par une perte de dépendance et par une nette diminution de la libération de dopamine dans le
noyau accumbens en réponse à la stimulation nicotinique. Les chercheurs ont dès lors focalisé
leurs travaux sur des dérivés inhibiteurs, mais plus précisément agonistes partiels de ce sous-
type de récepteur nicotinique. Les résultats expérimentaux sont remarquables : la varenicline
(champix®) se lie avec une forte affinité mais n’active que modérément le récepteur, elle le
bloque aux doses plus élevées. Elle antagonise l’effet de la nicotine éventuellement prise
simultanément et réduit la consommation de tabac. Elle réduit les effets agréables et la
recherche de nicotine (dépendance). Les effets indésirables sont peu nombreux (digestifs et
neurologiques) et acceptables. Chez l’animal, il y a un effet inhibiteur net sur la voie
dopaminergique de la « récompense ». Sur papier, c’une molécule très intéressante et le
mécanisme d’action est très original. Les études cliniques sont positives mais moins
enthousiasmantes : une réduction du tabagisme (environ 15%) au terme d’un an, une
réduction de la consommation à plus long terme, peu d’effets indésirables graves, une
efficacité supérieure au placebo et au bupropion mais pas un effet spectaculaire. L’effet
s’atténue au fil des mois et il n’y a pas de réduction de la prise de poids qui accompagne
souvent l’arrêt du tabac.
Au vu de la gravité des effets du tabac, une efficacité modérée peut être considérée comme un
réel apport thérapeutique. Des études comparatives avec la nicotine transdermique manquent
mais l’efficacité est supérieure à celle du bupropion. Le médicament était déjà enregistré par
la FDA aux Etats-Unis, il est enregistré au niveau européen depuis décembre 2006
(Champix®), il est disponible sur prescription mais pas encore remboursé.
Excès pondéral, système cannabinoïde et rimonabant (acomplia®)
Les molécules disponibles pour la prise en charge de l’obésité sont peu nombreuses et le
problème clinique est énorme. Des risques graves ont entrainé le retrait de la fenfluramine et
de la dexfenfluramine et plus récemment l’interdiction des amphétamines. L’orlistat a des
effets indésirables assez importants et la sibutramine (dérivé de type antidépresseur)
également. L’orlistat a un mécanisme périphérique et inhibe la résorption de lipides au niveau
intestinal. Les autres médicaments exercent essentiellement leurs effets sur les amines
cérébrales (sérotonine, norepinephrine) et indirectement produisent une stimulation
dopaminergique du nucleus accumbens (cfr. varenicline). Le rimonabant est une entité
nouvelle, au mécanisme d’action très différent : c’est un antagoniste des récepteurs du
cannabis, de type CBR1 cérébraux. Le cannabis agit de façon spécifique dans le système
nerveux central sur des récepteurs très comparables à ceux de la morphine ou de la
dopamine ; un couplage à un système effecteur (protéine G) entraîne de multiples effets dont
la stimulation de la voie tegmentoventrale (dopaminergique) et du nucleus accumbens. Les
récepteurs cannabinoides sont présents dans diverses zones du système nerveux central et ils
influencent l’appétence : appétence ou plaisir de consommer des aliments, des boissons, des
substances telle le tabac et l’alcool … Le cannabis et les cannabinoïdes ont un effet stimulant
de l’appétit ; un inhibiteur des récepteurs CBR1 devrait au contraire réduire la recherche
d’aliments, de boissons ou de substances (tabac-nicotine) agréables… Les études pré-
cliniques vont dans le sens de cette théorie des récepteurs. Les essais cliniques indiquent des
résultats beaucoup plus modestes. Dans la dépendance tabagique, les essais cliniques sont non
concluants et l’EMEA (agence européenne des médicaments) a refusé l’indication au vu des
résultats présentés. Dans l’indication du traitement de l’obésité, l’enregistrement fut approuvé
mais les résultats sont modestes : une perte de 4 à 5 Kg est observée en un an de traitement
lorsque le rimonabant (20 mg/j.) est associé au régime par rapport au placebo. Peu d’effets
indésirables sont notés mais l’effet ne se maintient pas et à l’arrêt du traitement. Certaines
revues concluent à un effet modeste, inférieur à celui de l’orlistat et on ne peut certainement
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