Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 9 - novembre 2010
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Revue de presse
rosmarinique, peut réduire l’absorption de
lipides cytotoxiques. Onze volontaires sains
ont consommé des hamburgers sans épices
ou assaisonnés avec un mélange d’épices
contenant de l’acide rosmarinique prove-
nant de l’origan. Quarante pour cent de
l’acide rosmarinique était retrouvé après
cuisson. De plus, la concentration de MDA
était diminuée de 71 % dans la viande épicée
par comparaison avec la viande standard. La
concentration plasmatique en MDA a aug-
menté signicativement dans le groupe stan-
dard par rapport à la base. La concentration
urinaire de MDA était réduite de 49 % chez
les sujets ayant ingéré des hamburgers épi-
cés comparativement au groupe contrôle,
témoignant d’une moindre absorption. Ainsi,
l’adjonction d’épices à la viande peut être un
moyen de réduire le processus d’oxydation
des acides gras impliqué dans l’athérogenèse
et la cancérogenèse. On sait, par ailleurs, que
la consommation de viande cuite (voire trop
cuite) est associée à un risque accru de cancer
(sein, côlon, etc.).
J.M. Lecerf (Lille)
•Li Z et al. Am J Clin Nutr 2010;91(5):1180-4.
Traitement freinateur du cancer
thyroïdien : la remise en question
d’un dogme ?
Le cancer papillaire est le plus fréquent des
cancers de la thyroïde ; son traitement est
bien codié dans les recommandations inter-
nationales (1, 2) et consiste dans la majorité
des situations en une thyroïdectomie totale
suivie d’un traitement freinateur de la thy-
réostimuline (thyroid-stimulating hormone
[TSH]) par l’hormone thyroïdienne avec ou
sans traitement radionucléaire par l’iode
131. Le traitement freinateur réduirait de
moitié le risque de récurrence après chirur-
gie, dans une pathologie dont le pronostic
reste excellent quelle que soit la stratégie
thérapeutique mise en œuvre. Il existe un
débat sur l’opportunité d’une stratégie moins
agressive dans les cancers à faible risque,
basée sur une chirurgie moins extensive et/
ou sans freination thyroïdienne. Ce débat
est alimenté par le bon pronostic de l’af-
fection et le risque d’iatrogénie osseuse
et cardiaque lié à la thyrotoxicose subcli-
nique induite par la freination prolongée.
I. Sugitani et al. ont récemment publié une
étude monocentrique prospective réalisée
sur une cohorte de 441 patients atteints de
cancer papillaire thyroïdien (à l’exclusion
des microcarcinomes) sans métastases à
distance (3). Après thyroïdectomie subto-
tale (20 % des cas environ) ou lobectomie
et curage ganglionnaire au minimum du
compartiment central, les patients ont été
randomisés en deux groupes (stratiés en
fonction du niveau de risque de récurrence) :
un groupe avec et un groupe sans traitement
freinateur par l’hormone thyroïdienne, an
d’obtenir une TSH < 0,1 mU/l ou entre 0,4 et
5 mU/l. Le suivi moyen de la cohorte a été de
6,9 ± 2,9 années ; 74 % des patients ont été
suivis pendant au moins 5 ans. Quarante-neuf
patients (11 %) ont récidivé et 9 (2 %) sont
décédés des suites du cancer thyroïdien. Le
pourcentage de récidive n’a pas été dié-
rent avec ou sans traitement freinateur (10 %
versus 13 % ; p = 0,42), avec une survie sans
maladie apparente respectivement de 91 %
et 89 %. Le taux de métastases à distance et
le taux de survie n’étaient pas non plus dif-
férents dans les deux groupes. Le niveau de
risque de récidive d’après l’évaluation initiale
n’inuençait pas sensiblement ces résultats,
les patients classés à haut risque ayant un
pourcentage de survie sans maladie appa-
rente non signicativement diérent avec
ou sans traitement freinateur. Les principales
limites de l’étude sont le caractère mono-
centrique de l’étude et le taux élevé (15 %)
de perdus de vue. Les auteurs concluent
que les patients à faible risque de récidive
pourraient tirer prot d’une prise en charge
n’incluant pas le traitement freinateur de la
TSH, celui-ci restant réservé à ceux qui pré-
sentent un haut risque de récidive, et dans
ce cas assorti d’une thyroïdectomie totale et
d’un traitement radionucléaire ablatif selon
les recommandations internationales (1, 2).
Y. Reznik (Caen)
1. Cooper DS et al. Thyroid 2009;19(11):1167-214.
2. Pacini F et al. Eur J Endocrinol 2006;154(6):787-803.
3. Sugitani I et al. J Clin Endocrinol Metab 2010;95(10):4576-83.
Pasiréotide, cabergoline
et kétoconazole dans le traitement
de la maladie de Cushing
Les récepteurs de la somatostatine (somatosta-
tin receptor [SSTR]) et de la dopamine de type
2 (D2) sont des cibles thérapeutiques dans la
maladie de Cushing. Toutefois, l’utilisation d’un
agoniste de ces récepteurs ne permet pas de
contrôler ecacement et durablement la mala-
die. R.A. Feelders et al. rapportent une série
de 17 patients, âgés en moyenne de 45,7 ans,
présentant un hypercortisolisme dû à un adé-
nome hypophysaire, qui ont bénécié d’une
administration séquentielle de pasiréotide, un
agoniste des SSTR de types 1, 2, 3 et 5, puis de
cabergoline, un agoniste D2, et enn de kéto-
conazole, un inhibiteur de la stéroïdogenèse.
Le pasiréotide, injecté en sous-cutané 3 fois
par jour à la dose de 100 µg (14 jours) puis
de 250 µg (14 jours), a permis de normaliser
le cortisol libre urinaire chez 5 patients (29 %).
La cabergoline, introduite progressivement
par palier de 5 jours (0,5, 1 puis 1,5 mg/j), a
permis à son tour de normaliser la cortisolurie
chez 4 autres patients (24 %). Au soixantième
jour, les patients qui étaient toujours en hyper-
cortisolisme (47 %) ont reçu du kétoconazole
(600 mg/j). Au terme de l’étude (80 jours), une
réponse complète a été enregistrée chez 88 %
des sujets. La normalisation du cortisol libre
urinaire s’est accompagnée d’une amélioration
des signes cliniques de Cushing incluant une
perte de poids, une diminution du tour de
taille et une réduction de la pression artérielle.
Les eets indésirables du traitement étaient
une altération de l’homéostasie glucidique et
une diminution de l’IGF1 (insulin-like growth
factor) plasmatique chez 9 des 17 patients.
Cette étude montre que le pasiréotide permet
de freiner ecacement l’hypercortisolisme
dans les cas les moins sévères. Elle suggère
également que l’administration séquentielle
des trois agents pharmacologiques, visant des
cibles thérapeutiques complémentaires, a des
eets bénéques additifs dans le traitement
de la maladie de Cushing. L’eet à long terme
du pasiréotide sur la libération d’adrénocorti-
cotrophine (ACTH), ainsi que son éventuelle
action diabétogène, restent toutefois à évaluer.
E. Louiset (Rouen)
• Feelders RA et al. N Engl J Med. 2010;362(19):1846-8.
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