Comme pour les autres cancers gynécologiques,
d’autres facteurs de risque n’ont pas été retrou-
vés. Cependant, une absence de grossesse, une
première grossesse tardive, une puberté précoce
ou une ménopause tardive ont été constatées.
En revanche, la prise d’estroprogestatifs dimi-
nue de 50 % les risques de tumeurs malignes
ovariennes. La préexistence de kystes, de tu-
meurs bénignes n’est, en aucun cas, un facteur
de risque de cancer.
Diagnostic
Aucun signe d’appel n’est vraiment pathogno-
monique, si bien que la découverte du cancer
est souvent fortuite. Sinon, les signes sont sou-
vent indirects et tardifs : que ce soit une consti-
pation d’apparition récente, des douleurs abdo-
minopelviennes tenaces et localisées ou encore
la palpation d’une masse par la patiente ou son
médecin. Une détection fortuite radiologique
ou clinique est le mode de découverte le plus
fréquent. Une masse ovarienne étant perçue, il
convient alors d’en déterminer la nature : l’as-
pect échographique peut révéler l’existence de
végétations avec un aspect non homogène au
niveau de la paroi, végétations qui sont autant
d’éléments suspects. Un taux élevé de CA 125
(carcinome antigène, cf. encadré) est aussi un
signe défavorable. Le diagnostic est assuré par
le scanner mais surtout par l’analyse anatomo-
pathologique.
Facteurs pronostiques
En cas de découverte à un stade localisé unique-
ment à l’ovaire, lorsque la prolifération n’enva-
hit pas la capsule (stade Ia), le pronostic est
bon. Il est fondé sur une exérèse chirurgicale
curative. Si un organe voisin (trompe ou utérus)
est atteint (stade IIa), le pronostic, toujours
fondé sur l’exérèse chirurgicale, dépend de la
nature cellulaire de la tumeur, surtout de sa dif-
férenciation. En cas de formes étendues, on
parle : dans le pelvis, de stade IIb ; au péritoine,
de stade III ; aux organes viscéraux, de stade IV.
Malheureusement, la découverte du cancer de
36
Libérale
U
ne femme sur 57 risque d’être atteinte d’un
cancer de l’ovaire. Si la fréquence est
moindre par rapport à d’autres cancers, la gra-
vité de son pronostic est la cause de sa mau-
vaise réputation. Cela se traduit par 115 000 dé-
cès annuels à travers le monde et, en France,
plus de 3 000 décès sur 5 000 cas sont recensés
annuellement. C’est la première cause de morta-
lité des cancers gynécologiques.
Physiopathologie
Le tissu ovarien est formé de plusieurs types de
cellules : celles qui assurent le tissu de soutien,
celles responsables des sécrétions hormonales
sexuelles, et, enfin, celles qui constituent l’ar-
chitecture des ovocytes et des follicules.
Ce tissu complexe est rarement le siège des tu-
meurs. En revanche, l’épithélium, dont le rôle
est essentiellement protecteur, est l’organe cible
par excellence. Composés de plusieurs types de
cellules, il est le point de départ des adénocarci-
nomes. Le plus fréquent est le type séropapil-
laire puis les types mucineux, endométrioïde ou
indifférencié.
Facteurs de risque
Si le facteur génétique existe, il est plutôt rare
(seulement 5 % des cas environ). Cependant,
on retrouve des familles présentant une muta-
tion génétique des chromosomes 17 et/ou 13 et
une même mutation génétique portant sur le
gène BRCA1 que pour le cancer du sein. Les
femmes porteuses de ce gène présentent 45 %
de risques d’être atteintes d’un cancer de
l’ovaire mais plus encore d’un cancer du sein.
Le gène BRCA2 jouerait, lui, un rôle moins im-
portant bien que non négligeable.
La découverte de ces gènes chez une femme
pose la question de l’attitude à adopter : l’atti-
tude minimale est une surveillance particulière-
ment attentive alors que l’extrême intervention-
nisme est fondé sur l’exérèse pure et simple des
deux seins et des deux ovaires. Cette dernière
n’évite cependant que 90 % des cancers des
seins et ovaires confondus.
Le bon diagnostic du cancer de l’ovaire est difficile et souvent
tardif. Dépisté à un stade avancé, son pronostic est sombre pour
la patiente. Des progrès thérapeutiques laissent cependant
espérer une amélioration.
Cancer de l’ovaire
Un diagnostic trop souvent tardif
Professions Santé Infirmier Infirmière - No43 - janvier-février 2003
l’ovaire se fait à ces derniers stades (plus de
70 % des cas). Le pronostic est alors fondé sur
la taille de la tumeur, le nombre et la localisa-
tion des extensions tumorales.
Traitement
Pour les formes localisées essentiellement, la
chirurgie s’exerce sur l’ensemble de l’appareil
gynécologique, sauf si la patiente exprime une
volonté contraire.
Dans les formes étendues, la chirurgie sert à di-
minuer la taille de l’atteinte. Elle est remplacée
ou plus souvent complétée par une chimiothé-
rapie comprenant une association paclitaxel +
cisplatine ou cyclophosphamide + cisplatine.
L’utilisation du cisplatine demande une réhy-
dratation importante afin de ne pas bloquer la
filtration rénale par des dépôts de platine dans
les tubules rénaux. La réhydratation commen-
cée 12 heures avant le traitement doit se pour-
suivre 12 heures après au moyen d’une solution
riche en sel. Sont ainsi contre-indiqués conco-
mitamment les médicaments augmentant la
diurèse comme les diurétiques et le mannitol.
En dehors du risque rénal, le risque neuro-
toxique du cisplatine est marqué par des pa-
resthésies et des troubles de l’audition. Ces
troubles peuvent s’accentuer même à l’arrêt du
traitement.
Une écoute particulière
Le soutien psychologique est essentiel chez une
femme jeune qui, après hystérectomie, peut
s’estimer amputée.
La reprise des rapports sexuels, par exemple, est
possible un mois après l’intervention. Leur na-
ture ne doit pas changer, seule la procréation est
désormais impossible ; de ce fait, l’aide d’un
psychologue n’est pas inutile. La ménopause
précoce qui résulte de l’opération doit être ex-
pliquée et également prise en charge.
A un stade avancé ou découvert trop tard, le
cancer de l’ovaire est souvent très algique.
Au stade palliatif, il est délicat de doser les an-
talgiques morphiniques car l’une des complica-
tions fréquentes du traitement et de l’évolution
spontanée du cancer est l’occlusion intestinale.
C’est même la principale cause de décès.
L’utilisation d’une règle avec échelle analogique
est souvent une aide importante pour apprécier
la douleur et doser la thérapie.
En cas de rechute
Si une rechute se produit au moins un an après
la fin du traitement, on reprend la chimiothéra-
pie initiale. En cas de rechute précoce, on consi-
dère que la chimiothérapie n’a pas fonctionné et
on doit alors changer de protocole et de classe
thérapeutique.
Les progrès présents et à venir de la chimiothé-
rapie améliorent déjà et amélioreront encore le
pronostic délicat des tumeurs malignes ova-
riennes. La qualité de ce pronostic bute tou-
jours sur le diagnostic tardif.
Jacques Bidart
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No43 - janvier-février 2003
Libérale
CA 125
L’anticorps monoclonal permet de mettre en éviden-
ce un antigène présent dans le tissu épithélial géni-
tal et normalement absent dans le sang, ici libéré
dans le sérum par les cellules tumorales.
Technique et résultats
Le prélèvement porte sur 5 ml de sang sur tube sec.
Le dosage est radio-immunologique ou immuno-
enzymologique.
Les valeurs normales usuelles sont inférieures
à35U/ml.
Un taux de CA 125 normal permet quasiment d’éli-
miner une tumeur maligne de l’ovaire. En revanche,
un taux élevé se rencontre dans des pathologies
gynécologiques, comme une endométriose, des
épanchements péritonéaux et pleuraux bénins, mais
aussi au cours des hépatopathies.
Attention toutefois, un taux de CA 125 peut être
retrouvé normalement élevé au cours du premier tri-
mestre de la grossesse ou lors des règles.
©Catalogne-Joubert/Phanie
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