La Lettre du Cardiologue - n° 380 - décembre 2004
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A
BSTRACTS
Faut-il doser le N-terminal BNP (NtBNP) pour les patients
ayant un rétrécissement aortique serré ?
■
Les peptides natriurétiques peuvent-ils nous renseigner
sur le devenir des patients porteurs d’un rétrécissement
aortique (RA) serré ? Les auteurs ont testé deux hypothèses
lors d’une étude prospective : les taux plasmatiques de peptides
natriurétiques prédisent la survie indemne de symptômes, et –
deuxième proposition –, ils prédisent aussi le devenir postopé-
ratoire des patients symptomatiques.
Des dosages de BNP, NtBNP et NtANP ont été réalisés pour
130 patients ayant un RA serré (gradient moyen 64 mmHg et sur-
face 0,64 cm2en moyenne). Quatre-vingt-sept patients étaient
symptomatiques, et quarante-trois asymptomatiques. La fraction
d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) était normale pour tous
les sujets asymptomatiques. Les taux de peptides natriurétiques
augmentaient avec la classe fonctionnelle NYHA, et ils étaient
inversement corrélés à la FEVG. Cependant, des patients asymp-
tomatiques avaient des taux élevés de peptides natriurétiques
(BNP > 100 pg/ml et NtBNP > 50 pmol/l pour 47 % d’entre eux).
Les patients ont été suivis pendant 377 ± 150 jours. Quatorze
patients asymptomatiques sont devenus symptomatiques pendant
le suivi. L’apparition de symptômes est survenue pour les
patients asymptomatiques ayant des taux initiaux plus élevés
de peptides natriurétiques BNP et NtBNP (NtBNP : 131 pmol/l
contre 31 pmol/l pour les patients restant asymptomatiques ;
p < 0,001). La survie indemne de symptômes à 3, 6, 9 et 12 mois
pour les patients ayant un NtBNP < 80 pmol/l a été respective-
ment de 100 %, 88 %, 88 % et 69 %. Pour les patients ayant un
NtBNP ≥80 pmol/l, les chiffres sont de 92 %, 58 %, 35 % et
18 % (p < 0,001). En analyse multivariée, le NtBNP (p < 0,05)
et la FEVG (p < 0,05) représentent les facteurs prédictifs indé-
pendants de l’absence de symptômes pendant le suivi.
Soixante-dix-neuf patients symptomatiques ont eu un rempla-
cement valvulaire aortique : les peptides natriurétiques, la
FEVG, la classe fonctionnelle NYHA constituent les facteurs
préopératoires prédictifs de survie. Les peptides natriurétiques
sont des facteurs prédictifs du statut fonctionnel postopératoire,
et, avec la FEVG préopératoire, des facteurs prédictifs de la
FEVG postopératoire. En analyse multivariée, le NtBNP est le
seul facteur prédictif indépendant du devenir de ces patients
opérés (pour la survie, p < 0,001).
Conclusion. En complément des données cliniques et échocar-
diographiques, les résultats de cette étude confirment, en pré-
sence d’un RA serré, l’intérêt des peptides natriurétiques, et en
particulier du NtBNP, pour le devenir, d’une part, des patients
asymptomatiques et, d’autre part, des patients symptomatiques
opérés.
Le NtBNP prédit ici la survie indemne de symptôme des
patients ayant un RA serré asymptomatique, et le NtBNP
préopératoire est un facteur prédictif indépendant du deve-
nir postopératoire (survie, statut fonctionnel, FEVG) des
patients symptomatiques opérés d’un RA.
Les auteurs proposent un dosage tous les 6 à 9 mois du NtBNP
pour détecter et surveiller particulièrement les candidats à
une chirurgie précoce de remplacement valvulaire aortique
parmi les sujets asymptomatiques : les patients asymptoma-
tiques ayant un taux de NtBNP < 80 pmol/l (et de BNP < 130 pg/l)
ont une faible probabilité de développer des symptômes et de
requérir une intervention lors des 6 à 9 mois suivants (environ
10 %).
Dr C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Natriuretic peptides predict symptom-free survival and post-
operative outcome in severe aortic stenosis.
Bergler-Klein J, Klaar U, Heger M et al.
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Circulation 2004;109:
2302-8.
sence d’un diabète et l’utilisation de diurétique ou de dérivé nitré.
Le genre, la fraction d’éjection (séparée en quartiles) et l’étiolo-
gie n’étaient pas significativement prédictifs du décès. Les fac-
teurs indépendants prédictifs du décès des patients en insuffi-
sance cardiaque avec conservation de la fonction systolique
(analyse multivariée, modèle de Cox) étaient : le niveau de fil-
tration glomérulaire (hazard-ratio [HR] : 1,5 ; IC
95
: 1,35-1,67 ;
p < 0,0001), les classes III et IV de la classification NYHA
(HR : 1,64 ; IC
95
: 1,2-2,18 ; p = 0,0011), le sexe masculin (HR :
1,71 ; IC
95
: 1,26-2,32 ; p = 0,0005), l’âge (HR : 1,28, IC
95
: 1,08-
1,5 ; p = 0,0019).
Conclusion. La dysfonction diastolique est associée à un taux
élevé de mortalité (23 % à 3 ans). Les facteurs prédictifs du
décès sont une fonction rénale altérée, l’âge, le sexe masculin et
des symptômes importants d’insuffisance cardiaque (classe
NYHA élevée).
Deux limites à cette étude : l’absence de données échocardiogra-
phiques concernant la fonction diastolique et l’absence de don-
nées sur la prescription de bêtabloquants (en rapport avec l’ab-
sence d’indication de ce traitement au moment de l’inclusion).
T. Damy, service de cardiologie 1,
hôpital Georges-Pompidou, Paris
Predictors of mortality in patients with heart failure and pre-
served systolic function in the digitalis investigation group
trial.
Jones C, Francis GS, Lauer MS
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J Am Coll Cardiol 2004;44:
1025-9.