Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) n° 10, décembre 2000 376
rer le praticien avec ses propres fonds
refuse en général d’admettre qu’il a choisi
une assurance qui ne couvre que partiel-
lement ses besoins en matière de santé et
préfère blâmer le médecin. Ainsi, on aurait
tort de faire porter à la HMO l’entière res-
ponsabilité des difficultés actuellement
observées dans l’offre de santé aux États-
Unis. Mais celles-ci contribuent à créer un
malaise important au sein des praticiens.
Les médecins étant mécontents lorsque les
sociétés de gestion des dépenses de santé
refusent de rembourser certains soins et pré-
fèrent proposer des thérapies alternatives à
moindre coût, dont l’efficacité est contestée,
certains d’entre eux ont décidé de se syndi-
quer. Les State Medical Societies ne sont en
effet pas les seules organisations à défendre
les intérêts des médecins. Ainsi, près de 90 %
des médecins de la ville de Syracuse ont
rejoint des Independant Practice Associa-
tions (IPA), dont certaines sont rattachées à
des syndicats qui exercent un contre-pouvoir
important vis-à-vis des sociétés de gestion
des dépenses de santé. Il existe ainsi quatre
associations importantes de ce type à Syra-
cuse, qui rassemblent chacune, 350 à 850 per-
sonnes. Par exemple, l’association Health-
best regroupe près de 850 médecins. Elles
s’assurent que les sociétés de gestion des
dépenses de santé délivrent aux patients les
soins dont ils ont besoin. Certaines sociétés
de gestion des dépenses de santé HMO refu-
sent quelquefois de signer ces contrats avec
les médecins et leurs associations profes-
sionnelles, un signe que les premières ne peu-
vent plus exercer un contrôle total sur l’offre
de soins. D’autres encore ont choisi de rené-
gocier les termes de ce contrat. Mais dans ce
cas, alors, le pouvoir de négociation des
médecins dans les discussions qui les oppo-
sent aux HMO est plus important que s’ils
étaient restés indépendants. Ainsi, Healthbest
a conclu un contrat de soins avec la société
d’assurances, Kaiser Permanente, qui donne
aux médecins la liberté de renvoyer (refer-
rals) les patients devant un de leurs confrères
sans que les premiers ne soient obligés de
demander une autorisation auprès de l’assu-
reur. D’autres avancées ont également été
possibles, puisque les médecins ou leurs
représentants peuvent maintenant siéger dans
les comités où sont décidés quels médica-
ments doivent êtres couverts par les plans de
santé et lesquels ne doivent pas l’être. Ces
progrès sont tout à fait significatifs. En effet,
ces dernières années, le pouvoir de décision
des médecins s’était fortement érodé, puisque
les employeurs et les sociétés d’assurances
établissaient des contrats qui les liaient aux
médecins sans tenir compte de leur avis dans
les décisions thérapeutiques.
En conclusion, si la situation de nombreux
professionnels de la santé est toujours favo-
rable, elle s’est cependant quelque peu dégra-
dée ces dernières années. Pourtant, le nombre
de postulants à ce métier reste toujours élevé
en Europe comme aux États-Unis. Mais, la
situation aux États-Unis est marquée par des
phénomènes de sous-emplois importants.
Cela concerne tout particulièrement les
médecins spécialistes. Le Managed Care a
largement contribué à fragiliser la situation
de cette dernière catégorie. En particulier, le
principe du Gatekeeping a réduit les besoins
en spécialistes. Certains sont tentés de s’éta-
blir dans les régions où les sociétés de ges-
tion des dépenses de santé sont encore peu
présentes. D’autres préfèrent travailler à
l’étranger. D’autres encore se tournent vers
la recherche. Enfin, il serait utile d’étendre
ces réflexions à d’autres catégories de per-
sonnels, notamment les infirmières, les ensei-
gnants et les auxiliaires de santé.
Références
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structure on primary care outcomes under
Managed Care. Annals of Internal Medecine
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fession. Radiology 1995 ; 914(3) : 649-56.
Gatekeeping : Le terme de gatekeeping est uti-
lisé pour désigner le médecin de première ins-
tance, également appelé “médecin porte d’en-
trée”. Son rôle est de décider s’il est nécessaire
de renvoyer le patient vers un médecin spé-
cialisé dans le dessein de lui donner des soins
additionnels ou de réaliser des tests supplé-
mentaires. Là encore, il s’agit de délivrer des
soins optimaux sans que ceux-ci n’engendrent
un coût trop élevé pour l’assureur. Le dispositif
n’a pourtant pas donné les résultats escomptés
dans certaines spécialités où il a été mis en
œuvre (dermatologie notamment…). En effet,
il nécessite des connaissances plus solides de
la part du médecin généraliste qui souhaite
accéder au rôle de gatekeeping. Actuellement
le rôle de gatekeeping s’oriente davantage vers
celui de coordinateur des soins.
Physician Group Practice : Il s’agit d’une asso-
ciation formée de trois médecins au moins et
d’autres professionnels de la santé. Les revenus
retirés de la pratique médicale sont mis en com-
mun, puis redistribués entre les membres du
groupe ainsi constitué. Le terme de prepaid group
practice est utilisé pour désigner les premiers cabi-
nets de médecine de groupe où les soins sont pré-
payés dans le cadre de contrats au forfait.
Health Maintenance Organization (HMO) : Le
terme HMO désigne les organismes de Mana-
ged Care qui emploient des professionnels de
la santé pour offrir des soins sous le régime de
la capitation (contrat au forfait). En échange,
et c’est en partie ce qui a motivé l’intégration
des professionnels de santé dans les orga-
nismes de Managed Care, ceux-ci peuvent
bénéficier d’un volume garanti de patients.
Independent Practice Association (IPA) : Ce terme
désigne un groupe de médecins qui constituent
une organisation commune pour négocier des
contrats de santé. Dans ce cadre, les praticiens
peuvent être rémunérés au forfait ou à l’acte.
Managed Care : Ce terme recouvre l’ensemble
des organismes et des outils de gestion des soins
censés offrir aux assurés le meilleur rapport
coût/efficacité en matière de soins. En pratique
l’accent a surtout été mis sur le contrôle des coûts.
National Committee for Quality Assurance
(NCQA) : Cette organisation fut fondée en
1979. Elle est responsable de l’accréditation
des programmes de santé Managed Care. Elle
développe et coordonne un certain nombre de
programmes destinés à évaluer la qualité des
soins délivrés par les plans de Managed Care.
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