
traitements séquentiels, avec arrêt du progestatif. Il est le seul à
avoir tenté de comparer les différents types de progestatifs (16).
Il a observé le risque maximal chez les femmes minces, prenant
un traitement combiné continu, à base d’estrogènes et de pro-
gestatifs norstéroïdes, dérivés de la noréthistérone, mais ces
données ne reposent que sur un petit nombre de patientes.
Plus récemment, Olsson (mars 2003) a suivi une cohorte suédoise
de 29 508 femmes. Il ne retrouve de risque significativement plus
élevé de cancer du sein qu’avec les longues durées d’utilisation
du THS, continu, combiné par rapport aux non-utilisatrices (17).
Au contraire, une élévation non significative du risque de can-
cer mammaire a été observée pour les traitements de longue
durée et séquentiels. Autrement dit, ces deux publications atti-
rent l’attention :
– sur un rôle qui semble néfaste des traitements combinés, conti-
nus et non séquentiels ;
– sur le rôle possible de la nature du progestatif.
Malheureusement, les 2 études les plus importantes actuelle-
ment, la Women Health Initiative (WHI) et la Million Women
Study (MWS), n’ont pu nous renseigner ni sur le rôle de l’apop-
tose, et donc de la nécessité ou non d’interrompre le traitement
progestatif pour la provoquer, ni sur le risque inhérent à chaque
type de progestatif.
Pour la WHI, il s’agit de la première étude randomisée, en
double aveugle (18) consacrée aux risques cardiovasculaires de
l’hormonothérapie de substitution et qui a étudié en 2eintention
le risque de cancer du sein.
Seize mille huit cent huit femmes de 50 à 79 ans, dans 40 centres aux
États-Unis, ont été randomisées entre 1993 et 1998. Elles ont utilisé
soit le produit Prempro®(Estrogen Equin 0,625 + MPA : 2,5 mg).
Après 5,2 ans de suivi moyen, il y a eu arrêt de l’essai en raison
d’un risque accru de cancer du sein, par rapport au risque estimé,
le risque relatif de cancer du sein étant de 1,49 par rapport aux
femmes ayant le placebo, et ce risque devenant significatif dès
3,5 ans d’utilisation.
Le bras ne comportant que des estrogènes seuls (chez les
femmes hystérectomisées) sera poursuivi jusqu’en 2005.
Ainsi cette étude de première importance, par sa méthodologie,
ne peut répondre à notre interrogation légitime sur l’apoptose,
ni sur la nature du progestatif : un seul traitement combiné,
continu avec un progestatif : le MPA.
Quant à la plus grande étude rétrospective, observationnelle, cas-
contrôle, réalisée à ce jour, la MWS (19), elle reprend le suivi de
1 084 110 femmes anglaises, de 50 à 64 ans.
Elle aussi confirme le risque de cancer du sein sous traitement :
– estrogènes seuls : 1,30 ;
– association estroprogestative : 2 ;
– tibolone : 1,45.
Mais elle ne retrouve aucune différence :
– ni entre les estrogènes équins ou 17 bêta-estradiol, entre voie
orale ou voie parentérale ;
– ni entre les progestatifs, qui sont toujours le MPA, le NETA (la
didrostérone est citée, mais sans en préciser le nombre de cas) ;
– ni entre les traitements séquentiels ou combinés continus.
Faut-il, s’appuyant sur les travaux de Magnusson et Olsson (16-
17), ne donner que des traitements séquentiels favorisant l’apop-
tose, en utilisant des progestatifs dérivés de la progestérone, et
non de la 19-nortestostérone, comme le progestatif utilisé dans
l’expérimentation de J.M. Foidart et son équipe ?
Il est bien sûr trop tôt pour faire des extrapolations entre l’expé-
rimentation in vivo, in vitro et la clinique, mais il semble légi-
time d’y penser.
Quant à la tibolone, il s’agit d’un progestatif norstéroïde qui a une
sélectivité tissulaire particulière et qui, dès son absorption, se trans-
forme en : 3 αOH-tibolone, 3 ß OH-tibolone, et le ∆4-isomère.
Son action semblait neutre jusque-là sur les seins et des études
sur les lignées cancéreuses MCF (7) ont été réalisées (20) avec
des résultats intéressants.
D’autres études sur les femmes ayant eu un cancer du sein sont
en cours en Europe.
D’où leur intérêt après les résultats de la MWS (20) qui trouve
un risque relatif à 1,45.
En conclusion, certes le phénomène d’apoptose n’est qu’un des
éléments de protection du tissu mammaire contre les déviances
et les anomalies, mais il est dommage de ne pas avoir une
preuve pour la pratique quotidienne. ■
R
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La Lettre du Sénologue - n° 21 - juillet/août/septembre 2003