INTRODUCTION 13
Outre ces allusions et celle, à nouveau, de Lucien, nous ne pouvons citer,
au IIesiècle après J.-C., que la Clé des songes d’Artémidore (IV, 63), où l’Alexan-
dra est le premier exemple donné des œuvres rapportant des légendes peu con-
nues, puis quelques citations d’Hésychios d’Alexandrie et d’Étienne de Byzance
et un témoignage de Jean Philoponos, au VIesiècle19. Ovide, lorsqu’il prête à
«ªLycophron le porte-cothurneª»(cothurnatumª…ªLycophrona) une mort trop
proche de celle de son homonyme homérique — il aurait été tué d’une flèche —,
parle en effet de lui, selon toute évidence, comme d’un poète tragique20. Pour-
tant nous savons par Étienne de Byzance que, dans la seconde moitié du Ier siè-
cle avant J.-C., Théon d’Alexandrie étudia l’Alexandra aussi bien que les œuvres
de Callimaque et de Théocrite ou les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes.
Et, pour laisser de côté la remarque d’Eustathe, d’après lequel Aristophane de
Byzance (257-180) voyait une forme propre au parler de Chalcis dans l’imparfait
}«¤câ∑«`μdu vers 21 d’Alexandra21, l’Etymologicum Magnum (s.ªu. ˜H√§∑»)a
gardé le souvenir d’un commentaire de Sextion22, qui paraît être, avec celui de
Théon, la source des scholies anciennes.
Mais les papyrus d’Oxyrhynchos nosª2094+3445 et 3446 (IIesiècle après J.-
C.), 4428 (début du IIIesiècle) et 4429 (fin du Ier siècle-début du IIe) et celui de
Munich, inv. 156 (Ier siècle après J.-C.ª?), provenant d’Arsinoë, auxquels sont à
joindre deux fragments de commentaire, dont un incertain (PSI,n
o724, du IIIe
siècle, et peut-être le papyrus d’Oxyrhynchos no2463, du IIeou IIIesiècle), témoi-
gnent directement du succès de l’Alexandra dans les premiers siècles de notre
ère. Et si rien ne prouve que Lycophron ait influencé Callimaque ou même
Euphorion de Chalcis, au IIIesiècle avant J.-C.23, son œuvre dut avoir une place
«ªL’Italie méridionale et la tradition des textes antiquesª» [1969] dans La Tradition des textes grecs,
Paris [Belles Lettres], 2003, p. 455 et 457ª; cf. p. 547).
19 Adrian S. Hollis, «ªSome Neglected Verse Citations in Hesychiusª», ZPE, 123 (1998), p. 64,
Paola Ceccarelli et Martin Steinrück, «ªÀ propos de schol. in Lycophronis Alexandram 1226ª»,
MH, 52 (1995), p. 86-87.
20 Ovide, Ibis, v. 531-532 (cf. Iliade, XV, v. 439-440).
21 William J. Slater, Aristophanis Byzantii fragmenta, Berlin-New York (W. de Gruyter), 1986, fr.
19A.
22 Autres références, sans nom d’auteur, au commentaire de Lycophron dans le même Etymologi-
cum magnum, p. 76, l. 57, p. 164, l. 26, p. 191, l. 47, et p. 298, l. 29.
23 Voir par exemple la première édition de Lorenzo Mascialino (Alejandra, Barcelone [Alma Ma-
ter], 1956), p. XLIII, et, pour une l’influence inverse, de Callimaque, Euphorion, mais également
Apollonios, sur Lycophron, Valeria Gigante Lanzara, «ªIl tempo dell’Alessandra e i modelli elle-
nistici di Licofroneª», PP, 53 (1998), p. 412-417. L’Autel, poème figuré attribué à Dosiadas de
Crète, pourrait également trahir l’influence de l’Alexandra, outre celle de la Syrinx théocritéenne.