La Lettre du Cardiologue - n° 394 - avril 2006
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INFORMATIONS
Les perspectives sont l’adaptation des stratégies de revasculari-
sation aux causes des IC (causes cardio-emboliques, athérome
intracrânien, dissection) et à leur topographie. De nouvelles stra-
tégies doivent être développées en réponse aux impasses de la
thrombolyse i.v. (occlusion persistante, réocclusion, no reflow).
Actuellement, des essais sont en cours, concernant la sélection
des patients par l’IRM (rôle du mismatch, occlusion persistante,
estimation du risque hémorragique) et le développement de nou-
velles stratégies de thrombolyse i.v. (nouveaux thrombolytiques,
thrombolyses i.v. et i.a. combinées, thrombolyse et neuroprotec-
teurs, télémédecine, etc.). Il sera également nécessaire de préci-
ser le rôle de la revascularisation mécanique et des anti-
GPIIb/IIIa.
EUROPA, qui retrouvent une incidence, respectivement, de mala-
die cérébrovasculaire et de maladie coronaire plus élevée, expli-
quée par l’inclusion de patients en prévention secondaire.
Tous les antihypertenseurs sont-ils équivalents ?
Une méta-analyse publiée en 2005 dans Hypertension compare
les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et les inhibiteurs
calciques dans la maladie coronaire. Tout d’abord, quelle que soit
la molécule choisie, une baisse de la pression artérielle systo-
lique de 10 mmHg diminue les prévalences des AVC et des coro-
naropathies de 25 %. À baisse tensionnelle identique, on observe
une diminution de 12 % des coronaropathies en faveur des IEC
et une baisse de 14 % des AVC en faveur des inhibiteurs cal-
ciques.
Dans l’étude VALUE, en prévention primaire chez les patients
hypertendus, le valsartan est moins bénéfique que l’amlodipine en
termes de mortalité par maladie coronaire ou cérébrovasculaire.
L’étude ASCOT, publiée dans le Lancet en 2005, a comparé deux
stratégies antihypertensives (amlodipine ± IEC versus aténolol
± diurétique) chez des patients hypertendus depuis longtemps
avec un équilibre imparfait de leur pression artérielle. L’étude a
été interrompue prématurément en raison d’une différence de
mortalité cardiovasculaire (IDM, AVC, insuffisance cardiaque)
en faveur de l’amlodipine. Cependant, il existe de grandes varia-
bilités entre les deux groupes. Ainsi, dans le groupe amlodipine,
la baisse de la pression artérielle est l’unique facteur de préven-
tion des AVC, alors que le niveau de HDL-cholestérol est le prin-
cipal facteur de prévention des coronaropathies.
Le rôle de la statine a aussi été discuté. Cette classe thérapeu-
tique prévient mieux les coronaropathies que les AVC. Dans
l’étude ASCOT, à baisse tensionnelle égale, l’apport d’atorvas-
tatine 10 mg permet une diminution des coronaropathies et des
AVC, mais pas de l’insuffisance cardiaque. Les résultats selon le
type d’antihypertenseur seront présentés à l’American Heart
Association (AHA). Ainsi, dans la population à haut risque, la
diminution du taux d’événements cardiovasculaires par le trai-
tement antihypertenseur est renforcée par l’apport de l’atorvas-
tatine, avec un taux de 26 % sans traitement, de 16 % sous trai-
tement antihypertenseur et de 11 % sous l’association traitement
antihypertenseur et statine.
LES PROGRÈS EN IMAGERIE CÉRÉBRALE
DES AVC
Les progrès en imagerie cérébrale des AVC ont été développés
par le Dr C. Oppenheim (hôpital Sainte-Anne, Paris).
Devant un déficit neurologique brutal, la démarche diagnostique
initiale conduit à réaliser une imagerie pour différencier l’héma-
tome de l’ischémie artérielle aiguë. L’examen de première inten-
tion le plus souvent choisi est le scanner cérébral. Cette technique
présente des limites marquées par un taux élevé de faux négatifs
(40-50 % pendant les cinq premières heures), une absence de cri-
tères de taille validés, une absence de critères de détection des
signes précoces et une sous-estimation de la zone d’ischémie irré-
versible.
Figure 10. Sélection des patients pour les différentes stratégies de revas-
cularisation par l’IRM.
A.S.B.
PRÉVENTION PRIMAIRE DES INFARCTUS
CÉRÉBRAUX ET MYOCARDIQUES
Le Pr X. Girerd, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, pose la ques-
tion d’une prévention primaire identique dans les infarctus céré-
braux et myocardiques. Il nous rappelle tout d’abord que la pré-
valence de la maladie cardiovasculaire est élevée (28 % pour les
hommes et 37 % pour les femmes), avec une diminution de la
mortalité avant 75 ans entre 1980 et 1995.
Concernant les différents facteurs de risque, l’HTA et l’âge appa-
raissent comme les principaux facteurs communs, avec un rôle
plus important de l’HTA dans la maladie cérébrovasculaire.
En reprenant une étude publiée dans le Lancet en 2002, qui
exploitait une modélisation de la baisse de 20 mmHg de la pres-
sion artérielle systolique, le Pr Girerd nous montre le bénéfice
de la baisse tensionnelle. Celui-ci apparaît majeur dans deux
populations : chez les sujets jeunes avec une cardiopathie isché-
mique et surtout chez ceux avec une maladie cérébrovasculaire.
Les apports sont homogènes quel que soit le type d’AVC, isché-
mique ou hémorragique.
En pratique, la plupart des grands essais (PROGRESS, EUROPA,
ALLHAT, VALUE, ASCOT) étudiant l’incidence de la maladie
coronaire et cérébrovasculaire chez les patients hypertendus trai-
tés ont confirmé l’intérêt de la baisse de la pression artérielle,
avec un bénéfice plus important dans la maladie cérébrovascu-
laire. Une nuance est apportée par les études PROGRESS et