La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. VI - novembre 2002 335
temporale de Horton ont été inclus consé-
cutivement. Tous les patients ont eu un
écho-Doppler et un examen clinique des
artères temporales superficielles. Le dia-
gnostic définitif d’artérite temporale de
Horton était fondé sur la biopsie de l’artère
temporale réalisée avant le début du traite-
ment corticoïde. L’écho-Doppler des artères
temporales a été réalisé par deux techni-
ciens qui ne connaissaient pas le diagnostic
final. La biopsie de l’artère temporale était
réalisée à un endroit spécifiquement choisi
lors de l’écho-Doppler. Dans cette étude, la
présence d’un halo hypoéchogène autour
de l’artère temporale avait une sensibilité
de seulement 40 % (IC : 95%, 16 % à 68 %)
et une spécificité de 79% (IC, 68 % à 88%)
pour le diagnostic d’artérite temporale de
Horton à biopsie positive. La spécificité aug-
mentait (IC: 93 %, 84% à 98%) lorsque que
le halo mesurait plus de 1 mm ; néanmoins,
la sensibilité demeurait faible (IC : 40 %,
16 % à 68 %). La palpation d’une artère
temporale anormale lors de l’examen cli-
nique avait une sensibilité plus élevée de
67 % (IC : 38 % à 88 %) et une meilleure
spécificité (IC: 99 %, 92 % à 100 %) que
l’écho-Doppler. Aucun des patients ayant
une biopsie positive n’avait à la fois un exa-
men clinique normal et un halo hypoécho-
gène sur l’échographie.
Commentaire. Cette étude confirme que la
démonstration d’un halo hypoéchogène
autour des artères temporales par l’écho-
Doppler augmente seulement de façon
modérée la probabilité d’avoir une biopsie
de l’artère temporale positive mais n’a
aucun avantage par rapport à un examen
clinique soigneux. Le diagnostic d’artérite
temporale de Horton repose encore sur
l’examen clinique et la biopsie de l’artère
temporale.
VB
SEP : traiter vite et fort
■
Durelli et al. ont comparé Avonex®et
Betaferon®dans une étude indépen-
dante, prospective de 2 ans, randomisée,
multicentrique. Cent quatre-vingt-huit pa-
tients atteints de SEP rémittente ont reçu de
l’Avonex®(n = 92) ou du Betaferon®(n = 96).
Les critères cliniques ont été évalués en
ouvert, alors que les critères IRM l’ont été
en aveugle. Le premier critère clinique était
la proportion de patients sans poussées : à
2 ans, 51 % des patients sous Betaferon®
n’ont pas eu de poussées versus 36 % sous
Avonex®(risque relatif de poussées à 0,76 ;
IC : 95 % 0,59-0,9; p = 0,03). Pour le critère
IRM principal – l’absence de nouvelles
lésions en T2 – 55 % des patients sous
Betaferon®l’ont rempli versus 26 % sous
Avonex®(risque relatif de nouvelles lésions
en T2 à 0,6; 0,45-0,8 ; p < 0,0003). Dans les
2 groupes, la différence entre les traitements
a augmenté pendant la seconde année de
l’étude. Il y avait également des différences
significatives pour les critères secondaires
en faveur de Betaferon®,notamment pour
le délai de progression du handicap.
Commentaire. Dans cette étude, les risques
pour un patient d’avoir une poussée, une
progression du handicap ou de nouvelles
lésions à l’IRM diminuent de 50 % si le
patient est traité par Betaferon®par rapport
à Avonex®. La critique majeure est l’éva-
luation en ouvert des critères cliniques. Les
résultats vont cependant dans le sens d’une
nouvelle conception, moins attentiste dans
le traitement de la SEP, reposant sur l’hy-
pothèse d’une relation entre la phase
inflammatoire initiale et le développement
plus tardif, irréversible, de la progression
du handicap liée à la perte axonale. Coyle
et al. font la synthèse des arguments en
faveur de cette hypothèse et proposent un
traitement précoce et “agressif” de la SEP.
Les recommandations de l’AAN vont éga-
lement dans ce sens mais soulignent l’im-
portance d’une méthodologie rigoureuse
pour l’évaluation des traitements; le but de
ces traitements doit être le contrôle du
handicap à long terme, ce qui est difficile
compte tenu de la durée courte des essais et
de l’absence de marqueurs complètement
validés prédictifs de cette évolution.
D. Dimitri,
hôpital Sainte-Anne, Paris.
Anticorps neutralisants :
Betaferon®versus Rebif ®
versus Avonex®
■
L’incidence et la prévalence des anti-
corps neutralisants (NAB) ont été étu-
diées par CPE (cytopathic effect) assay dans
le sérum de 125 patients atteints de SEP
rémittente, dont 29 sous Betaferon®,44 sous
Avonex®,36 sous Rebif®(22 µg en s.c.
3 fois/semaine) et 16 sous Rebif®22 µg
i.m. une ou 3 fois/semaine tous les 3 mois
pendant une durée de 18 mois. Les NAB se
développaient dès le 3emois jusqu’au
18emois. À 18 mois, la prévalence des
NAB persistants (positifs sur deux prélève-
ments consécutifs ou plus) était de 31,6 %
pour Betaferon®,18,7% pour Rebif®et 4 %
pour Avonex®. Il n’y avait pas de différence
entre le Rebif®s.c. et le Rebif®i.m. Les
auteurs en concluent que l’immunogénicité
des différents interférons bêta pouvant
influer sur leur effet thérapeutique, celle-ci
devait être prise en compte dans le choix du
traitement.
Commentaire. C’est la première étude
comparant directement l’immunogénicité
des trois interférons bêta. Cependant, les
seuils de positivité des NAB par CPE sont
arbitraires dans cette étude ; de plus, l’as-
sociation entre NAB et diminution de l’ac-
tivité clinique ou IRM reste controversée;
de même, la disparition des NAB est pos-
sible après une longue durée de traitement ;
enfin en cas de positivité persistante sous
un interféron bêta, il serait illogique de le
remplacer par un autre, compte tenu d’une
réponse anticorps croisée.
DD
SEP et diabète de type 1 :
une association paradoxale ?
■
La population sarde est à haut risque
pour la SEP et le diabète de type 1.
La prévalence du diabète a été étudiée sur
une cohorte de patients atteints de SEP
(1 090), chez leurs parents (2 180) et chez
la fratrie (3 300), tous vivant en Sardaigne
et représentatifs de cette population. La
prévalence du diabète chez les patients
atteints de SEP est respectivement 3 et
5 fois supérieure à celle de leur fratrie en
bonne santé (p = 0,001) et à celle de la
population générale (p < 0,0001). La pré-
✔
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