6Professions Santé Infirmier Infirmière - No45 - avril 2003
L’OMS fait le point sur les risques
L’
organisation mondiale de la
santé (OMS) a publié un do-
humains sont mises en œuvre et
contrôlées, la viande et les pro-
duits carnés d’origine bovine
peuvent être considérés comme
exempts de l’agent étiologique
de l’ESB. On sait que l’ESB est
liée au recyclage des carcasses de
bovins, pratiqué pour récupérer
les protéines des “farines de
viande et d’os” afin de nourrir
d’autres bovins.
Des mesures drastiques
indispensables
L’introduction récente de tests de
dépistage rapide, obligatoires
dans bien des pays, a considéra-
blement amélioré le dépistage
des cas. Dans un troupeau de bo-
vins, l’ESB n’est pas contagieuse
et ne se propage pas d’un animal
à l’autre. Des cas importés isolés
ne peuvent déclencher une épi-
démie si les bovins touchés sont
abattus et si l’on évite de recycler
les carcasses pour alimenter le
bétail. Si des cas d’ESB apparais-
sent parmi des bovins du chep-
tel national, cela veut dire que
certaines pratiques d’alimenta-
tion dans le pays sont déficientes
et que d’autres bovins ont été
exposés.
La période d’incubation de l’ESB
étant très longue – quatre à cinq
ans –, les bovins exposés à l’agent
responsable de l’ESB ne présen-
tent aucun symptôme, et ce n’est
que vers la fin de la période d’in-
cubation que l’on trouve des
prions dans leurs tissus. Si les
bovins sont abattus à un jeune
âge (de préférence moins de
30 mois), la probabilité que la
viande de veau, de bœuf ou
d’autres produits d’origine bo-
vine puisse transmettre le nvMCJ
est beaucoup moins grande.
L’agent responsable de l’ESB se
concentre dans certains tissus,
plus particulièrement l’encéphale
et la moelle épinière rattachée
au système nerveux central. L’ap-
plication de techniques strictes
d’abattage a un effet immédiat sur
la sécurité alimentaire et peut pro-
téger le consommateur même s’il
y a eu des cas d’ESB dans le pays.
L’agent responsable de l’ESB, et
probablement du nvMCJ, n’a ja-
mais été décelé dans les tissus des
muscles squelettiques des bovins.
En ce qui concerne l’être humain,
on ne connaît pas la quantité ca-
pable de provoquer l’infection,
mais elle pourrait elle aussi être
très faible.
Compte tenu des connaissances
actuelles, les spécialistes scienti-
fiques s’accordent à considérer
que certains produits d’origine
bovine sont sans danger, quelle
que soit la situation dans le pays
au regard de l’ESB. Parmi les pro-
duits dont la consommation ou
l’utilisation est jugée sans risque,
figurent le lait et les produits
laitiers, la gélatine préparée ex-
clusivement à partir de cuirs et
de peaux, et le collagène pré-
paré exclusivement à partir de
cuirs et de peaux. On n’a jamais
noté d’infectivité des tissus des
muscles squelettiques d’où pro-
viennent la plupart des viandes
de qualité. Un certain nombre
de spécialistes pensent que la
viande provenant des muscles
squelettiques est tout aussi sûre
que le lait et les produits laitiers
pour autant qu’elle n’ait pas été
contaminée lors des opérations
d’abattage.
Qu’en est-il
pour la forme humaine ?
Le nombre des victimes de la
forme humaine serait beaucoup
moins élevé que prévu. Selon les
dernières données épidémiolo-
giques britanniques sur la mala-
L’ESB ou “maladie de la vache folle” est une nouvelle maladie
appartenant à un groupe mystérieux de pathologies liées entre
elles et pour la plupart très rares. L’OMS a fait le point sur les
questions que la maladie pose aux acteurs de la santé publique.
Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)
cument pour aider les acteurs de
la santé publique concernés à
protéger le public des risques liés
à la consommation de viande
de bœuf contaminée par l’ESB.
Rappel
C’est en 1986 que des cas de cette
maladie ont été signalés pour
la première fois chez des bovins
au Royaume-Uni. En 1996, une
autre maladie, le nouveau variant
de la maladie de Creutzfeldt-
Jakob, ou nvMCJ, a été décou-
vert chez des sujets humains et
reliée à l’épidémie d’ESB dans le
bétail. On pense que l’origine de
la maladie réside dans la consom-
mation de viande contaminée ou
d’autres produits alimentaires
d’origine bovine.
Les deux maladies posent de
redoutables problèmes scienti-
fiques. Selon l’OMS, s’il est im-
possible de répondre avec une
certitude absolue à toutes les
questions, on est aujourd’hui
bien renseigné sur les origines de
l’épidémie d’ESB, sur les raisons
de sa propagation, sur les tissus
les plus dangereux à consommer
ainsi que sur les raisons pro-
bables de l’apparition d’une ma-
ladie apparentée chez l’être hu-
main. Des recherches très
approfondies, corroborées par
l’expérience pratique, ont permis
de définir une série de mesures
que les pays peuvent prendre
pour éviter l’introduction de
l’agent étiologique dans la chaîne
alimentaire et donc pour assurer
la sécurité de l’approvisionne-
ment en viande. Lorsque toutes
les mesures appropriées visant à
minimiser l’exposition des sujets
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No45 - avril 2003
die de Creutzfeldt-Jakob publiées
par le magazine The Lancet, l’épi-
démie pourrait être sur le déclin.
Quelle sera, au total, l’ampleur
de l’épidémie du nvMCJ ?
Cette question a, au fil du temps,
connu les réponses les plus di-
verses.
Certes, de nombreuses incon-
nues demeurent quant à la phy-
siopathologie des maladies à
prions. Plusieurs hypothèses ont
été établies à partir des incerti-
tudes sur les durées maximales
d’incubation et sur le nombre des
personnes exposées, par voie ali-
mentaire, au risque de conta-
mination. Selon les paramètres
retenus par les spécialistes en
charge de la modélisation ma-
thématique de l’épidémie, le
nombre des victimes à venir va-
riait de moins d’une centaine à
plusieurs dizaines, voire cen-
taines de milliers.
Au vu des dernières données
épidémiologiques britanniques,
l’épidémie du nvMCJ serait au-
jourd’hui dans une phase de ré-
gression, conclusion que signent,
dans The Lancet (1/03/2003), les
responsables du Réseau national
de surveillance de la forme hu-
maine de la maladie de la vache
folle. Le professeur Robert Will
yprécise qu’à la fin 2002 les
autorités sanitaires britanniques
avaient recensé 129 cas de nvMCJ
au Royaume-Uni et 121 décès.
Selon les statistiques officielles
britanniques, cette maladie a tué
17 personnes en 2002, 20 en
2001 et 28 en 2000. Outre-
Manche, les spécialistes obser-
vent également que la période
comprise entre l’apparition des
premiers symptômes et l’issue fa-
tale de cette affection neurodé-
générative reste constante.
Reprise par le journal Le Monde
du 5/03/2003, la déclaration du
professeur Will à la BBC tem-
père l’optimisme : « Nos résultats
suggèrent que le taux de mortalité
du nvMCJ n’augmente pas de ma-
nière exponentielle et que le nombre
des décès annuels décline, ce qui
est encourageant. Pour autant, en
conclure que l’épidémie est en baisse
permanente serait prématuré. »
Encore des incertitudes
L’ une des principales incertitudes
dans ce domaine tient au fait que,
pour l’heure, cette nouvelle ma-
ladie n’a touché que des per-
sonnes présentant un certain
profil génétique et qui pour-
raient, de ce fait, être plus rapi-
dement atteintes sans que les
autres soient pour autant totale-
ment protégées. C’est ainsi que
d’autres spécialistes se refusent
àexclure la possibilité d’une
reprise de l’épidémie dans les
prochains mois ou les prochaines
années. L’absence de tests sur
l’homme interdit toute forme de
pronostic.
Cependant, les scénarios catas-
trophiques avancés à la fin des an-
nées 1990 semblent révolus. Plus
récemment, une équipe de cher-
cheurs français (de l’INSERM et
de l’université Joseph-Fourier de
Grenoble) et britanniques annon-
çait, dans l’hebdomadaire améri-
cain Science,que le nombre de cas
de nvMCJ pourrait être compris
entre 200 et 400 cas au total en
Grande-Bretagne.
Cette équipe avait remarqué que
les victimes britanniques et fran-
çaises sont jeunes, pour la plu-
part, la moyenne d’âge étant de
28 ans. Pour tenter d’expliquer
ce phénomène, ces chercheurs
postulaient que les enfants et les
adolescents partagent une sensi-
bilité identique jusqu’à l’âge d’en-
viron 15 ans et que, passé ce
seuil, la sensibilité au risque de
contamination décroît de ma-
nière exponentielle. Ce postulat
semble, pour l’heure, confirmé
par l’évolution des situations épi-
démiologiques britannique et
française. A ce jour, quatre vic-
times du nvMCJ ont été recen-
sées en France.
Lucie Galion
Site OMS : http://www.who.int
Flambée d’Ebola au Congo
La flambée de fièvre hémorragique
au nord-ouest de la République du
Congo est bien due au virus Ebola.
Jusqu’au mardi 18 février, 80 cas,
dont 64 mortels, ont été signalés.
La fièvre hémorragique à virus
Ebola, l’une des maladies virales les
plus virulentes affectant l’homme,
provoque la mort dans 50 à 90 %
des cas cliniques. Le virus Ebola est
transmis par contact direct avec le
sang, les liquides organiques et les
tissus des sujets infectés.
Les experts de la prise en charge des
cas aideront les agents de santé et
assureront une formation aux soins
en isolement. Du matériel supplé-
mentaire pour les soins en isole-
ment a été envoyé dans le pays.
Le rôle des anthropologues médi-
caux arrivés sur le terrain consistera
à montrer aux gens comment évi-
ter la propagation de l’infection.
Concernant les sépultures, il s’agira
notamment d’identifier les pratiques
qui sont sans danger et celles qui ne
le sont pas. C’est la deuxième fois
en 15 mois que cette région est tou-
chée par la fièvre à virus Ebola. La
précédente flambée, qui avait com-
mencé dans un pays voisin en dé-
cembre 2001, s’était étendue à la
République du Congo où l’on avait
recensé 59 cas, dont 50 mortels.
Au début du mois, des décès de go-
rilles ont également été signalés au
nord de Mbomo, le deuxième foyer
de la flambée. En décembre, le vi-
rus Ebola a été mis en évidence lors
de tests effectués sur des primates
morts que l’on avait trouvés dans
la zone. Si le virus reste confiné
dans certaines régions, c’est que sa
forte virulence interdit très rapide-
ment au malade de se déplacer. Il
y a donc moins de risques de pro-
pagation par les voyages.
La difficulté pour les responsables
de la santé qui cherchent à obtenir
des prélèvements sanguins humains
est le refus des malades ou de leur
entourage pour des raisons cultu-
relles. Pourtant, les échantillons ac-
tuels obtenus à Kellé le 13 février
ont mis en évidence le virus Ebola
dans toutes les analyses effectuées.
Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)
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