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Mise au point
•Les antagonistes des récepteurs D4
La répartition de l’ARNm codant pour
la synthèse de ce récepteur montre qu’il
prédomine dans les zones limbiques et
m é s o c o r ticales. L’antagonisme de ce
récepteur pourrait expliquer la supériorité
d’action de la clozapine et de l’olanzapine
dans le traitement de la schizophrénie
résistante. Des études post mortem ont
montré qu’il existait chez les schizo-
phrènes une densité importante de ce sous-
type de récepteurs. À l’heure actuelle,
on ne peut toutefois faire le lien entre la
densité des récepteurs et la réponse au
traitement, ni dire s’il s’agit d’un facteur
prédisposant à la maladie (10).
Neuroleptiques exerçant un antago-
nisme simultané au niveau des
récepteurs 5 HT2 et D2
Des neurones sérotoninergiques, origi-
naires des noyaux du raphé, exercent un
tonus inhibiteur sur la transmission
dopaminergique dans les zones nigro-
striées et mésocorticales en limitant la
synthèse et la libération de la dopamine.
Chez le schizophrène, cette inhibition de
la dopamine par le contrôle sérotoniner-
gique serait exagérée, expliquant en part i e
l’ hy p o - a c t i vité dopaminergique nigr o s t r i é e
et mésocorticale.Cette inhibition peut
être levée par des molécules antagonistes
sérotoninergiques. Le primum movens
de la supériorité des nouveaux antipsy-
chotiques par rapport aux neuroleptiques
conventionnels est leur propriété a n t a g o-
niste 5 HT2. L’ a n t a g o n isme de l’act i v i t é
s é r o t o n i n e r gique dans les zones nigro-
striées et frontales permet une amélioration
de la symptomatologie déficitaire et une
diminution des effets extrapyramidaux,
conduisant à une meilleure tolérance.
C e r tains neuroleptiques classiques,
comme les dérivés du thioxantène, exe r c e n t
une modeste activité antagoniste 5 HT2,
mais très inférieure à celle observ é e
pour la rispéridone ou la clozapine.
Dans le cas de cette dernière, l’occupation
5HT2 est prédominante par rapport à
l’effet antagoniste D2.
La rispéridone est un dérivé de la fa m i l l e
du benzioxazole, avec des propriétés
antagonistes 5 HT2 aussi importantes que
ses propriétés antagonistes D2. Plusieurs
études en double aveugle versus halopé-
r i dol et placebo chez des schizophrènes
chroniques (11, 12) ont montré que la rispé-
ri d o n e a un effet antipsychotique puissant,
avec un effet thérapeutique optimal dans
la zone de 4 à 8 mg/j. Son efficacité est
supérieure sur la symptomatologie positive
et son action, plus rapide. Les résultats
c o n c e r nant la symptomatologie néga t ive ,
contradictoires selon les études, ont été
m é t a - a n a lysés, et on peut conclure que
la rispéridone produit une meilleure
amélioration des symptômes défi c i t a i r e s
comparativement à l’halopéridol. Bien
que la rispéridone produise peu d’eff e t s
ex t r a pyramidaux, elle n’en est pas
complètement exempte, et a éga l e m e n t
une action sur la sécrétion de prolactine.
Antipsychotiques exerçant
un antagonisme sélectif
sérotoninergique
•Les antagonistes 5 HT2
Bien que beaucoup de neuroleptiques,
dont la thioridazine et la clozapine,
soient potentiellement des antagonistes
5 HT2, des antagonistes sélectifs des
récepteurs 5 HT2 ont été récemment
développés (13).
•Les antipsychotiques bloquant
simultanément de nombreux
récepteurs
Les neuroleptiques actifs dans la
schizophrénie résistante se fixent sur de
nombreux récepteurs : dopaminerg i q u e s ,
s é r o t o n i n e r giques, α- a d é n e rg i q u e s, m u s -
c a r i n i q u e s , histaminiques H1, qu’ils
antagonisent. Le rapport 5 HT2/D2 est
supérieur à un et la fixation dopaminer-
gique prédomine au niveau des récepteurs
limbiques et mésocorticaux D1 et D4.
La première molécule possédant ce
profil était la clozapine ; le profil de
l’olanzapine est identique.
La clozapine a été développée au début
des années 1960 comme un dérivé de la
famille des dibenzodiazépines. Il a été
démontré qu’elle avait des propriétés
antipsychotiques supérieures ou égales à
celles des neuroleptiques disponibles à
cette époque, mais avec moins de risques
de symptômes extrapyramidaux et d’hy-
perprolactinémie (14). Elle n’entraîne
pas de dyskinésies tardives, et pourrait
même avoir un effet curatif sur les
d y s k inésies tardives, provoquées par
d ’ a u t r e s neuroleptiques.
Au milieu des années 1970, les essais
cliniques avec la clozapine en Amérique
du Nord ont été arrêtés parce qu’elle
induisait des agranulocytoses. L’intérêt
clinique de la clozapine a été récemment
retrouvé après qu’une étude clinique
importante avait pu démontrer que son
efficacité était supérieure dans le traite-
ment des patients présentant une schizo-
phrénie résistante (environ 30 % des ces
patients ont été améliorés). Récemment,
la clozapine a reçu une autorisation de
mise sur le marché aussi bien en
Amérique du Nord qu’en Europe, avec
des conditions restrictives à cause de ses
e f fets hématologiques gr aves, notamment
l’agranulocytose, qui est observée chez
0,8 % des sujets traités.
La seule indication approuvée, à l’heure
actuelle, est le “traitement de la schizo-
phrénie résistante”, à condition qu’une
surveillance régulière et rapprochée des
paramètres hématologiques soit effec-
tuée. De plus, une action sur les pertur-
bations cognitives avec amélioration de
l’attention, de l’affluence ve r b a l e et de la
mémoire de rappel a été décrite, et on
connaît son efficacité sur le troubles
cognitifs du Parkinson idiopathique. À
côté des effets anticholinergiques décrits
ci-dessus, il faut noter la surve n u e
d’hypersialorrhées (33 % des sujets) et
de prises de poids, parfois i m p o rt a n t e s
gênant les malades, ainsi que le risque
de convulsions dose-dépendant (1 % à
4,4 %) (15).
L’olanzapine possède une effi c a c i t é
supérieure à celle de l’halopéridol sur la