Compte rendu colloque

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Compte rendu colloque
Le 22 Janvier dernier avait lieu le 5ème colloque du collège d’experts SEIQA à
la FFB (Fédération Française du bâtiment) que nous remercions
chaleureusement pour leur accueil.
Nous tenions également à remercier l’ADEME pour son partenariat cette
année qui nous a permis d’inviter gracieusement certains étudiants issus des
domaines de la santé et de l’environnement.
Des interventions riches et variées nous été proposées par des professionnels
de la santé et de l’environnement.
Nous avions pour cette 5ème édition l’honneur d’accueillir Madame Corinne
Lepage, ex-ministre de l’écologie pour introduire ce colloque.
Mme Corinne Lepage nous a expliqué que nous sommes face à plusieurs
difficultés :
La première :
Ø La santé en terme de budget n’est pas un sujet prioritaire
Ø Elle insiste cependant sur le fait que la qualité de l’air est un sujet
important, mais qu’il faut tenir compte des contraintes de l’activité
économique du pays : il faut trouver la juste adéquation entre les deux.
La deuxième :
Ø iI faut avoir une approche globale sur le sujet, il ne faut en aucun cas
se focaliser sur un seul sujet et laisser à l’écart les autres problématiques
qui peuvent amener certaines décisions à avoir des conséquences
lourdes. Il est une nécessité de travailler sur la question climatique mais
également sur la question sanitaire.
Après avoir exposé ces deux difficultés, Madame Corinne Lepage nous a fait
une analyse de la situation actuelle et en a conclu les points suivants :
Ø Il existe des problèmes considérables sur la qualité de l’air intérieur
notamment à cause des produits ménagers utilisés quotidiennement
mais aussi à cause des activités humaines, des produits cosmétiques,
de décoration par exemple.
Ø Elle insiste également sur l’impact de l’effet cocktail sur la qualité de
l’air.
Voici les solutions qu’elle propose :
Ø La première est d’avoir une réflexion à mener sur la réglementation (un
rapport à d’ailleurs été rédigé et mis en ligne sur
www.acteursdenouveauxmonde.fr où il est possible de le consulter
gratuitement)
Ø La deuxième est d’essayer de changer complétement la
méthodologie des prises de décisions.
Ø Enfin il n’est pas négligeable de réfléchir sur le système de la directive
communautaire. En effet les directives permettent de réfléchir sur les
objectifs et laisser les acteurs d’un pays choisir les moyens d’actions.
Après cette introduction riche en informations et en analyses, nous
avons pu écouter l’intervention de Mr Alain Gazeau , directeur de
Atmo Poitou Charentes sur le sujet suivant :
« L’évolution des concentration des particules dans l’air extérieur en France et
comparaison par rapport aux seuils réglementaires – Exemples d’actions des
AASQA (Association Agréée de Surveillance de la Qualité de l’air) en qualité
de l’air intérieur. »
Lors de cette intervention Monsieur Alain Gazeau, a présenté les différentes
activités de l’Observatoire et les actions que mènent les AASQA.
Les AASQA participent à plusieurs campagnes auprès des collectivités et
programmes de recherche et mènent plusieurs actions dans le domaine de
la qualité de l’air intérieur comme par exemple la mise en place de guides
de bonnes pratiques ou un accompagnement suivi d’une collectivité.
Ces AASQA ont également participé à des programmes de prévention dans
les écoles et crèches mais aussi à un programme de rénovation des
bâtiments en partenariat avec l’ADEME.
Il existe actuellement 550 AASQA en France et leur principal rôle est
d’informer sur la qualité de l’air mais également de surveiller les polluants
réglementés notamment les particules.
Une étude montre d’ailleurs que les émissions de PM10 ont bien diminué ces
dernières années mais restent quand même présentes alors que 50
microgrammes est la limite autorisée de PM10 en France et est dépassé dans
5 stations de recueil.
Il existe 2 types de stations :
Ø Les stations de fond : qui permettent de mesurer la quantité moyenne
de poussières que l’on respire
Ø Les stations de proximité : qui mesurent la pollution maximale
Selon Mr Gazeau, la problématique des particules reste majeure en France
malgré une évolution positive par rapport à il y a 30 ans.
Pour permettre cette évolution positive plusieurs programmes d’actions ont
été mis en place :
Ø Plan particules
Ø Plan d’urgence pour la qualité de l’air
Ø Plan national de réduction des émissions polluantes
Ø Lorsque les seuils autorisés ont été dépassés les préfectures doivent
mettre en place des réglementations.
Cependant malgré l’évolution positive, il existe encore des risques de
pollution, mais la question reste complexe. En effet la composition des
particules est extrêmement difficile à établir mais il existe de plus en plus de
moyens de les connaître et donc de réduire les risques.
Le Docteur Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’INSERM est
intervenue sur le sujet suivant :
« L’origine des particules à l’intérieur et à l’extérieur des locaux et l’impact de
la pollution particulaire sur la santé. »
Tout d’abord le Dr Annesi-Maesano nous a donné une explication simple de
ce que sont les particules :
« Ce sont des gouttelettes d’eau et des petits solides »
Elle explique également que ce sont des polluants omniprésents et qu’il en
existe 2 types :
Ø Les particules fixes : qui proviennent des volcans mais également de la
désertification qui produisent des poussières
Ø Les particules mobiles : qui proviennent des transports comme les
avions ou les bateaux
Concernant les particules à l’intérieur des locaux, elles sont essentiellement
provoquées par la combustion et la cigarette.
Les deux types d’effets provoqués par la pollution particulaire :
Ø A court terme : symptômes aigus
Ø A long terme : symptômes, effets infra-cliniques, décès
Ces effets dépendent de 3 éléments :
Ø Durée
Ø Intensité
Ø Exposition
Le Dr Annesi-Maesano nous donne par la suite des exemples de résultats
d’études réalisées par l’agence européenne environnement sur l’exposition
de la population à ces particules au niveau mondial. Les résultats montrent
que par exemple en Italie la pollution y est très forte notamment à cause de
sa position géographique, et de sa très forte activité industrielle, dans la
vallée du Pô essentiellement.
Ces résultats montrent également que :
Ø les émissions des transports sont en stagnation dans les pays
industrialisés
Ø 40% des enfants en France sont exposés à une mauvaise qualité de
l’air.
Ø Habiter près d’un axe routier augmente le risque d’asthme
Ø Les particules sont cancérigènes
Après cette intervention animée et pleine d’informations, nous avons eu le
plaisir d’accueillir le docteur Christophe Rafenberg , chercheur associé à
l’INSERM sur le sujet suivant :
« Evaluation a minima du coût de la pollution atmosphérique pour le système
de soins français »
Lors de cette intervention Mr Rafenberg, explique que le but de l’étude est
d’obtenir des coûts :
Ø Tangibles : comptabilité des coûts sanitaires directs et indirects
Ø Intangibles : valeur de la vie et souffrance variables selon les pays
Le problème en France ce sont les coûts tangibles et que pour cette étude
on se focalisera sur ceux-ci.
Il donne ainsi quelques exemples afin que l’on puisse avoir une idée globale
des coûts intangibles :
Ø « La vie d’un français vaut 3 millions d’euros, celle d’un somalien 2300
et celle d’un américain 30 millions de $ »
Il affirme ensuite que le coût de l’asthme est évalué en fonction de la gravité
et du coût de traitement qui est entre 315 millions et 1102,4 millions d’euros. Le
coût total de la morbidité (pneumopathie, bronchite, asthme, cancers)
quant à lui est de 1 à 2 milliards d’euros.
Tous les coûts ne sont pas pris en compte (exemple du coût des AASQA).
Mr Rafenberg revient ensuite sur le but de l’étude et explique que c’est une
nécessité de replacer le patient et sa maladie au centre du débat mais
également d’obtenir des coûts.
Monsieur Stéphane Petitjean, directeur associé Greenflex, est intervenu sur un
aspect fondamental de la prise en charge des patients, quelles sont leurs
attentes dans ce domaine ?
Mr PetitJean fait tout d’abord une rapide analyse de la situation actuelle et
affirme que « de 2004 à 2015, la confiance des français dans l’entreprise a
baissé de 28 points. La santé comme priorité a augmenté de 15 points »
La santé est l’une des préoccupations majeures des français quand ils vont
faire leurs achats. C’est devenu un driver d’achat.
En analysant la situation actuelle il explique aussi que l’engagement vis à vis
du développement durable a baissé et qu’il faut donc adapter son offre à la
demande.
Il explique qu’un marketeur sur 2 estime que sa marque ne sert pas à grand
chose et que les produits ont donc un rôle fondamental à jouer sur l’image
de la marque.
On remarque aussi depuis quelques années l’apparition de nombreux objets
connectés qui sont vus comme une source de progrès par les français.
Nous avons ensuite eu le plaisir d’écouter Monsieur David Bayliss, directeur
Adavansa et le Dr Isabelle Sullerot, membre expert de l’ARCAA sur le sujet
suivant :
« Fibre textile anti-acariens – Processus d’approbation allergènes contrôlés
des fibres traitées Allerban du groupe Advansa »
Mr Bayliss a brièvement présenté la société Advansa en déclarant qu’il y
avait 3 éléments clés au sein de l’entreprise :
Ø Développement durable
Ø Marketing : stratégie qui consiste à communiquer directement avec les
consommateurs
Ø Innovation : mise au point d’une fibre traitée qui empêche le
développement de certaines moisissures, dont les acariens ont besoin
pour se nourrir.
En terme de communication, la société a eu la chance de créer des
partenariats avec des chaines de télé notamment France 5.
Le Dr Isabelle Sullerot, allergologue a participé à l’élaboration du référentiel
et du processus d’approbation « allergènes contrôlés »
Ce référentiel qui doit :
- être transparent vis à vis du consommateur
- assurer une approbation évolutive
- appliquer le principe de précaution
L’attribution du label « allergènes contrôlés »
En effet, il est primordial que l’industriel apporte une information sur les
propriétés physiques des fibres et sur la nature des traitements suivis ainsi que
sur les produits utilisés. L’information doit être claire et une analyse en
laboratoire doit être faite.
Enfin pour la dernière intervention de la matinée, nous avons eu le plaisir
d’écouter le Docteur Isabelle Begon Bagdassarian – Membre expert de
l’Arcaa sur le sujet suivant :
« Présentation du label d’action et conseil – caa – Combattre les acariens et
leurs allergènes »
Lors d’un cocktail nos intervenants et participants ont pu échanger sur des
problématiques communes, ce qui permet toujours d’enrichir les
connaissances de chacun.
Le Docteur Farid Marmouz, membre expert de l’ARCAA est intervenu sur un
sujet moins technique mais tout aussi passionnant :
« La communication motivationnelle et l’aide aux changements de
comportements en santé »
Le Dr Marmouz a commencé son intervention en décrivant notre société
comme étant une société de psychosociologique, il ne faut pas oublier
l’homme car l’objectif reste le patient.
Il explique également que la communication motivationnelle est différente
de la communication classique.
Il donne ensuite des chiffres tirées d’études qui ont été faites au préalable et
affirme que : « 50 à 75% des informations lors d’une consultation sont oubliées
et 50% de l’information est incorrecte ».
La problématique des plaintes des patients provient d’un problème de
communication.
Il est donc nécessaire d’utiliser la communication motivationnelle qui doit
être :
Ø Collaborative : elle doit se faire entre partenaires, il faut que le
dialogue soit équilibré entre le patient et son médecin
Ø Centrée : sur le patient car il est impératif de penser à ses besoins, ses
émotions etc., il faut instaurer une relation équilibrée et sans jugements,
il faut l’accompagner.
La communication motivationnelle exige 3 compétences :
Ø Demander
Ø Ecouter : des études ont montré que si on consacre 3 minutes au
patient sans l’interrompre, cela lui permet de dire tout ce qu’il a à dire
et de le mettre en confiance.
Ø Informer
Ce type de communication est basé sur des stratégies comportementales
: Le médecin doit amener le patient à formuler ses propres arguments et doit
reformuler son message pour pouvoir conclure avec des questions ciblées.
Le Dr Farid Marmouz insiste sur le fait que l’information doit être proposée et
non imposée, elle doit être également simple et concise ( 3 infos maximum )
et être factuelle.
Madame Martine OTT, présidente de l’association des CMEI nous a apporté
toutes les informations à connaître sur son métier :
« Conseillers médicaux en environnement intérieur – rappel, historique,
validation, développement »
Pour introduire son intervention Madame Martine Ott nous explique qu’une
consultation à domicile permet une meilleure information et un taux moins
élevé des allergènes.
Elle détaille ensuite les différentes missions du CMEI qui sont les suivantes :
Ø Aller au domicile et faire un audit afin d’analyser l’environnement dans
lequel vivent les patients
Ø Il faut s’intéresser à l’autre
Ø Informer et former les patients aux gestes à adopter
Un exemple issu d’études faites dans des centaines de logements : près de
60% d’entre eux présentent des moisissures visibles.
Le fonctionnement habituel des CMEI est le rattachement à des hôpitaux ou
à des laboratoires d’hygiènes, éventuellement des ARS.
Ce métier est à développer, car il permet une meilleure approche de
l’environnement du patient et l’apport de solutions concrètes.
Monsieur Axel Ballion, gérant de la société Venteo est intervenu sur le thème
suivant :
« Maintenance et hygiène des systèmes de ventilation : impact sur la qualité
de l’air intérieur et solutions d’amélioration »
Mr Axel Baillion, explique que la société Venteo souhaite aujourd’hui faire un
lien des deux notions et avoir une approche globale des bâtiments et leurs
finalité (hébergement des personnes de façon professionnelle ou privée).
Il insiste également sur l’impact de la ventilation sur la qualité de l’air intérieur
et que celle-ci est aujourd’hui l’un des « rempart majeurs ».
Pour clôturer les interventions de ce 5ème colloque du collège d’experts
SEIQA, nous avons eu le plaisir d’écouter Monsieur Olivier Robinot, Directeur
de la promotion et des grands projets France Air sur le sujet suivant :
« La performance énergétique est-elle compatible avec la qualité d’air
intérieur ? »
« Peut-on combiner confort et économie d’énergie ? » La réponse est simple :
Les moyens de contrôle d’une installation de ventilation ne sont pas aisés
mais il y a du progrès.
En ce qui concerne la qualité de l’air intérieur Mr Robinot explique qu’en ce
qui concerne la ventilation et la filtration : seuls les systèmes double flux
permettent un traitement de l’air extérieur.
Cependant, il reste encore des efforts à faire y compris dans la mise en
œuvre de ces installations, leur entretien, souvent réalisés par des non
professionnels, sans oublier le parc immobilier ancien qui est beaucoup plus
vaste que le neuf, et qui ne possède pas ce type de ventilation.
En conclusion : une journée riche en enseignements, variée dans les sujets, les
intervenants et les auditeurs: médecins, chercheurs, professionnels du
bâtiment, de la communication et du marketing, de l’environnement,
industriels, journalistes, étudiants….
Nous souhaitons que ces échanges inter professionnels fassent évoluer dans
le bons sens la prise de conscience de chacun que l’air que nous respirons
est un élément primordial de notre bien-être et de notre santé.
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