La Lettre du Cardiologue - n° 310 - avril 1999
21
Des études non contrôlées suggèrent que l’ablation de la
jonction auriculo-ventriculaire et l’implantation d’un sti-
mulateur cardiaque ont un effet bénéfique sur la qualité de vie des
patients en fibrillation auriculaire chronique. Soixante-six patients
ayant une fibrillation auriculaire chronique ont été inclus dans
une étude multicentrique randomisée contrôlée avec évaluation à
un an comparant l’ablation de la jonction auriculo-ventriculaire
et l’implantation d’un stimulateur cardiaque VVIR au traitement
médical.
Au bout d’un an, les 28 patients du groupe ablation + pacemaker
avaient moins de palpitations (– 78 %) et de dyspnée d’effort
(– 22 %) que les 26 patients du groupe médical. D’autres critères
ont également été améliorés de façon non significative : l’intolé-
rance à l’exercice (– 20 %), la fatigabilité (– 17 %), l’inconfort
(– 50 %), les signes fonctionnels d’insuffisance cardiaque
(– 14 %), la classification NYHA (– 4 %) et l’échelle d’activité
(– 12 %). La comparaison intrapatient entre l’état clinique avant
inclusion et l’état clinique à 12 mois a montré que, dans le groupe
ablation + pacemaker, toutes les variables, sauf la fatigabilité, ont
été améliorées significativement. Cependant, une amélioration a
également été constatée dans le groupe traitement médical, et la
différence entre les deux groupes ne s’est avérée significative que
pour les palpitations, la dyspnée d’effort, l’intolérance à l’exer-
cice, la fatigabilité et l’inconfort. La performance cardiaque, éva-
luée par l’échocardiographie et le test d’effort, était la même dans
les deux groupes et est restée stable dans le temps.
Chez les patients ayant une insuffisance cardiaque et une fibrilla-
tion auriculaire chronique, l’ablation de la jonction auriculo-ven-
triculaire associée à l’implantation d’un stimulateur cardiaque est
un traitement efficace et supérieur au traitement médical pour le
contrôle des symptômes. Cette amélioration apparaît cependant
moins importante que celle observée dans les études non contrô-
lées en raison de l’amélioration apportée également par le traite-
ment médical. La performance cardiaque n’est pas modifiée par
le traitement.
J. Ollitrault, Hôpital Saint-Joseph, Paris.
ABSTRACTS
Ablation de la jonction auriculo-ventriculaire et stimulateur cardiaque VVIR
contre traitement pharmacologique dans la fibrillation auriculaire chronique avec
insuffisance cardiaque
Assessment of atrioventricular junction ablation and VVIR
pacemaker versus pharmacological treatment in patients
with heart failure and chronic atrial fibrillation : a randomi-
zed controlled study.
Brignole M., Menozzi C., Gianfranchi L., Giacomo M.,
Mureddu R., Bottoni N., Lolli G.
●
Circulation 1998 ; 98 : 953-60.
Si le risque thromboembolique de la fibrillation auriculaire
est reconnu, celui du flutter auriculaire a été moins étudié.
Les auteurs examinent 191 patients consécutifs admis entre jan-
vier 1989 et décembre 1996 pour traitement d’un flutter auricu-
laire constituant leur trouble du rythme prédominant. L’an-
cienneté du flutter chronique ou récidivant est de 6 ± 8 mois.
Onze antécédents d’accidents thromboemboliques sont notés ; une
embolie aiguë (dans les 48 heures suivant la restauration du rythme
sinusal) est diagnostiquée pour 4 patients (3 après cardioversion
électrique, soit une incidence de 2 %, et 1 après ablation) et, pen-
dant le suivi de 26 ± 18 mois, 9 patients ont une complication ana-
logue,soit au total une incidence de 12 % d’événements thrombo-
emboliques (24 accidents thromboemboliques chez 22 patients).
Si l’on considère les traitements prescrits aux 13 patients ayant
constitué un accident thromboembolique pendant le suivi, 3 sur
67 (4 %) étaient anticoagulés efficacement versus 10 sur 124 (9 %)
ne recevant pas de traitement anticoagulant ou étant insuffisam-
ment anticoagulés.
Les facteurs prédictifs de risque en analyse univariée sont : une
cardiopathie organique associée (p = 0,037), une dysfonction ven-
triculaire gauche (p = 0,02), une hypertension artérielle connue
(p = 0,004) et un diabète gras (p = 0,0038). En analyse multiva-
riée, seule l’hypertension artérielle connue est prédictive d’évé-
nements thromboemboliques (odds-ratio = 6,5).
À noter, des épisodes de fibrillation auriculaire authentifiés pour
64 des 191 sujets (34 %), leur survenue ne modifiant toutefois pas
la fréquence des accidents thromboemboliques.
Conclusion. L’objectif de cette étude était l’évaluation clinique du
risque thromboembolique du flutter auriculaire : le taux d’accidents
thromboemboliques est de 7 % (13 patients), tenant compte des
complications après cardioversion et lors du suivi de 26 ± 18 mois.
En analyse multivariée, l’hypertension artérielle est ici le seul fac-
teur prédictif indépendant du risque thromboembolique.
Si le flutter auriculaire est le trouble du rythme prépondérant, il faut
remarquer l’association fréquente et peut-être sous-estimée à une
fibrillation auriculaire dont on ne peut complètement éliminer la
responsabilité.
Cette publication confirme l’attitude actuellement préconisée
d’observer les mêmes règles thérapeutiques concernant les anti-
coagulants en présence de flutter auriculaire ou de fibrillation
auriculaire ; des travaux ultérieurs permettront peut-être de déter-
miner si le risque thromboembolique est dépendant de la forme du
flutter auriculaire.
Dr C. Adams, PH, service cardiologie, CH Argenteuil
Risque thromboembolique du flutter auriculaire
Risk of thromboembolic events in patients with atrial flutter.
Seidl K., Hauer B., Schwick N.G., Zellner D., Zahn R.,
Senges J.
●
Am J Cardiol 1998 ; 82 : 580-3.