Les dérivés 19-norstéroïdes ont été largement utilisés dans le
traitement des hyperplasies endométriales, notamment dans les
formes simples. Le progestatif le plus fréquemment préconisé
est l’acétate de médroxyprogestérone. Cependant, il présente
de nombreux effets secondaires dont une augmentation de la
concentration plasmatique de l’insuline, une modification du
lipidogramme, une activité anti-aldostérone, un effet direct sur
le tonus de la paroi artérielle (probablement par le biais de la
production des prostaglandines) et un effet antagoniste de la
NO-synthétase. De plus, l’utilisation prolongée de ce type de
progestatif expose à un risque thrombo-embolique. Sur le plan
clinique, la tolérance est parfois médiocre, avec des céphalées,
des nausées et une sécheresse vaginale. D’autres progestatifs
sont fréquemment utilisés dans la littérature dont l’acétate de
mégestrol et la 17alpha-progestérone.
Le tamoxifène et le danazol ont également été préconisés. Le
tamoxifène conduit à l’augmentation du nombre des récepteurs
à la progestérone, ce qui a incité à l’association du tamoxifène
avec les progestatifs (Randall et al., 1997 ; Kung et al., 1997).
Les analogues du GnRH ont été proposés depuis 1992 du fait
de leur action inhibitrice in vitro sur la croissance de lignées
cellulaires de cancer de l’endomètre (Kullander et al., 1992 ;
Levy et al., 1993) et l’expression de récepteurs au GnRH par
les cellules de cancer de l’endomètre (Emons, 1994). Enfin,
l’efficacité des analogues du GnRH a été prouvée chez des
patientes présentant une récidive de cancer et résistant aux
progestatifs (Gallagher et al., 1991; De Vriese et Bonte,
1993). Les antagoniste du GnRH (triptoreline et cétrorelix) ont
une action anti-proliférative directe in vitro sur les lignées de
cancer de l’endomètre. Peu de données sont actuellement dis-
ponibles sur leur efficacité dans le traitement des hyperplasies
atypiques et le cancer de l’endomètre.
MODALITÉS PRATIQUES DU TRAITEMENT MÉDICAL
DES HYPERPLASIES ATYPIQUES ET DU CANCER
DE L’ENDOMÈTRE
Le traitement médical des hyperplasies atypiques et du cancer
de l’endomètre au stade précoce ne peut être envisagé que
pour des patientes désirant conserver leur potentiel obstétrical.
Il est clair que tous les arguments de bon pronostic des hyper-
plasies atypiques et du cancer de l’endomètre doivent être
réunis. La décision de ce traitement ne peut être prise qu’après
avoir informé la patiente des risques et des limites de ce traite-
ment et avoir obtenu leur consentement éclairé. Le risque de
non-réponse au traitement doit être souligné et faire envisager
une thérapeutique chirurgicale non conservatrice.
Les modalités pratiques comportent une exploration première
de la cavité utérine par une hystéroscopie et un curetage endo-
métrial qui doit intéresser l’intégralité de l’endomètre. Ce pre-
mier temps est suivi d’un traitement qui, pour notre part, com-
porte soit des progestatifs en continu soit des analogues du
GnRH pour une durée d’au moins 3 mois. Un nouveau
contrôle par hystéroscopie est réalisé et comporte systémati-
quement un prélèvement pour un examen histologique. La per-
sistance d’une muqueuse floride à l’hystéroscopie doit
conduire à un nouveau curetage. Selon les résultats anatomo-
pathologiques, la stratégie thérapeutique est définie. Dans le
cas d’une réponse favorable, du fait de la fréquence élevée
d’une infertilité d’origine ovulatoire chez ces patientes, se
pose le problème de l’indication d’une stimulation voire du
recours à une fécondation in vitro. Dans le cas d’une réponse
incomplète, le traitement doit être poursuivi pendant quelques
mois avec un nouveau contrôle hystéroscopique et histolo-
gique. Selon les auteurs, l’absence de réponse après 9 mois ou
12 mois de traitement nécessite une prise en charge chirurgi-
cale.
RÉSULTATS DU TRAITEMENT CONSERVATEUR
Dans la série de Randall (tableau IV), aucune des patientes
traitées pour HA par progestatifs (acétate de mégestrol à la
dose comprise entre 40 et 160 mg/jour) n’a développé d’adé-
nocarcinome. La majorité des patientes (94 %) ont eu une
régression totale de la maladie après un traitement d’une durée
variant entre 3 et 12 mois.
Parmi les patientes ayant un cancer de l’endomètre, 75 % ont
eu une régression complète. Les doses d’acétate de mégestrol
utilisées étaient plus importantes, de 80-400 mg/jour. Le recul
de l’étude était de 40 mois en moyenne.
Dans la série de Perez-Medina (1999), les patientes avaient un
traitement associant les analogues du GnRH et des progesta-
tifs. Cette association ne semblait pas plus efficace que les
progestatifs seuls.
Il n’existe pas de consensus sur les modalités du traitement
médical. En effet, selon les auteurs, les doses préconisées
d’acétate de médroxyprogestérone et de mégestrol varient de
10 à 160 mg/jour. De même, il n’existe pas de consensus sur
l’utilisation séquentielle ou continue des progestatifs. Enfin, la
durée du traitement oscille entre 3 et 24 mois (Ferenczy et al.,
1989 ; Gal et al., 1986 ; Wentz et al., 1985).
D’autres voies d’administration des progestatifs ont été égale-
ment proposées telles que la voie intra-utérine pour le lévonor-
gestrel ou des crèmes vaginales à la progestérone (Affinito et
al., 1994). Les résultats de ces divers traitements sont encoura-
geants pour les hyperplasies simples (86 à 91% de succès),
mais médiocres pour les hyperplasies atypiques (moins de
50 %).
Peu de données sont actuellement disponibles sur l’utilisation
des analogues du GnRH et ne concernent que les hyperplasies
de l’endomètre (tableau V).
DOSSIER
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La Lettre du Gynécologue - n° 266 - novembre 2001
nRégression Persistance Progression Récurrence
Hyperplasie atypique
Perez-Medina, 1999 19 16 (84 %) 1 (5 %) 1 (5 %) 1 (5 %)
Randall, 1997 17 16 (94 %) 1 (6 %) 0 0
Total 36 32 (89 %) 2 (5 %) 1 (2,7 %) 1 (2,7 %)
Cancer de l’endomètre
Randall, 1997 12 9 (75 %) 3 (25 %) 0 0
Sardi, 1998 43 (75 %) 1 (25 %) 0 0
Total 16 12 (75 %) 4 (25 %) 0 0
Tableau IV. Évolution des hyperplasies atypiques et des cancers de
l’endomètre traités par des progestatifs.