Editorial
Act. Méd. Int. - Hypertension (10), n° 8, octobre 1998
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événements liés au diabète a été enregistrée, qu’il faut essentiellement attribuer à une réduction de la fréquence des complications
microangiopathiques (- 25 %), en particulier de la nécessité d’une photocoagulation rétinienne et du risque de voir apparaître une
microalbuminurie ou une neuropathie périphérique évaluée par la sensibilité vibratoire. Mais aucun avantage particulier n’a pu
être reconnu à tel ou tel traitement hypoglycémiant ? Une réduction de 16 %, à la limite de la significativité statistique (p = 0,052)
du risque d’infarctus du myocarde a été enregistrée. Ces résultats ont été obtenus au prix d’une augmentation significative des
épisodes hypoglycémiques (1 à 1,8 % des patients ont eu une hypoglycémie sévère par an sous traitement hypoglycémiant contre
0,7 % sous traitement conventionnel), et d’une prise pondérale significativement plus élevée (= 2,9 kg en moyenne), la plus impor-
tante étant notée comme cela était prévisible sous insuline (+ 4 kg). La première conclusion est donc que le contrôle intensif de la
glycémie par sulfamides hypoglycémiants ou insuline réduit de façon substantielle le risque de complications microangiopa-
thiques. Le bénéfice en termes de complication macrovasculaire est équivoque. Mais ces résultats invalident au minimum l’étude
de l’UGDP dans la mesure où il n’est plus possible de retenir un effet délétère des sulfamides hypoglycémiants vis-à-vis des évé-
nements cardiovasculaires ni un effet athérogène d’expression clinique lié à l’insuline.
Chez les sujets en surpoids (> 120 % du poids idéal théorique), les résultats sont plus démonstratifs avec la metformine qui réduit
significativement l’ensemble des événements liés au diabète (- 32 %), la mortalité liée au diabète (- 42 %) et toutes causes confon-
dues (- 36 %), comparativement au traitement conventionnel par régime seul. En outre, quand on compare un traitement intensif
par la metformine au traitement par sulfamides (chlorpropamide ou glibenclamide) ou par insuline, les mêmes résultats sont
notés. Ces bénéfices s’associent à une moindre prise de poids et à un nombre nettement inférieur d’hypoglycémies que sous sul-
famides ou insuline. La metformine apparaît donc bien comme le traitement qu’il faut recommander en premier lieu chez les dia-
bétiques en surpoids (conformément aux pratiques françaises de longue date...). Le protocole “Hypertension” s’est adressé aux
diabétiques de type 2 ayant une pression artérielle à 160-90 mmHg sans hypertenseur ou une pression artérielle supérieure à 150-
85 mmHg sous traitement antihypertenseur. Cette phase a débuté chez des patients entrés dans l’étude principale depuis 2,6 ans
en moyenne, ayant donc une ancienneté de diabète minimale de 2,6 ans. Dans le groupe bénéficiant d’un contrôle tensionnel
“intensif”, l’objectif était de ramener les chiffres tensionnels au dessous de 150-85 mmHg en recourant à l’aténolol ou au cap-
topril, si besoin secondairement au furosamide, à la nifédipine, à l’alpha-méthyldopa ou à la prazosqine.
Dans l’autre groupe, la pression artérielle devait se situer au-dessous de 180-105 mmHg en évitant les inhibiteurs de l’enzyme
de conversion de l’angiotensine et les bêta-bloquants. Sur un suivi moyen de 8,4 ans, la pression moyenne était de 114-82 mmHg
dans le groupe "intensif" et de 154-87 mmHg dans l’autre groupe. Dans le groupe
“
intensif” 29 % des patients ont dû prendre
au moins trois antihypertenseurs. Une réduction significative des événements (- 24 %) et de la mortalité (- 32 %) liés au diabète,
des accidents vasculaires cérébraux (- 44 %) et des complications microvasculaires (- 37 %) a été observée. Par contre, il n’exis-
te pas d’avantage propre au captopril ou à l’aténolol dans la protection vis-à-vis de ces risques, mais une meilleure tolérance peut
être attribuée au captopril. Enfin, le bénéfice lié au contrôle glycémique et au contrôle tensionnel semble s’ajouter.
L’étude UKPDS a également comporté une analyse de la qualité de vie. On a noté que les complications s’accompagnent d’un
effet négatif sur l’humeur et que les complications microvasculaires altèrent la mobilité et les activités quotidiennes. Le contrôle
glycémique et tensionnel rigoureux n’altère pas la qualité de vie, mais... ne l’améliore pas non plus. Enfin l’analyse des coûts liés
à cette démarche thérapeutique intensifiée fait état d’une augmentation logique des coûts de la prise en charge, dans le cadre
d’une étude protocolaire, mais ces coûts ne devraient pas dépasser en pratique ceux liés aux complications de la maladie.
En conclusion, cette étude tant attendue fournit la preuve indiscutable du bénéfice du contrôle glycémique et du contrôle ten-
sionnel en terme de protection microvasculaire et à un moindre degré macrovasculaire. Les épidémiologistes du groupe UKPDS
ont calculé qu’une baisse de 1 % du taux de l’HbA1c et de 10 mmHg de la pression systolique, quels que soient les niveaux de
départ, procure déjà des résultats significatifs. Des analyses complémentaires seront probablement livrées dans un proche avenir,
mais les conclusions des sous-protocoles intriqués seront limitées par une perte de puissance liée aux effectifs réduits. En dehors
de la metformine dont l’indication chez les diabétiques obèses ne semble plus devoir se discuter, il faut remarquer que les choix
thérapeutiques destinés à améliorer le contrôle glycémique ne sont pas facilités par cette étude, car de nouveaux traitements anti-
diabétiques sont apparus ou sur le point d’être commercialisés. En outre, on connaît aujourd’hui, du moins en prévention secon-
daire, l’intérêt du contrôle des désordres lipidiques souvent présents chez les diabétiques de type 2, et cet aspect n’est pas envi-
sagé dans l’étude UKPDS. Un point est aujourd’hui indiscutable : la nécessité d’améliorer l’équilibre glycémique de tous les dia-
bétiques. Cela doit passer par la formation des médecins généralistes et l’éducation des patients, et par l’aide plus large des spé-
cialistes. Des moyens adaptés devraient donc être délivrés, d’autant plus justifiés que l’incidence du diabète est en nette aug-
mentation.