C as clinique
Cas clinique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 8 - octobre 2007
(normale : 100-379 nmol/24 h), alors que les valeurs de l’hormone
corticotrope (ACTH), de la déhydroépiandrostérone (DHEA-S)
et de l’aldostérone étaient normales.
Il a été conclu de ces éléments, discutés en réunion de concer-
tation pluridisciplinaire, qu’il s’agissait d’un adénocarcinome
d’origine surrénalienne sécrétant, métastatique aux niveaux
hépatique et pulmonaire.
Devant l’extension des lésions, la chirurgie a été récusée et
le patient a été traité par une polychimiothérapie compre-
nant trois cures mensuelles d’adriamycine, de cisplatine et de
5-fluoro-uracile.
Grâce à ce traitement, l’état général du patient a connu une
amélioration, marquée par une diminution de la prise des dérivés
morphiniques, une disparition à l’examen clinique de l’hépa-
tomégalie ainsi qu’une normalisation de la tension artérielle
après trois cures de chimiothérapie. La tolérance générale du
traitement a été satisfaisante, et le dernier bilan montre une
diminution progressive des valeurs de cortisolémie et de corti-
solurie jusqu’à normalisation.
DISCUSSION
Les corticosurrénalomes sécrétants sont des tumeurs malignes
hautement agressives dont le taux de croissance tumorale est
rapide, ce qu’illustre une expression de Ki67 supérieure à 10 %,
associée à un mauvais pronostic (6).
L’activité d’environ 60 % des corticosurrénalomes a des incidences
hormonales (7, 8). Si la sécrétion des hormones sexuelles a été
associée à une survie prolongée, celle de glucocorticoïdes est
associée à un pronostic péjoratif lorsque ce critère est exploré
en analyse uni- et multivariée.
Le diagnostic a été posé grâce aux données immunohistochi-
miques et à l’imagerie ; l’immunomarquage positif au melan-A,
à la synaptophysine et à la vimentine a déterminé l’origine cortico-
surrénale de la tumeur.
La taille est un paramètre diagnostique essentiel, car une tumeur
de 6 cm ou plus est suspecte de malignité.
Le traitement du corticosurrénalome est avant tout chirur-
gical (8). Le taux de récidive locale après résection varie dans
la littérature de 35 à 85 % (7, 8).
Le traitement de référence des formes non réséquables, incom-
plètement réséquées ou métastatiques est le mitotane. Ce traite-
ment, en association à la chimiothérapie, est également efficace
pour le contrôle hormonal des formes sécrétantes. Plusieurs
protocoles associant la chimiothérapie au mitotane et intégrant
la chirurgie pour une approche multidisciplinaire de formes
localement avancées sont en cours d’évaluation ; ils utilisent la
doxorubicine, le cisplatine, l’étoposide et la vincristine (9-11).
En ce qui concerne notre patient, étant donné l’extension de la
maladie, d’emblée métastatique, la tolérance au traitement par
chimiothérapie a été satisfaisante et a permis le contrôle de la
symptomatologie hormonale.
CONCLUSION
Les corticosurrénalomes sont des tumeurs hautement mali-
gnes responsables de métastases fréquentes et précoces. Le
diagnostic est histologique et immunohistochimique. La TDM
reste l’examen de référence en ce qui concerne l’imagerie. L’élé-
ment pronostique majeur est le stade. Dans une étude française
portant sur 253 cas, la survie à 5 ans était respectivement de
60 %, 50 %, 25 % et 0 % pour les stades I, II, III, IV (12).
Ces tumeurs représentent un véritable défi sur le plan théra-
peutique. Leur traitement fait appel à une approche combinant
chirurgie, mitotane et chimiothérapie, au mieux associés dans
le cadre d’une prise en charge multidisciplinaire. ■
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