épreuve d’effort, ils présentent un sous-décalage du segment ST plus marqué, atteignent une FC moins haute et élèvent moins leur pression artérielle systolique, donc leur double produit TA x FC. L’analyse multivariée fait ressortir quatre variables prédictives de façon indépendante : l’amplitude du sous-décalage de ST, le double produit, la présence d’un diabète et celle d’une hypertension artérielle. On relèvera que ni la dilatation du VG, ni la fixation pulmonaire accrue du thallium, ni enfin l’étendue de l’hypofixation (dans la limite imposée d’un seul territoire) ne sont prédictives de lésions 3V-TC. La valeur du Chi 2 pour l’ensemble du modèle est de 23,7, les valeurs pour chaque paramètre étant listées au tableau I. À partir de ce modèle, les auteurs ont défini trois groupes de risque : faible (< 15 %), intermédiaire (15 à 35 %) et élevé (> 35 %) et établi des monogrammes permettant d’estiTableau I. Analyse multivariée : poids respectifs des quatre paramètres prédictifs de lésions coronaires sévères (3V-TC). Amplitude du sous-décalage de ST Valeur du double produit TA x FC Présence d’un diabète Présence d’une HTA Chi 2 Coefficient p 9,78 7,62 4,37 2,77 0,32 - 0,00007 0,5633 0,5066 0,002 0,006 0,037 0,096 La Lettre du Cardiologue - n° 339 - novembre 2000 mer dans quel groupe se situe un patient donné (figure 1). Il est important de noter qu’un patient à la fois diabétique et hypertendu présente d’emblée un risque au moins intermédiaire. Figure 1. Probabilité d’atteinte tritronculaire ou du tronc commun par les patients A sans diabète ni hypertension (HTA), B avec HTA, C avec diabète, D avec diabète et HTA. 2. Évaluation de la pertinence du modèle. Pour éviter un biais de recrutement évident, l’évaluation du modèle a été conduite sur une deuxième cohorte de 449 patients présentant tous un défect isolé à la scintigraphie, explorés ou non par coronarographie. La comparaison des deux populations montre que cette deuxième cohorte est légèrement “moins malade” que la première. Tous ces patients ont été suivis en moyenne 7 ans (19 jours à 11,5 ans), le suivi le plus court en dehors de la survenue d’un événement cible étant de 5 ans. La survie à 8 ans dans les groupes à faible risque, risque intermédiaire ou élevé est respectivement de 89 %, 73 % et 75 % (p < 0,001). La lecture du tableau II appelle deux commentaires : 1. Comme souvent avec ce genre de modèle, le groupe classé à risque “intermédiaire” (a priori le moins informatif) est prédominant et regroupe plus de la moitié de la population ; 2. la stratification du risque apportée par ce modèle porte surtout sur la nécessité de revascularisation tardive, peu sur les décès d’origine cardiaque et pas du tout sur la survenue d’infarctus, un événement qui était rare dans la première cohorte (3 %). Tableau II. Fréquence de survenue des principaux événements selon le niveau de risque déterminé par le modèle proposé (durée du suivi moyen : 7 ans). Niveau de risque Décès toutes causes Revascularisation Décès cardiaque Infarctus du myocarde Faible Intermédiaire Élevé n = 150 n = 248 n = 51 12 % 11 % 4% 5% 28 % 16 % 10 % 3% 24 % 27 % 6% 0% Total n = 449 22 % (99) 15 % (69) 8 % (34) 3 % (14) 23 A B S T R A C T S Conclusion 1. Dans un quart des cas environ (26 % dans cette étude), une coronaropathie sévère, intéressant soit les trois vaisseaux soit le tronc commun, ne se traduit que par un défect unique sur la scintigraphie myocardique d’effort. 2. Devant cet aspect scintigraphique, le modèle proposé permet, à partir de variables cliniques simples (présence d’une HTA ou d’un diabète) et de variables ergométriques (intensité du sousdécalage de ST et valeur du double produit), d’individualiser une population susceptible de présenter des lésions sévères justifiant une prise en charge plus agressive en raison d’un risque “intermédiaire” ou “élevé”. P. Pézard, unité de cardiologie nucléaire, CHU Angers Identification of severe coronary artery disease in patients with a single abnormal coronary territory on exercise thallium301 imaging. The importance of clinical and exercise variables. Kwob JMF, Christian TF, Miller TD, Hodge DO, Gibbons RJ ● J Am Coll Cardiol 2000 ; 35 : 335-44 (30 références). Évolution clinique à court terme des embolies pulmonaires avec surcharge ventriculaire droite en échographie sans collapsus Point du sujet. Le bénéfice du traitement fibrinolytique chez les patients ayant une embolie pulmonaire (EP) avec surcharge échocardiographique du ventricule droit sans hypotension artérielle a été suggéré, mais n’est pas formellement démontré actuellement. But. Le but de cette étude a été de préciser la prévalence et le pronostic à court terme des patients ayant une EP documentée sans hypotension artérielle, mais avec surcharge du ventricule droit en échographie. Patients et méthodes. L’étude a porté sur 209 patients ayant une EP prouvée par scintigraphie (145 patients), scanner (31 patients), angiographie (29 patients) ou autopsie (4 patients). L’échocardiogramme a été réalisé dans l’heure suivant l’admission, et une surcharge ventriculaire droite a été retenue devant l’un des trois signes suivants : dilatation du ventricule droit, cinétique septale paradoxale, ou hypertension artérielle pulmonaire. Résultats. Une surcharge ventriculaire droite était présente dans 53 % des cas en échographie (110 patients sur 209). Les patients ont été classés en quatre groupes : patients avec état de choc (28 patients), patients avec hypotension artérielle sans état de choc (19 patients), patients normotendus avec surcharge ventriculaire droite (65 patients) et patients normotendus sans surcharge ventriculaire droite (97 patients). Un traitement fibrinolytique a été administré à 34 patients, et une complication hémorragique grave est survenue sous traitement chez 2 de ces patients. Il y a eu 13 décès rapportés à l’EP durant l’hospitalisation, et 11 de ces 13 décès sont survenus chez des patients non fibrinolysés. La mortalité hospitalière était de 32 % en cas d’état de choc (9 patients sur 28), de 5 % en cas d’hypotension artérielle (1 patient sur 19), de 5 % chez les patients normotendus avec surcharge ventriculaire droite (3 patients sur 65) ; et elle était nulle 24 chez les patients normotendus sans surcharge ventriculaire droite. Dans le groupe des 65 patients normotendus avec surcharge ventriculaire droite, 5 % sont décédés (3 patients), et 5 % ont eu une aggravation secondaire nécessitant une fibrinolyse (3 patients). Conclusion. Une surcharge ventriculaire droite sans hypotension artérielle a été retrouvée chez 31 % des patients ayant une EP dans cette étude, avec 5 % de décès et 5 % d’aggravations secondaires nécessitant une fibrinolyse dans ce sous-groupe. La mortalité était nulle en l’absence de surcharge ventriculaire droite chez les patients normotendus, ce qui souligne l’excellente valeur prédictive négative de l’échographie concernant la mortalité (100 %). La valeur prédictive positive d’une surcharge ventriculaire droite concernant la mortalité n’était en revanche que de 5 % chez les patients normotendus, ce qui, selon les auteurs, est trop faible pour envisager un traitement fibrinolytique systématique chez tous les patients normotendus avec surcharge ventriculaire droite. En l’absence d’essai prospectif randomisé actuellement disponible, les auteurs suggèrent d’envisager une fibrinolyse immédiate dans ce sous-groupe en cas de faible risque hémorragique, et de réserver la fibrinolyse aux patients ayant une aggravation secondaire en cas de risque hémorragique ou d’âge avancé. B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil Short-term clinical outcome of patients with acute pulmonary embolism, normal blood pressure, and echocardiographic right ventricular dysfunction. Grifoni S, Olivotto I, Cecchini P et al. Circulation 2000 ; 101 : 2817-22. La Lettre du Cardiologue - n° 339 - novembre 2000 A B S T R A C T S Scintigraphie myocardique et épreuves de stress : l’épreuve d’effort et le test au dipyridamole ne sont pas interchangeables Il est établi que les performances diagnostiques de la scintigraphie myocardique sont identiques, que celle-ci soit pratiquée après une épreuve d’effort ou après un test au dipyridamole. En pratique, il est donc légitime de recourir à l’épreuve pharmacologique chez les patients incapables de réaliser une épreuve d’effort suffisante. Cependant, affirmer que les deux types d’épreuves sont aussi performants pour démasquer une ischémie ne veut pas dire qu’ils sont équivalents pour apprécier son étendue et/ou intensité ; c’est tout l’intérêt de ce travail de l’équipe de Nancy que d’avoir comparé ces deux épreuves sur une même population afin d’en étudier, et si possible d’en expliquer, les différences éventuelles. Méthode. Quarante patients (dont 38 hommes), très fortement suspects d’ischémie myocardique, car ils présentaient une épreuve d’effort positive cliniquement et/ou à l’ECG (sous-décalage de ST > 2 mm), ont été étudiés successivement par deux scintigraphies : l’une après effort, l’autre sous dipyridamole (0,56 mg/kg en 4 mn). L’étendue (selon 20 segments) et l’intensité (sur 4 niveaux) de l’ischémie révélée par ces deux scintigraphies ont été quantifiées par deux observateurs. Les auteurs ont ensuite recherché quels facteurs issus des données de l’épreuve d’effort ou de la coronarographie (pratiquée dans 88 % des cas) pourraient rendre compte des différences observées. Résultats. L’étendue des défects scintigraphiques n’est identique que chez 11 patients (28 %). Dans 18 cas, l’ischémie apparaît plus étendue sur la scintigraphie faite après effort (la différence correspondant en moyenne à 12 ± 5 % du ventricule gauche [VG] mais pouvant atteindre jusqu’à 35 % de celui-ci) et, dans 11 cas, sur la scintigraphie faite après dipyridamole (avec une différence de 15 ± 11 % du VG) (figure 1). Les facteurs prédictifs les plus puissants des différences observées entre les deux examens sont : – l’augmentation de la FC observée lors de l’épreuve d’effort, l’étendue des défects n’étant jamais moins importante après effort qu’après dipyridamole chez les patients dont la fréquence s’est accrue d’au moins 60 battements/mn ; – la présence de territoires ischémiques sous la dépendance d’une sténose coronaire < 70 % ; ceux-là s’accompagnant toujours d’une hypofixation après effort, mais dans 30 % des cas seulement après dipyridamole (figure 2). Figure 2. Présence de territoires ischémiques sous la dépendance d’une sténose coronaire. Figure 1. Étendue des défects réversibles (en pourcentage de la surface ventriculaire gauche). La Lettre du Cardiologue - n° 339 - novembre 2000 Discussion. Les auteurs développent essentiellement trois argumentaires. 1. Une épreuve d’effort dite “significative”, car obtenant une FC maximale dépassant 85 % de la valeur prédite, n’est pas le gage d’une épreuve plus performante que le test au dipyridamole chez les patients dont la FC de repos est élevée. L’accélération en valeur absolue de la FC importe autant, sinon plus, que la FC maximale finalement atteinte. En effet, elle conditionne l’augmentation du flux coronaire total (Holmberg et al., Acta Med Scand 1971 ; 190 : 465-80), et probablement l’augmentation des gradients de flux entre les territoires sains et ceux qui sont sous la dépendance d’une sténose. 2. La scintigraphie après effort démasque mieux les ischémies sous la dépendance d’une sténose modérée, inférieure à 70 %. 25 A B S T R A C T S Cela pourrait être expliqué par le fait que l’effort (et non le dipyridamole) provoque une augmentation paradoxale des résistances sur les vaisseaux sténosés, comme cela a été mis en évidence lors de coronarographies faites à l’effort. Gage et al. ont pu ainsi observer qu’un effort minime s’accompagnait d’une réduction de calibre de 30 % des artères sténosées, alors que les artères saines présentaient une vasodilatation de l’ordre de 20 % (Circulation 1986 ; 73 : 865-76). 3. Les informations pronostiques fournies par la scintigraphie myocardique, réputées de premier plan, reposent sur des critères tels que l’absence d’hypofixation ou l’étendue des hypofixations, validés sur des populations explorées par épreuve d’effort. Ce travail montre qu’il serait probablement abusif de les extrapoler aux scintigraphies faites après dipyridamole. Remarques. Ce travail est particulièrement bienvenu pour rappeler que ces deux tests agissent par des mécanismes différents (seul l’effort augmente les besoins en O2 myocardiques) et qu’il est donc logique qu’ils divergent quant à l’appréciation de l’étendue de l’ischémie. Le fait qu’une “bonne” épreuve d’effort soit celle qui provoque une réelle accélération de la FC, incite à conseiller (une fois de plus...) d’interrompre les bêtabloquants ou autres traitements chrono-freinateurs, mais peut-être également à différer l’exploration si le patient présente un syndrome de sevrage aigu. D’un autre côté, peut-être faudra-t-il, chez un pluritronculaire, privilégier le test au dipyridamole si l’on souhaite déterminer l’étendue des territoires sous la dépendance des seules sténoses sévères. Enfin, ce travail conduit à s’interroger sur la signification des défects scintigraphiques observés après épreuve mixte dipyridamole-effort. P. Pézard, unité de cardiologie nucléaire, CHU Angers Dipyridamole and exercise SPET provide different estimates of myocardial ischaemic areas : role of the severity of coronary stenoses and of the increase in heart rate during exercise. David N, Marie PY, Angioi M et al. ● Eur J Nucl Med 2000 ; 27 : 788-99. Évaluation du diltiazem lors d’infarctus du myocarde thrombolysés À la suite des résultats favorables obtenus sous diltiazem lors d’infarctus du myocarde non Q (Diltiazem Reinfarction Study), cette étude prospective, multicentrique, randomisée en double aveugle contre placebo, a évalué l’intérêt d’un traitement par diltiazem (300 mg/jour en une prise) en présence d’infarctus du myocarde (IDM) indemnes d’insuffisance cardiaque congestive et thrombolysés à la phase aiguë. Parmi les 874 patients enrôlés, 430 ont été randomisés sous diltiazem prescrit à partir des 36-96 heures du début de l’IDM sur une durée totale de six mois, et 444 ont reçu un placebo. Le critère de jugement principal est la survenue d’un des événements suivants : décès cardiaque, récidive d’IDM non fatal, ischémie myocardique réfractaire. En second lieu ont été analysées les complications cardiaques non fatales suivantes : récidives d’IDM non fatal associées soit aux ischémies myocardiques réfractaires, soit à tout événement ischémique myocardique, soit au recours à une revascularisation myocardique. Concernant le critère de jugement principal, 131 événements ont été constatés pour le groupe placebo contre 97 pour le groupe diltiazem (hazard ratio = 0,79 ; p = 0,07). Pour les complications cardiaques non fatales, on observe un résultat favorable pour les patients traités par diltiazem, particulièrement marqué pour le recours à la revascularisation myocardique, réduit de 42% sous diltiazem (hazard ratio = 0,61 ; p = 0,03). Conclusion. L’étude INTERCEPT pose à nouveau la question de la place des calcium-bloqueurs dans le cadre de la prévention secondaire post-IDM, et peut être considérée à nouveau comme négative en termes de critère de jugement principal. 26 Pour cette population de patients indemnes d’insuffisance cardiaque congestive et fibrinolysés à la phase aiguë, le diltiazem prescrit à partir de la 36e heure du début de l’IDM ne diminue pas significativement le risque de survenue de décès cardiaque ou de récidive d’IDM non fatal ou d’ischémie myocardique réfractaire sur un suivi de six mois. Ce résultat négatif tient sans doute à une faible mortalité globale (1,5 %), probablement en rapport avec l’exclusion des patients en insuffisance cardiaque, et avec un faible nombre de sujets ayant des antécédents d’IDM préalable (3 % pour le diltiazem, 2 % pour le groupe placebo). Cependant, le traitement par diltiazem réduit les complications cardiaques non fatales, en particulier le recours à une revascularisation myocardique (angioplastie coronaire ou pontage aortocoronaire), motivé par des récidives ischémiques myocardiques. Les résultats obtenus sous diltiazem sont indépendants du bêtablocage (45 patients du groupe diltiazem étaient également sous bêtabloquants). C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Diltiazem in acute myocardial infarction treated with thrombolytic agents : a randomised placebo-controlled trial. Boden WE, Van Gilst WH, Scheldewaert RG et al. for the INcomplete infarction Trial of European Research Collaborators Evaluating Prognosis post-Thrombolysis (INTERCEPT) ● Lancet 2000 ; 355 : 1751-6. La Lettre du Cardiologue - n° 339 - novembre 2000