La Lettre du Cardiologue - n° 355 - mai 2002
31
a première coronarographie a été réalisée par Sones
en 1959, par voie brachiale. La voie d’abord fémo-
rale a été utilisée par Ricketts et Abrams en 1962.
Judkins et Amplatz ont mis au point et utilisé des cathéters pré-
formés en 1967. Hazan a réalisé la première coronarographie en
France en 1969, huit ans avant la première angioplastie coronaire
par Gruntzig. Plus de 200 000 coronarographies ont été réalisées
en France l’an dernier, soit 3 500/million d’habitants. Le nombre
de coronarographies augmente chaque année. Aux États-Unis, il
était de 3 500/million d’habitants en 1993, 6 800/million d’habi-
tants l’an dernier, avec une estimation de 10 000/million d’habi-
tants (3 millions de procédures) en 2010.
La coronarographie est la seule méthode capable de définir en
détail l’anatomie coronaire. Son objectif principal est de préci-
ser la possibilité et l’indication d’un geste de revascularisation.
Lorsque les explorations non invasives ne sont pas suffisantes,
elle permet de déterminer la présence et la sévérité d’une athé-
rosclérose coronaire.
Les recommandations concernant les indications de la coronaro-
graphie sont justifiées par les risques liés au cathétérisme et par
les coûts liés à la procédure (K150 + Z340) et à l’hospitalisation.
La sélection des patients sur la clinique et sur les explorations
non invasives a pour objectif de limiter au maximum le taux de
coronarographies normales, sans diminuer la qualité des soins.
LIMITES ET RISQUES DE LA CORONAROGRAPHIE
La coronarographie présente des limites. C’est une exploration
anatomique coronaire, mais pas une évaluation fonctionnelle des
sténoses. La numérisation et l’analyse quantitative sont plus repro-
ductibles que l’analyse visuelle, mais il persiste une variabilité
inter- et intra-observateur. La sténose peut être sous-estimée à
l’angiographie en cas d’athérome diffus, comme le démontre
l’échographie endocoronaire. L’analyse angiographique ne per-
met pas une analyse fiable de la plaque (épaisseur, degré de
fibrose, localisation des calcifications). Les études par angiosco-
pie ont démontré une sous-estimation des thrombus à l’angio-
graphie.
Les risques de la coronarographie diminuent avec l’expérience des
opérateurs et le volume du centre. Il est recommandé de réaliser
plus de 500 coronarographies pendant les deux premières années
de formation, puis plus de 125 coronarographies par an (1).
Le risque de complication majeure est < 2 % (tableau I) (2). Cer-
tains patients sont à plus haut risque. Le risque d’accident grave
est deux fois plus élevé chez les patients avec sténose critique du
tronc commun. Le risque de complication locale et d’accident
vasculaire cérébral augmente avec l’âge.
MISE AU POINT
Indications actuelles de la coronarographie
C. Le Feuvre*
* Hôpital Necker, Paris.
La coronarographie est la seule méthode capable de défi-
nir en détail l’anatomie coronaire.
Son objectif principal est de préciser la possibilité et
l’indication d’un geste de revascularisation.
Ses indications augmentent avec les progrès des
méthodes de revascularisation.
Le bénéfice attendu doit toujours être comparé au risque
de la procédure, dont le patient doit être informé.
Les indications sont précisées dans l’angor stable, l’an-
gor instable, l’infarctus, l’insuffisance cardiaque, les val-
vulopathies, avant chirurgie non cardiaque, après revas-
cularisation.
Mots-clés : Coronarographie - Indications.
Points forts
L
Tableau I. Risques de la coronarographie (étude multicentrique por-
tant sur 59 792 patients) (2).
Mortalité : 0,11 %
Infarctus du myocarde : 0,05 %
Accident vasculaire cérébral : 0,07 %
Arythmie : 0,38 %
Complications vasculaires : 0,43 %
Réaction au produit de contraste : 0,37 %
Complications hémodynamiques : 0,26 %
Total des complications majeures : 1,7 %
Les facteurs prédictifs de complications ont été identifiés par Las-
key (tableau II) (3).L’indication d’une coronarographie peut être
licite, malgré des risques élevés, lorsqu’une revascularisation est
susceptible d’améliorer le pronostic du patient. C’est le cas, par
exemple, des patients en choc cardiogénique à la phase aiguë d’un
infarctus.
CONTRE-INDICATIONS À LA CORONAROGRAPHIE
Il n’y a pas de contre-indication absolue à la coronarographie.
Les contre-indications relatives habituellement reconnues sont
rapportées dans le tableau III, mais il existe peu de données sur
les risques de la coronarographie lorsqu’elle est réalisée dans ces
situations cliniques. Chez les patients insuffisants rénaux, le risque
de dégradation de la fonction rénale varie de 10 % à 40 % selon
les études. Cette dégradation de la fonction rénale est réversible
dans 75 % des cas, mais nécessite une dialyse définitive dans
10 % des cas. Ce risque est d’autant plus élevé que le patient est
diabétique et que la fonction rénale est très altérée. La préven-
tion de cette complication repose sur une bonne hydratation, la
limitation de la quantité d’iode injectée, et peut-être l’adminis-
tration de Mucomyst®600 mg per os matin et soir la veille et le
jour de la coronarographie (4).
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE DANS
L’ANGOR STABLE
Les indications de la coronarographie chez les patients avec car-
diopathie ischémique connue ou suspectée et angor stable sont
rapportées dans le tableau IV (5). Elles reposent sur une évalua-
tion clinique de la symptomatologie et sur les résultats des explo-
rations non invasives. La classification CCS du degré d’angor est
la suivante : classe I : angor pour les efforts importants ; classe II :
limitation modérée de l’activité ; classe III : limitation significa-
tive de l’activité ; classe IV : empêche toute activité.
Les patients sont considérés à haut risque aux explorations non
invasives dans les cas suivants : FE repos ou effort < 35 % ;
épreuve d’effort très positive avec score < – 11 (score = durée
exercice en mn – 5 x sous-décalage de ST en mm – 4 x index
angor coté 0, 1 ou 2 selon la présence d’angor limitant ou non
l’effort) ; importante anomalie ou plusieurs anomalies de perfu-
sion à la scintigraphie de stress ; dilatation ventriculaire gauche
ou augmentation de la fixation pulmonaire de thallium avec
importante anomalie de perfusion au repos ou anomalie modé-
rée de perfusion à la scintigraphie de stress ; ischémie étendue à
l’échographie de stress, ou > deux segments ischémiques sous
dobutamine < 10 µg/kg/mn ou FC < 120/mn.
La Lettre du Cardiologue - n° 355 - mai 2002
32
MISE AU POINT
Tableau II. Facteurs prédictifs de complications (analyse multivariée
sur 58 332 patients) (3).
État moribond : OR 10,2
État de choc : OR 6,52
Infarctus du myocarde < 24 h : OR 4
Insuffisance rénale : OR 3,3
Myocardiopathie : OR 3,3
Valvulopathie aortique : OR 2,7
Valvulopathie mitrale : OR 2,3
Insuffisance cardiaque : OR 2,2
Hypertension : OR 1,4
Angor instable : OR 1,4
Tableau III. Contre-indications relatives à la coronarographie.
Insuffisance rénale aiguë
Insuffisance rénale chronique d’origine diabétique
Saignement aigu gastro-intestinal
Fièvre inexpliquée, possiblement d’origine infectieuse
Infection aiguë non traitée
Accident vasculaire cérébral aigu
Anémie sévère
Hypertension artérielle sévère non contrôlée
Déséquilibre hydroélectrolytique sévère et symptomatique
Absence de coopération du patient (importante pathologie psychiatrique ou systémique)
Pathologie extracardiaque avec diminution importante de l’espérance
de vie
Refus du patient d’un geste de revascularisation ou de remplacement valvulaire
Intoxication digitalique
Antécédent de réaction anaphylactoïde au produit de contraste
Artériopathie sévère limitant l’accès vasculaire
Insuffisance cardiaque décompensée ou OAP
Endocardite valvulaire aortique
Importante anomalie de l’hémostase
Tableau IV. Indications de la coronarographie dans l’angor stable.
Indications totalement justifiées
Angor classe III/IV sous traitement médical
Patients à haut risque aux explorations non invasives
Mort subite récupérée, TV monomorphe soutenue ou TV polymorphe non soutenue
Indications discutées malgré un intérêt bien établi
Angor classe III/IV devenant classe I/II sous traitement médical
Aggravation de l’ischémie lors de la surveillance par explorations non invasives
Suspicion d’angor et explorations non invasives irréalisables
Angor classe I/II sous traitement médical mal toléré
Patients à faible risque aux explorations non invasives, mais pouvant faire
courir un risque dans la population générale
Indications discutées avec un intérêt moins bien établi
Patients à faible risque aux explorations non invasives et angor classe I/II
Patients à faible risque aux explorations non invasives, asymptomatiques, avec
deux facteurs de risque
Évaluation après transplantation cardiaque
Patients > 40 ans avant transplantation rénale, pulmonaire ou hépatique
Indications injustifiées
Geste de revascularisation refusé par le patient
Qualité ou espérance de vie ne pouvant être améliorée par un geste de
revascularisation
Test de dépistage chez un patient asymptomatique
Antécédent de revascularisation sans ischémie aux explorations non invasives
Calcifications coronaires sans ischémie aux explorations non invasives
La Lettre du Cardiologue - n° 355 - mai 2002
33
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE DANS
L’ANGOR INSTABLE
Les indications de la coronarographie chez les patients avec car-
diopathie ischémique connue ou suspectée et angor instable sont
rapportées dans le tableau V. L’indication et le délai de réalisa-
tion de la coronarographie reposent sur la stratification du risque
des patients.
Pour l’ACC/AHA, les patients sont classés en trois groupes : haut
risque, risque intermédiaire, faible risque (5). Les patients sont
considérés à haut risque d’événement cardiovasculaire dans
les cas suivants : angor spontané évoluant depuis plus de
20 minutes et persistant lors de la prise en charge ; OAP secon-
daire à l’ischémie ; angor spontané et modifications de ST
1mm; insuffisance mitrale ischémique, angor avec B3, crépi-
tants des bases ou hypotension artérielle, angor avec troubles du
rythme ventriculaire, angor avec élévation de la troponine.
Les patients sont considérés à risque intermédiaire en cas d’an-
gor spontané résolutif en > 20 mn, d’angor classe III/IV
<2semaines avec probabilité intermédiaire ou élevée de mala-
die coronaire, d’angor nocturne, d’angor avec modifications de
l’onde T, d’ondes Q ou sous-décalage de ST dans plusieurs ter-
ritoires, d’âge > 65 ans.
Les patients sont considérés à faible risque en cas d’augmentation
de la fréquence, de la sévérité et de la durée des crises d’angor ;
de diminution du seuil d’apparition de l’angor ; d’angor de novo
> 2 semaines et < 2 mois ; d’ECG normal ou inchangé.
Pour l’ESC, les patients sont classés en deux groupes : haut
risque et bas risque (6). Ils sont à haut risque en cas d’ischémie
récurrente, de sous-décalage de ST, de modifications dynamiques
de ST, d’élévation de la troponine ou d’instabilité hémodyna-
mique ou rythmique. Ils sont à faible risque en l’absence d’is-
chémie récurrente ou de sous-décalage de ST, en cas d’inversion
de T ou de troponine normale à deux reprises (6 à 12 heures d’in-
tervalle).
Tous les patients en angor instable à risque clinique élevé ou inter-
médiaire doivent être coronarographiés. Deux attitudes sont pos-
sibles chez les patients cliniquement classés à faible risque : soit
coronarographie systématique, soit coronarographie limitée aux
patients avec critères à haut risque aux explorations non inva-
sives. En raison des progrès des techniques de revascularisation,
nous réalisons, en l’absence de contre-indication particulière liée
au terrain, une coronarographie chez pratiquement tous les patients
hospitalisés pour angor instable.
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE
APRÈS REVASCULARISATION
Les indications de la coronarographie au décours immédiat de
l’angioplastie pour occlusion thrombotique sont devenues excep-
tionnelles depuis l’optimisation du résultat initial par stent. Les
principales indications de coronarographie dans les six mois sui-
vant l’angioplastie concernent l’identification de la resténose
(tableau VI) (5). Il ne nous semble pas nécessaire de réaliser une
exploration non invasive systématique lorsque les patients sont
asymptomatiques six mois après l’angioplastie. La recherche
d’une ischémie silencieuse liée à une resténose doit être limitée
aux patients à risque (diabète, dysfonction ventriculaire gauche,
athérome pluritronculaire, IVA proximale, antécédent d’arrêt car-
diaque, résultat initial suboptimal, certaines professions à risque).
La confirmation des résultats spectaculaires initialement rappor-
tés avec les stents antiproliférants ferait disparaître l’indication
de la coronarographie à la recherche d’une resténose (7, étude
RAVEL).
Les récidives ischémiques sont fréquentes après pontage veineux
(10 % d’occlusion à deux mois, 20 % à un an, 40 % à dix ans),
ce qui justifie l’utilisation préférentielle des greffons artériels.
L’ischémie post-pontage aggrave le pronostic, et justifie dans la
plupart des cas un contrôle coronarographique pour, si possible,
réaliser un nouveau geste de revascularisation (tableau VI) (5).
MISE AU POINT
Tableau V. Indications de la coronarographie dans l’angor stable.
Indications totalement justifiées
Coronarographie en urgence si angor instable réfractaire au traite-
ment médical
Angor instable à risque élevé (ou intermédiaire pour ACC/AHA)
stabilisé sous traitement médical
Suspicion d’angor de Printzmetal
Angor instable initialement classé cliniquement à risque faible se
révélant être à haut risque aux explorations non invasives
Indications discutées avec un intérêt moins bien établi
Angor instable initialement classé cliniquement à risque faible, sans
critère à haut risque aux explorations non invasives
Indications injustifiées
Douleurs sans modification ECG, avec coronarographie normale
<5 ans
Geste de revascularisation refusé par le patient ou ne pouvant amé-
liorer sa qualité ou son espérance de vie
Tableau VI. Indications de la coronarographie après revascularisation.
Indications totalement justifiées
Suspicion d’occlusion thrombotique après angioplastie
Patient à haut risque aux explorations non invasives ou avec récidive
d’angor < 9 mois après angioplastie
Indications discutées malgré un intérêt bien établi
Récidive d’angor < 12 mois après pontage
Angor résiduel non contrôlé médicalement après revascularisation
Indications discutées avec un intérêt moins bien établi
Patient asymptomatique avec suspicion de resténose, sans critère à
haut risque aux explorations non invasives
Récidive d’angor > un an après pontage, sans critère à haut risque
aux explorations non invasives
Patient asymptomatique après pontage, avec aggravation de l’isché-
mie sans critère à haut risque aux explorations non invasives
Indications injustifiées
Angor après pontage sans possibilité de nouvelle revascularisation
Coronarographie systématique après pontage ou angioplastie en
dehors du cadre d’un protocole de recherche
La Lettre du Cardiologue - n° 355 - mai 2002
34
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE À LA
PHASE AIGUË DE L’INFARCTUS
Les indications de la coronarographie à la phase aiguë de l’in-
farctus sont rapportées dans le tableau VII(5).L’angioplastie pri-
maire ne donne des résultats supérieurs à la fibrinolyse que si
celle-ci est réalisée en moins de 90 minutes dans des conditions
optimales. Les conditions optimales définies par l’ACC/AHA
sont les suivantes : opérateur réalisant plus de 75 procédures d’an-
gioplastie par an, dans un centre réalisant plus de 200 procédures
par an, avec chirurgie cardiaque à moins de 60 minutes.
Plusieurs études randomisées et non randomisées ont analysé l’in-
térêt d’une angioplastie de sauvetage au ballon après échec de
fibrinolyse, avec des résultats discordants. Nous ne disposons
actuellement pas d’étude comparant stent et traitement médical
conservateur après fibrinolyse (angioplastie facilitée). Le béné-
fice d’une angioplastie systématique avec stent moins de
24 heures après une fibrinolyse réussie n’est pas démontré. L’an-
gioplastie au ballon était même délétère dans cette indication
(TIMI IIA, TAMI, étude coopérative européenne). Cependant,
les faibles taux de complications après stent sont en faveur d’une
amélioration du pronostic après revascularisation.
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE AU
DÉCOURS DE LA PHASE AIGUË DE L’INFARCTUS
Les indications de la coronarographie doivent être très larges au
décours de la phase aiguë de l’infarctus (tableau VIII)(5).L’opa-
cification coronaire permet d’identifier les patients relevant d’une
revascularisation chirurgicale ou par angioplastie. Certaines
équipes préfèrent limiter les indications de coronarographie aux
patients avec ischémie résiduelle spontanée ou provoquée par une
exploration non invasive.
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE AVANT
CHIRURGIE NON CARDIAQUE
Les indications de la coronarographie avant chirurgie non car-
diaque sont fonction de l’évaluation clinique du risque d’accident
cardiovasculaire et de la nature de l’intervention (tableau IX) (5).
MISE AU POINT
Tableau VII. Indications de la coronarographie à la phase aiguë de
l’infarctus.
Indications totalement justifiées
Angioplastie réalisable en moins de 90 mn dans des conditions opti-
males*
Âge < 75 ans, choc cardiogénique, angioplastie < 18 h après le début
du choc
Hypotension, OAP
Indications discutées malgré un intérêt bien établi
Contre-indication à la fibrinolyse et angioplastie réalisable dans des
conditions optimales*
Persistance d’une instabilité hémodynamique après fibrinolyse
Indications discutées avec un intérêt moins bien établi
Infarctus antérieur étendu avec échec de la fibrinolyse
Indications injustifiées
Infarctus > 12 h et absence d’ischémie
Absence de contre-indication à la fibrinolyse et angioplastie non
réalisable dans les conditions optimales*
Absence d’ischémie après fibrinolyse
Coronarographie avec angioplastie systématique < 24 h après
fibrinolyse
* Conditions optimales : opérateur réalisant > 75 procédures/an dans un centre réalisant
>200 procédures/an, avec chirurgie cardiaque à moins de 60 mn (ACC/AHA).
Tableau VIII. Indications de la coronarographie au décours de la
phase aiguë de l’infarctus.
Indications totalement justifiées
Ischémie spontanée ou provoquée par un exercice minime
Avant chirurgie pour complication mécanique
Instabilité hémodynamique
Patients à haut risque à l’épreuve d’effort d’évaluation*
Indications discutées malgré un intérêt bien établi
FE < 40 %, insuffisance cardiaque et arythmies ventriculaires
sévères ou antécédent de revascularisation
Insuffisance cardiaque initiale, FE > 40 %
Épreuve d’effort non réalisable et FE < 45 %
Suspicion d’une occlusion coronaire non liée à une rupture de
plaque (spasme, embolie)
Indications discutées avec un intérêt moins bien établi
Identification de l’occlusion de l’artère responsable de l’infarctus
(théorie de l’artère ouverte)
Identification d’un athérome tritronculaire ou du tronc commun
Infarctus sans onde Q
Récidive d’arythmies ventriculaires graves malgré un traitement
antiarythmique et en l’absence d’ischémie
Ischémie à un niveau d’effort important
Indications injustifiées
Patient non candidat ou refusant un geste de revascularisation
* ST 1 mm avec angor à un niveau d’effort < 5 MET, inadaptation tensionnelle à l’ef-
fort avec PAS < 110 mmHg ou augmentation < 30 mmHg.
Tableau IX. Indications de la coronarographie avant chirurgie non cardiaque.
Indications totalement justifiées
Patients à haut risque aux explorations non invasives
Angor sous traitement médical
Angor instable
Infarctus récent avec ischémie résiduelle
Insuffisance cardiaque
Myocardiopathie et arythmies ventriculaires symptomatiques
Valvulopathie symptomatique
Patients à risque clinique élevé, explorations non invasives non
contributives et chirurgie à haut risque
Indications discutées malgré un intérêt bien établi
Patients à faible risque aux explorations non invasives
Chirurgie vasculaire et plusieurs marqueurs de risque clinique inter-
médiaire
Patients à risque clinique intermédiaire, explorations non invasives
non contributives et chirurgie à haut risque
Infarctus < un mois et chirurgie non cardiaque urgente
Indications discutées avec un intérêt moins bien établi
Infarctus périopératoire
Angor stable et intervention à faible risque
Indications injustifiées
Absence d’ischémie aux explorations non invasives
Patients asymptomatiques après revascularisation et épreuve d’ef-
fort > 7 MET négative
Patient non candidat ou refusant un geste de revascularisation
La Lettre du Cardiologue - n° 355 - mai 2002
35
MISE AU POINT
Les patients sont considérés à risque clinique élevé s’ils pré-
sentent un angor instable, un infarctus récent avec ischémie rési-
duelle, un bloc auriculo-ventriculaire de haut degré, une insuffi-
sance cardiaque décompensée, une myocardiopathie avec
arythmie ventriculaire symptomatique ou une valvulopathie évo-
luée. Les patients sont à risque clinique intermédiaire s’ils pré-
sentent un angor classe I/II, un diabète, un antécédent d’infarc-
tus ou d’insuffisance cardiaque. Les interventions avec chirurgie
vasculaire urgente, chirurgie longue ou avec pertes sanguines
importantes sont considérées à haut risque. L’endartériectomie
carotidienne, la chirurgie intrapéritonéale, intrathoracique, ortho-
pédique ou prostatique sont considérées comme des interventions
à risque intermédiaire. Les interventions pour endoscopie ou
cataracte et la chirurgie dermatologique sont considérées à faible
risque.
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE EN
PRÉSENCE D’UNE VALVULOPATHIE
La présence d’une coronaropathie aggrave le pronostic des
patients avec valvulopathie. Chez ces patients, le pontage coro-
naire associé à la chirurgie valvulaire diminue cependant la mor-
talité postopératoire. Il est donc justifié de réaliser une corona-
rographie en préopératoire chez tous les patients avec suspicion
de coronaropathie (tableau X) (5).
INDICATIONS DE LA CORONAROGRAPHIE DANS
L’INSUFFISANCE CARDIAQUE
L’identification d’un athérome coronaire sténosant chez les
patients avec insuffisance cardiaque se justifie par la réversibilité
potentielle de l’asynergie segmentaire après revascularisation en
cas d’hibernation myocardique. La coronarographie fait donc par-
tie du bilan étiologique de la plupart des patients avec dysfonc-
tion systolique ventriculaire gauche (tableau XI) (5).
AUTRES INDICATIONS DE CORONAROGRAPHIE
Une coronarographie peut être nécessaire dans certaines cir-
constances particulières : avant chirurgie d’un anévrysme de
l’aorte ascendante en cas de suspicion d’athérome coronaire, dans
la cardiomyopathie obstructive en cas d’angor ou de chirurgie
cardiaque programmée, chez les patients donneurs pour trans-
plantation cardiaque en cas de risque de coronaropathie, après
traumatisme thoracique et suspicion d’infarctus sans coronaro-
pathie connue, avant péricardectomie ou thrombectomie pulmo-
naire chez les patients à haut risque de coronaropathie.
CONCLUSION
Les indications de la coronarographie augmentent avec les pro-
grès des méthodes de revascularisation, qui permettent une amé-
lioration croissante du pronostic fonctionnel et vital. Le bénéfice
attendu doit toujours être comparé au risque de la procédure, dont
le patient doit être informé. Les progrès en imagerie permettront
vraisemblablement de visualiser un jour les coronaires de manière
non invasive. Les indications de la coronarographie ne seront alors
plus limitées par le risque, mais par le coût de la procédure.
Bibliographie
1. Meyer P et al. Recommandations de la Société française de Cardiologie
concernant la formation des médecins coronarographistes et angioplasticiens,
l’organisation et l’équipement des centres de coronarographie et d’angioplastie
coronaire. Arch Mal Cœur 2000 ; 93 : 147-58.
2. Noto TJ et al. Cardiac catheterization 1990 : a report of the Registry of the
Society for Cardiac Angiography and Interventions. Cathet Cardiovasc Diagn
1991 ; 24 : 75-83.
3. Laskey W et al. Multivariable model for prediction of risk of significant com-
plication during diagnostic cardiac catheterization : the Registry Committee of
the Society for Cardiac Angiography and Interventions. Cathet Cardiovasc Diagn
1993 ; 30 : 185-90.
Tableau X. Indications de la coronarographie en présence d’une
valvulopathie.
Indications totalement justifiées
Avant chirurgie valvulaire ou commissurotomie en cas de douleurs
thoraciques et/ou d’ischémie aux explorations non invasives
Avant chirurgie valvulaire chez un patient asymptomatique avec
plusieurs facteurs de risque d’athérosclérose
Endocardite infectieuse avec embolie coronaire
Indication discutée avec un intérêt moins bien établi
Indication à une évaluation valvulaire par cathétérisme gauche
Indications injustifiées
Chirurgie cardiaque pour endocardite chez un patient sans facteur
de risque d’athérosclérose et sans embolie coronaire
Patient asymptomatique sans indication chirurgicale
Avant chirurgie valvulaire chez un patient sans facteur de risque
d’athérosclérose et sans argument pour une coronaropathie
Tableau XI. Indications de la coronarographie dans l’insuffisance
cardiaque.
Indications totalement justifiées
Angor, dysfonction systolique segmentaire, hypofixation avec redis-
tribution
Avant transplantation cardiaque
Anévrysme ou complication mécanique post-infarctus
Indications discutées malgré un intérêt bien établi
Dysfonction systolique sans étiologie aux explorations non inva-
sives
Suspicion d’insuffisance cardiaque paroxystique d’origine isché-
mique
Indications injustifiées
Antécédent de coronarographie normale et absence d’argument
récent pour une cardiopathie ischémique
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !