CANCÉROLOGIE 19 © Dr Amar/Phanie © Alix/Phanie Sommaire • Plan cancer • ASCO Digest • Qualité de vie • Les cancers cutanés • Cancer colorectal • Cancer digestif • Cancer du sein • Cancer du pancréas • Cancer des os • Alcool et tabac • Alimentation • Dépistage • Thérapeutiques • Les stomies Réalisé avec la participation de notre publication ASCO 2005 Cancer Dans le cadre du Plan cancer lancé par le chef de l’État, Jacques Chirac, l’Institut national du cancer (Inca), a été mis en place par le décret de mars 2003. Cet institut dont le président est le professeur David Khayat est une “institution publique, autonome dont la vocation est de garantir aux malades et à leurs familles l’égalité aux soins les plus innovants, dans les meilleures conditions, sur tout le territoire [...] d’inspirer et de mettre en œuvre une politique intégrée et ambitieuse en matière de recherche sur le cancer”. La prise en charge des malades atteints de cancer étant dans l’idéal, une “prise en charge totale”, c’est-àdire pluridisciplinaire et égale pour tous. L e 24 mai, Philippe DousteBlazy, ministre de la Santé, inaugurait l’Institut national du cancer (Inca), mis en place par le décret de mars 2003, dans le cadre du Plan cancer lancé par le chef de l’État, Jacques Chirac. Sous la tutelle des ministères de la Recherche et de la Santé, l’Inca va se battre contre les 150 000 morts annuelles que nous coûtent le cancer. Un chiffre qui peut doubler dans vingt ans si rien n’est fait pour le contrer. Groupement d’intérêt public (GIP), dirigé par Christine Welty, l’Institut est animé par un conseil d’administration qui accueille les grandes institutions médicales, hospitalières (public et privé confondus), les médecins, les associations caritatives, jusqu’aux financeurs, telle la Caisse d’assurance maladie. Consensus Son fonctionnement dépend de la recherche d’un consensus entre tous ces acteurs, une fois que les priorités auront été déterminées. Trois comités tiendront lieu de gouvernance. Le Comité scientifique qui est présidé par le Pr Dominique Maraninchi et 18 autres membres, dont 9 étrangers. Parmi ces derniers, le Pr Lee Hartwell, prix Nobel de médecine 2001. Le Comité des usagers et des malades qui recense en son sein 10 malades sur les 16 personnes qui le composent. Enfin, un Comité de déontologie de trois membres : MM. Tubiana, Binet et Couty (respectivement de l’Académie des sciences, de l’Académie de médecine et de la Cour des comptes – transparence oblige !). Ces trois instances auront notamment pour mission de choisir la ville qui accueillera l’Inca. Financé en partie par l’argent public (son budget 2005 est de 70 millions d’euros), l’Inca fera appel aux financements privés en espérant fédérer les multiples fonds dévoués à la lutte contre le cancer qui existe actuellement et “mettre un terme au morcellement, aux cloisonne- >> DOSSIER Une prise en charge “totale” >> Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 20 DOSSIER Infos ... Une priorité nationale L’explosion du nombre de cancers, conséquence notamment du tabagisme et du vieillissement de la population, et le passage à la chronicité de l’atteinte métastatique dans de nombreux cancers fait de la prise en charge des pathologies malignes un problème de santé publique majeur. Responsable de 400 décès par jour en France, la maladie est l’objet de l’un des trois grands chantiers présidentiels : le Plan cancer. soins palliatifs, assure aussi les missions sociales de l’État. Il s’agit, selon les termes de ses créateurs, d’“une tour de contrôle de la lutte contre le cancer”. Les besoins de la population Pr David Kahyat >> DOSSIER >> ments, au saupoudrage, à l’individualisation des financements, des recherches et des programmes…” Il doit, en ce sens, favoriser les accords de recherche coopérative et de développement (ARCD) avec les industriels, en favorisant la création et le développement de petites entreprises innovantes et en octroyant des bourses à l’innovation, un peu de la manière dont le Small Business Innovative Research (SBIR) travaille aux États-Unis et ce au niveau national et européen, en collaboration avec de grands pôles comme Grand Est et le DKFZ d’Heidelberg. Première cause de mortalité en France, le cancer est une maladie multifactorielle, à la nosologie étendue, et de prévalence géographique aléatoire. Maladie génétique et ou de société (hygiène de vie, vieillissement…), elle ne sera pas vaincue – si elle l’est jamais (!) dans les temps impartis par le Plan cancer qui doit se terminer en 2007. C’est pour cette raison que la loi a confié à l’Institut une mission pérenne. Schéma global L’Inca intègre un schéma global et cohérent de prévention, approuve les traitements les plus innovants, leur assure la plus large diffusion possible et rend “leur pleine citoyenneté aux malades pendant et après la maladie, que ce soit en termes de soins, d’accompagnement ou en soins palliatifs, d’assurances et de prêts, voire d’emploi.” Ce programme ambitieux, puisqu’il prévoit jusqu’aux conséquences de l’échec des soins avec l’organisation des Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 L’une de ses premières tâches va être de satisfaire les besoins de la population en matière de dépistage. Déjà l’attente moyenne pour un scanner, en France, est de 31 jours, ce qui porte certains cas à 180 jours d’attente pour l’éventuel premier diagnostic d’une maladie qui peut évoluer extrêmement selon la forme qu’elle prend, la nature et l’âge du patient. La réponse « claire, sans ambiguïté (à ces problèmes) exige beaucoup de volonté, d’intelligence, de méthode et de persévérance », affirme David Kahyat. Bien que voulu par le président de la République, « préparé par le gouvernement, voté, hors des clivages politiques […], ce plan est un défi politique qui s’appuie sur la volonté collective pour impulser et coordonner la lutte contre le cancer. En orientant la politique de soins. En étant une tête de réseau pour la recherche et un levier pour la coopération européenne et internationale ». Créer un réseau Pilotage des cancéropôles, définition d’une stratégie globale et validation des programmes à financer, il s’agit de créer un réseau des meilleurs experts qu’il s’agisse de recherches fondamentales, cliniques ou de sciences humaines et sociales. Formule originale s’il en est une, elle se fonde sur la réalité bien concrète du fléau, peste des temps modernes, et qui est le reflet des dysfonctionnements de nos modes de vie. Tous les acteurs de la lutte contre le cancer sont représentés, depuis les pouvoirs publics, jusqu’aux malades à travers leurs associations, en passant par toutes les grandes institutions sanitaires concernées : CNRS, Inserm, FHF, FHP, FNLCC, FEHAP, Ligue, Arc, Cnam… De même, il agit avec chacune des agences sanitaires (Institut de veille sanitaire, Haute Autorité de Santé, Institut national de prévention et d’éducation à la santé), avec qui il échange des informations, impulse des orientations et met en œuvre des dispositifs adaptés au champ du cancer, comme il doit le faire avec les autres structures politiques et industrielles à travers le monde auquel il tentera d’apporter un nouvel élan. L’Institut n’a pourtant pas vocation d’assurer une tutelle sur les structures de soins, ce rôle étant dévolu aux ARH et donc à l’État. François Engel Les huit missions de l’Institut national du cancer 1. Observer et évaluer le dispositif de lutte contre le cancer. 2. Définir les référentiels de bonnes pratiques et de prise en charge en cancérologie et les critères d’agrément des établissements et des professionnels pratiquant la cancérologie. 3. Informer les professionnels et le public. 4. Participer à la mise en place et à la validation d’actions de formation continue des médecins et des paramédicaux. 5. Mettre en œuvre, financer et coordonner des actions de recherche en liaison avec les organismes publics de recherche et les associations caritatives. 6. Développer et suivre des actions public/privé dans les domaines de la prévention, de l’épidémiologie, du dépistage, de la recherche, de l’enseignement, des soins et de l’évaluation. 7. Participer au développement d’actions européennes et internationales. 8. Réaliser, à la demande des ministres concernés, toute expertise sur les questions relatives à la cancérologie et à la lutte contre le cancer. (Art. 33L1415-2 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique).